vendredi 24 août 2018

Les Tribulations d'un Lyonnais en Provence. Histoire n°19

 

 

 

 


 

 

 

 

Montauroux est un village provençal qui fut détruit en partie par le Duc d'Epernon pendant les guerres de religion.

Chaque année au mois d'Août la population se réunit sur la place de la mairie pour juger par contumace le Duc meurtrier, le verdict est toujours le même: coupable.

 La sentence est exécutée sur le champ, d'Epernon est précipité sur un bûcher où  son corps de paille est réduit en cendres, supplice bien mérité, de son vivant il fut soupçonné d'avoir commandité l'assassinat du bon roi Henri.

 

Bizarrement les fêtes d'Août culminent le 24, jour de la Saint Barthélémy, journée abominable s'il en fut :
Le 24 août 1572 les catholiques massacrèrent les protestants venus à Paris assister au premier mariage du futur Henri IV avec la reine Margot. Sous prétexte de religion les crimes les plus atroces se perpétrèrent, les exécutions sommaires se propagèrent au pays tout entier, il y eut des dizaines de milliers de morts, vieillards, hommes femmes et enfants, chacun ayant un voisin, un parent ou un créancier rebaptisé huguenot hérétique  dont il voulait se débarrasser.

Tout cela est loin, revenons au temps présent où aucun individu ne songerait à tuer son prochain parce qu'il n'aurait pas les mêmes croyances que lui.
 

 Que dites-vous? Si ! C'est possible, vous croyez ?

 

 Au mois d'Août a lieu également le festival de guitare. Des concerts gratuits sont organisés sur la place des Estérêts du lac, celle du vieux village et dans la chapelle St Barthélemy restaurée grâce à Christian Dior, habitant illustre du village.

 Je n'aime pas l'intérieur de cette chapelle, les panneaux recouvrant les murs sont revêtus, à mon humble avis mais j'ai sûrement tort puisque tout le monde s'extasie devant, de peintures médiocres  et il y fait une chaleur infernale pendant  les concerts, conséquence du fait que les panneaux sont en bois.

Tous les cinq ans les médias mettent en lumière un intelligent qui croit avoir inventer une nouvelle technique de construction pour les habitations en utilisant ce matériau forestier. Un conseil, s'il vous vient l'idée saugrenue de construire une maison avec cette matière pourtant noble, naturelle, renouvelable donc écologique préparez-vous à souffrir chaque été ou prévoyez une bonne climatisation, le bois est un excellent isolant contre le froid mais déplorable contre la chaleur.

 

Un jour d'août donc, assis sur une chaise pliante dans la fournaise j'attendais l'arrivée des musiciens en transpirant et en m'éventant comme tout le monde avec un programme plié.

Une femme et un homme discutaient devant moi.

Elle :

- Tu as pensé à brancher l'alarme et à fermer les volets ?

Lui :

- Oui.

- J'en ai marre qu'on entre chez nous dès que je tourne le dos.

- Personne n'entre chez nous.

- Je te dis que quelqu'un entre dès que je tourne le dos.

- On ne peut pas entrer sans la clé.

- Il a une clé, je ne sais pas comment il l'a eue.

- On ne peut pas entrer sans déclencher l'alarme

- Je laisse des repères en partant, quand je rentre je constate à certains petits détails que quelqu'un est entré chez nous.

- C'est impossible, si quelqu'un entre il déclenche l'alarme et le centre de surveillance nous appelle.

- Il coupe l'alarme.

- Il faudrait qu'il ait la télécommande ou le code du clavier.

- Il est plus malin que toi.

- Pourtant il ne nous manque jamais rien.

- Il fait ça pour me faire chier.

- Depuis si longtemps? Il doit être vieux maintenant ce gars qui rentre chez nous sans qu'on ne le voit jamais. Vingt cinq ans qu'il te guette sans manger sans boire sans dormir, profitant du moindre moment de distraction pour déplacer tes affaires.

- Un autre homme que toi aurait réglé ce problème depuis longtemps.

 

Je ne me suis évidemment pas mêlé de la dispute mais la femme avait raison, un autre homme aurait réglé le problème depuis longtemps. En la faisant enfermer !

