jeudi 19 septembre 2019

Petite histoire horrible : L'illusion des sosies.







Cette histoire est authentique.

31 Mars 2018.

Demain sera Dimanche de Pâques avec bénédiction Urbi et Orbi  (pour la ville et au monde) à la clé.

Mon père m'appelle pour la troisième fois :
- Sébastien, viens manger !

Pour tout le monde il est mon père, en réalité l'homme qui s'impatiente dans la cuisine lui ressemble tête coupée mais il n'est pas mon père. Même regard gris bleu, carrure et taille identiques, même façon de s'habiller mais on ne me la fait pas. Mon paternel avait des cheveux noirs, une vue perçante, un visage lisse, une taille plutôt mince, la chevelure de l'imposteur tire sur le gris depuis quelque temps, des rides plissent la peau autour de ses yeux devenus un peu plus sombres, un petit ventre commence à boudiner sa chemise et il chausse des lunettes pour conduire.

Il a réponse à tout, il explique à ma mère :
- Il ne fait pas bon vieillir, on ne peut pas être et avoir été.

Ben tiens donc. Remarquez, quand je dis “il explique à ma mère” la réalité serait plutôt : à la personne qui prétend être ma mère. Ils sont vraiment forts ceux qui ont fomenté le complot contre moi, le sosie de ma mère connaît tout de ma vie, elle est capable de raconter des anecdotes de ma petite enfance mais comment pourrais-je vérifier si elle m'a donné le sein jusqu'à mes huit mois ? Quelquefois elle pleure en me regardant, on jurerait qu'elle a de la peine mais je sais bien que ce sont des larmes de crocodile, quelle comédienne !

Ils auraient dû se méfier, un jour ou l'autre je leur ferai payer la disparition de mes vrais parents et les souffrances qu'ils m'infligent.
Quelles souffrances demandez-vous…me faire hospitaliser chez les fous, la réponse vous suffit ?

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Décembre 2017.

Déjà j'avais observé un comportement bizarre chez certains clients du magasin Leclerc.
Lors de mon arrivée, à la sortie des caisses des couples riaient. Prudents ils faisaient ceux qui discutaient entre eux et se gardaient bien de croiser mon regard mais je savais bien qu'ils se moquaient de moi.

Les caissières me demandaient :
- Bonjour comment allez-vous ?
C'est un signe, non ? Qui avait pu leur dire que je n'allais pas très bien si ce n'étaient les organisateurs du complot ou pire, peut-être faisaient-elles partie des gens chargés de me persécuter.

Une rumeur me concernant circulait sur les réseaux sociaux j’en étais sûr, mais les racontars devaient être cryptés, impossible de les trouver. Chez moi des vêtements rangés d'habitude à droite se retrouvaient à gauche, on voulait ainsi me déstabiliser et me faire passer pour un débile.

Ils sont forts !

Comment auriez-vous réagi ? Moi un jour j'en ai eu marre de tous ces gens qui riaient de moi ou qui m'en voulaient, alors j'ai répondu à une caissière :
- Qu'est-ce que ça peut vous faire de savoir comment je vais ?

Son petit sourire pincé m'a énervé alors je l'ai prise par le col de son chemisier et l'ai traitée de salope. Deux vigiles m'ont entraîné dans un bureau et ont appelé mes parents.
C'est ce jour-là que les deux imposteurs sont arrivés, ils se sont fait passer pour mes parents et m'ont ramené à la maison. Ils avaient la voiture, les clés, se sont installés tranquillement comme s'ils étaient chez eux, j'ai demandé :
- Où sont mon père et ma mère ?
- Tu ne nous reconnais pas ? ont-ils répondu.
- Vous leur ressemblez mais on ne me la fait pas, bande d'escrocs. Toi ne t'assieds pas sur le fauteuil de mon père où je te pète la gueule !
Ils ont appelé le docteur R….
Tenez-vous bien, il faisait partie du complot lui aussi. Il m'a fait une piqûre de tranquillisants et a écrit une lettre pour un psychiatre,
un psychiatre pfff… ça continuait.

Le psy a longuement discuté avec moi. Au début il était plutôt sympa, puis sournoisement il m'a demandé si j'entendais quelquefois des voix. J'ai commencé à me méfier de lui, s'il ne faisait pas partie du complot comment saurait-il que j'entends parfois une voix qui me conseille maintenant de détruire les imposteurs ?

Elle me dit à l'oreille :
- Ils ont pris la place de tes parents, s'ils disparaissent tes vrais père et mère reviendront et tout sera comme avant.

Après notre entretien il a expliqué aux deux escrocs que j'étais atteint d'une schizophrénie qui avait débouché sur un syndrome de Capgras appelé également illusion des sosies. En réalité il voulait les protéger et m'éliminer puisque je sais la vérité.

La chose qui se prétend ma mère a beaucoup pleuré mais cela ne l'a pas empêchée de me faire enfermer dans un service spécialisé.
Chez les fous ! Moi qui suis capable de réciter dans l'ordre la liste de tous les rois de France depuis François Ier et donner le nom de leurs maîtresses (leurs favorites dit-on), moi qui connais la nature de la matière noire, le secret des anciens Égyptiens pour construire la grande pyramide et peux même réaliser bien d'autres prouesses intellectuelles !

