mercredi 25 septembre 2019

Une petite histoire tendre pour changer ?





Et que mon ami Pierre...






 Marseille 7 juin 2019, 16h30.

Les pensionnaires de notre maison de retraite cossue et médicalisée somnolaient en attendant le repas du soir, certains assis et affalés sur une chaise ou un canapé, d’autres calés dans leur fauteuil roulant.

Les familles insistaient pourtant pour qu’ils soient couchés dans leur lit pendant la sieste mais les aides-soignantes connaissent un secret que les jeunes bien-portants ignorent et qu’elles essaient inlassablement de leur expliquer :
- Les anciens croient que la faucheuse frappe sournoisement les vieux dans leur sommeil quand ils sont seuls mais n’ose pas s’approcher d’eux lorsqu'ils sont en groupe. C’est pourquoi, craignant cette solitude synonyme de mort annoncée, ils préfèrent ne pas se reposer isolés dans leur lit même si le fait de dormir assis est bien moins confortable pour leurs vieux os.
 Une autre explication moins poétique étant que cela faisait beaucoup de travail de coucher tout ce beau monde pour le relever dans deux heures.

Parmi la centaine de résidents j’avais mes chouchous, un couple de nonagénaires adorables en relative bonne santé physique. Ils semblaient s’adorer et dormaient encore ensemble. Le mari, Jean, toujours aux petits soins pour son épouse Marie qui adorait les sucreries, se privait de dessert pour elle, chapardait aussi parfois un petit-suisse ou un yaourt aux fruits qu’il cachait dans son armoire et lui donnait à manger secrètement dans la nuit.
Je l’avais surpris un soir et lui avais fait un clin d’œil de complicité. Il me rappelait les mâles pingouins offrant un joli caillou à sa belle pour la séduire.

 Malheureusement la belle en question présentait depuis quelques mois tous les signes d’un début de maladie d’Alzheimer. Les enfants furent prévenus, ils demandèrent à ce que leurs parents restent ensemble le plus longtemps possible, ce qui me parut être une décision pleine d’humanité et le meilleur traitement efficace à court terme.

 Marie ne manifestait heureusement aucune agressivité comme il est fréquent chez les gens atteints de cette abomination, mais sa conscience devenait de plus en plus parcellaire. Elle ne reconnut bientôt plus personne, ses yeux bleus se vidaient peu à peu de toute expression d’intelligence humaine. Lorsque je m’approchais elle me disait : « qui êtes-vous Madame ? » mais tentait de dénuder ses épaules pour accueillir mes mains. L’esprit ne reconnaissait pas la kinésithérapeute que je suis mais le corps se souvenait du bonheur que procuraient mes massages.

Un jour terrible pour Jean fut celui où elle lui dit : Qui êtes-vous Monsieur ? et refusa de l’accueillir dans son lit.  Le pauvre vieux Jean était anéanti, je croyais qu’il avait atteint là le sommet du désespoir mais je me trompais.

Quelques semaines plus tard, un homme de 85 ans bien fatigué fut admis dans notre établissement, il arriva un soir en ambulance. Il se prénommait Pierre.

Le lendemain par le plus grand des hasards, nous nous retrouvâmes tous les quatre dans l’ascenseur qui descendait au restaurant. Jean serrait Marie très fort contre lui, regardant obstinément la porte et refusant de croiser le regard de Pierre qui fixait étrangement le couple quand soudain les yeux de Marie redevinrent humains et se remplir de larmes :
- Pierre c’est toi ? Comme tu as vieilli mais tu es toujours très beau ! Tu es venu me chercher ? Mon dieu que je suis heureuse, Jean est gentil avec moi mais je ne l’aime pas vraiment, tu es le seul homme que j’aie vraiment aimé mais je te l’ai déjà dit, je n’aurai jamais le courage de tout plaquer pour toi, je ne peux pas partir j’ai des enfants, ils sont bien petits et ont encore besoin de moi. Tu me comprends, tu me pardonnes ?

Quelques secondes plus tard les beaux yeux bleus redevinrent vides et Marie demanda à Pierre : « qui êtes-vous Monsieur ? » Il devint écarlate, Jean était pâle comme un mort.
En sortant de l’ascenseur nous étions tous en larmes.

Pierre demanda son transfert dans un autre établissement. Personne à part Jean et moi ne comprit la raison de son départ précipité, ce fut notre secret jusqu’à ce qu’il meure d’une rupture d’anévrisme deux mois plus tard. Pressentant sans doute sa fin prochaine trois jours plus tôt il m’avait fait promettre de m’occuper de Marie :
- Quand je ne serai plus là prenez garde à ce qu’elle ne prenne pas froid, elle est fragile et craint les courants d’air.
J’appris que Pierre était décédé d’un infarctus peu après.

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 Toute mémoire immédiate ou lointaine avait disparu du cerveau de Marie, sauf les paroles d’une comptine d’enfant. Chaque jour elle me demandait « qui êtes-vous Madame ? » puis me chantait « A la claire fontaine ».
Étrangement elle se souvenait parfaitement des paroles de cette chanson, je crois que c'était son seul souvenir de sa vie passée.


Tout en faisant les soins je chantais avec elle le refrain : il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai.
Arrivée au moment où les paroles disent :

J'ai perdu mon amant sans l'avoir mérité
                                  Pour un bouquet de roses que je lui refusais                                
 Je voudrais que la rose soit encore au rosier
Et que mon ami Pierre fût encore à m'aimer

Elle répétait sans fin « et que mon ami Pierre fût encore à m’aimer », ses yeux se remplissaient de larmes, elle se blottissait contre moi, je caressai doucement ses cheveux.

Elle s’est éteinte comme une bougie le jour de Noël 2018.
S’il y a un Au-delà, a-t-elle rejoint Jean le gentil mari dévoué ou Pierre l’amant bien-aimé ? Peut-être est-elle avec les deux, qui sait ? En amour pourquoi faut-il toujours choisir ?



Question idiote, aimer c'est choisir ....



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jeudi 19 septembre 2019

Petite histoire horrible : L'illusion des sosies.







Cette histoire est authentique.

31 Mars 2018.

Demain sera Dimanche de Pâques avec bénédiction Urbi et Orbi  (pour la ville et au monde) à la clé.

Mon père m'appelle pour la troisième fois :
- Sébastien, viens manger !

Pour tout le monde il est mon père, en réalité l'homme qui s'impatiente dans la cuisine lui ressemble tête coupée mais il n'est pas mon père. Même regard gris bleu, carrure et taille identiques, même façon de s'habiller mais on ne me la fait pas. Mon paternel avait des cheveux noirs, une vue perçante, un visage lisse, une taille plutôt mince, la chevelure de l'imposteur tire sur le gris depuis quelque temps, des rides plissent la peau autour de ses yeux devenus un peu plus sombres, un petit ventre commence à boudiner sa chemise et il chausse des lunettes pour conduire.

Il a réponse à tout, il explique à ma mère :
- Il ne fait pas bon vieillir, on ne peut pas être et avoir été.

Ben tiens donc. Remarquez, quand je dis “il explique à ma mère” la réalité serait plutôt : à la personne qui prétend être ma mère. Ils sont vraiment forts ceux qui ont fomenté le complot contre moi, le sosie de ma mère connaît tout de ma vie, elle est capable de raconter des anecdotes de ma petite enfance mais comment pourrais-je vérifier si elle m'a donné le sein jusqu'à mes huit mois ? Quelquefois elle pleure en me regardant, on jurerait qu'elle a de la peine mais je sais bien que ce sont des larmes de crocodile, quelle comédienne !