Je ne sais pas s'ils me faisaient de la peine ou suscitaient mon admiration. Finalement je me suis dit :
 Cet homme doit être un grand pêcheur pour mériter un tel boulet, lui et cette femme ont sans doute vécu le meilleur pour supporter ce pire mais je me trompe peut-être, quelquefois dans une relation sado-maso le pire cimente un couple mieux que le meilleur.
Oui je sais, ce que je viens d'écrire est un peu compliqué mais la vie n'est pas simple.

 

Les musiciens sont arrivés, deux guitaristes italiens exceptionnels manifestement homosexuels. Ils se faisaient l'amour en jouant, se frôlant et se regardant tendrement, le concert fut fabuleux je n'avais jamais entendu de telles merveilles.
 Ces garçons me firent oublier la chaleur et me convertirent  à la musique pour tous plutôt qu'à la manif pour tous où des hétéros veulent se mêler de nier le droit de vivre en pleine lumière à des gens d'inclinaison sexuelle différente, un peu comme si les bruns défilaient pour interdire aux blonds d'exister. Il me semble pourtant que chacun devrait pouvoir vivre en paix et faire ce qu'il veut avec son cœur et ses fesses.

 

Quelques jours plus tard lorsque je rentrai at home ma femme discutait avec une voisine qui se plaignait.

 On ( pronom imbécile qui qualifie celui qui l'emploie) entrait chez elle lorsqu'elle tournait le dos, la meilleure preuve, disait-elle, étant qu'ayant perdu une chaussette le matin la dite chaussette réapparut l'après-midi et qu'un vêtement qu'elle rangeait toujours à gauche était à droite.

 

Une semaine plus tard devant faire visiter à un futur acquéreur un appartement dont j'étais propriétaire, j'appelai la locataire sur le départ et en plein déménagement pour convenir d'un rendez-vous.

- Je ne peux pas être là  mais je vais vous donner le numéro du code de la serrure pour ouvrir ma porte.

- Le code ?

- Oui, j'ai fait poser une serrure magnétique codée, il faut composer un chiffre qui ouvre la porte.

- Je ne savais pas que cela existait.

- J'ai bien été obligée de me protéger, quelqu'un entrait chez moi dès que je tournais le dos.

 

Une nièce parisienne vient régulièrement passer quelques jours sur notre belle côte d'Azur, l'occasion nous est ainsi donnée de sortir certains soirs l'étonnant barbecue artisanal acheté dans un vide grenier.
Fabriqué à partir d'un demi-bidon métallique monté sur piètement et surmonté d'une grille, les saucisses, merguez, bacon et autres charcuteries cochonnes rissolent joyeusement au-dessus des braises, laissant échapper une graisse colorée se transformant en une fumée odorante qui vous fait couler la salive de la bouche.
 Malgré les avertissements sans cesse renouveler du corps médical prévenant du danger de cette cuisson libérant des substances cancérigènes ( pourquoi faut-il toujours que ce soient les bonnes choses qui nous détraquent la santé ) nous nous en  faisons péter le ventre, avec un rosé bien frais sous un olivier près de la piscine éclairée c'est du bonheur.

 

Après les agapes les épouses allèrent faire la vaisselle pendant que je parlai de choses sérieuses avec le neveu Grégory :
 le réchauffement de la planète, la lutte contre le terrorisme, la montée du FN, la composition de notre prochaine équipe nationale de foot, toutes questions importantes pour lesquelles seuls les maris sont compétents.

 Ayant solutionné la plupart de ces problèmes masculins graves avec les formules magiques ya qu'à et faut qu'on, je rentrai dans la cuisine prêt à offrir mon aide, avec un peu de retard j'en conviens mais proposée plus tôt elle risquait d'être acceptée, les femmes sont capables de tout.
Pourtant elles n'assument de leur côté que les tâches mineures peu fatigantes : éducation des enfants, gestion du budget, courses, repas, lavage et repassage du linge, nettoyage maison, devoir conjugal ( important le devoir conjugal ) etc…, il est indispensable de les occuper un peu sinon elles pensent et font des bêtises.

