samedi 23 novembre 2019

Un Envoûtement ?












Histoire vraie. 


Lyon, juin 1999.



Jean Marc.

Madame Ginette hochait la tête, manifestement soucieuse à la vue des cartes retournées : numéros 15, 12, 22, le Diable, le Pendu et le Mat.
Il faut reconnaître que le résultat de ce second tirage faisant suite au précédent au cours duquel beaucoup de cartes néfastes étaient sorties démontrait que la situation était préoccupante.
- Il n'y a plus aucun doute, vous êtes victime d'un envoûtement, me dit-elle.
J'en étais sûr, il y avait trop longtemps que cela durait.

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L'armée m'avait viré, stoppant net ma carrière de maître-chien, aucune femme ne voulait rester avec moi, je ne gardais aucun emploi pourtant mes potes buvaient autant que moi et conservaient le leur.
Bon je vous accorde que la tendresse n'est pas particulièrement mon point fort, mais une baffe de temps à autre ne peut pas expliquer que mes copines me quittent régulièrement après quelques semaines de vie commune et je me suis toujours bien tenu à mon travail de chauffeur de cars scolaires. Jamais un accident ni le plus petit accrochage à déplorer, même quand la bière et le cannabis obscurcissaient un peu mon esprit. Les enfants se tenaient à carreaux dans mon bus, je sais me faire respecter.
                                                                                                               
J'ai commencé à me douter de quelque chose lorsque mon dernier employeur, pourtant brave type, m'a licencié en me conseillant " d'aller voir quelqu'un" pour avoir donné un coup de boule à un ado mal poli. Les parents s'étaient plaints, on se demande comment les gens élèvent leurs gosses, si un jour j'en ai un il aura intérêt à marcher droit !

Aller voir quelqu'un ? Ne comprenant pas ce qu'il voulait dire j'ai sollicité l'avis de ma nièce qui interroge chaque matin son jeu de tarots avant de démarrer sa journée.
Gravement elle a réfléchi et m'a donné l'adresse de Ginette, spécialiste en voyance, désenvoûtement et retour d'affection, elle habite un petit appartement au rez de chaussée d'un HLM de la banlieue de l'est lyonnais.

A la première consultation elle m'a vendu un gros lézard empaillé, 150 €, en me conseillant de l'installer dans la boîte à gants de ma voiture, tête dirigée vers le volant, d'après elle les mauvaises ondes seraient ainsi neutralisées.
Mon neveu qui m'avait emprunté un jour la voiture frôla la crise cardiaque en ouvrant ma boîte à gants. Découvrant ce monstre prêt à lui sauter dessus, il l'a jeté aux ordures.

De toutes façons cela n'avait pas suffi, ma dernière conquête m'a quitté après deux semaines de tension maximale, elle est partie à temps car après trois ou quatre bières et quelques chichons j'avais envie de la tuer !
 C'est quand même révélateur que quelqu'un m'a fait quelque chose, non ?

Au second rendez-vous Ginette sembla soucieuse à la vue des cartes retournées : numéros 15 12, 22, le Diable, le Pendu et le Mat.
Le résultat de ce second tirage démontrait que la situation était préoccupante.
- Il n'y a plus aucun doute, vous êtes victime d'un envoûtement, me dit-elle.

Elle insista pour visiter mon appartement, seule, et découvrit derrière la cuvette du w c une petite boîte en carton contenant un crapaud desséché entourée de papiers revêtus de signes mystérieux, preuve supplémentaire d'après elle de la malédiction pesant sur moi. Le rituel de purification de mon habitation nécessita un versement supplémentaire de 150 €, les esprits épurateurs ne travaillant pas gratuitement il faut les encenser sans mégoter.

A la troisième consultation je retournai plusieurs autres cartes apparemment funestes et la conclusion fut sans appel :
- L'envoûtement provient d'une femme brune qui vous en veut, son nom comporte ou commence par la lettre L.
J'ai réfléchi et passé en revue la dizaine de compagnes ayant partagé mon existence plus ou moins longtemps. Une seule correspondait à la description de Ginette, une certaine Laurence, infirmière libérale que j'avais un peu cognée après deux mois de cohabitation. Punition bien méritée, elle avait refusé de me servir mon apéro devant mes copains. La honte pour moi !
 Vous auriez vu sa tête après la correction hé hé ! ça valait bien les quinze jours de prison avec sursis dont j'avais écopé.

