vendredi 28 juin 2019

Monstres ordinaires : Histoire n°3





Saint Jacques de Compostelle






Mes vacances d'été furent d'abord des voyages organisés.

Le voyage organisé est un concept bizarre.
Vous vous retrouvez embarqué avec obligation de vous amuser dans des pays où les habitants ne mangent presque jamais à leur faim, en compagnie d'hommes et de femmes qui abordent souvent le troisième âge avec un tour de taille très confortable indiquant un surpoids proportionnel à leur réussite sociale.
Surpoids étant une tournure littéraire charitable pour ne pas dire obésité.

La principale préoccupation de ces homo-touristicus, dignes représentants d'une nouvelle branche de l'humanité présente depuis peu sur terre car issue d'une évolution récente due à une sélection naturelle impitoyable, les pousse à poser plusieurs fois par jour la question existentielle fondamentale suivante :
- à quelle heure le repas est-il servi ?
 Question pleine de finesse posée un guide blasé tentant désespérément mais en vain de les intéresser à quelque sculpture ou monument censé dater de plusieurs siècles et révélateur du génie ancestral des habitants de l'endroit. Malheureusement chez certains le chemin du cerveau est bouché au niveau du carrefour de l'estomac.

 En réalité leur obsession est formulée ainsi :
- A quelle heure on va manger ? ce qui est moins élégant. (On : pronom imbécile qui qualifie celui qui l'emploie)
 Ce qui ne l'est guère plus, ils n'hésiteront pas sur le coup de midi pétante à se précipiter sur les buffets offerts à leur convoitise et s'empiffrer sans vergogne sous les yeux incrédules voire indignés d'indigènes malades de sous-alimentation et riches de besoins primaires insatisfaits comme aurait dit Maslow. (Voir sur Google : échelle des besoins hiérarchisés de Maslow.)

La nourriture étant pour moi une nécessité très secondaire et considérant le sandwich jambon-beurre comme le sommet de la gastronomie, vous pensez bien que ce genre d'occupation n'allait pas me séduire très longtemps.
Je décidai donc un beau jour de laisser tout ce beau monde organiser sa grande bouffe sociologiquement nauséabonde sans moi, chaussai une paire de bonnes chaussures, endossai un gros sac contenant mon matériel de survie et me lançai sur les beaux chemins de France, direction Saint Jacques de Compostelle, vieille envie récurrente.

Rassurez-vous, je ne vais pas vous saouler avec les sempiternelles plaintes du marcheur de base croyant lors de son retour glorieux captiver son auditoire par la description de ses ampoules aux pieds, alpha / oméga et intérêt majeur de son aventure pour lui. Là n'est pas mon objectif je n'ai jamais d'ampoules aux pieds.
Le sentier historique de ce pèlerinage, le Camino Francès démarre traditionnellement au Puy en Velay où à la cathédrale on vous délivre la crédenciale, passeport religieux du pèlerin courageux que la pluie du matin est censée ne pas arrêter.
Muni de ce sésame, après avoir prononcé la formule d’usage :  Ultreia (plus loin plus haut !) me voilà parti.
Le dépaysement est total. Le Camino Francès nommé également Via Podiensis traverse le plateau de l'Aubrac, rejoint Conques (village prospère au Moyen-âge grâce à la tête de Sainte Foy dérobée aux moines d'Agen, les catholiques adorent contempler des os renommés reliques), Moissac, St Jean pied de Port, avant de pénétrer en Espagne par le col de Roncevaux. 

En ce lieu, Roland le neveu de Charlemagne trahi dit-on par le félon Ganelon, prit une pâtée, non face à des Sarrasins (légende tenace) mais par les Vascons (précurseurs des Basques) fâchés que Charlemagne ait dévasté Pampelune pour se venger d'avoir échoué à se faire ouvrir les portes de Saragosse. Ces temps étaient barbares.
Permettez - moi une petite digression sur la dureté de ces époques révolues : Saint Louis, seul roi de France canonisé fut quand même le deuxième enfoiré ( le premier étant le pape Innocent III ) qui imposa en 1269 le port de l'étoile jaune aux juifs,  innovation qui lui vaudrait sans doute aujourd'hui la réprobation d'une moitié de la communauté internationale et les félicitations de l'autre moitié.
 Il inventa également les maisons closes pour cacher les prostituées, ce qui lui sera plus volontiers pardonné personne n'étant obligé de frapper à leur porte pour la déclore !
O tempora, o mores : Autres temps autres mœurs !

Cette partie française du pèlerinage s'étend sur plus de 800 kms de sentiers. Parcourus à raison de 30 kms par jour le périple est plié en moins d'un mois.

J'ai adoré ces moments de solitude extrême et vécu le bonheur absolu.
Retrouvant les odeurs, les bruits de la nature, un plaisir animal fait de souffrances et d'exaltation, de rencontres improbables, j’avais enfin l'impression de vivre libre et de parcourir un univers infini.

