lundi 31 août 2015

Dix neuvième message

C'est bien beau de faire le joli cœur mais il nous faut revenir à notre sujet sur la survie possible de l'esprit après la mort.
 Michel Ange m'a dit :- il est impossible de transmettre instantanément une douleur sur des milliers de milliards de kms, rien ne peut aller plus vite que la lumière.

 Je lui ai répondu - rien de ce qui a une masse ne peut dépasser la vitesse de la lumière . L'intrication est l'un des mystères les plus troublants de la mécanique quantique, mais cela ne signifie pas que l'on transporte de la matière d'un point à un autre, le système ne communique instantanément qu'une information. On peut donc envisager le fait suivant , dès notre naissance nous serions intriqués avec un système supérieur, notre conscience qu'on pourrait appeler l'âme serait extérieure à notre corps, le cerveau serait l'interface. Notre esprit, c'est à dire les informations qu'il détient pourrait ainsi se retrouver immédiatement réintégré au système supérieur, appelons le Dieu, dès la mort de notre corps. Le fameux tunnel et la lumière blanche décrits par les revenants ayant vécus une expérience de mort imminente seraient le trou de ver pressenti par Einstein, raccourci entre deux points de l'univers, ou le passage vers une des  autres dimensions décrites par la théorie des cordes.

Je dois dire que j'étais assez content de ma démonstration de survie de l'esprit, mais MA m'en a sorti une bonne:
- J'ai également beaucoup réfléchi à ce phénomène que j'ai vécu personnellement . A l'âge de dix ans, un soir mon cœur s'est arrêté de battre et j'ai eu l'impression d'être transporté dans un monde merveilleux, heureusement les pulsations salvatrices ont repris spontanément. Le lendemain j'ai pu constater que j'avais acquis une mémoire prodigieuse.
Notre cerveau nous trompe sans cesse, j'ai observé plus tard une de ses  tentatives de manipulation, il essayait de trouver une explication à une sonnerie de téléphone pendant mon sommeil et de l' intégrer dans un rêve crédible pour éviter mon réveil brutal. Il m'a suscité également des faux souvenirs tendant à me donner le beau rôle dans un conflit dans lequel je savais parfaitement avoir été minable.
Je suis donc arrivé à une conclusion moins exaltante que la vôtre : Tous ces phénomènes sont probablement une tentative ultime de notre cerveau, grand illusionniste, tendant à édulcorer notre fin dont l'idée lui est insupportable. Totalement en souffrance et en panique il crée peut-être des hallucinations, le fameux tunnel débouchant sur une lumière décrit par les gens survivant à une expérience de mort imminente serait simplement la réminiscence de notre naissance, le cerveau fusionnerait en un seul évènement les deux moments les plus spectaculaires de notre existence, la boucle serait bouclée.  

Je suis resté quelques instants muet, puis j'ai repris: - Je comprends mieux pourquoi tu as séduit Eden.

ça devient chaud, non ? à demain peut-être .

 

dimanche 30 août 2015

Pour mes jolies lectrices

Je vous avais promis de composer moi même un petit poème pour votre plaisir.
 Je me suis rendu compte du fait suivant : qu'on ait 90 ans comme moi ou 30, 40 ou plus, les femmes aujourd'hui ne vieillissent plus , on a tous une grande nostalgie de notre adolescence, ce moment magique où tout nous semblait possible, cette période extraordinaire où l'on croit être immortel. Bien sûr le jour de mes quinze ans vous étiez encore dans les limbes, mais depuis cette histoire nous a réunis , alors j'ai décidé de vous célébrer, jolies lectrices.
 Quand vous serez bien vieille le soir à la chandelle
 assise auprès du feu dévidant et filant
 direz chantant mes vers en vous émerveillant,
 Henri me célébrait du temps que j'étais belle. (Ronsard)

Allez je me lance. C'est moi qui l'ai fait.

Bien souvent j'ai voulu retrouver les odeurs
les fantasmes et les sons qui hantaient mes quinze ans
parfum d'eau de cologne, guitares cognant mon cœur
et le corps féminin inconnu en ce temps

Des quinze ans lumineux appétit de tueur 
j'aurais mangé le monde si j'avais eu les dents 
mon sexe me gênait à force de raideur 
et l'amour de ma mère fort comme un océan
.
J'adorais diable et dieu d'une égale fureur
je vous aurais aimée mais vous étiez néant
je vous cherchais partout vous n'étiez pas à l'heure
il s'en fallait beaucoup que vous ayez quinze ans 

 L'odeur de terre mouillée me fait monter des pleurs
les accords des Beatles me font bouillir le sang
les champs de pâquerettes et leurs milliers de fleurs 
me rappellent chaque fois l'année de mes quinze ans

Aujourd'hui j'ai vieilli, mûri dans la douleur 
j'ai tant aimé la vie toujours dans le présent
j'ai croisé votre route nous avions la même heure
l'horloge de nos cœurs rejoint celle du temps

bientôt je partirai, ce départ est trompeur
il faut aller sous terre pour renaître au printemps
en avril effeuillez mon corps devenu fleur
qui dira je vous aime, un peu, passionnément ... 

Cadeau pour Vous et pour Eden.

Geneviève

En parlant de la petite ou arrière petite fille d'Albert, je vous ai dit l'autre jour qu'il s'était marié avec Geneviève de qui j'étais fou amoureux au point de lui acheter une chaîne en or de chez Cartier. Quand je la vois maintenant je me demande bien pourquoi j'étais amoureux d'elle . Il faut dire que quand j'étais jeune mon cœur se posait là ou mon sexe me menait . Finalement elle a préféré Albert.
Pour me venger je lui avais adressé deux ou trois poèmes de derrière les fagots:

Qu'importe ton sein maigre ô mon objet aimé
on est plus près du cœur quand la poitrine est plate
et je vois comme un merle en sa cage enfermée
l'amour entre tes os rêvant sur une patte.

Tu n'as jamais été dans tes jours les plus rares
qu'un banal instrument sous mon archet vainqueur
et comme un air qui sonne au bois creux des guitares
j'ai fait chanter mon rêve au vide de ton cœur .

C'était finement observé et gentiment dit , non?

En fait elle n'avait pas trop aimé mon côté polygame . Dommage j'aimais bien passer de l'une à l'autre surtout que du temps de ma jeunesse il n'y avait pas de Sida, le pire qu'on risquait c'était une blennorragie, une chaude pelisse comme disait mon ami Bill. Vous n'aller pas me croire vous qui êtes obligés de sortir couverts, mais les femmes de mon époque se vexaient si on proposait de mettre une capote, c'était le bon temps, d'autant que pour trouver des préservatifs dans les années 50/60 c'était aussi compliqué que trouver un CDI aujourd'hui.