Ils ont beau me dire :
- Tu n'es pas chez les fous mais dans une unité spécialisée qui saura te guérir.
Me guérir de quoi ? Je ne suis pas malade et ne supporte plus tous ces dégénérés autour de moi.
Ils croient que je suis dupe de leur manège.
La voix dans ma tête m'a suggéré :
- Tiens-toi tranquille pour endormir leur méfiance et agis comme si tu reconnaissais les deux imposteurs comme tes parents.

À l'entretien d'évaluation j'ai dit au médecin de l'hôpital :
- J'ai envie de revoir ma mère et mon père, ils me manquent. C'est ma maladie qui m'interdisait de les reconnaître mais grâce à vous maintenant je vais mieux.
Il a signé une permission de sortie pour Pâques.

Samedi 31 mars 2018. 8 heures du matin.
Les deux escrocs sont venus me chercher, je les attendais de pied ferme. Depuis trois jours je faisais mine d'avaler les cachets censés éliminer toute agressivité en moi mais les gardais sous la langue et les recrachais dans les WC dès que l'infirmier tournait le dos. En réalité il faut que vous le sachiez, ces médicaments ont pour finalité de me tuer à petit feu, il n'y a nulle violence dans ma tête je veux simplement libérer mes vrais parents.

Par contre il est bien évident que si la douceur ne suffit pas il me faudra envisager d'autres stratégies.

La femme a dit :
- Tu as une permission de sortie pour le weekend de Pâques, ton père et moi on est trop contents, tu verras on sera bien tous les trois à la maison.
Elle s'est collée contre moi, a tenté de me prendre par le cou, je l'ai repoussée, des larmes coulaient sur ses joues, elle m'énerve de constamment faire semblant de pleurer.

L'homme ressemblait furieusement à mon père mais il avait des cheveux gris, des rides qui plissaient ses yeux, des lunettes sur le nez et un petit ventre commençait à se deviner, ce ne pouvait être mon père. Pour la troisième fois il m’a appelé :
- Viens manger Sébastien.
Je lui ai adressé un beau sourire :
- Oui papa.
Ils se sont regardés heureux, sûrs d'avoir gagné ! 


Leur joie m'a donné envie de vomir. Il faut bien reconnaître que la femme est bonne cuisinière, comment avaient-ils pu deviner que j'adorais le gigot d'agneau et la purée avec beaucoup de jus de viande versé dans le cratère de pommes de terre écrasées bâti dans mon assiette ?
Peut-être avaient -ils torturé mes vrais parents pour leur arracher des informations ?
Ils sont vraiment forts !
Après le repas ma fausse mère a dit :
- Il me faut faire quelques courses pour demain, je vous laisse entre hommes, vous devez avoir des tas de choses à vous dire.

Dès son départ le faux père a proposé :
- On se boit une petite prune mon garçon ?
- Avec plaisir, non ne te dérange pas, attends je te sers !
En sortant son paquet de cigarettes, il a accepté le salopard.
Mon vrai père va être furieux à son retour qu'on ait bu sa prune de vingt ans d'âge et fumé ses Marlboro ! 
Je me suis levé, le grand couteau de cuisine était là tout près, complice, il me tendait son manche. L'imposteur me tournait le dos, je lui ai planté plusieurs fois la lame dans le cou pour démolir le masque et voir ce qu'il y avait derrière, le sang giclait partout, Urbi et Orbi.
La voix dans ma tête m'a dit :
- Bien joué, tu peux être soulagé tu as fait ton devoir, maintenant à l'autre.

En attendant le retour de la femme j'ai retroussé la manche du cadavre de la chose pour vérifier quelque chose. Sur son avant-bras gauche ils avaient même reproduit le grain de beauté de mon père.
Ils sont vraiment très forts !
À moins que ce ne soit réellement mon père…
Avec la voix nous devons en discuter sérieusement.

J'ai fermé la porte à clé et suis descendu dans la rue.
 Le soleil brillait, les gens me regardaient bizarrement.
 Pour la première fois j'ai commencé à me disputer avec la voix, mais elle m'a vite
recadré :
- Ils sont tellement forts qu'ils arrivent même à te faire douter, heureusement je suis là, pense à tes vrais parents qui attendent leur libération, tu es le seul à pouvoir les sauver !
Elle n'a pas tort. Je me suis excusé d'avoir douté. Elle ne m’en a pas tenu rigueur, heureusement elle est patiente avec moi.

Quand les policiers sont arrivés ils m'ont retiré le couteau que je tenais encore à la main. Il est inutile d'essayer de leur expliquer mes motivations ils ne m'écouteront pas, ils font sûrement partie du complot eux aussi. 
Il paraît que l'imposteur a reçu trente et un coups de couteau dans le cou et le dos.
Trente et un coups de couteau, ils en ont rajouté juste pour me faire passer pour un sanguinaire, c’est un signe non ?
Ils sont vraiment très très forts !

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- Le médecin de l'hôpital qui avait signé ta permission de sortie non surveillée a été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire, m'a dit mon compagnon de cellule.

La justice est enfin de mon côté, tous les espoirs sont permis.
Ils ne sont pas aussi forts que je le pensais !




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Cette histoire est extraite du livre vendu sur Amazon, Fnac, Cultura etc...


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site web     http://serge.boudoux.fr 



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