Bref elles  finissaient de nettoyer les couverts à l'ancienne avec des éponges et du liquide vaisselle dans l'évier en pierre, elles me tournaient le dos, j'entendis ce qui suit.

 

 

Ma nièce:

- Grégory ne veut pas me croire, quelqu'un entre chez nous lorsque j'ai le dos tourné, mes affaires disparaissent et réapparaissent, je n'en peux plus. Je mets parfois de la farine dans le hall d'entrée quand je pars, régulièrement à mon retour je trouve des traces de pas, mais je n'en parle plus à Grégory il se moque de moi. Si un jour je trouve celui  ou celle qui entre je fais un massacre.

Elle a murmuré :

- Je soupçonne la voisine de se servir de mes affaires et de les remettre en place après usage, je l'ai déjà vue avec le même sweet que le mien.

Ma nièce pèse 50 kgs, sa voisine que j'ai déjà rencontrée en accuse au moins 80 sur la balance et je la vois mal sauter par-dessus leur mur de 2 m de haut.

 

Je suis ressorti sans bruit, dubitatif. Vous n'allez pas me croire mais cette histoire courte est authentique, je crois que nous avons affaire à une épidémie en plein développement, les nombreuses malades se reconnaîtront.

 A moins qu'il ne s'agisse d'un problème plus profond, les femmes voient sans doute des choses que nous, mâles frustres et grossiers, n'imaginons même pas, peut-être sont-elles visitées à notre insu par quelques malins lutins farceurs ou lapins crétins ?

 

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C'est décidé, dès demain je vais installer des pièges à loup dans le hall d'entrée et le salon, chez nous les lutins ne passeront pas. Je n'aimerais pas qu'une chaussette rangée à droite se retrouve à gauche !


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Cette histoire est extraite du livre :





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lundi 13 août 2018

Les Tribulations d'un Lyonnais en Provence. Histoire n°18







 LE HUITIEME MEDECIN !

Après avoir lu cette histoire vous ne verrez plus jamais le monde médical du même œil.




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Il se trouve que je suis né avec une petite anomalie cardiaque, trois fois rien, mon cœur s'arrête parfois.

Revenons un peu en arrière.
Une nuit de novembre 1958, j'avais dix ans, mon cœur fit l'impertinent et décréta subitement, tel un syndicaliste français de base, un mouvement de grève sans concertation ni négociations préalables. (Que les syndicats se rassurent je me gausse uniquement des gens que j'aime bien.)
Après quelques secondes angoissantes, en syncope je fus projeté dans un lieu inconnu et enchanteur, un champ couvert de fleurs colorées et odorantes.
 Lorsque les pulsations reprirent spontanément, arraché contre mon gré à ce lieu paradisiaque je me retrouvai bêtement dans mon lit, désespéré et me répétant en boucle :
- Je viens de vivre un moment d'éternité.

A ce moment de l'histoire la narration parait bien banale, il s'agit d'un beau rêve pensez-vous.
Un beau rêve à quelques détails près : le lendemain j'avais acquis une mémoire monstrueuse, la capacité de lire une page complète en une fraction de seconde et d'autres particularités qui me valurent bien des déboires.
Cette mémoire était insupportable, je ne pouvais rien oublier. Toutes les plaques minéralogiques des voitures aperçues, tous les numéros de téléphone composés ou d'appels reçus depuis des mois, chaque mot lu, étaient définitivement gravés dans ma mémoire, faisant de moi une vraie bête de foire.

 Je ne parlai jamais à personne de cet incident qui se reproduisit régulièrement, c'était mon secret.


Lyon, an de grâce 1974.