Ils auraient dû se méfier, un jour ou l'autre je leur ferai payer la disparition de mes vrais parents et les souffrances qu'ils m'infligent.
Quelles souffrances demandez-vous…me faire hospitaliser chez les fous, la réponse vous suffit ?

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Décembre 2017.

Déjà j'avais observé un comportement bizarre chez certains clients du magasin Leclerc.
Lors de mon arrivée, à la sortie des caisses des couples riaient. Prudents ils faisaient ceux qui discutaient entre eux et se gardaient bien de croiser mon regard mais je savais bien qu'ils se moquaient de moi.

Les caissières me demandaient :
- Bonjour comment allez-vous ?
C'est un signe, non ? Qui avait pu leur dire que je n'allais pas très bien si ce n'étaient les organisateurs du complot ou pire, peut-être faisaient-elles partie des gens chargés de me persécuter.

Une rumeur me concernant circulait sur les réseaux sociaux j’en étais sûr, mais les racontars devaient être cryptés, impossible de les trouver. Chez moi des vêtements rangés d'habitude à droite se retrouvaient à gauche, on voulait ainsi me déstabiliser et me faire passer pour un débile.

Ils sont forts !

Comment auriez-vous réagi ? Moi un jour j'en ai eu marre de tous ces gens qui riaient de moi ou qui m'en voulaient, alors j'ai répondu à une caissière :
- Qu'est-ce que ça peut vous faire de savoir comment je vais ?

Son petit sourire pincé m'a énervé alors je l'ai prise par le col de son chemisier et l'ai traitée de salope. Deux vigiles m'ont entraîné dans un bureau et ont appelé mes parents.
C'est ce jour-là que les deux imposteurs sont arrivés, ils se sont fait passer pour mes parents et m'ont ramené à la maison. Ils avaient la voiture, les clés, se sont installés tranquillement comme s'ils étaient chez eux, j'ai demandé :
- Où sont mon père et ma mère ?
- Tu ne nous reconnais pas ? ont-ils répondu.
- Vous leur ressemblez mais on ne me la fait pas, bande d'escrocs. Toi ne t'assieds pas sur le fauteuil de mon père où je te pète la gueule !
Ils ont appelé le docteur R….
Tenez-vous bien, il faisait partie du complot lui aussi. Il m'a fait une piqûre de tranquillisants et a écrit une lettre pour un psychiatre,
un psychiatre pfff… ça continuait.

Le psy a longuement discuté avec moi. Au début il était plutôt sympa, puis sournoisement il m'a demandé si j'entendais quelquefois des voix. J'ai commencé à me méfier de lui, s'il ne faisait pas partie du complot comment saurait-il que j'entends parfois une voix qui me conseille maintenant de détruire les imposteurs ?

Elle me dit à l'oreille :
- Ils ont pris la place de tes parents, s'ils disparaissent tes vrais père et mère reviendront et tout sera comme avant.

Après notre entretien il a expliqué aux deux escrocs que j'étais atteint d'une schizophrénie qui avait débouché sur un syndrome de Capgras appelé également illusion des sosies. En réalité il voulait les protéger et m'éliminer puisque je sais la vérité.

La chose qui se prétend ma mère a beaucoup pleuré mais cela ne l'a pas empêchée de me faire enfermer dans un service spécialisé.
Chez les fous ! Moi qui suis capable de réciter dans l'ordre la liste de tous les rois de France depuis François Ier et donner le nom de leurs maîtresses (leurs favorites dit-on), moi qui connais la nature de la matière noire, le secret des anciens Égyptiens pour construire la grande pyramide et peux même réaliser bien d'autres prouesses intellectuelles !

Ils ont beau me dire :
- Tu n'es pas chez les fous mais dans une unité spécialisée qui saura te guérir.
Me guérir de quoi ? Je ne suis pas malade et ne supporte plus tous ces dégénérés autour de moi.
Ils croient que je suis dupe de leur manège.
La voix dans ma tête m'a suggéré :
- Tiens-toi tranquille pour endormir leur méfiance et agis comme si tu reconnaissais les deux imposteurs comme tes parents.

À l'entretien d'évaluation j'ai dit au médecin de l'hôpital :
- J'ai envie de revoir ma mère et mon père, ils me manquent. C'est ma maladie qui m'interdisait de les reconnaître mais grâce à vous maintenant je vais mieux.
Il a signé une permission de sortie pour Pâques.

Samedi 31 mars 2018. 8 heures du matin.
Les deux escrocs sont venus me chercher, je les attendais de pied ferme. Depuis trois jours je faisais mine d'avaler les cachets censés éliminer toute agressivité en moi mais les gardais sous la langue et les recrachais dans les WC dès que l'infirmier tournait le dos. En réalité il faut que vous le sachiez, ces médicaments ont pour finalité de me tuer à petit feu, il n'y a nulle violence dans ma tête je veux simplement libérer mes vrais parents.

Par contre il est bien évident que si la douceur ne suffit pas il me faudra envisager d'autres stratégies.

La femme a dit :
- Tu as une permission de sortie pour le weekend de Pâques, ton père et moi on est trop contents, tu verras on sera bien tous les trois à la maison.
Elle s'est collée contre moi, a tenté de me prendre par le cou, je l'ai repoussée, des larmes coulaient sur ses joues, elle m'énerve de constamment faire semblant de pleurer.

L'homme ressemblait furieusement à mon père mais il avait des cheveux gris, des rides qui plissaient ses yeux, des lunettes sur le nez et un petit ventre commençait à se deviner, ce ne pouvait être mon père. Pour la troisième fois il m’a appelé :
- Viens manger Sébastien.
Je lui ai adressé un beau sourire :
- Oui papa.
Ils se sont regardés heureux, sûrs d'avoir gagné ! 


Leur joie m'a donné envie de vomir. Il faut bien reconnaître que la femme est bonne cuisinière, comment avaient-ils pu deviner que j'adorais le gigot d'agneau et la purée avec beaucoup de jus de viande versé dans le cratère de pommes de terre écrasées bâti dans mon assiette ?
Peut-être avaient -ils torturé mes vrais parents pour leur arracher des informations ?
Ils sont vraiment forts !
Après le repas ma fausse mère a dit :
- Il me faut faire quelques courses pour demain, je vous laisse entre hommes, vous devez avoir des tas de choses à vous dire.

Dès son départ le faux père a proposé :
- On se boit une petite prune mon garçon ?
- Avec plaisir, non ne te dérange pas, attends je te sers !
En sortant son paquet de cigarettes, il a accepté le salopard.
Mon vrai père va être furieux à son retour qu'on ait bu sa prune de vingt ans d'âge et fumé ses Marlboro ! 
Je me suis levé, le grand couteau de cuisine était là tout près, complice, il me tendait son manche. L'imposteur me tournait le dos, je lui ai planté plusieurs fois la lame dans le cou pour démolir le masque et voir ce qu'il y avait derrière, le sang giclait partout, Urbi et Orbi.
La voix dans ma tête m'a dit :
- Bien joué, tu peux être soulagé tu as fait ton devoir, maintenant à l'autre.

En attendant le retour de la femme j'ai retroussé la manche du cadavre de la chose pour vérifier quelque chose. Sur son avant-bras gauche ils avaient même reproduit le grain de beauté de mon père.
Ils sont vraiment très forts !
À moins que ce ne soit réellement mon père…
Avec la voix nous devons en discuter sérieusement.

