jeudi 31 octobre 2019

La soubrette du SOFITEL de New-York.














 Introduction. 

Le projet Icare

Une petite fable amusante bien connue issue de la mythologie grecque se révèle être très actuelle pour qui sait lire entre les lignes :
 Icare, prisonnier du labyrinthe construit par son père l'architecte Dédale, colla des plumes sur son corps pour s'évader par les airs.
 Grisé par le vol il s'approcha trop près du soleil, la cire servant de colle fondit et il tomba dans la mer qui porte désormais son nom, la mer Icarienne. Il s'y noya.
 Outre le fait que les lois les plus élémentaires de la physique interdisent un tel vol, il est à remarquer que plus on prend de l'altitude plus il fait froid, la légende est donc doublement fausse néanmoins la métaphore est juste : en se rapprochant du pouvoir sans précaution les imprudents se brûlent les ailes, leur chute est alors brutale et destructrice.

En voici une illustration.

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Première partie : La Sublimissime


 Installé à une table ronde du restaurant le « Carmine's Midtown » à New-York un petit homme enrobé plutôt laid mais charismatique, entouré d'une cour de cinq collaborateurs fustige son voisin de droite :
  -  Si vous comprenez ce que je viens de dire c'est que je me suis mal exprimé...

Il se fige soudain, bouche ouverte. Passe à un mètre de lui son fantasme absolu.

L'apparition arbore une robe identique à celle portée par Mireille DARC dans le film Le grand blond avec une chaussure noire, robe qui avait fait rêver une génération entière au début des années 70.
Se terminant en col montant le vêtement est très sage côté face mais très provocateur côté pile, découvrant ou plutôt dénudant un joli dos parfaitement musclé.
Une chaîne en or souligne la taille mince et la croupe somptueuse de l'inconnue.                                              
 Son entrée est princière. Les conversations deviennent murmures lorsqu'elle se présente côté face et s'éteignent totalement quand les hommes découvrent ce côté pile.
 Elle est sublime, belle à mourir avec sa natte, son cou gracieux, son visage d'ange, ses yeux bleus discrètement maquillés, la robe ne cache rien de son corps fabuleux, de sa silhouette parfaite. Ses seins pointent fièrement sous l'étoffe.
 Les autres femmes la détestent instantanément, Henri III le mal aimé aurait dit :
- Là où elle est, les autres ne sont rien.

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Le petit homme ne paie pas de mine mais il est très important.
 Il se nomme Karl Dachary - Sarrère tout le monde le surnomme KSD.
Il est provisoirement n° 2 d'une multinationale Française ayant des filiales sur tous les continents.
 Le PDG actuel atteint bientôt par la limite d'âge l'a chaudement recommandé au conseil d'administration pour sa succession.
KSD s'est ainsi retrouvé en position de dauphin et futur n°1.

Les mathématiques interviennent pour beaucoup dans les problèmes d'accession à un poste élevé :
Si N° 2 qui doit devenir N° 1 disparaissait, N° 3 deviendrait automatiquement N° 1 à son tour, c'est toutefois ce qu'il peut espérer.
 Tout le monde suit ?

Numéro 3 est donc en embuscade. Il a conçu un plan d'élimination de son rival baptisé un peu puérilement : Projet Icare !

Pour démolir un homme il suffit de s'adresser à ce qu'il a de pire en lui, ensuite le fruit pourrit tout seul.
 Il se trouve que le pire chez KSD est petite faiblesse commune à beaucoup d'Homo Sapiens, proches parents d'Homo Erectus, ne l'oublions pas :  Les Femmes.

    Le cerveau humain, merveille de la création ou de l'évolution, plus gros organe sexuel chez l'homme, fonctionne en interconnectant trois systèmes très différents :

 - Le cortical, siège de l'intelligence humaine fort de ses milliards de neurones câblés en arborescences se reconfigurant sans cesse.
 
 - Le limbique émotionnel.
                                                                                                                                            
 - Le reptilien gérant les besoins primaires. Ce dernier se comporte en tyran, prioritaire il prend le contrôle de l'ensemble des systèmes en cas d'urgence et contrairement au cortical agit en binaire : ouvert fermé, oui non, 0 1.