Enthousiaste j'ai sillonné trois fois cette partie française du camino sans jamais entrer en Espagne, désirant absolument ne jamais arriver au bout du chemin.
Ne cherchez pas à décrypter cette idée curieuse ayant germé dans ma tête : ne jamais arriver au bout du chemin. Ma femme me surnomme l'extra-terrestre, désespoir ou hommage à mes bizarreries comportementales.
Cela mérite tout de même une explication. Mon esprit est compliqué mais mes idées sont simples :
- Le bonheur est un voyage jamais une destination, au même titre qu'un fantasme est un désir qu'il ne faut pas assouvir.
Saint Jacques de Compostelle étant pour moi un lieu mythique, un endroit hors du monde, un ailleurs, mon petit plaisir consistait à imaginer cet endroit où je n'arriverais jamais. L'imagination est souvent moins décevante que la réalité.

Et puis patatras, une année à la mi-juillet, sous l'emprise d'une faiblesse psychologique passagère je me suis laissé entraîner à aller visiter Saint Jacques de Compostelle, en voiture, frémissant d'horreur et sachant que cela n'allait pas me plaire. Certains « Oui » de complaisance sont lourds de conséquences
Après une étape à Bayonne, nous voici en Galice, environnés de brouillard, 15° au thermomètre. Pour un méditerranéen le climat océanique est semblable à celui du cercle arctique, les ours polaires en moins. Le plus surprenant était tout ce vert qui couvrait le sol, contraste absolu avec l'herbe de notre Côte d'Azur transformée depuis plusieurs mois en un méchant tapis jaunâtre

Arrivés à Santiago comme disent les Autochtones, nous stationnons notre auto sous la Prazza de la Galicia et rejoignons la cathédrale en empruntant les rues piétonnes noires de monde. Les pèlerins odorants arrivent en rangs serrés, des mendiants agenouillés tendent leur sébile aux passants qui passent sans les voir, évitant soigneusement de croiser leur regard. Le plus dur pour ces gens qui mendient doit être cette sensation de ne pas exister.
 
La cathédrale est gigantesque mais hideuse. Les Espagnols ont la religion triste et semblent avoir une aptitude particulière à prendre pour de la grandeur ce qui pour moi est laideur, notamment en ce qui concerne la majorité de leurs édifices religieux. Passez un jour à l'Alhambra de Grenade vous comprendrez mieux la sévérité de mon appréciation, le contraste entre les élégants bâtiments mauresques et les constructions grossières de Charles Quint est écrasant.

Curieux et critique de nature, ce que je découvris à l'intérieur de l'édifice monstrueux fit resurgir de ma mémoire beaucoup de souvenirs réjouissants acquis lors de mon passage au catéchisme.
 Fils d'ouvrier misérable une phrase du nouveau testament m'avait toujours égayé et rempli d'espoir, je cite :
- Je vous le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux (Matthieu 19.23).
Au cas où l'on n'aurait pas compris, la condamnation est immédiatement réitérée dans le verset suivant :
- Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu (Matthieu 19.24)
Je ne sais pas ce que Judas qui tenait la bourse du groupe d'apôtres en pensait. On dit toujours beaucoup de mal de lui pourtant il avait d'excellentes fréquentations !

Salauds de riches ! pensais-je à l'époque, persuadé alors que les pauvres forcément honnêtes devaient leur dénuement aux riches systématiquement malhonnêtes, et que le Messie, Rabbin des bois avant l'heure, ne tarderait pas à rectifier la situation en donnant aux démunis le superflu subtilisé habilement dans les poches des nantis.
Depuis j'ai appris à ne pas accabler les opulents, on ne sait jamais ce que l'on va devenir et on est toujours le riche de quelqu'un. Quarante ans de travail acharné m'ont procuré une aisance raisonnable qui pourrait bien être assimilée à de la fortune par plus malheureux ou moins travailleur que moi si je n'y prends garde.

Saint Jacques étant un apôtre de celui qui avait prononcé avec force cette sentence sans appel envers les fastueux je m'attendais donc naïvement à me retrouver face à d'humbles restes humains : quelques antiques ossements enfermés dans une modeste sépulture en pierres du pays devant laquelle je pourrai faire quelques amicales et affectueuses révérences.
 Que nenni, le tombeau est réalisé entièrement en argent.
 Une statue colossale couverte d'or, de joyaux et d'argent glorifie les mânes de ce Jacques de Zébédée surnommé Jacques le Majeur qui eut pour principal mérite d’être incidemment sur le chemin de Jésus et d'avoir converti au christianisme neuf personnes en quatre ans de présence en Espagne, ce qui fait cher du disciple et ne démontre pas une efficacité redoutable dans le prosélytisme.