Âgé de  26 ans, mon cœur, cet impertinent qui ne bat que pour vous jolie lectrice, se met toujours en grève quelques secondes de temps à autre, me procurant ainsi de très belles syncopes qui me sont maintenant habituelles.
Ayant frôlé un accident de voiture je consultai enfin.
Après moults examens le corps médical unanime décida de me faire bénéficier d'une toute nouvelle découverte, le pacemaker.
 L'opération étant réputée bénigne un cardiologue implanta donc sous la peau de mon pectoral droit, reliée à mon cœur par une sonde intraveineuse se terminant en une électrode métallique, une pile au lithium de la dimension d'un paquet de gitanes dite pile sentinelle , ce qualificatif étant dû à sa capacité à  ne se déclencher qu'au-dessous d'une certaine fréquence pour relancer " la pompe". 
Au début l'intervention d'une force étrangère forçant le cœur à taper plus vite est très désagréable, puis on s'habitue et finalement on est rassuré, même ravi d'être devenu " bionique". Une carte d'invalidité définitive me fut délivrée par un organisme officiel nommé la Cotorep.

Huit ans plus tard le cardiologue changea la pile qui s'usait puisqu'on s'en servait (clin d'œil à tous ceux qui se crurent obligés de m'asséner inlassablement la plaisanterie d'usage que les moins de trente ans ne peuvent pas apprécier à sa juste valeur: la pile Wonder ne s'use que si l'on s'en sert, les cons !)

Dix ans plus tard nouveau changement par le même médecin. L'implant magique était plus discret maintenant grâce aux progrès technologiques et me valait un joli succès et une fouille au corps à chaque voyage en avion, interdiction m'étant faite de passer sous les portiques de détection.

En pleine forme, très sportif et dans la force de l'âge : course à pied, haltères, aérobic, musculation j'avais oublié mon pacemaker.

Lors d'une visite de contrôle mon fidèle cardiologue qui vieillissait plus mal que moi m'annonça qu'il convenait de prévoir d'urgence un remplacement, l'objet miraculeux censé soutenir mon cœur étant vide de son énergie, sans doute depuis plusieurs semaines.

Vous allez me trouver soupçonneux mais il me sembla voir briller dans ses yeux des lueurs peu médicales : supplément d'honoraires, marge sur implant etc…

Je demandai donc à une équipe médicale indépendante une nouvelle évaluation de mon système cardio-vasculaire.
Le résultat fut sans ambiguïté mais pas sans surprise :
- Pourquoi vous a-t-on implanté ce pacemaker dont vous n'avez pas besoin ?
Mes syncopes avaient totalement disparues malgré la pile hors d'usage, d'après ces jeunes médecins elles étaient vraisemblablement causées par, je cite :
- une altération du faisceau de His congénitale bien stabilisée maintenant, considérée comme mineure, ne nécessitant aucun appareillage particulier.


Mon cardiologue, chagrin de la remise en cause de son bisness me retira l'objet litigieux mais grognon laissa dans mon corps la sonde, fin câble métallique recouvert de plastique de 30 cms de long.
Il ne savait comment extraire ce fil intégré au muscle cardiaque depuis si longtemps.

Je l'oubliai et la vie continua.

Ne vous impatientez pas, le drame couve, il ne saurait tarder. Vous avez vraiment pris de mauvaises habitudes.


Début 2008.

Depuis plusieurs jours je ne me sens pas bien, quelque chose cloche dans la belle mécanique de mon beau corps ( si on ne fait pas sa pub soi-même…).
Je traite cette indisposition par le mépris, avec un cousin nous entreprenons de faire le parcours de santé dans le bois contiguë au stade du défens. Mens sana in corpore sano. Ce parcours est parsemé d'agrès de toutes natures. Arrivés aux barres asymétriques je tente un rétablissement osé et cogne violemment mon torse à une poutre.

Dans la nuit une douleur thoracique atroce déchire ma poitrine avec une sensation d'étouffement qui s'amplifie à chaque respiration.

Vous voilà rassurés ? la tragédie est là, ouf !


Tout ce qui suit est une pure réalité.


Premier médecin :

Le lendemain je pars à pied, 800 m, chez mon généraliste à qui je raconte mon histoire, il m'ausculte sommairement et conclut à une petite déchirure musculaire, je repars avec un tube de doliprane.

Trois jours après, je ne vais pas mieux, il écoute mes poumons " qui crépitent joyeusement"  annonce-t-il, " rien de grave, un peu d'emphysème. "


Second médecin.