 Chez les femmes il semble que ce soit l'émotionnel qui l'emporte, chez les mâles c'est sans contexte le reptilien sinon comment expliquer certains comportements masculins incompréhensibles ?                                                                                                                                  

 Les Français se moquent comme de leur première dent des frasques amoureuses de leurs hommes de pouvoir ou d'affaires, mille ans d'histoire monarchique les ont habitués à être gouvernés par des souverains étalant leurs maîtresses au grand jour, ils considèrent cela avec bonhomie et même sympathie.
 Les anglo-saxons ne l'entendent pas de la même oreille : un homme marié ne doit pas sortir des sentiers battus ou doit éviter de se faire prendre en flagrant délire sensuel.
                                             
  Le mensonge matrimonial est un sport national en France et le mal absolu en apparence aux States. Tout le genre humain se souvient de Bill Clinton, homme le plus puissant de la planète, se faisant gronder comme un galopin devant les téléspectateurs du monde entier médusés au terme d'une enquête à 30 millions de dollars, à deux doigts d'être démis de sa fonction, traité tel un criminel pour une petite gâterie consentie par Monica qui aurait sans doute valu au "couillu" une ovation de la part des habitants de notre beau pays.

KSD avait bien compris le danger.  Partageant son temps entre USA où résidait son épouse et Europe, il se tenait strictement à carreau au pays de l'oncle Sam mais participait régulièrement à des parties fines organisées en son honneur en Belgique ou à Madrid, Paris, Lille.

 Les « réunions » avec les belles prostituées, rebaptisées "femmes du monde libertines" par son entourage, étaient organisées par certains cadres de la multinationale faisant ainsi une cour anticipée au futur PDG, ces "séminaires de travail" étant bien sûr remboursés sur notes de frais falsifiées, ce qui constitue un abus de bien social et un cas de proxénétisme hôtelier, ce dont tout le monde se fout en France.
 N°3 décida donc de monter son piège à New-York pour que le scandale ne passe pas inaperçu et soit éliminatoire, tout en sachant que KSD se méfiait de lui !
Le traquenard fut particulièrement vicieux et digne d'un championnat de billard.

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Le petit homme, nous l'appellerons désormais KSD ou Icare, se fige soudain bouche ouverte.  " Passe à un mètre de lui son fantasme absolu " - disions-nous.

 Son cerveau bascule en une seconde du mode cortical le plus sophistiqué au mode reptilien le plus basique.
 
 La fantasmatique apparition, entourée de tout le personnel de salle masculin disponible s'assoit à une table portant un carton" reserved ", sourit à l'entour comme une reine, son regard croise celui de KSD qui sent son esprit vaciller, empli immédiatement d'images inavouables.
   Le maître d'hôtel s'empresse auprès d'elle, la comble de compliments, lui demande si elle sera seule et tend la carte. Dans un anglais impeccable teinté d'un accent chantant, elle commande un veau parmiglia et un verre de Bordeaux Saint Emilion 2005.
-  Excellent choix, commente le garçon.
Elle décidera du dessert plus tard.

KSD hèle discrètement le maître d'hôtel, glisse cinquante dollars dans sa main.

Pour la commodité du lecteur, je traduis en simultané les propos échangés en Américain.
- John, pour l'amour du ciel qui est cette beauté ?
- Je ne sais pas Monsieur je vais me renseigner.
Il revient très digne et glisse à son oreille :
 - la réservation de la table de la dame en question a été confirmée il y a plusieurs jours par un mail provenant d'une société implantée en Suisse. Je ne suis pas autorisé à divulguer les noms.
- L'adresse mail de cette société se termine-t-elle par : point c h ou romandie.com ?
- Je vais vérifier Monsieur. Il revient toujours impassible 
- Romandie.com, Monsieur.

Icare a conscience que chacune de ses frasques peut le démolir lorsqu'il est aux States, il se méfie de toute personne venant de France.
Là il est soulagé, n'importe qui peut avoir une adresse se terminant par point ch., seule une personne habitant la suisse romande pouvant avoir une adresse : romandie.com, la Sublimissime est vraisemblablement de nationalité Suisse donc à priori sans danger.
D'autre part nul être au monde, sauf ses plus proches collaborateurs en qui il a toute confiance, ne pouvait savoir où il dînerait ce soir.
 Il ne le sait pas encore mais l'un d'eux, irrité et blessé par une cour éhontée faite à sa femme par KSD l’a trahi. 
                                            
   Il croit donc pouvoir développer une offensive sans craindre une embuscade. Les dieux aveuglent ceux qu'ils veulent perdre.