Croyant fermement que Dieu abominait les idolâtres comment ne pas être ébahi de voir tous ces gens se prosterner devant cette sculpture !
Il faut reconnaître tout de même qu'il y eut des précédents :
Moïse en son temps ayant à peine tourné les talons pour aller négocier les termes des dix commandements avec l'Eternel, les Hébreux s'étaient empressés de fabriquer un veau d'or pour avoir quelque totem à adorer, rendant ainsi grognon le Patron un tantinet jaloux.

Les hommes sont ainsi faits, ils aiment se fabriquer des dieux qui n'existent pas et les couvrir d'or extrait en détruisant la nature.
" L'Homme est l'espèce la plus insensée, il vénère un dieu invisible et massacre une nature visible sans savoir que cette nature qu'il massacre est ce dieu invisible qu'il vénère ! « (citation anonyme improprement attribuée à Hubert Reeves)

 Pauvre Jésus, il ne méritait pas ça. Il doit être écœuré de s'être sacrifié pour un peuple s’agenouillant devant une vieille statue démesurée et ridicule après être passé rapidement devant des nécessiteux sans les voir…Il me semble pourtant l'avoir entendu dire : ce que vous ferez au plus petit d'entre vous c'est à moi que vous le ferez.
Je plains surtout le malheureux Jacques. Riche comme les hommes l'ont fait en le revêtant de tout cet or, il n'est pas près d'entrer dans le royaume du Père, quoique …c'était quand même un copain du Fils !

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Vous êtes scandalisés ?
 Par le veau d'or ou par mon discours indigné que certains croiront, à tort, indigne ou blasphématoire ce qui serait trop d’honneur ? Jésus ayant été condamné à la crucifixion pour… blasphème, entre autres prétextes !
Les critiques ne me surprendraient pas, il n’y aurait rien de nouveau sous le soleil, les hommes sont toujours prêts à condamner ceux qui ne pensent pas comme eux.








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Histoire extraite du livre :





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A la semaine prochaine 

vendredi 21 juin 2019

Monstres ordinaires : Histoire n° 2






@Lucifer.com


Saint Raphaël (Var) mai 2016.

Jean Michel.

Il me semble que c'est un lundi que tout a commencé.
Tôt le matin je consultais mes mails, supprimant sans les lire ceux contenant de la pub soit  99 % des messages, quand mon regard fut accroché par un titre racoleur : Cliquez sur ce lien et gagnez 666 € ! C'est tout ce que vous avez à faire.

D'habitude, pour moi les mots " cadeaux " et « gratuit » ont pour synonyme naturel "arnaque" mais là, inexplicablement, la présentation du message m'intrigua et m'incita à l'ouvrir.
Tout d'abord je crus à une mauvaise plaisanterie. Le mail, provenant d'un site nommé bizarrement info@lucifer.com, prétendument partenaire d’un des sites marchands sur lequel on achète régulièrement des biens de consommation courante, disait :
- si vous cliquez sur le lien ci-dessous une somme de 666 € sera portée au crédit de votre carte bancaire se terminant par **** 2158. En contrepartie une personne que vous ne connaissez pas sera torturée atrocement pendant 3 minutes.

666, le chiffre du démon dans l'Apocalypse, c'est quoi ce délire ? Les sites marchands rivalisant de ruse et d’inepties pour attirer l'attention, le message termina logiquement à la corbeille. Tout de même un peu fâché que ma carte bancaire se terminant effectivement par 2158 soit référencée sur ce Lucifer.com je me suis promis de m'occuper du problème rapidement, ils allaient m'entendre.
 Mon esprit étant cannibalisé par bien d'autres soucis, une heure après le mail délirant était déjà oublié.

Huit jours plus tard un nouvel avis provenant du même site et proposant le même marché apparaissait sur mon courrier entrant : cliquez sur ce lien et gagnez 1 998 €. Le gain promis avait triplé, l'abominable contrepartie aussi.
J'ai supprimé le message sans le lire entièrement.

Le surlendemain des policiers en moto m'ont arrêté, " pneus lisses " ont-ils verbalisés. J'ai écopé d'une amende de 135 € avec obligation de présenter le véhicule chaussé de neuf dans 72 heures au plus tard sous peine d'immobilisation de la voiture, donc de perdre mon emploi.  La cata …
Quatre pneus pour mon vieux 4x4 Kia Sorento coûtent environ 480 €, ajoutés aux 135 € d'amende il me fallait trouver d'urgence 615 € dont je ne possédais pas le premier centime. Avec les trois ou quatre mois de retard dans le paiement de la pension alimentaire due à mon ex-femme et mon découvert bancaire récurrent ce problème était la goutte d'eau qui risquait de faire sombrer ma galère.

Après quelques instants d'abattement une petite lueur d'espoir fou et irrationnel se mit à luire dans un coin de mon cerveau, peut-être la solution de dernier recours.
 J'ai recherché fébrilement dans la corbeille de ma messagerie. Ouf, le mail hypothétiquement sauveur était là :
- Cliquez sur ce lien et recevez 1 998 €, en contrepartie une personne que vous ne connaissez pas sera torturée atrocement pendant neuf minutes quelque part dans le monde. Attention ceci est votre dernière chance, sans réponse de votre part sous 4 jours cette proposition sera faite à un autre.