J'ai fermé la porte à clé et suis descendu dans la rue.
 Le soleil brillait, les gens me regardaient bizarrement.
 Pour la première fois j'ai commencé à me disputer avec la voix, mais elle m'a vite
recadré :
- Ils sont tellement forts qu'ils arrivent même à te faire douter, heureusement je suis là, pense à tes vrais parents qui attendent leur libération, tu es le seul à pouvoir les sauver !
Elle n'a pas tort. Je me suis excusé d'avoir douté. Elle ne m’en a pas tenu rigueur, heureusement elle est patiente avec moi.

Quand les policiers sont arrivés ils m'ont retiré le couteau que je tenais encore à la main. Il est inutile d'essayer de leur expliquer mes motivations ils ne m'écouteront pas, ils font sûrement partie du complot eux aussi. 
Il paraît que l'imposteur a reçu trente et un coups de couteau dans le cou et le dos.
Trente et un coups de couteau, ils en ont rajouté juste pour me faire passer pour un sanguinaire, c’est un signe non ?
Ils sont vraiment très très forts !

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- Le médecin de l'hôpital qui avait signé ta permission de sortie non surveillée a été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire, m'a dit mon compagnon de cellule.

La justice est enfin de mon côté, tous les espoirs sont permis.
Ils ne sont pas aussi forts que je le pensais !




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Cette histoire est extraite du livre vendu sur Amazon, Fnac, Cultura etc...


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Une autre histoire la semaine prochaine ? Rendez-vous ici même !


mercredi 4 septembre 2019

Y aurait-il une vie après la mort ?




 Je ne cherche pas à convaincre et n'ai aucune certitude.


J'aimerais simplement vous faire part de quelques réflexions.


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L'incertitude :


Seuls deux événements sont certains : naissance et mort, le reste n'est qu'incertitude.

Notre vie est-elle un éclair de conscience, un bref intervalle entre deux périodes gigantesques de néant ou le fruit d'un dessein intelligent menant à une vie éternelle ?

Arrivé au terme d'une existence qui s'éternise un peu trop au gré de la génération suivante manifestant une impatience bien compréhensible à me voir rejoindre un hypothétique créateur, j’aimerais partager quelques réflexions avec celles et ceux qui, comme moi, se posent des questions pour après.

Vous commencez à me connaître, je ne suis pas le dernier à me moquer de tout, des autres et de moi-même mais là c'est du sérieux, accrochez-vous et ne m'abandonnez pas en chemin.

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Il se trouve que je suis né avec une petite anomalie cardiaque, trois fois rien. Mon cœur s'arrête parfois ce qui m'amena à être appareillé dès l'âge de 26 ans d'un pacemaker qui fut remplacé deux fois, à huit et seize ans d'intervalle.
Le dispositif ayant été jugé inutile par une nouvelle génération de cardiologue, le dernier me fut retiré 24 ans plus tard avec mille excuses de la faculté, la médecine n'est pas une science exacte.

Revenons un peu en arrière.
Une nuit de novembre 1958, j'avais dix ans, mon cœur fit l'impertinent et décréta subitement, tel un syndicaliste français de base, un mouvement de grève sans concertation ni négociations préalables. (Que les syndicats se rassurent je me gausse uniquement des gens que j'aime bien.)
Après quelques longues secondes angoissantes, en syncope je fus projeté dans un lieu inconnu et enchanteur, un champ couvert de fleurs colorées et odorantes.
 Lorsque les pulsations reprirent spontanément, arraché contre mon gré à ce lieu paradisiaque je me retrouvai bêtement dans mon lit, désespéré du retour forcé et me répétant en boucle :
- Je viens de vivre un moment d'éternité.

A ce moment de l'histoire la narration parait bien banale, il s'agit d'un beau rêve pensez-vous.
Un beau rêve à quelques détails près : le lendemain j'avais acquis une mémoire monstrueuse, la capacité de lire une page complète en une fraction de seconde et d'autres particularités qui me valurent quelques avantages mais aussi bien des déboires.
Cette mémoire était insupportable, je ne pouvais rien oublier. Toutes les plaques minéralogiques des voitures aperçues, tous les numéros de téléphone composés ou d'appels reçus depuis des mois, chaque mot lu, étaient définitivement gravés dans ma mémoire, faisant de moi une vraie bête de foire.

 Plus tard, mon futur beau-père découvrant le phénomène prononça la sentence suivante avec son accent inimitable : " ce garçon a trrrop de tête ", avant de dire oui du bout des lèvres à ma requête concernant la main de sa fille qui devint ma femme.
Celle-ci me surnomma rapidement E. T. " l'extraterrestre".

Cette anomalie disparut enfin l'année de mes quarante ans. A mon grand soulagement l'oubli devint la norme et le souvenir l'exception.

Je me rendais bien compte que quelque chose de mystérieux s'était passé cette nuit-là, alors je me mis à chercher !
Y aurait-il une vie après la vie, autre chose après la mort.  Interrogation passionnante non ?

 Deux solutions se présentaient à moi : croire aveuglément à ce que les religions nous enseignent ou me contenter bêtement d'un scepticisme rationnel, nihiliste et stérile.

 Les croyants affirmeront :

- Il s’agit d’un mystère inaccessible à l’esprit humain et défiant l’entendement. Tenter de comprendre sera interprété par les sommités célestes comme une négation du credo, un déni d’espérance, une provocation. La Foi est suffisante !
Sans doute devrait-elle suffire mais étant un don venu d’ailleurs et le donateur ayant omis d’en déposer quelques parcelles dans mon berceau je m’en trouvais démuni et même pour tout dire je me méfie d’Elle. Les prêtres Égyptiens d’Amon et ceux d’Aton s'entre-tuèrent bêtement au nom de leur Foi en des dieux qui sombrèrent un peu plus tard dans l’oubli, ce qui n’empêcha pas le monde de tourner, or s’il est une chose amère, désolante en rendant l’âme à Dieu c’est bien de constater qu’on a fait fausse route qu’on s’est trompé d’idée. ( Brassens)
Dans mille ans nos descendants se moqueront peut-être de nos croyances actuelles qu’ils nommeront superstitions tout en s’inclinant devant de nouvelles divinités qui les pousseront sans doute à s’égorger à nouveau pour leur plaire. Les religieux ne sont pas raisonnables.

 Les Rationalistes objecteront :

- Ne cherchez pas, pourquoi perdre son temps à penser qu'il puisse y avoir autre chose après ? Il n'y a rien à voir, c’est le néant !
Le néant ? Peut-être, mais en sont-ils si sûrs ? Les scientifiques des siècles précédents n’ayant jamais vu de bactéries, virus, ondes radios ou téléphoniques, niaient la réalité de leur présence autour de nous, ce qui ne les empêchait pas d’exister. Rationnels et certains de tout savoir de l’univers, ils ne connaissaient ni trous noirs, ni Quasars, ni big bang originel et pensaient que les comètes étaient des objets annonciateurs de catastrophes, ce en quoi ils se trompaient du tout au tout. Les rationalistes sont trop cartésiens et manquent d’imagination.

- Saint Augustin dirait malicieusement : si tu cherches c'est que tu as déjà trouvé !