- John mon ami voulez - vous me faire plaisir ?
- Certainement Monsieur.
- Avez - vous du champagne français à température ?
- Evidemment Monsieur, Cristal Roederer, Moët ou Dom Pérignon ?
- Pouvez-vous servir une coupe de Cristal Roederer à la belle Suisse de ma part ?
- Certainement Monsieur le Président. Coupe ou flûte ?

La Sublimissime s'étonne de cette flûte de champagne qui atterrit sur sa table, John lui apprend le nom et la qualité de son généreux donateur.
Les beaux yeux bleus flamboient, vrillés dans le regard de KSD.  Pour un peu il lui sauterait dessus. 

 Elle lui porte discrètement un mini-toast poli en remerciement, boit une gorgée du breuvage magique et divinement bon.
 Le champagne est comme une femme, on découvre quelquefois avec agacement une certaine acidité inattendue qui fait grincer des dents, mais souvent le bonheur est sans limite.

 Une deuxième coupure à l'effigie de S. Grant et un papier plié en quatre atterrissent dans la main de John qui s'appelle en réalité Nathan. Dans les établissements où il a ses habitudes KSD surnomme tous les employés : John.
 Ils ne s'en offusquent pas, pour 50 dollars de pourboire la plupart des salariés veulent bien se prénommer Lucifer si cela lui fait plaisir.                                                                                                                                     
- John mon ami, voulez - vous porter ce petit billet à cette dame.
- Certainement Monsieur.
La reine de la soirée déplie le papier. Une main nerveuse a écrit un numéro de téléphone suivi d'une invitation élégante rédigée en Français :

 - Quand on vous voit on vous aime, quand on vous aime où vous voit-on ?

Belle entrée en matière, non ? Notez-la, elle peut vous servir.

Elle sourit, sort son portable et fait signe qu'elle va répondre.
Un SMS parvient à Icare, première station de son futur chemin de croix :

 Il est dangereux de m'aimer, je suis capricieuse laissez tomber.
Comment savez-vous que je parle Français ?

 Elle avait envie d'écrire :
" il ne faut pas aimer au-dessus de vos moyens affectifs ", mais elle ne veut pas le vexer, ce n'est pas son objectif, il faut résister tout en l'encourageant, elle sait très bien faire.

Sa réponse fait l'effet d'une banderille on ne contrarie pas le futur PDG, un homme qui manipule des milliards chaque jour, tutoie de nombreux présidents dans le monde, décide du sort de populations entières de salariés.
  Le ballet des textos se poursuit, interrompu épisodiquement par le service.

Il répond :
- Je sais presque tout sauf
 votre nom puis je me   
   permettre de
 vous le demander.

- Mon nom ne vous
Apprendrait rien,
 Appelez-moi Naupacté,
Je suis d'origine grecque.

Ce nom lui dit vaguement quelque chose, sans doute une nymphe ou une muse mythologique.

- Vous êtes seule ?
- A New York oui.

- Voulez- vous vous joindre à nous.

- Non merci.

Certains hommes ne doutent de rien. Icare est lucide sur son aspect physique banal mais il peut constater une réalité : il plait aux femmes, croit-il.                                                                                     A force de fréquenter les belles prostituées européennes baptisées " bourgeoises libertines " par son entourage il a fini par se croire irrésistible. Après tout Gainsbourg n'avait pas la belle gueule de Delon, il a tout de même eu dans son lit certaines des plus belles femmes du monde.

L'inconnue l'a tout de suite remarqué en rentrant dans le restaurant, il ressemble à la photo du dossier qui lui a été transmis, en un peu plus gros qu'elle ne se l'imaginait et un peu plus moche. Il a un visage fatigué mais dégage un charisme incontestable.
 L'affaire parait bien engagée, plus elle se refuse plus il s'obstine.

- Prenez au moins un verre
 avec nous après le repas.

- Non merci.

- Seriez - vous comme la poupée de
 Polnareff qui dit toujours non ?

- Quand la bouche dit non,
le regard dit peut-être...
- Que faut - il faire pour
entendre un oui franc et massif
 sortir de votre jolie bouche ?

- Ce soir quoi que vous fassiez
 ou demandiez ce sera non.

Une femme seule dans un restaurant exacerbe la libido et l'instinct de chasseur des mâles en présence, un second garçon dépose un papier devant elle, un autre admirateur s'est mis sur les rangs.
- You are wonderfull.