Tout le monde se dit : qui pourrait répondre à un tel message ? Détrompez -vous on ne croit pas pouvoir se faire arnaquer, on se croit trop intelligent, pourtant celui qui n'aura jamais été trompé par un mail ou un sms promettant la lune me jettera le premier spam. (Clin d'œil à la bible qui dit : jettera la première pierre)

Cette proposition sera faite à un autre ? Merde alors, si ce n'est pas moi qui clique ce sera un autre qui le fera et aura peut-être le fric.  A 14 heures j'ai cliqué sur le lien sans trop y croire mais ça ne coûte rien d'essayer et on ne sait jamais, quand on est aux abois on est prêt à tout.

Le lien menait à une photo d'homme souriant avec un pouce levé en signe de complicité.

A 17 heures un virement de 1 998 euros provenant d'un compte portant le numéro 666 et émis par la banque Hell-Devil & Co créditait ma carte bancaire qui n'en crut pas ses codes. Alléluia ! (Expression mal adaptée à la circonstance car signifiant "Dieu soit loué", mais à ma connaissance il n'en existe pas disant : diable soit loué !)

Le soir aux infos on parlait d'un jeune garçon abominablement torturé à Nice par une bande de voyous et délivré in-extremis par une patrouille de police.
Cette première nuit fut épouvantable, ma culpabilité paraissait évidente mais étais-je vraiment responsable du calvaire de l'adolescent ?
J'ai caché tout cela à ma nouvelle compagne, depuis quelque temps elle est bizarre.

Changer les pneus de mon Sorento, payer mon amende qui, minorée pour règlement dans les trois jours fut ramenée à 90 €, et verser un acompte sur mon retard de pension alimentaire pour montrer ma bonne foi au juge me procura un immense plaisir, la jouissance de l'homme aisé.

Huit jours plus tard un nouveau mail me parvint : cliquez sur ce lien recevez 6660 €, en contrepartie une personne que vous ne connaissez pas sera brûlée à 30% quelque part dans le monde !
M'offrir un nouveau téléviseur grand écran extra plat, le nouvel I phone X Argent 64 GO, payer mes dettes et avoir un peu de fric de côté ne me déplairait pas, alors à midi j'ai cliqué.
Si ce n'était pas moi, un autre l'aurait fait.
Le clic aboutissait à une photo représentant le même homme souriant, cette fois il avait les deux pouces levés.
A 15 h mon compte étant crédité de 6 660 €.
Vous auriez vu la tête de mon ex lorsqu'elle eut en mains le chèque de tout ce que je lui devais plus deux mois d'avance arrondi à la centaine d'euros supérieure … grand seigneur le pote à Lucifer !
 Le frisson de l'homme qui vit sans compter traversa mon dos

Le soir, les infos parlaient d'un immeuble vétuste ayant pris feu en plein Paris, une Malienne immigrée était atrocement brûlée, à 30% précisait le journaliste. J'ai mal dormi la première partie de la nuit puis me suis persuadé que n'ayant pas mis le feu à l'immeuble on ne pouvait pas me rendre responsable de toute la misère du monde. D'ailleurs l'Africaine n'avait rien à faire en France, elle aurait dû rester au Mali, de plus c'était une sans-papiers donc sans existence légale. On ne peut pas nuire à quelqu'un qui n'existe pas !

Il me parut inutile de parler de cette histoire à ma nouvelle compagne, elle rentre bien tard en ce moment, ne sent pas très bon et parait bien fatiguée. Pour tout dire elle a une tête de déterrée.

Huit jours plus tard à sept heures trente exactement un nouveau mail me parvenait : cliquez sur ce lien et recevez 26 640 €, en contrepartie une personne que vous ne connaissez pas mourra quelque part dans le monde d'une over dose d'héroïne.
Vingt-six mille six cent quarante euros, vous vous rendez compte ? Avec une telle somme je pourrais, je pourrai…
Sans hésiter ma souris a cliqué presque toute seule sur le lien, qu'auriez-vous fait à ma place ? Qui se soucie d'un drogué lambda mort d'une overdose ? c'est presque un pléonasme, un chiffre insignifiant dans une statistique et les addictions qui me sont étrangères ne m'inspirent aucune sympathie…
L'homme souriant de la photo avait les deux pouces tournés vers le sol et me faisait un clin d'œil appuyé !

A midi les 26 640 € (encore un multiple du nombre de la Bête) étaient sur mon compte, extase absolue…et sans sniffer de poudre blanche toxique !
Pour la première fois de ma vie l'après-midi je me suis permis de traiter mon patron de vieux con. On est plus courageux quand on a quatre sous en poche !