Je vais mal, rendez-vous est pris chez un pneumologue de Fréjus. La côte d'Azur n'étant pas vraiment un désert médical l'accès aux divers spécialistes n'est ni long ni compliqué.
 Je lui raconte mon histoire et signale que je suis porteur d'une sonde, information sans intérêt pour lui, il la balaie d'un revers de main. Le brave homme pense que j'ai une côte cassée.

 Quelques jours plus tard sur ma demande il se décide à me faire passer une IRM qui révèle des séquelles d'embolie bilatérale, en clair des caillots ont bouché mes deux poumons, ce qui entraîne la mort immédiate dans 50% des cas. Affolé il me prescrit des anticoagulants et m'adresse à une cardiologue pour un second avis.


Troisième médecin.

La cardiologue me reçoit en urgence quatre heures plus tard. Auréolée du titre d'ex chef de clinique du CHU d'une grande ville du sud-ouest, elle écoute mon histoire d'une oreille distraite et me fait une piqûre intramusculaire d'anticoagulant censée parer au plus pressé en attendant l'effet des cachets.


Je vais de plus en plus mal, chaque après-midi sur le coup des 16 heures une grande fièvre me fait claquer des dents.


Quatrième médecin.

Des analyses faites par un laboratoire spécialisé montrent que les caillots responsables probables du problème se forment spontanément suite à une anomalie génétique. Le médecin du labo m'explique gravement qu'il convient d'alerter mes frères et sœurs vraisemblablement nés avec la même tare.

Ma première règle de vie étant : ne jamais croire une information sans l'avoir vérifiée par moi-même, je lis les conclusions jusqu'au bout, lecture édifiante. Une petite ligne signale que les résultats sont totalement faux si le sujet est traité par anticoagulants.

- Vous auriez pu me dire que vous étiez sous traitement, ronchonne le médecin privé de ce patient anormal, déçu comme un enfant à qui on retire un jouet.

J'ose suggérer :

- Vous auriez pu me le demander.


J'absorbe scrupuleusement les cachets d'anticoagulant prescrits mais je vais de plus en plus mal, je m'essouffle à chaque pas, je me sens mourir, j'ai pris vingt ans en trois mois.


Cinquième médecin.

Sur la recommandation d'un voisin anesthésiste un grand pneumologue Lyonnais me reçoit en priorité. Il me garde dix minutes en consultation : cinq pour tenter désespérément de soigner son ordinateur défaillant, deux pour écouter mes poumons avec un antique stéthoscope, deux pour me conseiller de poursuivre mon traitement anticoagulant et deux pour demander à sa secrétaire de me présenter ses honoraires, cent euros.
 Oui je sais le total fait onze minutes, je voulais voir si vous suiviez et vous prouver que la médecine n'est pas une science exacte.


Je ne peux plus monter mes escaliers.

Sixième médecin

Un autre voisin m'a conseillé son généraliste qu'il considère comme génial.  C'est une remplaçante qui me reçoit, pour faire baisser ma fièvre j'ai droit à huit jours d'antibiotiques, miracle je me sens mieux. Quinze jours après la fin des antibiotiques la fièvre revient.

Dix jours plus tard je ne peux plus lever mes bras pour me doucher, je suis trop fatigué, je ne peux plus porter mes petits-enfants sur mon dos, chaque soir je me prépare  à mourir dans la nuit. J'ai noté sur un registre mes instructions et mes dernières volontés.


Septième médecin.

Le généraliste génial est là. Il m'écoute attentivement, (on rencontre parfois des médecins qui écoutent leurs patients, certains même les entendent  mais l'espèce est en en voie de disparition)  décroche son téléphone et appelle Monsieur M.. pneumologue à Draguignan, ce gars-là va me sauver la vie.


Huitième médecin.