KSD a perçu la concurrence, il devient hystérique :

- Demain ?

- Peut-être
- Demain soir ?

- Je serai repartie pour Genève.
- Demain matin ?

- Pourquoi pas.
          - Puis je me permettre
 une invitation
 en tout bien tout honneur.

- Dites toujours.

- Je suis à l’hôtel SOFITEL ..., 44e rue,
Suite 2xxx., j'y ai un bureau,
un petit salon et une bouteille de
Cristal Roederer qui s'ennuie de vous.
Puis-je vous y espérer
 vers dix ou onze heures

Le terme bureau est tout de même moins agressif et plus convenable que le mot chambre.

- Vous ne pensez pas sérieusement
 que je vais accepter.

- Je ne pense qu'à ça,
 je suis un gentleman,
Je vous promets d'être
 très raisonnable et
 très respectueux.

- Dommage, mais bon
 tant pis ! Il parait que
l'on ne respecte que ce
 que l'on ne désire pas.

Il ne comprend plus rien, maintenant c'est elle qui le provoque.

Elle termine son repas par un fondant au chocolat avec beaucoup de chantilly, se lève, passe près de lui, souffle à son oreille :

 - Bonsoir monsieur, dormez bien et qui sait ? Peut-être viendrai-je demain vers onze heures,  SOFITEL, 44e rue suite 2xxx…. mais dans ce cas, pour vous la journée risque d'être difficile.

KSD interpréta cette phrase comme une promesse de délices érotiques épuisants. 
                                                                                                                                                                 La journée suivante sera effectivement très difficile pour lui, pas pour les raisons espérées.
                                                                                                         
L'entrée de l'inconnue était princière, sa sortie fut impériale, le souvenir de son joli petit cul musclé et malicieux subsista longtemps dans les yeux des hommes sidérés.

Après un concerto de Mozart on prétend que le silence qui suit est également de Mozart, la salle du restaurant qui avait abrité quelques instants la fée merveilleuse resta quelques secondes emplie de sa magie puis redevint une salle ordinaire toute bête.

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Deuxième partie : Le cadeau empoisonné.

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KSD passa une nuit enchanteresse, tout lui souriait, il avait déjà l'argent, une situation sociale de tout premier plan au niveau mondial, une femme richissime et maintenant la promesse d'une aventure avec une créature incroyable.

Par moment il a un peu le vertige, mérite-t-il une telle réussite, ne va -t-il pas le payer ? la vie présente toujours la note un jour ou l'autre.
Réveillé à 8 h 30 il déjeune, se douche, se rase, se parfume sans oublier l'intérieur du caleçon, se pomponne, se pare de son plus beau costume, fait monter une bouteille de champagne dans un seau à glace, pose ses nombreux portables sur un meuble, consulte ses mails, répond aux plus urgents. 
                                                                                                                                      
Un bruit de pas et une voix dans le couloir, il se lève le cœur battant, les pas s'éloignent. 
                                                                                                              
10 H 20, aucune princesse suisse ou grecque  à l'horizon, un téléphone sonne, un collaborateur fait les dernières mises au point pour la réunion du conseil d'administration du lendemain à Paris.

11 h 15, on frappe à la porte, c'est sûrement elle.
 Une envie gargantuesque et incontrôlable l'envahit, il va vivre un moment inoubliable c'est certain.
Excité et intimidé à la fois il ouvre la porte, une femme habillée en soubrette se glisse dans la chambre, avant qu'il ait pu lui demander de revenir plus tard elle lui tend un papier contenant quelques phrases en français :
  - je suis désolée, j'ai dû repartir ce matin pour Genève suite à un problème de dernière minute, mais ce n'est que partie remise, vous avez mon numéro de portable appelez-moi ce soir.  Je vous verrai avec plaisir à Paris ou à Genève, j'espère que ce jour- là vous ne serez pas trop raisonnable ni trop respectueux.
En attendant, pour me faire pardonner je me suis permise de vous faire un petit cadeau en toute amitié.
Quand on me voit on m'aime disiez-vous, je sais faire plaisir à qui m'aime !
 Naupacté.

"Le cadeau" est déjà à genoux devant lui et dégrafe sa ceinture. La soubrette le regarde timidement, elle est loin d'être aussi belle que la Suissesse mais l'érotisme de la situation excite terriblement Icare.