A 18h des policiers frappèrent à ma porte. Ils m'apportaient une mauvaise nouvelle, ma compagne venait d'être hospitalisée, sa vie ne tenait qu'à un fil semblait-il. En arrivant à l'hôpital on m'apprit qu'elle était morte, over dose d'héroïne m'a dit l'interne.

La justice m'en raconta de belles sur elle, depuis quelque temps elle se droguait, dealait, se prostituait pour payer sa drogue et je n'avais rien vu. Il faut dire que nous ne nous regardions plus beaucoup.
 En fait la vie secrète de cette compagne en faisait une parfaite inconnue pour moi, une personne que je ne connaissais pas !

La nuit suivante fut douce et reposante.
 Huit jours après, tôt le matin j'étais posté devant mon ordinateur, guettant le prochain mail provenant du site info@lucifer.com.
Tant que je gagne je joue !

Quitte à décimer une peuplade lointaine dont nul n'a jamais entendu parler, je me paierais bien un tour du monde avec visite des palaces de la planète en compagnie de ma voisine D… une jolie blonde aux yeux bleus de quinze ans ma cadette.
 Cette jeunette appétissante m'a laissé entendre que, n’étant pas insensible au bruissement du billet de 500 € le soir dans les voitures garées au fond des bois, elle succomberait facilement au charme discret mais irrésistible des messieurs mûrs enclins à satisfaire ses caprices et ses goûts de luxe.
Elle n'a pas encore de pointe la flèche de Cupidon capable de percer son cœur !

Vous, qu'auriez-vous fait ? A partir de quel montant auriez-vous cliqué ?

Nous avons tous un prix, quel est le vôtre ?


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Histoire extraite du livre :





site web     http://serge.boudoux.fr 

la semaine prochaine :  08 99 34 27 18 numéro maudit 


samedi 15 juin 2019

Monstres ordinaires : Histoire n° 1





Le Psychiatre et la pré-ado.


 Département des Alpes maritimes. Automne 2O17.

Aussi loin que mes souvenirs me portent je n'avais encore jamais été confronté à un tel problème, pourtant croyez-moi,  souffrances psychiques, perversions et folies humaines me sont familières !

La plaque en laiton de mon cabinet porte la mention : X X…, psychiatre libéral et expert près des tribunaux… on pourrait rajouter roi des salauds, mais qu’y puis-je !
Il va me falloir apprendre à vivre avec ce poids sur la conscience.

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Un matin de novembre, sagement assises sur les deux fauteuils placés face au grand miroir ancien une femme et une fillette  d'une quinzaine d'années attendaient leur tour dans ma salle d'attente.

La femme, environ trente-cinq ans, belle comme un cœur, portait un jean troué et une veste à capuche largement ouverte sur un tee-shirt portant le mot Impatiente floqué sur la poitrine. Ses cheveux blonds très clairs presque blancs étaient coiffés comme le sont ceux des danseuses du Crazy Horse, une longue frange cachait son front et les pointes de ses cheveux lissés frôlaient ses épaules.

La pré-ado, nous l'appellerons Manon, que toutes les innocentes Manon me pardonnent, vêtue du même jean troué, d'un tee-shirt floqué Impertinente, de la même veste à capuche, arborait une coiffure identique, copiée collée.
Côte à côte elles semblaient être un tableau achevé exposé près de son esquisse. Admiratif je suis resté quelques secondes à les contempler.
  Atteint d'une curiosité pathologique me poussant à tenter de deviner au premier coup d'œil ce qui amène les personnes à consulter, j’ai parié tout de suite pour un problème de symbiose mère-fille fusionnelle excessive. Ce pari allait se révéler rapidement être un doux euphémisme.

Elles sont entrées dans mon cabinet en se tenant par la main.
Assises elles restèrent serrées l’une contre l’autre, après un court moment de gêne la mère s’est décidée :
"Nous venons de la part du docteur L…, le psychologue. Ma fille a subi plusieurs traumatismes, la pauvre, et il nous a conseillé de vous consulter pour un second avis, il m'a remis cette lettre pour vous "
 La gamine me fixait en souriant gentiment, je lui ai souri également.
Son doux regard noisette m'a fasciné. Pour moi les yeux sont la fenêtre de l'âme, peu importe leur forme ou leur couleur, seul leur expression les rend beaux, les siens reflétaient… comment dire ? une force tranquille et inquisitrice, ils semblaient lire dans ma tête !

Après avoir rempli le dossier administratif préalable : état civil, caisse de sécurité sociale, mutuelle, antécédents de santé etc…je me suis déplacé pour m'asseoir près d'elles. Il y a quelques années un vieux film américain dont le titre m'échappe m'avait marqué : Richard Gere grimpait sur un mur en disant : pour comprendre qui je suis il faut venir où je suis ! Depuis je ne m'assieds plus face à mes patients mais à côté d'eux et cela change tout.