Finalement je suis très heureux d'être resté célibataire avec toutefois un petit regret de ne pas avoir eu d'enfant , quoique le premier de Geneviève me ressemble un peu ...
Bon allez je vous souhaite un bon dimanche. Tout à l'heure je tiendrai une promesse que je vous ai faite il y a quelques jours.




samedi 29 août 2015

dix huitième message

- Cet humble parmi les humbles vint dire: je suis mort et ressuscité, non comme une ombre mais avec mon corps de chair et mon esprit ! Cette affirmation a révolutionné l'existence de milliards d'individus depuis vingt siècles et les a aidés à vivre. Si cela est vrai j'en suis profondément heureux, la mort ne serait pas la fin de notre personne mais en tant que physicien j'ai cherché à comprendre comment ce concept pourrait fonctionner.
 Je vais t'expliquer pourquoi la survie de l'esprit est concevable.
Un phénomène extraordinaire, l'intrication quantique a été mis en évidence dans les années 1930. Deux systèmes se retrouvent dans un état dans lequel ils ne forment plus qu'un, toute action sur l'un des composants du système affecte instantanément l'autre quel que soit l'intervalle qui les sépare, même à des années lumières de distance.
M A m'a répondu - j'ai étudié ce mystère et je dois dire que je n'ai pas compris grand chose.

J'ai alors pris un exemple pour mieux qu'il comprenne 

- Pour te donner un ordre de grandeur de l'unité de mesure que nous allons employer, sache d'abord qu'il faut 31 ans pour compter de 0 à un milliard à raison d'un chiffre par seconde sans manger ni boire ni dormir. Maintenant imagine deux hommes habitant l'un sur une planète A, l'autre sur une planète B distante de plusieurs années lumières, c'est à dire qu'il faudrait plusieurs années à la lumière se déplaçant à 300 000 kms/seconde pour faire le trajet entre eux, tu y es?
- Je vous suis comme votre ombre.
- Tu marches sur le pied de l'habitant de la planète A, L'habitant de B ressent instantanément la douleur dans son pied malgré les milliers de milliards de kms qui les séparent.
 - C'est impossible , rien ne peut dépasser la vitesse de la lumière.

J'ai regardé par la fenêtre, la petite fille ou l'arrière petite fille ( je ne me souviens plus trop) de mon copain Albert passait devant ma maison en tortillant sans le vouloir son petit derrière malicieux de dix huit ans . Les vers de Brassens qui avait fessé une insolente ont surgi dans ma tête.

Quand je levai la main pour la deuxième fois 
Le cœur n'y était plus j'avais perdu la foi
surtout qu'elle s'était enquise la bougresse
Avez vous remarqué que j'avais un beau cul
 et ma main vengeresse est retombée vaincue
et mon deuxième coup ne fut qu'une caresse.

Merveilleux Brassens, j'espère que j'ai raison et que son esprit a survécu.

A demain peut-être

dix septième message

- L'information s'est transmise de père en fils ou de mère en fille, quelquefois en dehors de tout lien familial, sous le sceau du secret absolu, à certaines époques il valait mieux faire profil bas, les bûchers s'allumaient vite . Mon grand-père mon père et moi fûmes les derniers a être initiés. Je n'ai pas d'enfant je vais te transmettre l'information à mon tour, j'aimerais que tu la partages avec Eden.

J'ai vidé mon verre, nous ai resservis et j'ai poursuivi. Michel Ange se faisait tout petit, il craignait peut-être que le moindre courant d'air compromette notre complicité provisoire. Nous sommes si différents mais passionnés par la même histoire.

- Ce que je vais t'expliquer me navre, je n'ai rien contre le Christianisme et surtout rien contre le catholicisme qui malgré ses errements anciens et actuels a su devenir ( il lui a fallu deux mille ans pour ça) une religion mature, sage, éclairée, incontournable du génie de l'homme, on a souvent tapé sur son dos c'est facile et je le regrette mais il faut que quelqu'un connaisse la vérité.
 Quels sont les évènements fondateurs du dogme chrétien sans lesquels nous ne serions,  et grâce lui en serait rendue, qu'un magnifique projet humaniste?

- La mort et la résurrection de Jésus, la conversion de Paul sur le chemin de Damas.

- Bien. Quelle est la seule certitude et la seule angoisse communes à chacun d'entre nous, petit ou grand, riche ou pauvre, célèbre ou inconnu ?

- Nous mourrons tous un jour. 

- Voilà. Depuis des millénaires les humains espèrent la vie éternelle, chaque civilisation a tenté de trouver une parade ou une consolation à la mort. Les Egyptiens avaient conçu une religion très sophistiquée, leurs pharaons avaient droit à l'éternité mais avec un corps momifié,les Grecs et les Romains pensaient que certains morts vivaient comme des ombres dans les enfers. Mais là, te rends tu compte, pour la première fois dans l'histoire de l'humanité un être de chair et d'os a, ou prétend avoir, vaincu la mort juste en vertu d'une histoire d'amour entre un fils ,le Christ et son père Dieu.
Il ne s'agissait pas d'un pharaon, d'un empereur ou d'un haut dignitaire, c'était un homme tout simple qui se permettait d'appeler dieu : PAPA, abomination pour les prêtres de toutes les époques qui ont toujours eu besoin d'agiter l'épouvantail d'une divinité jalouse, vindicative, comptable des péchés de chacun et revancharde pour asseoir leur domination sur le bon peuple. 
Je me marre en imaginant Dieu demander : sortez moi le dossier du vieil Henri 
A demain , j'espère que vous suivez toujours.il va y avoir interro écrite 

vendredi 28 août 2015

Félicitations et remerciements

Je voulais vous féliciter, j'ai été mauvaise langue ( ce n'est pas ce que mes copines disaient hé hé ) , vous êtes de plus en plus nombreux à lire mes délires malgré l'aridité du sujet.  Je remercie les Américains, les Suédois, les Hollandais, les Italiens et même les Vénézueliens ( eh oui) qui suivent  également fidèlement ce blog. Je retire ce que j'ai dit, vous êtes tous extraordinaires. 
Petit poème de Verlaine pour remercier mes lectrices, promis j' en écrirai un spécialement pour vous .
Voici des fruits des fleurs des feuilles et des branches 
et puis voici mon cœur  qui ne bat que pour vous
ne le déchirez pas entre vos deux mains blanches
et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux

A demain pour la suite.