Je ne l'avais jamais revue. Cela faisait bien cinq ans que nous nous étions perdus de vue.
Grâce aux réseaux sociaux je l'ai localisée sans difficultés, une infirmière libérale doit un peu communiquer pour son business, elle ne se cache pas. Elle habite à une vingtaine de kilomètres de mon domicile. Après quelques repérages discrets j'ai constaté qu'elle était maintenant maman d'une jolie petite fille.
Elle aurait pu se tenir tranquille, mais non, je ne sais pas pourquoi elle me poursuivait de sa haine ? Pourquoi m'avoir envoûté ? Les femmes sont incompréhensibles.
En tout cas, je ne vais pas me laisser faire.

- Le feu est un remède souverain contre les sorcières et les envoûtements, a dit Ginette.
Elle m'a proposé d'acheter une poupée de chiffons (150 €) qui représenterait l’Envoûteuse. Dotée d'un sortilège mystérieux (100 €) et jetée sur un bûcher plus ou moins Vaudou constitué d’herbes magiques (100 €) le problème serait réglé.
Tout ceci me parut compliqué et bien trop coûteux.
Je tournai le problème dans ma tête. Après quelques bières et deux chichons la solution m'est apparue, évidente et économique…

 Un matin, après un certain nombre de petits verres de tequila et un peu de shit pour me donner du cœur au ventre j'ai aspergé Laurence avec cinq litres d'essence (7 €) et craqué une allumette.

 Un voisin l'a éteinte avec l'extincteur de l'immeuble et en l'entourant d'une couverture.
Tenez-vous bien, cela n'a pas suffi, la malédiction continuait à me poursuivre, le voisin avait noté l'immatriculation de ma voiture, la police m'a retrouvé et arrêté dans la soirée.
 Si même le feu n'agit plus sur les envoûteuses où va-t-on ?

Mon compagnon de cellule prétend que Ginette me manipule et me prend pour un con.
- L'infirmière n'y est pour rien, bois moins et arrête de fumer la moquette tu n'auras pas tous ces problèmes, à 35 ans tu devrais quand même réfléchir un peu, m'a-t-il dit.
 Il n'a rien compris, il est très bête, s'il était intelligent il ne serait pas en prison pour une escroquerie minable !
Moi c'est différent c'était un cas de légitime défense.

 Dès ma sortie de préventive qui ne saurait tarder car mon avocat commis d'office a détecté une erreur de procédure lors de ma garde à vue, puisque le feu est inefficace j'envisage de noyer Laurence pour que ça s'arrête.

mercredi 20 novembre 2019

L'échangiste





Mon prénom ( prédestiné) est Richard.
J'aurai 58 ans en juin. Angélique, 36 ans, rencontrée sur internet vit avec moi depuis deux ans et demi. Nous habitons une maison magnifique dans le quartier Cannes Californie.

Patron d'une grande agence immobilière et d'une société de marchand de biens à Cannes, je brasse beaucoup d'affaires, manipule de grosses sommes d'argent et gagne très bien ma vie.
 Issu d'une famille pauvre mon enfance fut difficile, alors ayant toujours peur de manquer j'accumule les placements monétaires et immobiliers, c'est un peu maladif chez moi.
 Sécurité avant tout telle est ma devise !

 Voici mon secret pour gagner gros sans trop de risques :
 Après avoir repéré dans mon fichier clients un appartement proposé par un propriétaire aux abois (suite à divorce, chômage, maladie etc…) pressé de vendre, je signe immédiatement à titre personnel un compromis avec faculté de substitution et de nombreuses conditions suspensives, le tout à un prix bien au-dessous de celui du marché.
 Les malheurs des malchanceux de la vie font les affaires des riches, c'est ce que l'on appelle le ruissellement, théorie chère à notre nouveau président qui ne s'attendait vraisemblablement pas à ce que ce système fonctionne surtout dans ce sens !