Manon, âgée en réalité de douze ans, " douze ans et neuf mois, bientôt treize " a-t-elle rectifié et revendiqué, est déjà très jolie, presque troublante pour un homme mûr comme moi.  Une petite poitrine commençait à pointer sous son tee-shirt, elle pianotait sur son smartphone sans me quitter des yeux.
- Dans peu de temps elle sera "canon" comme vous, ai-je complimenté sa maman qui me foudroya du regard.
La seule parole dont on n'est pas prisonnier étant celle qu'on n'a pas prononcée, une bonne occasion de me taire venait d'être perdue !

La lettre confraternelle provenait d'un de mes anciens élèves, installé à Cannes.

" Cher ami et cher maître je vous adresse Manon en consultation. Cette enfant a perdu son petit-frère il y a trois ans dans un accident domestique à la suite duquel ses parents ont divorcé. Placée sous la garde de sa mère elle prétend avoir subi une agression sexuelle de la part de son nouveau compagnon qui est actuellement détenu pour ce fait à la prison de Grasse. Bien qu'elle paraisse avoir surmonté ces traumatismes elle m'inquiète parfois, sa relation avec sa mère sur laquelle elle s'est repliée me parait excessive, je me demande s'il ne faudrait pas qu'elles se séparent un peu. Peut-être envisager une mise en pension ou demi-pension pendant l'année scolaire, mais je crains de faire une bêtise, souvenons-nous de l'aphorisme d'Hippocrate : « Primum non nocere » premièrement ne pas nuire (au patient). J'aimerais avoir votre avis. Sentiments cordiaux."

J'ai proposé à la mère :
- Un entretien en tête à tête avec votre fille me parait indispensable si vous me le permettez. Vous pourrez patienter dans la salle d'attente, mon assistante vous servira un thé ou un café.

 A l'idée de se séparer des larmes perlaient dans leurs yeux. A regret la mère a lâché la main de sa gamine, elle est sortie après un dernier regard attendri et m’avoir longuement dévisagé d'un air inquiet et suspicieux.

Manon et moi étions maintenant seuls dans mon cabinet, un timide soleil illuminait mon bureau.
-  Que puis-je faire pour vous ?
Question ouverte. Il est important de commencer un tel entretien par une question ouverte. Je ne tutoie jamais mes patients, même les enfants quel que soit leur âge et leur parle toujours comme je parlerais à des adultes. Contrairement à ce que la majorité des gens pensent ils comprennent beaucoup plus de choses que l'on ne peut imaginer, ils sont très forts pour dissimuler leur vrai nature et jouer aux petits anges lorsque cela les arrange.
 Il faut se méfier, ils n'ont pas les mêmes rapports que nous avec les notions de bien et de mal.

- J'aime trop ma maman parait-il.

- Comment pourrait-on trop aimer une mère ?

 Elle a ri silencieusement.
- C'est bien ce que je dis toujours au docteur L.... Quand mon petit frère est mort mes parents se sont séparés et je suis allée habiter avec maman, on est trop bien toujours ensemble nous deux, j'ai une chambre pour moi toute seule mais souvent je dors dans son lit.  Elle a trouvé un copain, Kevin. Je ne l'aimais pas, je ne pouvais pas supporter qu’il ne l’embrasse ni qu'il la touche, alors un jour en pleurant j'ai dit qu'il avait essayé de mettre sa main sous ma jupe et maman l'a mis à la porte. Le mois dernier elle a eu un nouveau copain, Julien. Un soir il a dormi chez nous, dans la nuit j'ai entendu maman gémir et crier, j'ai vomi.

- Il est normal que votre maman ait une vie sentimentale, non ?

- Non. Elle est à moi, à moi seule. Le lendemain Julien est resté mangé. Maman et lui ont discuté, ils parlaient d'essayer de vivre bientôt ensemble alors quand j'ai descendu les poubelles j'ai fouillé dans le sac et récupéré un des deux préservatifs contenant le sperme de Julien.

Elle racontait cela comme on rapporterait une bonne blague, une abomination me semblait poindre à l'horizon.

Déstabilisé, ne sachant plus quoi dire j'ai biaisé :

- Vous connaissez ces mots : préservatif, sperme ?

- Bien sûr, au collège on regarde des pornos sur nos tablettes et celles qui ont déjà couché nous expliquent comment ça se passe. Moi je n'ai pas encore couché, j'ai peur que ça me fasse mal.

-  Quand un premier partenaire a un peu d'expérience et qu'il est doux il est rare que cela fasse mal, bien au contraire, mais vous êtes encore bien jeune pour vous préoccuper de cela.

- Je n'ai pas couché mais je suis en couple.

- En couple ?

- Oui, je sors avec Farid depuis au moins quinze jours, on se fait des bisous. Il est trop beau … Vous aussi vous êtes très beau pour un vieux.

On s'éloignait dangereusement du sujet, elle essayait de me manipuler mais je n'étais pas dupe, comment une si jeune fille pourrait-elle trouver séduisant un sexagénaire ?