Seizième message

Les juifs , accusés d'avoir tué le fils de Dieu, ont subi à travers les siècles un destin en forme d'entonnoir, on leur a dit successivement
- Vous ne pouvez pas vivre en tant que juifs parmi nous ! Ils furent donc relégués dans des ghettos puis contraints à la conversion.
- Vous ne pouvez pas vivre parmi nous ! L'inquisition comprenant très vite que leur conversion n'était qu'une façade commença à les persécuter, la plus grande partie d'entre eux s'exila au Portugal puis au nord de l'Europe. Remarque, pendant que l'Inquisition faisait la chasse aux juifs en Espagne, elle foutait la paix aux prétendues sorcières qui étaient brûlées partout ailleurs, le Saint Office espagnol avait la persécution sélective.
- Vous ne pouvez pas vivre! La boucle était bouclée, les nazis se chargèrent de mettre en application cette sortie de l'entonnoir dont l'ultime issue était la solution finale, en pensant à ça j'ai honte d'être un homme. Pendant ce temps là Dieu regardait ailleurs. Il aurait détruit Sodome et  Gomorrhe sous prétexte que certains habitants voulaient toucher un peu les fesses de deux anges mais laissé prospérer les camps de la mort ? En réalité Dieu n'intervient jamais dans les affaires des hommes et il y a une bonne raison, tu la comprendras tout à l'heure .
Pour en revenir à notre histoire, en 1532 un nommé Ernesto Guttierez peintre et sculpteur récemment immigré en France vint s'installer près de Lamothe après avoir beaucoup voyagé. Il s'était arrêté d'abord dans la Loire à Montrond les bains, puis dans un petit village de l'Aude nommé Rennes le château avant de se fixer définitivement chez nous. Il cachait dans ses bagages un document redoutable.
Comme il ne mangeait pas de porc il fut rapidement soupçonné d'être juif, donc responsable de tous les maux qui s'abattaient sur la région: épidémies diverses touchant les humains ou le bétail, mauvaises récoltes, temps pourri. A cette époque farouche on accusait toujours celui qui était différent.
Il crut se faire accepter de la population en réalisant la merveilleuse Piéta que tu as dû voir dans l'église ainsi que le portrait grandeur nature de Saint Pierre et en faisant don de ces deux chefs d'œuvre à la paroisse, ce qui ne l'empêcha pas d'être noyé un soir dans un puits par quelques fanatiques catholiques.
Avant cette issue dramatique il devint ami d'un habitant du village à l'esprit un peu plus ouvert que les autres, lui révéla son vrai nom, Mosche Sanche, et un lourd secret , celui là même qui nous réunit.
A demain peut être

jeudi 27 août 2015

Quinzième message


 les hommes figés dans leurs certitudes immuables depuis Aristote découvrent subitement que le monde n'est pas ce que l'on veut leur faire croire.
 - La terre est une sphère, elle tourne sur elle-même et autour du soleil et non l'inverse.
-  Elle n'est pas le centre de l'univers, d'autres mondes doivent exister
.- De nouveaux continents existent au-delà des mers avec des hommes, des civilisations, des croyances et des dieux inconcevables pour les Européens.
- On développe l'imprimerie inventée depuis peu, cette innovation majeure introduit à l'époque le même bouleversement des mentalités et développement des connaissances que l'internet d'aujourd'hui.
- On crée les premiers relais de poste, ancêtres de nos réseaux sociaux. 
L' Eglise constate que certaines de ces affirmations sont contraires aux écrits bibliques, par exemple les saintes écritures assurent que Dieu arrêta la course du soleil sur la demande de Josué, c'est bien la preuve pour les religieux que le soleil tourne autour de la terre.    
  Dans le doute la papauté rejette toutes ces nouveautés en bloc. Pour moi c'est de la bible dont elle aurait dû se méfier, un livre qui prétend que Dieu créa l'homme à son image me parait hautement suspect et insultant pour le créateur, il est évident que c'est la femme qui a été créée à l'image de Dieu hé hé .. Remarque, depuis bien longtemps les hommes avaient l'interdiction de lire les livres sacrés, seuls ceux ayant reçu l'imprimatur  catholique étaient autorisés.
 Le protestantisme commence à  envahir l'Europe.
 La réaction à ces bouleversements ne s'est pas fait attendre:

- L'église condamne Galilée, pas fou il sauve sa peau en abjurant ses prétendues erreurs.
- Elle brûle Giordano Bruno qui refuse de renier sa théorie sur l'existence d'autres mondes habités dans l'univers.
 - Le sultan turque interdit l'imprimerie.
-  Les conquistadors et les missionnaires détruisent la culture et les peuplades d'Amérique centrale puis celles d'Amérique du sud et, on s'approche pas à pas de notre secret , les souverains espagnols reconquièrent toute la péninsule ibérique et impose la religion catholique à tous leurs sujets.
Les juifs qui vivaient tranquillement du temps de la domination arabe ont, dans un premier temps, le choix entre la conversion,  l'exil ou une petite discussion avec l'Inquisition, le mal nommé Saint office. Beaucoup se convertissent, en apparence ,pour conserver leurs biens. On les appelle alors avec mépris marranos , porcs en espagnol, devenu marrane en français ou conversos.
                                                                                                                                                         

mercredi 26 août 2015

interlude

Puisqu'on est entre nous, je vais vous confier quelque chose mais vous ne devrez pas le répéter, il faudrait que ça reste entre internet et nous.
Lorsque M A est arrivé, il m'a dit que la belle Eden n'avait pas pu venir me voir parce que sa maman était souffrante.
Il était sincère mais ne savait pas la vérité.

J' ai appris la réalité bien plus tard . Eden n'était pas en Auvergne pour soigner sa mère, elle était à New York et participait à la plus grande machination de ces quinze dernières années. Cherchez ce qui s'est passé à New York début mai 2011 et lisez le second livre sur la vie d'Eden, vous allez halluciner.

Une petite fable amusante  bien connue de la mythologie grecque se révèle être très actuelle pour qui sait lire entre les lignes.
 Icare prisonnier du labyrinthe construit par son père l'architecte Dédale colla des plumes sur son corps pour s'évader par les airs.
Grisé par le vol il s'approcha trop près du soleil, la cire servant de colle fondit et il tomba dans la mer qui porte désormais son nom, la mer Icarienne , il s'y noya.
Outre le fait que les lois les plus élémentaires de la physique interdisent un tel vol, il est à remarquer que plus on prend de l'altitude plus il fait froid, la légende est donc doublement fausse. Néanmoins la métaphore est juste : en se rapprochant du pouvoir sans précaution les imprudents se brûlent les ailes, leur chute est alors brutale et destructrice.
Mais chut....je ne vous ai rien dit.