 En stimulation maximum son cerveau passe en mode binaire, oubliant les dangers et les pièges potentiels : une femme sublimissime le retrouvera bientôt en Europe, une autre soumise à ses désirs baisse son pantalon, après tout faute de grives on se laisse manger par des merles.

Il ferme les yeux, une bouche douce engloutit son sexe dressé, il imagine son gland entre les lèvres sensuelles de l'inconnue. Après quelques minutes, il veut passer à d'autres plaisirs, la femme le bloque, mains plaquées contre ses fesses. Elle accélère sa fellation, il pousse un grand cri et éjacule dans la bouche accueillante qui régurgite le trop plein sur son tablier blanc finement rayé de bleu.

 La scène est irréelle, elle n'a pas dit un mot. La jouissance qu'il vient de ressentir est dévastatrice, essoufflé il se dirige vers la salle de bains. Dès qu'il en a franchi la porte, la femme de ménage récupère le message écrit par « Naupacté » tombé à terre, cache rapidement un des nombreux portables dans un tiroir et sort de la chambre...

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Il y a trois semaines cette femme de ménage a été abordée par un inconnu porteur d’une liasse de billets verts :
 - Il y a là 5 000 $, ils sont à vous si on se met d'accord et il y aura beaucoup plus dans quelques mois.

    Financièrement elle était aux abois, l'inconnu lui parut être un ange tombé du ciel.
Quand il lui expliqua la contrepartie elle fut soulagée, il n'était pas question de trafic de drogue comme elle le craignait mais simplement de faire une fellation à un client de l'hôtel dans lequel elle travaillait et porter plainte ensuite pour agression sexuelle.

 Elle avait subi d'autres avanies autrement plus dégradantes là d'où elle venait et sans gagner un cent. Elle protesta un peu pour la forme mais quand au deuxième rendez-vous l’homme fit mine de rentrer les billets pour proposer l'affaire à une autre, l’accord fut conclu, elle reçut 1 000 $ d'acompte, pour elle une fortune !

 Hier soir l'inconnu se manifesta, c'était pour le lendemain.
Il lui remit 1 500 $ et donna toutes les instructions nécessaires, y compris un papier plié en quatre, sésame nécessaire à l’approche de la cible, à récupérer absolument après l’accomplissement de la mission. Les 2 500 $ restant dus lui seraient remis dès certitude que la cible de la manip aurait été arrêtée, une assistance juridique discrète lui serait assurée, sa fortune était faite, cela valait bien quelques gouttes de sperme.
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 Elle joua son rôle à la perfection. Prostrée, cachée dans un couloir de l'hôtel, traumatisée, crachant par terre, essayant de se faire vomir elle est retrouvée à 12 h 30 par une collègue. Elle dit avoir été agressée par l'occupant de la suite 2xxx. Le chef de la sécurité de l’hôtel appelle la police.

Gai comme un italien qui a eu de l'amour et du vin dit la chanson, KSD a quitté l'hôtel vers midi et déjeune dans un restaurant proche du S…. Avant de se rendre en taxi à l'aéroport international John Fitzgerald Kennedy.
 A 15 h 29 il appelle l'hôtel pour signaler l'oubli d'un de ses téléphones, grâce à cet appel la police le localise et l'arrêtera juste avant le décollage du vol AF 023 d'Air France qui devait l'acheminer à Paris.
 Cinq minutes avant son interpellation il a un pressentiment, des sirènes de police se rapprochent, le surnom de la somptueuse Suisse, Naupacté, lui revient à l'esprit.

Les hommes très actifs ont un fonctionnement cérébral qui sort de l'ordinaire, ils emmagasinent à toute vitesse un nombre hallucinant d'informations, les stockent et les font ressortir de leur tiroir mnémonique quand ils ont un moment de liberté. 
KSD interroge Google, la réponse le glace : dans la mythologie grecque Naupacté est une esclave crétoise épouse de Dédale constructeur du labyrinthe, ils ont un enfant nommé Icare. 
                                                                                                                  
 Le mythe lui revient instantanément à l'esprit : Icare s'est brûlé les ailes en voulant se rapprocher trop près du soleil, la métaphore est limpide, il est baisé. La Salope...Elle ne l'emportera pas en paradis !  Une angoisse broie son estomac, les sirènes maintenant toutes proches hurlent, des voitures de police arrivent, freinent brutalement.
 Sa vie bascule !