- Que disiez-vous, ah oui vous me parliez de poubelles ?

- Oui, quand j'ai descendu les poubelles j'ai fouillé dans le sac et récupéré un des deux préservatifs contenant le sperme de Julien.

- Et après ?

- Après, maman est allée faire les courses. J'ai dit que j'avais mal à la tête et me suis enfermée dans ma chambre, Julien était resté pour regarder un match de foot à la télé et me garder.  J'ai rentré trois doigts entre mes jambes jusqu'à ce que ça saigne un peu, j'ai versé quelques gouttes de sperme sur mon ventre et jeté le préservatif dans les toilettes.

Je retenais mon souffle, des perversités de toutes natures m'avaient déjà sidéré, mais là ….

- Quand maman est rentrée c'était la mi-temps, Julien est parti tout de suite rejoindre ses copains pour regarder la fin du match avec eux, jouer à la Playstation et boire des bières. Maman a frappé à ma porte que j'avais fermée à clé, je pleurais à gros sanglots. J'ai ouvert et lui ai raconté que Julien avait voulu rentrer son zizi dans ma nounoune. Zizi, nounoune il fallait bien que je parle comme une enfant non ? maman croit que je suis encore une petite fille.  Elle a vu le sang entre mes jambes, elle a appelé les gendarmes, un docteur m'a examiné et ils ont fait un prélèvement avec un coton tige sur mon ventre. Ils ont arrêté Julien le soir. Depuis il est en prison à Grasse et nous sommes à nouveau seules toutes les deux, c'est trop bien. Je détruirai tous ceux qui veulent me séparer de maman.

Muet, abasourdi, je me suis rassis derrière mon bureau pour consulter internet. Le site de Nice Matin parlait dans un article de l'emprisonnement de l'infortuné Julien qui clame toujours haut et fort son innocence, mais tout est contre lui : le sang et les déclarations de la gamine, les analyses ADN du sperme sur son ventre.
Sauf éléments nouveaux sa vie est foutue, heureusement mon intervention pouvait le tirer de là.
 Je me voyais déjà berger sauveur de l'agneau reconnaissant perdu au milieu de la horde des loups accusateurs.

Une autre folle interrogation m'est venue à l'esprit et m'a glacé. Sans m'en rendre compte immédiatement, passant spontanément au tutoiement je lui ai demandé avec toute la douceur dont j'étais capable :

- Tu aimes ton papa ?

- Non il me prenait ma maman

- Tu aimais ton petit frère ?

- Non. Il me prenait aussi ma maman.

- Que lui est-il arrivé ?

- Un jour qu'elle était partie, pendant que papa jouait sur son ordinateur, j'ai emmené mon petit frère sur le balcon et je lui ai dit : on s'amuse à monter sur la barrière ? on habitait au quatrième étage. Il avait un peu peur mais je me suis moqué de lui alors je l'ai aidé à monter    et … je l'ai poussé. J'ai dit que j'avais voulu le retenir mais que je n’avais pas pu. Maman n'a jamais pardonné à papa de ne pas l'avoir surveillé, ils ont divorcé et je suis restée seule avec elle. Nous deux on est trop heureuses maintenant.

Aussi loin que mes souvenirs me portent je n'avais encore jamais été confronté à un tel problème, pourtant croyez-moi les souffrances psychiques, les perversions et les folies humaines me sont familières !

Tous mes logiciels intellectuels avaient bugué :
 Qu'y avait-il de vrai dans son récit, que faire, vous imaginez mon dilemme ? Pourquoi m'avoir raconté tout cela, inconscience ou perversité folle ? Normalement je suis tenu au silence par le secret médical mais la vie d'un homme apparemment innocent est en cause, d'autre part elle dit avoir tué son petit frère, est-ce la vérité ou une pure invention, qui sait ce qu'elle peut encore inventer comme saloperie pour défendre sa relation fusionnelle, il me fallait parler de tout cela immédiatement à la mère, alerter la justice et…

 La gamine coupa court à mes velléités de redresseur de tort, elle avait sa réponse à mes questions :
- Tu diras à maman que je vais très bien et qu'on doit rester toutes les deux. Si tu racontes ce que je viens de t'expliquer personne ne te croira toi et je dirai que tu as essayé de me toucher la poitrine et les fesses.  Maman me croira… moi, elle avale tout ce que je lui dis. Elle t'a entendu dire que j'étais belle, elle se méfie de tous les hommes qui m'approchent maintenant tu es coincé !

 La fillette me regardait en souriant gentiment, sûre d'elle, de sa stratégie et de son bon droit.

 Dans un premier temps son chantage ne m'a fait ni chaud ni froid, ce serait sa parole contre la mienne.
J'ai vérifié sur internet ce que je savais déjà, l'amant de la mère encourt jusqu'à 5 ans de réclusion si les faits sont qualifiés d'agression sexuelle et 15 ans s'il s'agit d'un viol.