A demain.. peut-être.

Quatorzième message

Bon, après notre petit interlude on va reprendre le cours de notre discussion. Michel Ange me disait donc:
- Il me semble que la solution de l'énigme est à chercher, non du côté du prisonnier dont le nom ne dira rien à personne, mais du côté du geôlier.
 Monsieur de Saint Mars jouissait d'une grande notoriété, il fut le gardien de Nicolas Fouquet surintendant des finances de Louis XIV et du premier Duc de Lauzun, celui dont le mariage inspira à Madame de Sévigné la fameuse lettre : c'est la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse etc. et qui poussa l'insolence dit-on jusqu'à se cacher sous le lit du roi quand il honorait un jour Madame de Montespan, juste pour savoir ce qui se disait de lui en haut-lieu.
La grande noblesse de ces captifs "people" avant l'heure  donna à l'époque à Monsieur de Saint Mars une gloire considérable, imaginez  aujourd'hui quelqu'un côtoyant quotidiennement Elvis Presley et Michaël Jackson. Sa célébrité  commença à se ternir lorsque Fouquet mourut peu après une visite de Colbert et que de Lauzun fut libéré.
Ma conclusion est donc la suivante:  Saint Mars, pour rester au top de la "Jet Set" du 17e siècle et se faire mousser, inventa un prisonnier important et mystérieux propre à enflammer les imaginations d'une cour qui n'avait en tête que fantaisies, divertissements, intrigues. Le roi soleil, expert en manipulation lui aussi a bien dû s'amuser. En tout cas Saint Mars a réussi son coup, son nom est resté dans l'histoire.
 - Pas mal et comment s'appelait le détenu et pourquoi est-il resté enfermé si longtemps?
- Sans vouloir vous manquer de respect, vous poussez le bouchon un peu loin, je connais les réponses mais je vous répondrai tout à l'heure, à mon tour de questionner si vous voulez bien. Comment se fait-il que vous soyez l'unique récipiendaire d'un secret dévastateur caché dans un petit village du Gers.
- Ma famille habite ici depuis la fin du 15e siècle. Cette période a connu une révolution culturelle inconcevable pour nous, tu imagines en quelques années de 1490 à 1520 environ les hommes figés dans leurs certitudes immuables depuis Aristote découvrent subitement que le monde n'est pas ce que l'on veut leur faire croire.





treizième message



Michel Ange ( j'ai toujours l'impression de m'adresser au peintre de la chapelle Sixtine, je vais l'appeler M A maintenant) m'a répondu:
- Oui je connais l'identité du masque de fer. Lorsque j'étais en sixième je m'étais intéressé à ce mystère . Pour moi c'est une des plus grandes manipulations de l'histoire.
 Voltaire entendit parler d'un prisonnier dont le visage était quelquefois revêtu d'un masque de velours. Ce malheureux resta trente quatre ans enfermé et mourut en prison, toujours incarcéré près de Monsieur de Saint - Mars, gouverneur de la forteresse de Pignerol puis gouverneur des Iles au large de Cannes. 
Pour dénoncer les excès de l'absolutisme royal Voltaire inventa un détenu portant en permanence un masque de fer plus propre à frapper les consciences qu'un masque de velours intermittent. 
 Alexandre Dumas, considérant qu'il est permis de violer l'histoire à condition de lui faire de beaux enfants, lui emboîta le pas et écrivit un roman qui ne tient pas debout sur un prétendu jumeau de Louis XIV mis au secret dans des conditions ignobles dès sa naissance , ce qui est méconnaître totalement la réalité monarchique française.

Les reines de France accouchaient en public, on voit mal comment un des deux enfants aurait pu être soustrait à la vue des nombreuses sages femmes et de la centaine de courtisans qui se pressaient autour d'Anne d'Autriche qui malgré son nom était espagnole et attendait depuis plus de vingt ans de consolider sa position de reine en donnant un héritier viable à Louis XIII. Elle avait déjà fait plusieurs fausses couches et à une époque où la mortalité infantile était très importante la venue au monde de deux héritiers aurait été considérée comme une bénédiction et aurait rehaussé la réputation virile du roi qui était plutôt moqué jusque là comme un bande- mou, certaines rumeurs prétendaient même qu'il préférait les hommes à sa femme ce qui est faux. 
 De plus toute personne de sang royal par la grâce de Dieu était sacrée et Anne d'Autriche fut une mère exceptionnelle qui adorait ses enfants, elle aurait défendu comme une tigresse le jumeau si jumeau il y avait eu.
- Alors ?
- Aucun personnage important dont la disparition aurait été suivie de l'apparition d'un homme masqué n'étant absent de la scène publique de l'époque, il me semble que la solution de l'énigme est à chercher, non du côté du prisonnier dont le nom ne dira rien à personne, mais du côté du geôlier.

Et bien je vais vous dire il a oublié d'être bête le M A vous verrez pourquoi demain!


                                                                                                                               

mardi 25 août 2015

douzième message

Michel Ange avait bien compris que le secret tournait autour de la religion.
 Depuis la nuit des temps les idéologies  ont suscité  et excusé toutes les barbaries.
 Le fondamentalisme religieux, le racisme, le nationalisme,  tout ce qui se termine par isme finit toujours en confrontation entre bourreaux gardiens de la vérité, enfin leur vérité et victimes nommées martyrs qui pensent autrement, ce sont souvent les mêmes, interchangeables selon qu'ils soient majoritaires ou minoritaires.  Vous comprenez mieux ma prudence, je n'ai pas envie de finir pendu, brûlé, égorgé ou décapité par des fanatiques. Si les fondateurs des trois religions monothéistes,  Judaïsme, Christianisme et Islamisme  revenaient sur terre, je ne donnerais pas cher de leur peau.
 Je voulais également parler de quelque chose qui me tient à cœur, mais jusqu'à ce jour je n'avais pas rencontré quelqu'un capable de concevoir ce que je vais expliquer. J'ai décidé de jauger Michel Ange pour évaluer son ouverture d'esprit. J'ai attaqué:
- Je ne sais pas trop quoi te dire, cette histoire est si énorme et ce que j'ai à te transmettre si particulier que j'ai besoin préalablement de te tester. Qu'as tu compris des deux phrases que tu viens de prononcer?
- Votre histoire tourne autour d'une révélation sur l'épisode du chemin de Damas où Paul a rencontré  Jésus ressuscité, la deuxième phrase concerne le lieu où est caché la preuve concrète  de cette révélation , je crois avoir trouvé cet endroit et votre méfiance montre que tout ceci est explosif.
- Continue.
- Paul est un personnage terriblement énigmatique. Il a inventé le Christianisme alors qu'il ne faisait pas partie des apôtres, chose incroyable il était un des chefs de la police des grands-prêtres chargée de persécuter et exécuter tous les disciples du crucifié, considérés comme des dévoyés blasphémateurs et il n'avait pas connu Jésus. Remarquez, tous ceux qui ont écrit sur la crucifixion n'y étaient pas, Matthieu Marc et Jean s'étaient sauvés et Luc était un médecin grec bien loin de Jérusalem ce jour là .
- Quelle était la particularité de Paul?
- Il était citoyen romain, seul l'empereur pouvait le condamner
- Comment est il mort?
- Décapité.
- Comment Pierre est il mort?
- Il a demandé a être crucifié la tête en bas.