Laissons chacun dire ce qu'il voudra. Ni croyant ni athée et considérant qu'absence de preuves absolues ne signifie pas preuve absolue de l'absence, curieux de découvrir par moi-même la vérité ou tout au moins satisfait d’avoir essayé, j'adoptai une troisième voie plus centriste :  

 - Instruire l'affaire à charge et à décharge pour tenter de démêler le vrai du faux, fidèle ainsi à ma première règle de vie : Pour progresser dans la connaissance il faut d’abord douter et ne jamais croire une information sans l'avoir vérifiée par soi-même.
Cette règle de vie vous parait évidente ? elle est très difficile à respecter, comptez le nombre de fois où vous l'avez contournée dans une journée et les problèmes que cela vous aura occasionnés.
N'étant ni Tertullien ni Saint Augustin (encore lui) auxquels on prête (à tort semble-t-il) la réflexion suivante concernant la résurrection : " C'est absurde et j'y crois justement parce que c'est absurde ", et la réalité étant après tout ce qui continuera à exister même lorsque l'on aura cessé d'y croire j'entamai une enquête rationnelle susceptible d'éclairer le sujet.


Mes recherches furent rigoureuses sur la forme et sans tabou sur le fond.
 J'espère qu'elles vous intéresseront.




   Questions.


Tout d'abord redéfinissons la finalité de notre recherche :
- Notre Être, cet Ego, ce Moi, cette personnalité unique dans tout l'univers constituée d'un esprit contenant notre vécu, nos souvenirs, nos affections, nos amours, nos joies, nos douleurs, nos qualités et nos défauts, intégré dans un corps fait de chair et d’os est-il susceptible de ressusciter après la mort et revivre éternellement, à défaut sombrerons-nous dans le néant ou y aurait-il une autre hypothèse ?
 Définition de l’Etre infiniment plus complète, vous en conviendrez, que celle issue de la pensée de Pascal :
- Qu’est-ce que le Moi ? Un homme qui se met à sa fenêtre pour voir les passants.

Selon Aristote, le vrai courage consiste à ne pas se poser les questions qui ne trouveront jamais
de réponses.
Je pense exactement le contraire, bien que conscient d'un fait : personne n'aura avant longtemps, peut-être jamais, de réponse claire capable de résoudre définitivement ce mystère défiant l'entendement humain.

 Avoir cité Pascal et Aristote pour étaler ma pseudo-culture comme tout autodidacte complexé soucieux de rivaliser avec les détenteurs de diplômes ne nous a guère avancé, sauf à nous faire comprendre que les questions se révéleraient plus importantes que les réponses.

 Je dressai donc la liste des énigmes à élucider.
(Pour alléger la présentation la liste se ponctuera par un seul point d'interrogation final.)

- D'autres personnes, en état de mort imminente ou non, ont-elles vécues la même aventure
- Qu'ont-elles vu à cette occasion
- Ont-elles développé des facultés mentales extraordinaires
 - Leur psychisme en a-t-il été modifié
- Cette modification éventuelle peut-elle essaimer et déboucher à terme sur une humanité différente

- Qu'est-ce que l'âme
- Quel rôle joue le cerveau dans cette histoire
- La survie de l'esprit après la mort est-elle compatible avec les lois de la physique, si oui quelles sont celles susceptibles de s'appliquer au phénomène.
- Même question avec la résurrection de la chair.
- Même question avec l'intervention d'un créateur
- Qu'ont révélé de leur passage dans l'au-delà les humains revenus de la mort, par exemple Lazare ou la fille de Jaïre

- Que disent de tout cela les principales religions occidentales.
- Qu'en disent les religions et philosophies orientales

- Quelle serait la finalité ultime ou l'avantage évolutif lié à la survie éternelle de chaque être humain  
- Quelle conclusion pouvons-nous tirer de tout cela ?

Ouf !  

Ce sujet pouvant remplir plusieurs livres je resterai très synthétique pour ne pas lasser les lecteurs impatients et conserverai une raisonnable humilité dans les tentatives d’interprétations et les conclusions proposées qui ne seront pas réponses mais suggestions sans aucune prétention.
 Au boulot !



 Les suggestions


 Questions, et réponses suggérées :

-  D'autres personnes, en état de mort imminente ou non, ont-elles vécues la même aventure ?
  Une abondante littérature décrit le phénomène qui nous préoccupe.
 Les progrès fulgurants des services de réanimation ont permis de faire revenir à la vie bon nombre de gens en état de mort imminente qui seraient décédés définitivement il y a encore cinquante ans.
 Dans les années 70 des expériences réalisées sur des sujets drogués au LSD ont conduit aux mêmes résultats, mais sans modification durable des facultés intellectuelles ou émotives.

- Qu'ont-elles vu à cette occasion ?
Voici ce que disent les revenants.
 Ils décrivent à peu près tous (sauf moi) le même processus :
- Décorporation : Sortant de leur enveloppe corporelle, planant au-dessus du sol ils voient leur corps allongé et les efforts des soignants pour les ramener à la vie.
 Les yeux ne sont donc pas indispensables pour voir, hors du corps nous conserverions toutes les facultés liées à nos sens !
- Passage par un tunnel noir, arrivée dans un lieu très lumineux, accueil par un être d'amour.
- Sensation de grand bonheur, liberté, possibilité d'embrasser de l'esprit une connaissance illimitée, certains disent avoir vu pendant leur décorporation la marque d'un matériel médical située à un endroit inaccessible pour le commun des mortels.
(Pour vérifier cette affirmation une enveloppe scellée contenant un mot tenu secret a été collée contre la vitre d'un bloc opératoire par un médecin consciencieux et suspicieux, nul revenant n’a pu dire jusqu’à ce jour quel était ce mot.)
- Déception au moment de réintégrer leur " guenille " terrestre.

- Ont-elles développé des facultés mentales extraordinaires - Leur psychisme en a-t-il été modifié ?
Nombre d'entre eux décrivent l'acquisition d'une mémoire fabuleuse et voient leur vie être changée par l'aventure. Ils deviennent, disent-ils, émotionnellement plus accessibles aux autres, modifient définitivement leurs priorités et leurs valeurs. Beaucoup développent des facultés de médium.
Première remarque : L'épreuve parait toujours positive pour les morts imminents, aucun ne décrit l'apparition de démons. La mort et ce qui suit seraient donc doux.
 Cette constatation n'est pas sans conséquence comme nous le verrons plus tard.



- Cette modification éventuelle peut-elle essaimer et déboucher à terme sur une humanité différente ?
L’humanité semble jouir d’une universalité de pensée, un inconscient collectif. Sans se connaître, situées à des milliers de kilomètres les unes des autres des civilisations développèrent des solutions identiques à certains problèmes.  De nombreuses découvertes (par exemple le vecteur de la bilharziose) se faisant toujours simultanément en plusieurs points du globe sans que les découvreurs se soient concertés, il semble que la race humaine possède la faculté de se transmettre des informations sans le vouloir, comme une douleur ou une sensation agréable partirait d'un orteil pour se diffuser de cellule en cellule jusqu'à l'ensemble du corps.
 Les nombreux revenants de mort imminente devraient donc propager inconsciemment leurs capacités émotionnelles nouvelles à l'ensemble de l'humanité qui deviendrait moins matérialiste, plus recentrée sur les vraies valeurs.

On constate exactement le contraire.
Les hommes courent de plus en plus vite à leur perte, la race s'éteindra bientôt ne serait-ce que par la baisse de fertilité de la population soumise aux polluants si rien ne change rapidement.


Qu'est-ce que l'âme - Quel rôle joue le cerveau dans cette histoire ?