Sauf éléments nouveaux sa vie est foutue, heureusement mon intervention allait le tirer de là ?  J'allais sauter sur mon téléphone pour prévenir le procureur qui me connait bien quand l'histoire du malheureux maire de Vence emprisonné plusieurs années pour viol sur simple et fausse accusation de son petit-fils, innocenté depuis, s'est imposée à ma mémoire. C'est à ce moment que j'ai regretté ma réflexion, pourtant sans nulle ambiguïté, sur la beauté naissante de la petite.

 Attendez deux secondes, j'ai une magnifique maison avec piscine et vue sur mer, deux voitures de luxe, un bateau, une famille sans histoire, un fils et une fille ayant de très belles situations.
 Ma retraite est programmée dans quinze mois, un acquéreur est prêt à sortir une grosse somme dont une partie conséquente en « black » pour acheter mon cabinet et récupérer ma patientèle (mot pudique inventé par les médecins pour éviter de parler de clientèle).

 Imaginez que la gamine mette ses menaces à exécution, voici exactement comment cela se passerait :

La justice serait ravie de mettre un psychiatre en garde à vue pour suspicion d'attouchements sur mineure par personne abusant de l’autorité que lui confèrent ses fonctions, puis de le placer immédiatement et à tout hasard en détention préventive, le procureur ne me connaîtrait plus et les journalistes se délecteraient à l'idée de mettre ma photo en première page.  Même blanchi plus tard le mal serait fait et pour longtemps.
" Il n'y a pas de fumée sans feu " colporteraient mes bons amis, si on ne dit pas du mal des copains de qui va-t-on va dire du mal ?

Après tout ce Julien n'est rien pour moi, pourquoi devrais-je prendre le risque de tout perdre pour lui ?  
Après avoir longuement peser le pour et le contre, décrochant mon téléphone pour finalement le reposer, j'ai fait rentrer la mère, discuté quelques instants avec elle pour la forme et conclu :
- Rassurez-vous, il n'y a rien d'inquiétant chez votre fille, elle me parait avoir bien surmonté ses traumatismes, elle est très résiliente grâce à votre relation fusionnelle. Je ne peux que vous conseiller de la garder près de vous, il serait même contre-productif de vous éloigner l'une de l'autre. Trop d'amour n'a jamais nuit à personne.

Je pensais exactement le contraire.

En les raccompagnant jusqu'à la porte, Manon a tenu à me faire un gros baiser humide et sonore sur chaque joue en rajoutant, faussement innocente et bêtifiante :
- Maman, le docteur a été très gentil, il m'a redit plusieurs fois que j'étais belle.
En rougissant un peu elle a enfoncé le clou, achevant de noircir mon image et me démolissant préventivement au regard de sa mère :
- Et il m'a dit que coucher la première fois avec quelqu'un ayant de l'expérience ne faisait pas mal.
Elle savait déjà verrouiller les situations et perverse elle en jouissait, le message était clair ! Je plains son futur mari.
Si les yeux de la mère avaient été des pistolets ma veste aurait ressemblé à une passoire !

De retour vers mon cabinet, ma tête réfléchie dans le grand miroir ancien me parut être une allégorie de la lâcheté, une grosse envie de vomir a tutoyé mes lèvres.

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La nuit suivante une mauvaise idée m'est venue. Le confrère qui m'a adressé les deux femmes a sans doute été l'objet du même chantage de la part de la gamine sinon il n'aurait pas écrit dans sa lettre que j'ai relue plusieurs fois : elle prétend avoir subi une agression sexuelle. Il a voulu me "refiler le bébé" pour ne pas avoir à décider, maintenant il dort du sommeil du juste… lui.

  Primum non nocere, premièrement ne pas nuire ? L'Enfoiré !

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Quelques semaines plus tard la justice me confia une expertise psychiatrique concernant un pédophile.
 Un nommé Julien.

Que fallait-il faire ?
- " Remettre en cause la version du viol de Manon, au moins émettre quelques doutes ou brosser un tableau plutôt flatteur de l’accusé ", dites-vous ?
Non, c'est bien trop dangereux, on voit bien que vous ne risquez pas votre réputation et le confort de votre vie future.

Certains de mes confrères évoquent souvent une irresponsabilité pénale pour les pédophiles, pas moi, j'ai toujours été impitoyable avec eux ! Le juge s'attend sans doute à ce que mes conclusions soient sanglantes pour le prévenu, je ne peux pas le décevoir !


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La plaque en laiton de mon cabinet porte cette mention : X X…, psychiatre libéral et expert près des tribunaux… on pourrait rajouter : roi des salauds !

Il va maintenant falloir que je vive avec ça !

Sincèrement qu’auriez-vous fait à ma place ?


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Histoire extraite du livre :




site web serge.boudoux.fr 

la semaine prochaine : @lucifer.com