 Bon je vois à qui j'ai affaire. J'aimerais faire un dernier test pour être sûr de ne pas me tromper sur toi si tu es d'accord.

- Je vous écoute.

 - J'ai besoin de comprendre ton fonctionnement intellectuel, il ne nous servirait à rien d'aller plus loin si tu n'as pas la tournure d'esprit nécessaire pour t'affranchir des idées reçues et des certitudes qui ont été inculquées dans notre inconscient collectif depuis si longtemps.

Et là en rigolant intérieurement je lui balance la question qui tue, je suis un peu salaud : Connais tu l'identité de celui qu'on appelait Le masque de fer.

Vous savez ce qu'il m'a répondu, l'enfoiré: Oui, je la connais...

+

lundi 24 août 2015

onzième message


 Assis tranquillement chez moi, réunis par notre adoration commune pour Eden la sublimissime,  j 'avais l'impression curieuse d'être un vieux mari face au jeune amant de sa femme qui hésite entre lui casser la gueule ou trinquer avec lui. Pour moi c'était simple, la bagarre n'était pas une option et j'avais terriblement besoin de discuter enfin avec un alter ego à qui je pourrais confier toutes mes certitudes refoulées depuis si longtemps. Michel Ange m'a raconté comment il avait rencontré et séduit Eden. Vous lirez cette histoire dans le bouquin. Entre autres ruses il lui a transmis un poème qui l'a faite craquer :

 La nature aujourd'hui semblait avoir une âme
dans le jardin d'Eden mon être était en flammes

 j'entendais ses silences, je goûtais ses parfums

réanimant des sens que je croyais défunts.


Moi à son âge il ne me fallait pas grand chose pour animer mes sens qui étaient loin d'être défunts même si aujourd'hui ce sont plutôt des sens interdits. Bon je sais, l'image est  pauvre, mais face aux conférences de presse des footballeurs ou des anges de la téléréalité on dirait presque du Jean Jacques Rousseau. Finalement je ne suis pas loin des bourgeois du 19e siècle qui affirmaient vouloir former le goût artistique de leurs soubrettes en leur faisant épousseter leurs toiles de maître, je participe à votre éducation littéraire hé hé .

Vous êtes en train de penser : le vieux tourne autour du pot il commence à nous gonfler.  Clémenceau disait : le meilleur moment de l'amour c'est quand on monte l'escalier, il devait être un peu mou du genou le père la victoire, moi ce ne sont pas les marches que j'aimais grimper. Bon allez ne sombrons pas dans le grossier, vous avez assez apprécié l'attente je reviens aux choses sérieuses. J'ai demandé à Michel Ange - ça ne te fâche pas si je te tutoie, pour moi tu es un gamin.

 Il devait avoir tout au plus 55 ans.

Il a répondu - Oui papa.

Il avait des larmes dans les yeux. J'ai supposé qu'il avait dû avoir des problèmes avec son père. On a bu un petit verre de chartreuse verte et il a dit : - J'ai entendu l'enregistrement de votre voix : Paul a vu la vérité, la vérité est dans le corps du Christ.
Je suis resté quelques minutes silencieux, ma vieille horloge faisait tic tac  inexorablement comme dans les films d'angoisse d' Hitchcock .

à plus tard

-


dimanche 23 août 2015

dixième message

J'aimerais bien vous parler de la conversation que nous avons eu Michel Ange et moi mais j'ai une angoisse, j'ai peur de vous ennuyer.
 Ce n'est pas que je vous prenne pour des blaireaux ou des incultes incapables de suivre une discussion sortant un peu du quotidien mais votre génération est accro au zapping, à  l'information permanente, à la connaissance universelle en quelques clics, aux SMS en phonétique, aux réseaux sociaux et tout ça pourquoi? pour transmettre la photo du hamburger que vous avez mangé à midi ou celle de votre petit chat, 13 milliards et demi d'évolution de la matière, une technologie de rêve pour en arriver à un système de pensée basée sur l'instantanéité, la pauvreté du propos et les onomatopées des anges de la téléréalité. Vous n'êtes pas raisonnables.
 Comme disait Einstein l'univers et la bêtise humaine sont infinis, pour l'univers je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue. hé hé sacré Albert, c'était pas le mauvais garçon mais il se la pétait un peu.

Moi j'ai besoin de temps pour développer mes arguments et surtout j'aime les belles histoires. Bon tant pis je me lance, essayez d'être un peu patients et de ne pas me zapper.

Je ne vous ai pas encore parlé de mon ancien métier, j'étais physicien et ingénieur , spécialisation nucléaire, j'ai participé à la conception et à la réalisation du réacteur super - Phénix dans les années 70, mon équipe a travaillé sur les applications de l'instantanéité de la transmission des informations des particules intriquées et commencé à étudier la nature de la matière et de l'énergie noires expliquant peut-être l'accélération de l'expansion de l'univers, ça vous la coupe, hein! Je suis moins con que vous ne le pensiez .
 Vous avez cru que j'étais sénile, attendez la suite. Depuis quelques années la faucheuse, la camarde, rôde autour de moi, à 91 ans chaque jour est peut être le dernier.
 Ne rigolez pas, le chien qui m'a mordu vous court après. 
Comme disait Corneille, le dramaturge pas le chanteur