Monsieur M.. pose les bonnes questions et comprend immédiatement ce qui se passe. Il ne prend pas de précautions oratoires:

- Trois sortes d'embolie peuvent vous tuer : les caillots circulants, les embolies médicamenteuses et les emboles dus à une infection.
 La sonde de votre pacemaker étant un corps étranger les bactéries trouvent là un refuge idéal pour se développer et former des colonies.
 Le choc dû au coup dans votre poitrine a vraisemblablement libéré des sacs bactériens qui sont partis dans votre circulation sanguine et sont restés bloqués dans vos poumons, heureusement. Ils auraient très bien pu déclencher un infarctus ou un AVC. Le problème maintenant est que cela peut recommencer d'un instant à l'autre
. Risque supplémentaire un choc septique dû à l'infection peut vous tuer à tout moment et dernier impératif absolu, stoppez immédiatement les anticoagulants, ils peuvent être à l'origine d'une hémorragie incontrôlable. 


J'arrête là cette histoire, sachez seulement que je fus opéré en extrême urgence à La Timone ( Marseille ) par une des rares équipes françaises capable d'extraire d'un corps humain vivant un câble d'acier présent là depuis près de 35 ans.

Ils me le retirèrent difficilement mais ne purent accéder à l'électrode de 4 mm2 enkystée dans mon cœur.

 Il s'avéra que cette sonde était  infectée par quatre races différentes de bactéries, j'hébergeais un vrai zoo, je restai donc six semaines sous perfusion de Vancomycine, antibiotique de dernier recours.

Le chirurgien me confia que près d'un pacemaker sur deux était implanté inutilement. 

Si votre garagiste répare mal votre voiture vous changez de garagiste ? si votre médecin  n'améliore pas votre état consultez-en un autre, conseil d'un vieux patient impatient et si on veut vous implanter un pacemaker ou vous enlever la prostate en un tour de main demandez un second, voire un troisième avis avant d'être mutilé.


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A cette époque j'avais créé avec un ami Cannois une société de marchand de biens qui achetait des petits appartements pour les revendre après rénovation. J'en assurais toute la partie administrative.

Mon associé, les yeux humides, me confia un jour qu'il s'était fait beaucoup de soucis. J'étais très ému de constater l'intérêt et l'affection qu'il me portait. Je me faisais des illusions, il me répéta:

- je me suis fait un de ces soucis, en cas de malheur qui aurait fait les papiers ?

Quelle leçon d'humilité ! " Vanité des vanités, tout est vanité " dit l'Ecclésiaste

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Aujourd'hui je vais merveilleusement bien, merci. On vit très bien avec une électrode fichée dans le cœur, et contrairement à ce que prophétisait le pneumologue, grâce à mes randonnées  j'ai retrouvé l'intégralité de mes capacités respiratoires réduites par les embolies.

Je ne sais pas comment vous auriez réagi, moi j'ai appelé les six premiers médecins pour les traiter d'incompétents, leurs excuses embarrassées m'ont fait du bien et peut-être vont-ils enfin apprendre à écouter …On peut toujours rêver ! En tous cas il me semble que la santé est un bien trop précieux pour être confié à ceux qui ne sont pas sourds mais ne veulent rien entendre. 


Hier chez ma coiffeuse je suis tombé sur un petit bouquin expliquant que nous avons tous un ange gardien guérisseur. Notre environnement paranormal doit être très encombré car beaucoup de médecins emplumés circulent continuellement et invisiblement autour de nous parait-il.
L'auteur du livre a l'air de bien connaître le fonctionnement de nos Séraphins thaumaturges,  manifestement il discute souvent avec eux grâce à une ligne directe avec le ciel. Il convient, prévient-il, de les prier trois fois pour espérer leur intervention.

 Je me demande ce qu'ils peuvent bien faire pendant les deux premières prières, ils dorment, jouent aux cartes avec les copains ou savourent notre soumission? et si on ne les prie pas, ils s'en foutent ? Alors là-haut c'est comme ici-bas il faut supplier pour être entendu ?

Bon dans ce cas je vais rester encore un peu dans notre vallée de larmes.

Août 2018.

Transféré par les pompiers à l'hôpital de Grasse pour douleurs dans la poitrine je suis rentré chez moi de ma propre initiative après quatre jours sans diagnostic ni traitement.. Ma cardio a réglé le problème.
Croyez-le ou non, la situation hospitalière s'est encore dégradée.  Il n'y a même plus de médecins pour se tromper. Ce n'est pas plus mal, au moins ils ne pourront pas me tuer...

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Cette histoire est extraite du livre :





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