Si l’âme existe, ce qui reste à démontrer, elle est un concentré de nous, une définition assez juste et intéressante serait peut-être : une conscience extérieure à notre corps communiquant avec lui par une interface, le cerveau.
Celui-ci joue sans doute un rôle déterminant dans cette affaire, nous reviendrons en détail sur ce sujet plus loin. 

- La survie de l'esprit après la mort est-elle compatible avec les lois de la physique, si oui quelles sont celles susceptibles de s'appliquer en la matière ?

 Un phénomène extraordinaire, " l'intrication quantique ", l'un des mystères les plus troublants de la mécanique quantique a été mis en évidence dans les années trente :
 Deux systèmes physiques, comme deux particules, se retrouvent enchevêtrés en un état dans lequel ils ne forment plus qu'un.
 Toute action sur l'un des composants du système affecte instantanément l'autre et ce quel que soit l'intervalle qui les sépare, même à des années lumières de distance.

 Explication : imaginons deux hommes habitant l'un sur une planète A et l'autre sur une planète B distante de plusieurs années-lumière, c'est à dire qu'il faudrait plusieurs années à la lumière se déplaçant à 300 000 kms par seconde pour faire le trajet entre eux.
Maintenant marchons sur le pied de l 'habitant de la planète A.
 L'habitant de B ressent la douleur dans son pied instantanément malgré les milliards de milliards de Kms qui les séparent.
 Ceci est réputé impossible, rien ne peut voyager plus vite que la lumière. Cette affirmation n'est pas tout à fait exacte, en réalité rien de ce qui a une masse ne peut voyager plus vite que la lumière.
Dans notre exemple on ne transporte pas de la matière d'un point à un autre, notre système ne communique instantanément qu'une information, donc cette opération n'est pas opposée aux lois physiques.

 Résumons et osons une hypothèse : 
On peut donc envisager le fait suivant, dès notre naissance nous serions intriqués avec un système supérieur.
Notre conscience appelée l'âme serait extérieure à notre corps, le cerveau servant d'interface. Notre esprit, c'est à dire les informations qu'il détient et constitue notre " moi " profond (nommé également "ego") pourrait ainsi se retrouver immédiatement réintégré au système supérieur, appelons le " Dieu ", dès la mort de notre corps.
 Le fameux tunnel et la lumière décrites par les revenants ayant vécu une expérience de mort imminente serait le « trou de ver » décrit par Einstein, raccourci entre deux points de l’univers, passage vers une autre dimension prédite par la théorie des cordes ou …une autre explication moins exaltante, nous en reparlerons.
A ce stade de la réflexion je considère finalement que la survie de l'âme des hommes telle que nous l'avons définie est raisonnablement concevable, les lois connues de la physique ne s'y opposent pas.

 - Même question avec la résurrection de la chair.

Maintenant voyons si notre chair pourrait ressusciter, c'est-à-dire revenir de la mort à la vie.

Dans l'univers rien ne se crée rien ne se perd tout se transforme. Notre corps est composé de milliards de cellules provenant du recyclage des cellules de millions de générations d'êtres vivants de toutes natures et de toutes époques : végétales, animales, microbiennes etc…
Chaque être se maintient en vie en mangeant un peu ou tout de la vie des autres.

 Les règles de la physique qui régissent notre existence sont loin d'être toutes comprises, elles changent peut-être en fonction des échelles, l'infiniment petit n'obéit pas aux lois de l'infiniment grand, pour l'instant les théories ne collent pas avec les observations mais nous avons une certitude absolue : le temps ne s'écoule que dans un sens, sauf en ce qui concerne la lumière.
 La lumière a deux états, elle est onde et corpuscule, curieusement son état varie et se superpose selon qu'elle soit observée ou non. Elle était onde, observée elle devient corpuscule et ceci en revenant à son origine, voyageant ainsi dans le temps. Sidérant non ?
L'observation n'est donc pas neutre, elle devient partie intégrante de la chose observée et la modifie.                                                                                                                                                         L'univers est-il là uniquement parce que nous sommes là pour le voir ?
 Sommes-nous là uniquement parce que le créateur nous observe inlassablement ?
 Questions vertigineuses…

 Revenons aux propriétés des choses ordinaires : un être meurt et disparait, ses constituants continuent à exister et se transforment en une autre chose, un autre être.

Notre corps est composé d'une myriade de cellules constitués d'atomes âgés de 13 milliards 800 millions d'années, à deux ou trois jours près. Ces atomes ont peut-être  été une partie d’étoile, poussière, arbre, plantes insecte, dinosaure, Pierre, Jacques ou Paul dans un passé lointain.
Pourquoi ces cellules redeviendraient-elles vous plutôt que Pierre, Jacques, Paul ou Marie à qui elles ont appartenu ?

 Même le créateur de l'univers, s'il en existe un, ne pourrait se soustraire aux lois physiques qu'il a mises en place sans tout casser, lois si fines et parfaites qu'il suffirait d'une variation infime de l'une d'elles pour que l'univers et la vie n'existe pas.
Un exemple : pour les étoiles puissent s'allumer et générer la vie il faut une différence de masse d'au moins 0.14% entre protons et neutrons, à 0.13% l'univers que nous connaissons n'existerait pas.
Le neutron pèse... 0.14% de plus que le proton. Coïncidence ou acte délibéré ?

 Dieu étant forcément d'une autre nature puis qu’immortel, omniscient, immanent, doué d'ubiquité et de mille autres particularités, il ne peut donc pas intervenir dans les affaires des hommes sans risque pour sa création, au même titre que deux particules, une de matière et l'autre d'anti-matière s'annihilent dans une explosion impressionnante dès qu'elles sont en contact.
 Il est impossible de violer les lois physiques de l'univers sans risquer de le voir disparaître, même le créateur s'il y en a un ne peut s'affranchir de cette réalité.
 Il n'intervient d'ailleurs jamais malgré les prières, non par désintérêt mais par précaution sauf à considérer que " hasard " serait le mot qu'il emploie pour intervenir incognito.

Bien sûr en utilisant notre ADN nous pourrons revenir à la vie sous notre forme exacte, mais il s'agira alors d'un clone. Sera-t-il nous ou une image, parfaite peut-être, mais une autre personne, or ce qui nous intéresse dans la vie éternelle est que ce soit notre être tel que nous l'avons défini précédemment qui survive.
 Dès le moment où notre esprit aurait survécu il suffirait de le réinsérer dans ce corps pour que nous soyons à nouveau vivants, conscient de notre existence passée.
Ma deuxième conclusion m'amène à risquer une hypothèse osée : la résurrection de la chair n'est pas certaine mais n'est finalement pas impossible contrairement à ce que je croyais avant cette réflexion.
Voici donc un peu d’espoir.


 - Qu'ont révélé de leur passage dans l'au-delà les humains revenus de la mort, par exemple Lazare ou la fille de Jaïre ?