                                                    le même cours des planètes                                                
 règle nos jours et nos nuits
  on m'a vu ce que vous êtes
vous serez ce que je suis.
Alors j'ai essayé de raisonner en physicien pour me rassurer  sur ce qui se passe après le grand départ et là on va se marrer.
Je vous laisse un peu respirer, à demain...  peut être

samedi 22 août 2015

neuvième message

Nous avons discuté tout l'après-midi , ce type était incroyable, il s'appelait Michel Ange et habitait la région de Cannes. Je balançais entre le détester pour être l'amant d'Eden et l'adorer pour être venu me voir et me parler d'elle.
Tout jeune il avait sans doute subi, d'après ce qu'il m'a dit, une expérience de vie après la vie et acquis de ce fait une intelligence et une mémoire prodigieuses. J'avais déjà entendu que ceux qui reviennent à la vie après être morts développaient des pouvoirs spéciaux.  Il avait résolu l'énigme du masque de fer, s'était intéressé en autodidacte à la physique quantique ce qui lui a permis de comprendre ma théorie sur la survie de l'esprit après la mort. Je comprends mieux comment il a pu séduire Eden.
 J'ai alors pris une décision, je lui ai révélé et transmis mon secret qui englobe aussi celui de Rennes le Château, vous savez le village dont le curé est devenu riche mystérieusement. Il verra ce qu'il veut en faire..
 Nous avons parlé d'Eden, je lui ai donné pour elle la chaîne en or de chez Cartier que j'avais achetée pour Geneviève qui s'est finalement mariée avec mon copain Albert et lui bouffe la vie jour après jour. Le mariage dit-on transforme les fées en sorcières et les princes charmants en bonobos. je l'ai échappé belle! hé hé . Albert  est même obligé de se cacher pour fumer, à 85 ans! Le con !
A un moment j'ai eu un peu la trouille. Lorsque j' ai dit à Michel Ange qu'une policière m'avait interrogé au sujet d'Eden j'ai vu son regard changer, il s'est rapproché de la grosse casserole en cuivre accrochée au mur histoire de décorer la maison façon rustique, j'ai bien cru qu'il allait m'en donner un coup sur la tête alors je lui ai vite raconté comment j'avais mené en bateau Madame Poncet que j'avais appelée Madame Porcelet, il s'est détendu et on a rigolé tous les deux, moi je riais jaune. Finalement il est parti. Ouf ! j'ai eu peur mais d'un autre côté j'ai vu que ce type était capable de défendre notre Eden .
Depuis j'en ai appris des sévères sur Eden, ça dépasse tout ce que j'avais pu imaginer, je crois même que des gens ont écrit des bouquins sur sa vie . Les pauvres, ils ont intérêt à raser les murs.

vendredi 21 août 2015

huitième message


j'étais content j'avais vu juste, c'était bien l'ange de la mort. La policière est partie, bon débarras.

 Quelques mois plus tard j'étais assis sur le banc vert avec deux vieux potes, Albert et Maurice. Un grand type inconnu aux cheveux gris s'est installé près de nous, il nous a offert des nougats et une cigarette. Albert a demandé s'il pouvait en avoir une deuxième, il les a cachées sous sa casquette pour que sa femme ne les voit pas et s'est éloigné pour fumer tranquillement hors de la vue de sa sorcière. J'en ai allumé une et je me suis mis à tousser, Maurice m'a dit: - alors Henri tu ne sais plus fumer, ça sent le sapin. Je lui ai répondu - je t'emmerde sale con, il est parti bouder ailleurs.
 L'inconnu est resté seul avec moi, il paraissait un peu gêné, il m'a demandé
-Vous souvenez vous d'une très belle jeune femme avec laquelle vous avez discuté il y a quelques mois.
- Devine si je me souviens! Si on parle de la même personne c'est mon plus beau souvenir depuis longtemps. J'ai 87 ans et j'en ai connu des gonzesses  mais j'en avais encore  jamais vu une comme elle, pour rire elle voulait me faire une petite pipe de bienvenue, je me suis senti rajeuni de 30 ans.
- C'est mon amour mon ange, elle s'appelle Eden.
 J'ai eu envie d 'humilier ce type - tu es beaucoup plus âgé qu'elle, qu'as-tu de si spécial pour mériter une telle beauté.
 Ce qu'il m'a répondu m'a cloué le bec - je ne la mérite pas alors j'essaie à chaque instant de la rendre heureuse pour la garder près de moi. D'une voix basse il a poursuivi : elle m'a fait entendre l'enregistrement de votre énigme.
 J'ai tourné plusieurs fois ma chevalière autour de mon doigt,. J'ai lancé - Elle m'avait promis de revenir, depuis je l'espère jour après jour
.- Elle n'a pas pu venir sa mère est souffrante mais elle reviendra, elle me parle souvent de vous.
 Il avait l'air sincère, je l'ai invité- viens boire un coup chez moi, on sera plus tranquille pour discuter... et finalement je lui ai révélé mon secret.
à demain peut-être


jeudi 20 août 2015

septième message


 J'étais assis sur le banc vert, les yeux fermés, un peu nostalgique. j'ai senti une présence, un parfum féminin, mon cœur s'est accéléré, j'ai pensé c'est Elle, elle est revenue.

J'ai ouvert les yeux, une inconnue était près de moi et me disait: - Laurence Poncet de la Brigade de recherche d'Auch, j'enquête sur une marcheuse qui est passée ici autour du 10 mai, il parait que vous avez discuté longuement avec elle.

 C' est sans doute la Jeannine qui a encore trop parlé. Il faudra que je l'étrangle un de ces jours.

 J'ai joué à l'imbécile, je fais ça très bien. - Comment voulez vous que je me souvienne de ce que j'ai fait le dix mai, je ne me souviens déjà plus de ce que j'ai mangé à midi.

-Il faudra faire un effort mon petit monsieur.

Comment elle me parle ! Je lui ai sorti le grand jeu, elle a eu droit à l'énumération de mes rhumatismes moi qui n'en n'ai jamais eu, à mes pertes de mémoire, ma prostate, mes opérations de la cataracte, mon début de surdité et je l'ai appelée Madame Porcelet, le nom  lui allait bien elle était un peu enrobée hé hé, qu'est ce qu'on se marre quand on est très vieux on nous pardonne tout. Cerise sur le gâteau je lui ai dit - le secret de Paul va ravager l'occident.

Elle était très forte, elle m'a écouté patiemment puis a rigolé - c'est bientôt fini votre cinéma?
un grand garçon comme vous, vous n'avez pas honte, je vous demande juste si vous avez parlé avec une jeune femme blonde, très belle parait il. A voir les efforts que vous déployez pour noyer le poisson vous avez sans doute succombé à son charme, à votre âge mentir encore comme un ado, on aura tout vu !

Elle prêchait le faux pour savoir l'improbable.

J'ai pensé: tu sais ce qu'il te dit mon âge mais j'ai répondu - qu' est ce qu'elle a fait ?

- Je ne peux pas vous dire ce que l'on lui reproche, mais je peux vous mettre en garde, cette femme est hyper dangereuse et ceux qui cherchent à la protéger feraient bien de se méfier.