Le fonctionnement de la police et de la justice américaines est très différent de celui de leurs homologues françaises.
 On se retrouve ici face à un système de type accusatoire dont la plupart des acteurs sont élus, donc préoccupés au premier chef de leur réélection.
  La police arrête un suspect, le procureur accuse, le suspect se défend, le juge demande s'il plaide coupable ou non. Dans le premier cas il n'y a pas de procès mais une négociation entre le procureur et l'accusé sur la peine infligée, le juge valide la négociation et… au suivant .
La justice gagne en efficacité et rapidité ce qu'elle perd en moralité.

Si l'accusé plaide non coupable un procès a lieu, le procureur doit convaincre un jury populaire du bien-fondé de l'accusation, si son dossier est reconnu insuffisamment convaincant il est renvoyé dans les cordes et passe pour un nul aux yeux de ses électeurs.
Coupable ou non coupable, le spectacle était assuré chacun voulut y tenir un rôle, toute la perversité de la manœuvre préconisée par N° 3 était basée sur ce fait. 

Dès que les autorités connurent l'identité de l'"agresseur", dirigeant d'une grande société française, les chaînes de télé furent immédiatement informées, le malheur d'un Français est toujours un grand bonheur pour un Américain …Nous sommes alliés mais pas copains !
 KSD interpellé sans ménagement, menotté, fut exhibé aux yeux des téléspectateurs du monde entier éberlués, aux States on appelle cela "la marche du suspect" et incarcéré à Rickers Island.

 Les commentaires les plus fous circulèrent, il encourait disait-on 50 puis 60 puis 70 ans de prison pour les sept chefs d'accusation retenu par le procureur Cyrus Vance junior parmi lesquels : tentative de viol, abus sexuel, acte sexuel criminel, séquestration, on l'aurait sans doute accusé d'avoir assassiné Henri IV si les américains avaient connu l'histoire de France, bref l'hystérie devint collective.

Certains journalistes français écrivirent qu'on faisait beaucoup de bruit pour pas grand-chose, il s’agissait pour des esprits latins d’une histoire banale de rapport « ancillaire », une petite pipe, un "légitime droit de cuissage" habituel envers le petit personnel.
N°3 assista à la curée et à la mort sociale de son concurrent avec délectation. Le conseil d'administration de la multinationale fit paraître un communiqué par lequel il désavouait et se désolidarisait de KSD. Le scandale était trop gros pour passer en pertes et profits.

Le cadeau empoisonné coûta à notre Icare néo-américain, outre le déshonneur et l'envol de tout espoir de succéder au PDG la modique somme de dix millions de dollars environ en frais d'avocats choisis parmi les plus efficaces donc les plus chers, perte de revenus, frais de procédure, indemnisation de la partie civile, frais de garde du corps, location de maison sécurisée, etc. …


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 Troisième partie : Hallali et Curée



Hallali et Curée sont deux termes de chasse à courre (appelée également vénerie) désignant la sonnerie émise par le cor pour annoncer la prise imminente de la bête poursuivie puis la cérémonie suivant la mise à mort de l'animal. L' humain se réjouit souvent de la souffrance des autres et adore la  mettre en scène.

 La sublime inconnue, méconnaissable dans un vieux jean et coiffée d’un bonnet en laine, attendait dans un bar proche mais extérieur à l'aéroport. Elle entendit les sirènes des voitures de police sonner l'hallali, toutes les télés prévenues dieu sait par qui interrompirent leur programme et montrèrent la curée en direct au monde entier.
Les empereurs Romains avaient vu juste, pour contenter le peuple il suffit de deux choses, Panem et circenses, pain et jeux du cirque.

Quelques minutes plus tard un SMS lui parvint de France :
Bravo ! 
Une demi-heure plus tard elle vérifia sur son smartphone que les honoraires dus au titre de cette mission avaient bien été virés sur son compte ouvert à Singapour.                                                                                                         
 Le premier avion disponible ramena la fausse Suisse à Nice.

Trois mois plus tard N° 3 devint N° 1.

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C'est curieux, cette histoire ne nous en rappellerait-elle pas une autre ? Si oui devinez qui pourrait avoir eu intérêt à promouvoir N°3.

Moi je sais mais je ne le vous dirai pas. 

Lisez EDEN livre second, l'ange de la mort est assis sur mon banc vous serez surpris. 



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Cette histoire est extraite du livre vendu sur Amazon, Fnac, Cultura etc...


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site web     http://serge.boudoux.fr 




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