S’agissant de revenants de l’antiquité tels Lazare, la fille de Jaïre et autres exemples bien connus de morts revenus à la vie, ils sont muets sur l'au-delà alors qu'ils devraient être intarissables sur le sujet.
Au sujet de Lazare les textes sont clairs :  " il n'a rien dit au sujet de l'Hadès (séjour des morts), soit qu'il ne lui ait pas été donné de voir exactement les choses de l'au-delà, soit que, les ayant vues, il ait reçu l'ordre de ne pas en parler."
J’aimerais comprendre ce que signifie : « il ne lui ait pas été donné de voir ». Soit il était dans l’au-delà et le voyait, soit il n’y était pas, soit quelqu’un lui a bouché les yeux, sachant à l’avance qu’il reviendrait rapidement dans le monde des vivants ?
Beaucoup n’en disent rien car en réalité ils n’ont rien vu puisqu’ils n’étaient vraisemblablement pas morts :
Avicenne, médecin génial persan et musulman du 11e siècle (période bénie où l'Islam produisait plus de médecins, mathématiciens, philosophes, astronomes que de petits voyous s'auto-proclamant martyrs après avoir assassiné pour rien des inconnus rebaptisés mécréants) fut un jour intrigué par la démarche titubante d'un homme portant un lourd fardeau.
Après quelques minutes l'homme s'écroula, inerte, mort aux yeux de tous. Le rituel musulman prévoyant un enterrement dans les 24 h suivant le décès les préparatifs à la cérémonie commencèrent immédiatement.
Avicenne confectionna un suppositoire rudimentaire avec du miel solide et l'introduisit dans l'anus du mort, au grand scandale de la famille qui s'apprêta à le lyncher.
Deux minutes plus tard le défunt revint à la vie, terrassé par un coma hypoglycémique il fut sauvé par le sucre absorbé par ses muqueuses.
Avicenne s'empressa de s'enfuir avant d'être réduit en morceaux, une moitié de l'assistance le prenant pour une divinité capable de vaincre la mort, l'autre moitié considérant que cette guérison miraculeuse ne pouvait être due qu'à une intervention satanique. La bêtise est universelle et de tous les temps.
Cette aventure rappelle point par point l'histoire de  la fille de Jaïre " morte "  un jour de Kippour, jour de jeûne et de pardon des péchés.  La jeune fille aurait été victime d'un même coma hypoglycémique, d'où le fameux diagnostic posé par Jésus : « elle n'est pas morte : elle dort » suivi de l'injonction « qu'on lui donne à manger ».
 L’espérance de vie moyenne au temps de Jésus étant de 31 ans, il n’est pas idiot de penser que le moindre médecin moderne passerait pour un magicien satanique ou divin aux yeux de ces populations antiques dont les croyances se sont perpétuées jusqu’à nos jours et influencent encore la vie de milliards d’êtres humains.


 - Que disent de tout cela les principales religions monothéistes ?

La science devrait se limiter à chercher comment sont les choses et les religions à dire pourquoi ces choses sont ainsi.  Ces rôles ont parfois été intervertis dans l’Histoire, en général   cela a fini dans la douleur (Voyez Galilée ou  Giordano Bruno !)
Voici ce que disent les religions sur le sujet de la vie après la vie.


La majorité des religions monothéistes professent la vie éternelle après jugement, réel espoir ou fonds de commerce ?

* La nouveau testament dit :
 - La mort est un accident que Dieu n’a pas voulu. Elle est une erreur de parcours qui ne fait qu’engendrer de la souffrance. La mort n’est donc qu’un passage. Les morts continuent à exister, sous une autre forme. En fait, ils attendent la fin des temps de l’humanité lorsque Dieu procédera au jugement final des hommes et le tri de ceux pouvant ou non prétendre à la vie éternelle. Le Messie ayant précédé et démontré aux hommes par sa résurrection que la mort est vaincue.
 Saint Paul écrit : " Si le Christ n’est pas ressuscité notre foi est vide. "
On peut interpréter également cette proposition ainsi : "ma foi ne peut être vide donc il est ressuscité."
 Ce qui n'est pas rassurant et change beaucoup de choses.


* Le Coran décline les bonnes raisons de croire en la vie après la mort :
- Tous les prophètes de Dieu ont invité leur peuple à y croire.
- Quand une société humaine est bâtie sur les fondements de cette croyance, elle devient pacifique et dépourvue de lourds problèmes sociaux et moraux. 
 - L’histoire témoigne du fait qu’à chaque fois que cette croyance a été niée et rejetée collectivement, par une société, en dépit des avertissements répétés de son prophète, cette société a été châtiée par Dieu, même en ce monde.  
- La conscience morale, esthétique et rationnelle de l’homme est en parfaite harmonie avec cette croyance. 
 - Les attributs de justice et de miséricorde de Dieu n’auraient plus aucune signification si la vie après la mort n’existait pas.
   Je ne vois pas là de preuve absolue mais simplement des incitations à croire.

*  Le judaïsme s’articule autour de l’existence d’un Dieu unique, de la survie de l’âme et de la résurrection des morts.

Les trois religions monothéistes " occidento - moyennes-orientales " font donc une promesse métaphysique presque identique : résurrection du corps et de l'esprit, vie éternelle sous son ancienne forme après le jugement !
Les anciens Égyptiens avaient déjà conceptualisé et formalisé l'idée de jugement. Que peut bien cacher cette notion ?
 Pour moi elle sent furieusement l'envie de crédibiliser en la déformant l'affirmation selon laquelle l'homme a été créé à l'image de Dieu. (Et Dieu dit : Faisons les hommes pour qu'ils soient notre image.)
 Nous inversons la proposition en suggérant un Dieu à notre image, calquant notre représentation de l'être suprême à notre imperfection en voulant absolument le doter de toutes nos petitesses (jalousie, méchanceté, rancune …)
Comment concevoir un éventuel créateur sous les traits d'un mesquin petit comptable tenant des fiches, recensant les actions bonnes et mauvaises, tendant des pièges en proposant des petits plaisirs de l'existence rebaptisés péchés pour ensuite nous les reprocher ?
Il faut, me semble-t-il, voir le jugement autrement si jugement il y a :
Chaque humain est une maison dont les volets sont ouverts ou fermés et le soleil de l'amour divin, s'il existe, luit à l'extérieur de cette maison.
Ouvrons nos volets et le soleil nous illuminera, gardons-les fermés et nous croirons que l'extérieur est dans les ténèbres.
Nous avons donc la faculté d’exercer notre propre jugement : accepter ou refuser pour toujours cette vie éternelle divine et vivre indéfiniment près ou loin d’elle, comme nous jugeons acceptable ou non l'invitation d'un voisin que nous aimons ou détestons.
  Le paradis et l’enfer ne seraient pas donc pas des lieux de récompense ou de punition mais des endroits neutres où se regrouperaient spontanément ceux qui partageraient des visions et des aspirations identiques ce qui parait raisonnable, des bourreaux pourraient-ils vivre éternellement près de leurs victimes ?
 Bien sûr cette notion d'un auto jugement parait contraire à tous les dogmes mais semble plus conforme à une relation avec un être supérieur et parfait.


   la résurrection ?


Allons plus loin dans notre raisonnement concernant la résurrection de la chair au moyen de quelques questions simples :
Quand
Qui
Combien

Quand : à la fin des temps ! bon, il faudra bien nous contenter de la réponse. Fidèles à notre engagement de curiosité cherchons tout de même à imaginer quand se produira la fin.
Définissons d'abord cette notion :
 Si l'on parle de la fin de la race humaine les motifs d'extinction ne manquent pas :
  Réchauffement climatique, guerre nucléaire, pandémie, catastrophes écologiques,  effondrement des sociétés, chute d'astéroïde, éruption d'un ou plusieurs supers volcans, intelligence artificielle dévoyée, ou tout simplement baisse inéluctable de la fécondité. Notre disparition pourrait donc intervenir à tout moment.