J'étais tout content, finalement j'avais vu juste.

à demain



mercredi 19 août 2015

Sixième message

Le journal disait : une vraie boucherie. Le lendemain on en savait plus.
Les Ecossais avaient été retrouvés morts chez eux, leur maison était fermée de l'intérieur, sur la table il y avait deux couverts, un flacon de whisky bien fatigué, deux bouteilles de vin de Bergerac totalement vides, un nombre impressionnant de mégots de cigarettes et de joints. La femme avait reçu deux coups de couteau et le mari, gaucher tenait dans sa main gauche un couteau de cuisine sur lequel il s'était vraisemblablement empalé en se couchant dessus. Ils avaient eu une relation intime juste avant leur mort. Le couple était bien connu de la gendarmerie pour leurs disputes fréquentes et pour la violence de l'époux très jaloux de sa jolie épouse un peu légère.
L'équation fut vite résolue: maison fermée de l'intérieur + état d'ébriété + stupéfiants + jalousie + couteau présent sur les lieux = mari coupable. Affaire classée.
 J'étais presque déçu, mon ange de la mort n'était pas la responsable du massacre...
J'avais toutefois  quelque chose qui trottait dans ma tête, je n'arrivais pas à me souvenir quoi. Je ne sais pas si ça vous arrive d'avoir capté inconsciemment un détail, de l'avoir dans un coin du cerveau et de ne pas pouvoir l'identifier clairement. Ce n'est que le surlendemain que j'ai pu dire Euréka .
Lorsque je suis arrivé près du banc vert où l'apparition mangeait son sandwich, elle parlait à voix haute avec quelqu'un, elle disait à peu près : - Si si tout à fait et j'assume, je les tue tous avec beaucoup de plaisir même et c'est toi le plus stupide de nous deux .
Pourtant ELLE ETAIT SEULE SUR LE BANC.
La nuit je repense à elle. Si elle avait vécu à l'époque de Notre Dame de Paris, les trois trous du cul: Quasimodo, Frollo et Phébus auraient sans doute abandonné Esmeralda, ses cheveux, son jardin et ses jupons couleur de l'arc en ciel pour se jeter aux pieds de mon ange. Voilà que je l'appelle mon ange, Alzheimer me guette.
Quelques .semaines plus tard, une policière d Auch, une certaine Laurence Poncet est venue m'interroger.

à demain peut-être

mardi 18 août 2015

cinquième message


La merveille finissait son sandwich. Elle fit une petite moue que je trouvai adorable .- Vous me dites la suite de votre secret, allez, juste à moi !
Je m'en voulais d'avoir trop parlé - Trop dangereux pour toi ma belle, tout est dans l'église mais je n'en dirai pas plus tu en sais déjà bien assez , peut-être trop, même.
- Pourquoi?
 - imagine un peu , le secret est explosif, deux milliards de chrétiens seraient déstabilisés et sans doute quelques milliers de fous furieux voudraient brûler ta jolie peau.
 - Dommage, j'aurais bien aimé savoir mais si c'est dangereux je préfère tout ignorer, je ne suis qu'une femme seule et désarmée.
J'avais beaucoup de peine à la considérer comme faible et désarmée, elle irradiait la force tranquille de ceux qui ne craignent personne
.- Vous êtes le seul à savoir, ce secret va disparaître avec vous ?
- ne t'inquiètes pas il y a une lettre chez mon notaire à n'ouvrir que 30 ans après ma mort. Je commençais à me sentir mal, ma prostate me taquinait, il fallait que j'aille pisser.  Elle a tenu à m'embrasser avant mon départ, j'ai tendu mes lèvres, elle a déposé un gros baiser sur chacune de mes joues. Je n'ai pas osé lui demander son numéro de téléphone, elle m'a promis de revenir me voir un jour. Elle s'est levée je suis resté figé sur place  je n'avais encore jamais vu une telle perfection de formes, si j'avais eu trente ans de moins je crois que je lui aurais sauté dessus. Au lieu de ça, je suis parti en catastrophe, les jambes un peu tremblantes, la vieillesse est un naufrage. Elle est rentrée dans l'église pour voir la Piéta. Lorsque je suis revenu dix minutes plus tard elle disparaissait au loin sur la route qui mène à Eauze en passant par l'étang du Pouy.
 Le lendemain j'ai appris que deux écossais qui tenaient une maison d'hôtes pour pèlerins avaient été découverts poignardés à Eauze, une vraie boucherie disait le journal.
A demain



lundi 17 août 2015

Quatrième message

   Je ne sais pas pourquoi, j'avais un pressentiment : cette femme était dangereuse mais moi j'étais en sécurité près d'elle. J'étais presque certain qu'elle était responsable de  tous les meurtres commis ces derniers jours sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, le camino frances, pour moi c'était Azraël l'ange de la mort. 
Je me suis traité de vieux fou mythomane. Comment et pour quelle raison une créature aussi sublime pourrait-elle avoir tué tous ces gens?
 Nous avons continué notre conversation, j'ai voulu lui donner un indice, je lui ai dit - n'oublie jamais les paroles que je vais prononcer si un jour tu veux trouver le secret 
. Elle m'a répondu - attendez je n'ai aucune mémoire je vais vous enregistrer sur mon téléphone. J'étais un peu décontenancé mais elle m'a expliqué toutes les fonctionnalités des téléphones modernes : il parait qu' on peut prendre des photos, consulter ses messages des mails comme ils disent, envoyer des sms je ne vois pas trop à quoi ça sert, avoir accès à internet, enregistrer mes paroles, si ça se trouve on peut même téléphoner, hé hé.
Tout fier d'être enregistré j'ai déclamé: Paul a vu la vérité, la vérité est dans le corps du Christ. Surprise elle a dit - c'est tout ? J'ai répondu - c'est tout et c'est suffisant pour mettre un monde à feu et à sang. Des tas d'idées trottaient dans ma vieille tête, je lui ai alors appris que ce secret avait été amené en France au 16e siècle par un juif espagnol obligé de fuir l'inquisition et le bûcher, un marrane ou conversos soupçonné comme beaucoup de ses coreligionnaires de  judaïser en secret.
J'avais peur de l'ennuyer avec mes vieilles histoires mais elle continuait à me regarder gentiment, presque avec tendresse. J'ai fait tourner ma grosse chevalière en or autour de mon annulaire droit, mes amis me charrient toujours sur ce bijou qui me fait ressembler, disent -ils à un parrain de la mafia. Il est vrai que lorsque j'étais plus jeune cette grosse chevalière mais surtout ma carrure et mes yeux bleus ont fait chavirer la vertu de plus d'une fille. J'avais une devise : la femme d'un copain c'est sacré .... il faut qu'elle y passe. J'ai eu des tas de maîtresses mais pas une n'arrivait à la cheville de ma sublimissime compagne de banc.

A demain peut-être.



Troisième message


Je lui ai demandé - tu es croyante?

Elle a haussé les épaules et répondu - comme tout le monde ni plus ni moins. Elle avait une voix un peu rauque , très sensuelle. A ce moment, j'ai pensé aux vers de Victor Hugo:

- Le roi disait en la voyant si belle à son neveu
pour un regard pour un sourire d'elle pour un cheveu
infant Don Ruy je donnerais l'Espagne et le Pérou
le vent qui vient à travers la montagne me rendra fou .


- Je ne sais pas si j'aimais cette dame mais je sais bien
que pour un mot un regard de son âme moi pauvre chien
j'aurais passé gaiement dix ans au bagne sous les verrous
le vent qui vient à travers la montagne m'a rendu fou.
Je lui ai alors parlé un peu de mon secret, un peu, j'avais à la fois peur de la mettre en danger, à la fois besoin de me faire valoir, d'exister à ses yeux, envie qu'elle me voit différent de ce que je suis : un vieillard .

Elle a eu l'air d'être intéressée lorsque j'ai évoqué le moment où le soldat romain donne à boire à Jésus sur sa croix . Elle connaissait presque le nom de ce soldat - Longibus ou Logibus - m'a-t-elle dit - présente au supplicié une éponge imbibée de vin, instantanément celui-ci remit l'esprit, on ne lui brise pas les jambes et on met son corps dans un tombeau, Ponce Pilate doute de sa mort.

Je suis resté sidéré de sa connaissance de ces évènements.
J'ai rectifié - le soldat s'appelait Longinus et le tombeau, en fait un trou creusé dans le rocher appartenait à Joseph d'Arimathie, membre du Sanhédrin l'assemblée des prêtres qui venait de condamner Jésus. C’est un peu comme si Giscard après avoir rejeté la demande de grâce de Ranucci l'avait fait inhumer dans son caveau de famille.
Elle me regardait tendrement comme si j'étais beau, mon vieux cœur battait vite et fort  j'étais fou d'elle, j'aurais voulu que ce moment dure toujours…
à plus tard

dimanche 16 août 2015

deuxième message



La jeune femme assise sur le banc avait un très joli visage, mais ce qui m'a fasciné chez elle ce fut son regard. Ses yeux étaient verts. Ce n'était ni leur forme ni leur couleur qui était remarquable, mais leur expression. Elle n'était pas de notre monde.
Une vieille chanson d'Aznavour disait : avec ton regard comme empli de fièvre. Voilà le mot juste elle avait un regard fiévreux. Elle semblait voir à travers moi et instantanément, malgré mon grand âge j'aurais voulu la garder pour moi, j'aurais voulu …mais fou que je suis, que pourrais je bien vouloir d'une telle créature au début  de l'été de sa vie, moi qui n'ai que rides, faiblesse, froidure et hivers à lui offrir.  
 Je ne sais pas pourquoi, j'ai vu un ange en elle, mais l'ange de la mort. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je me suis assis près d'elle sur le banc et je lui ai dit :Bon dieu que tu es belle. Elle m'a souri. Vous n'allez sans doute pas me croire, j'avais 87 ans à cette époque, je suis tombé amoureux fou de cette femme. Jusqu'à ce jour je n'avais jamais compris le sens de cette formule, tomber amoureux! Et là j'ai compris, pour moi ça voulait dire: aimer jusqu'à la tombe .Pour la première fois de ma vie j'étais prêt à  révéler mon histoire à quelqu'un .
je lui ai dit:  si tu me montres ta poitrine, je te dirai un secret. Elle m'a répondu gentiment      - Vous n'avez pas honte ,puis elle a rajouté en riant - Vous ne préférez pas une petite pipe de bienvenue. J'ai failli m'étrangler de rire.
 J'ai répondu    - Alors toi tu es unique , allez je te dis le début de mon secret, il y a une bombe dans l'église. Elle s'est étonnée : - une bombe? J'ai précisé - pas une bombe qui saute, mais il y a là un secret qui ferait exploser la chrétienté.

La suite un peu plus tard. Vous allez être stupéfiés .Retrouvez l'intégralité de l'histoire dans notre livre : Eden, le serpent qui siffle dans ma tête.

Premier message

Premier message.

Bonjour, je m'appelle Henri , je suis âgé de 91 ans et ma vie est en danger. Vous me direz qu'à cet âge toute existence est terriblement précaire mais je suis dépositaire d'un secret qui risque de me tuer et je suis mêlé bien malgré moi à une affaire extraordinaire.

Le 17 mai 2010, un lundi dont je me souviendrai toute ma vie, enfin ce qu'il en reste, comme tous les jours je lisais tranquillement mon journal, installé devant chez moi sur le banc en pierre. J'habite une coquette maison à  Lamothe- Goas, le petit village du Gers ou je pensais finir paisiblement mon existence, seul comme un vieux célibataire indécrottable.
La région était en effervescence, tous les journaux parlaient du meurtre d'un curé à Aumont d'Aubrac, de celui d'un employé municipal à Gréalou, le cadavre d'une femme venait d'être retrouvé près de Moissac et un séminariste avait vraisemblablement fait une chute mortelle dans la collégiale de La Romieu, tous ces morts avaient un point commun, ils s'étaient produits le long de la route de Saint Jacques de Compostelle rebaptisée par un journaliste inspiré : le chemin meurtrier.
Après le repas, comme tous les jours je suis allé faire un tour sur la place de l'église et là… sur le banc vert où je retrouve d'habitude mes vieux potes encore vivants, à mon âge les copains disparaissent peu à peu, une jeune femme était assise et mangeait un sandwich. Vous me direz: jusque là il n'y a rien d'exceptionnel.
Si vous aviez vu cette femme! J'en frissonne encore. Je vais essayer de la décrire. Elle portait des cheveux courts, blonds, vraisemblablement teints. Elle avait le plus joli visage que je n'avais jamais vu, un peu celui de Brigitte Bardot dans le film "Dieu créa la femme ". je sais, mes références cinématographiques datent un peu mais je n'ai pas d'exemple plus récent à vous proposer, il y a longtemps que je ne suis pas allé au cinéma.
Je suis obligé de vous abandonner provisoirement mais revenez un peu plus tard, je vous raconterai la suite, si je suis toujours  de ce monde.