S'il s'agit de la destruction de la planète les dates sont plus certaines, le soleil deviendra une géante rouge et absorbera la terre dans un milliard et demi d'années environ.
 La Bible prédit : loin de subir une catastrophe ou dépendre de l’implosion du soleil l'humanité provoquera elle-même sa disparition.
 On peut craindre que ce jour ne soit pas très éloigné.
Signalons à titre documentaire que le Christ a annoncé plusieurs fois la fin des temps avant que sa génération ne passe, nous sommes toujours là.

Qui sera ressuscité ?
Les homo-sapiens ayant passé avec succès l'écueil du jugement ?
Quid des hommes de Florès, de Denisova et des Néandertaliens, si proches de nous qu'ils nous ont légué par métissage environ 4% de notre patrimoine génétique ?
La résurrection bénéficiera -t- elle également aux homo erectus, homo habilis et autres précurseurs du genre humain inconnus à ce jour ?

: Le royaume de Dieu étant annoncé sur cette terre, quelques chiffres :
Le nombre des homo-sapiens ayant vécu sur terre depuis l'origine jusqu'au 31 12 2017 est estimé à 108 000 000 000 (cent huit milliards)
La surface des terres émergées de notre planète est égale à 150 millions de kilomètres carrés dont la moitié est occupée par des déserts, des glaces, des lacs et des montagnes. Reste donc 75 millions de kms2 carrés utilisables.
Une simple division permet d'obtenir la surface attribuée à chaque habitant (homo-sapiens seuls) soit 695 m2. (Si la résurrection se produit dans 100 000 ans le résultat est tout autre, nous allons être serrés !)
En utilisant le même calcul on constate que la surface actuellement utilisée par chacun des humains habitant la terre est de 10 711 m2 … et tous ne mangent pas à leur faim.


 - Qu'en disent les religions et philosophies orientales

Les occidentaux ont tendance à considérer les religions orientales (Bouddhisme, Hindouisme, Taoïsme, Confucianisme etc…) comme des philosophies, ce qui me semble être un compliment.

La religion est un intermédiaire, interprétant et transmettant les lois divines (relegere signifiant « relire ») puis reliant verticalement (religare signifiant « relier ») l’homme à son créateur dans une relation dominant/dominé.
 L’intermédiaire finit par se prendre pour le commanditaire et tout homme ayant du pouvoir étant porté à en abuser les dérives sont nombreuses.

La philosophie signifie littéralement « amour de la sagesse et du savoir », il s’agit donc d’un rapport horizontal, un partage égalitaire, une transmission entre un maître et un disciple destiné à dépasser parfois son mentor.

Religions ou philosophies, que disent-elles ?
 Lorsque nous mourons, l’esprit avec toutes les tendances, les préférences, les capacités et les caractéristiques qui ont été développées et conditionnées pour cette vie, se réincarnent dans un nouvel être.
L’individu issu de cette réincarnation évolue et développe une nouvelle personnalité conditionnée à la fois par les caractéristiques mentales qui ont été reportées de la vie précédente et par l'environnement nouveau.
Cette personnalité va changer et sera modifiée par l’effort et le conditionnement des facteurs conscients comme l’éducation, l’influence des parents et de la société, mais une fois de plus, à la mort elle se réincarnera dans un nouvel être.
Ce processus de morts et de réincarnations douloureuses continue jusqu'à ce que les facteurs mentaux d'avidité et d'ignorance disparaissent.
 En atteignant cet état de disparition des désirs, au lieu de renaître l'esprit atteint un état appelé Nirvana, état de béatitude parfaite visant à l'absorption définitive de l'individu dans l'âme universelle.
 Il est difficile pour un occidental de concevoir exactement le concept de Nirvana, il ne s'agit pas d'un paradis où notre Ego autonome et permanent vit après la mort mais une absorption d'un non-moi dans un Absolu.
Ouf, tout le monde suit ?
Il vous apparaît clairement que notre recherche d'une troisième voie, ni résurrection de l'Ego ni disparition dans le néant est ici atteinte. Cette vision des choses me plait assez et parait être la plus raisonnable et crédible.

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Nous n’avons pas encore parlé des athées, à ne pas confondre avec les agnostiques.
 Les agnostiques ne savent pas, ils cherchent et espèrent.
 Les athées ne croient pas. En général, n’ayant pas à complaire à des Ayatollahs forcenés prompts à discerner des mécréants à tous les coins de rue, ces braves gens sans foi mais respectueux des lois et pétris de valeurs humaines tentent rarement de convertir leurs contemporains à leurs idées par la force et n’égorgent pas les récalcitrants.
 Ils demandent simplement à vivre en paix, rendant humblement à César ce qui appartient à César et ne rendant rien à Dieu auquel ils ne croient pas, ce qui me semble être leur droit le plus élémentaire.
« Je suis athée Dieu merci » disait Lichtenberg qui ne manquait pas d’humour.
 Il y a de nombreuses formes d’athéisme mais toutes nient l'existence de Dieu et rejettent les religions, certaines croient à une mort éternelle, d'autres à une vie éternelle ne serait-ce que par une survie dans l'esprit de ceux que les disparus ont aimé.
Pour eux les enfants sont l'au-delà de leurs géniteurs.

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Quelle serait la finalité ultime ou l'avantage évolutif lié à une survie éternelle de chaque être humain ?
Sur notre planète depuis toujours les espèces du vivant prospèrent ou disparaissent selon l'adaptation de chacune au milieu qui l'entoure.
L'évolution est la différence morphologique et génétique transmise d’une génération à l’autre entre ascendants et descendants. Certains caractères évolutifs donnant un avantage à celui qui le possède, il devient mieux adapté à un milieu changeant, se reproduit plus que ses concurrents et transmet ce caractère évolutif à ses descendants.

Ressusciter des gens ayant déjà existé serait une régression contraire à l'esprit de l'évolution et leur permettre d'accéder à une vie éternelle bloquerait le concept d'évolution qui ne serait plus nécessaire. La résurrection interviendrait donc au moment où le créateur estimerait que nous sommes devenus parfaits dans un environnement forcément immuable.

Si la résurrection n'apporte pas d'avantage évolutif quel serait le but ultime de la résurrection ?





  l’Amour ?



Si la résurrection n'apporte pas d'avantage évolutif quel serait le but ultime de la résurrection ?
J'ai tourné longtemps la question dans ma tête, puis une réponse m'est apparue, lumineuse :

Peut-être tout simplement l'amour.

 Quel père, quelle mère, ne souhaiterait pas un bonheur éternel pour ses enfants, même ceux qui les ont rejetés ?

En parlant de père (ou mère) et d'enfants, face aux prétentions de certains je ne résiste pas au plaisir de vous faire part de cette petite réflexion :
Dans une famille nombreuse, chaque enfant veut non seulement être aimé mais être le préféré. Chaque peuple ou religion revendique donc le statut de peuple élu, race supérieure ou religion préférée de son créateur, et se distingue des autres par des rituels codifiés, des appellations, des interdictions ou obligations vestimentaires, alimentaires, sexuelles, des formules, pensant ainsi mériter le titre de chouchou.

J'ai trois enfants, deux fils et une fille.
 Deux sont nés en Isère le dernier à Lyon.
 Le premier me nomme "Papa chéri que j'aime à la folie" (espérons que ces paroles ne dépassent pas ses pensées), la seconde "Papounet", le troisième "Padre".
Quel est celui ou celle que j'aime le plus ?
Pour une fois la réponse est évidente, je les aime tous autant sans distinction de sexe, d’origine malgré le nom différent qu'ils me donnent.
Vous comprenez où je veux en venir ?
Moi, petit homme imparfait, serais capable d'un tel exploit : aimer ses enfants à égalité malgré leurs différences, alors qu'un être parfait préférerait telle religion le nommant Dieu, Jéhovah, Allah ou autre et faisant tel signe pour l'adorer, privilégierait tel peuple élu originaire du Sud plutôt que venant du Nord ou d'ailleurs et soumettrait le genre féminin à la domination des mâles ? (Je me marrerais s'il se révélait que Dieu soit une femme.)
Nous voyons encore là notre obstination à imaginer un Dieu ressemblant à notre image la plus noire.

 Il semble évident que la réalité est toute autre : l'être suprême crée des enfants, il respecte leur libre arbitre, la liberté de faire ce qu'ils veulent de leur vie et laisse le choix de le rejoindre ou non à la fin des temps.


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Blaise Pascal cherchait des réponses, il pensait les avoir trouvées au terme de cette équation :

Si Dieu existe et que je n'y crois pas j'ai tout à perdre
Si Dieu n'existe pas et que je n'y crois pas je n'ai rien à gagner
Si Dieu n'existe pas et que j'y crois je n'ai rien à perdre
Si Dieu existe et que j'y crois j'ai tout à gagner

Conclusion : j'y crois

Notre ambition était plus modeste.  Si Pascal trouvait facilement des réponses, nous nous sommes seulement posés des questions ce qui nous a évité de proférer des énormités.
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Arrivés au bout de nos interrogations, ou presque, il nous faut maintenant revenir au problème fondamental générateur et justificateur de toutes ces réflexions ayant procuré un bonheur sans mélange à certains(nes) et un grand mal de tête à d'autres. 
Allo quoi ! dirait la délicieuse Nabilla.

Pourquoi certains rescapés d'une mort imminente décrivent-ils tunnel, lumière intense, être d'amour et acquièrent-ils de nouveaux pouvoirs psychiques ?

Je ne vois que deux réponses à ce phénomène :

  Il existe un passage vers l'au-delà


Ou…




 le désespoir ?


 Notre cerveau nous trompe sans cesse, réinvente constamment le passé, brouille le présent et nous fait redouter souvent le futur.
J'ai déjà observé une de ses tentatives de manipulation, il essayait de trouver une explication à une sonnerie de téléphone pendant mon sommeil et de l'intégrer dans un rêve crédible pour éviter mon réveil brutal.
N’a-t-il jamais créé de faux souvenirs nécessaires à votre équilibre psychique, par exemple vous donner le beau rôle dans un conflit au cours duquel vous savez avoir été minable, de fausses impressions d'avoir déjà vu certains endroits ou déjà vécu certains épisodes de votre vie ?
N'a-t-il jamais mystifié chez vous certaines perceptions des choses, généré hallucinations olfactives, visuelles, auditives ?

Nous aboutissons donc à une deuxième hypothèse moins exaltante :
Tous ces phénomènes sont peut-être une tentative ultime de ce cerveau, grand illusionniste manipulateur, d’édulcorer notre fin dont l'idée lui est insupportable.
 Totalement en souffrance et en panique, cherchant désespérément une consolation il revient à des moments heureux de notre existence, le plus spectaculaire étant le fameux tunnel débouchant sur une lumière qui serait… la sortie du corps de notre mère, l'arrivée dans ce nouveau monde si lumineux, accueilli par cet être d'amour qu'est une maman.
 Cette vision serait donc simplement au tout dernier moment de notre vie une réminiscence de notre naissance, le cerveau fusionnerait en un seul événement les deux moments les plus spectaculaires de notre existence, naissance et mort et la boucle serait bouclée.

Mais alors quid des propriétés exceptionnelles acquises, mémoire, décorporation, modifications émotionnelles ?
Les capacités du cerveau sont encore mal connues, traumatisé brièvement mais intensément il est peut-être capable, sous l'action d'un déversement brutal et incontrôlable d'hormones de défense, de donner à événement exceptionnel réponse exceptionnelle, réveillant ainsi des potentialités physiques et mentales endormies mais préexistantes.
 Qui n'a jamais couru bien au-delà de ses possibilités habituelles face à un danger immédiat ?
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 Chacun jugera selon ses impressions de la pertinence de ces modestes pensées.
 J’ai été heureux de partager ce moment avec vous et je vous remercie de m’avoir accompagné dans ce délire. Se poser ce type de questions n’est pas commun dans notre société d’éternels adolescents attardés se grisant aux paradis artificiels et cachant soigneusement la réalité de la maladie, la vieillesse et la mort.

Il me reste maintenant à conclure subjectivement un propos qu’il était difficile de maintenir très objectif.



 l’Espérance ?



Cette fameuse nuit de novembre 1958 je n'ai pas vu de tunnel, de lumière aveuglante ou d'être d'amour.  Je marchais simplement dans un champ couvert de fleurs colorées et odorantes, tout simplement … et j'ai beaucoup aimé cela.
Le jour de ma mort je partirai pour l’inconnu, terrifié mais toutefois curieux et plein d’espoir.
 Aux rares amis et parents qui arroseront mon départ de quelques larmes affectueuses je dirai :
- Pourquoi pleurez-vous, pensez-vous que nous sommes immortels ? Poussière nous étions, poussière nous serons, mais poussière d’Azur, cendres de chimère, escarbille d’étoile, étincelle divine.
Nous avons cherché Dieu toute notre vie, nous ne l’avons pas trouvé et ne savons toujours pas s’il existe ni, dans l’affirmative, ce qu’il est. La seule chose dont je suis certain c’est qu’il ne ressemble pas à ce que les religions nous en disent. Elles ne savent pas voir, imaginant vainement pouvoir discerner son regard dans les yeux éteints du plâtre des statues. Prétentieuses, elles l’imaginent nous ressemblant, enfermé entre les quatre murs des églises, temples, mosquées ou autres lieux de prières, édictant des obligations, des interdictions et nous surveillant tel un petit garde-chiourme tatillon.
Nous ne l’avons trouvé nulle part car il est sans doute partout, dans le brin d’herbe, le vent du soir agitant les feuilles des arbres, le coucher de soleil flamboyant, le coléoptère, la fourmi, vous et moi.
Nous le pensions loin, il est peut-être tout près, blotti au fond de notre cœur, lieu où nous allons rarement il sait que la cachette est bonne.
 Peut-être nous dira -t-il à son tour : si tu me cherchais c’est que tu m’avais déjà trouvé !

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Au moment de l’ultime voyage s’il n’y a que le néant tout ce que je viens d’écrire n’est que verbiage inutile, les bruits et les fureurs de nos guerres de religions ne sont que bêtises et méchancetés gratuites.
 Dans le cas contraire je me pardonnerai moi-même de n'avoir été que ce que je suis.
 Alors peut-être mon Père éternel ou ma Mère céleste me prendra-t-il ou elle dans ses bras en me murmurant tendrement :

  serre- toi tout contre moi, ne te juge pas sévèrement
 Tu as fait pour le mieux, je t'aime comme tu es.
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     " Ta vie ne fut qu’un rêve, viens, rejoins père et mère
Tu peux quitter ce monde et ne rien regretter
J’ai tiré du néant ton destin éphémère
Pour te combler d’amour durant l’éternité."


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Cette histoire est extraite du livre vendu sur Amazon, Fnac, Cultura etc...


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site web     http://serge.boudoux.fr 



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