 Je fais traîner un peu les demandes de prêts et profite des délais légaux pour tenter de revendre plus chers les biens avant de les avoir achetés.
 Il m'arrive même de céder mon compromis à un confrère ayant un acheteur, ceci bien sûr moyennant une commission occulte ce qui est totalement illégal, mais occulte signifie : pas vu pas pris.
En cas de réussite des transactions, ma société (bénéficiant de frais de notaire réduits et d'une exonération de taxe sur la plus-value ce qui n'est pas négligeable) se substitue à moi et termine l'opération, dans le cas contraire un refus de prêt me permet de résilier mes engagements.
Dans cette hypothèse le propriétaire en péril financier qui comptait percevoir rapidement ses fonds se retrouve alors dans une situation catastrophique, des amis à moi rachètent sa propriété pour une bouchée de pain moyennant une honnête rétro-commission en espèces nommée en jargon du métier : du chocolat. 
Gagnant sur tous les tableaux ! Vous avez compris ?

Ces activités de marchand de biens (ou de mal) étant quand même risquées tous mes actifs sont depuis peu au nom d'Angélique en qui j'ai maintenant une confiance absolue.
 Au terme d'un montage sophistiqué elle est devenue l'actionnaire principale et la présidente de ma société, une SAS (société à actions simplifiée) dénommée " L'immobilière du soleil " au sein de laquelle j'occupe modestement le poste de directeur commercial salarié cadre.
N'étant pas officiellement dirigeant (les dirigeants de société n’ont pas droit aux allocations versées aux salariés) en cas de perte d'emploi je percevrai de grosses indemnités de chômage, j'ai pensé à tout. La société m'a accordé un salaire important et une Porsche de fonction !
Angélique est également actionnaire majoritaire d'une SCI propriétaire d'un joli immeuble proche de la Croisette et de deux maisons cossues dont celle que nous occupons en qualité de locataires, elle roule en Lotus Elise qu’elle a préféré à une Audi Q5, « la Lotus est plus féminine » a-t-elle affirmé.

  En cas de problème (certains propriétaires teigneux et désespérés se rebiffent parfois quand je résilie le compromis), mauvaises affaires ou revers de fortune on ne pourra rien me prendre puisque je n'ai rien à mon nom sauf le bail de location. Sécurité avant tout !
Vous avez suivi ?

 Le comptable qui m'a conseillé ce montage m'a dit en plaisantant : statistiquement vous avez moins de risque de vous faire dépouiller par votre compagne que par le fisc ou des créanciers éventuels ! J'ai beaucoup ri, ayant toute confiance en elle.
Pour le moment financièrement tout va bien.
Fin de l'histoire alors ? Non.

Le problème est d'ordre plus intime. Depuis quelque temps je m'ennuie sérieusement avec Angélique, au lit ce n'est plus comme aux premiers jours. La routine est mauvaise pour la libido et elle est de plus en plus "coincée".
 Ne l'ayant jamais trompée, question d'éthique personnelle, il n'est pas envisageable pour moi de prendre une maîtresse comme me l'a conseillé mon ami Nicolas. Il parait que pour lui la solution fut fort bonne, il s'éclate avec sa maîtresse et n'a jamais eu autant envie de sa femme. Changement d'herbage réjouit les veaux !

Un autre ami m'a soufflé une autre solution qui semble le satisfaire, l'échangisme. Il m'a glissé à l'oreille une adresse ou des couples " libérés " se retrouvent en toute discrétion.
Après plusieurs jours d'hésitations avec beaucoup de précautions oratoires j'en ai touché deux mots à Angélique.  Deux mots pas trois, elle m'a immédiatement calmé, très catho elle ne plaisante pas avec la morale.
- Arrête tout de suite, il n'est pas question que je te regarde "baiser" une autre et je n'accepterai jamais qu'un autre homme me touche.
Un ange passa, les ailes chargées de réprobation.
Elle a rajouté après quelques secondes d'un silence lourd de reproches :
- Tu pourrais supporter qu'un autre homme me déshabille, me caresse, m'embrasse ou même me pénètre ?
Effectivement, annoncé comme ça c'est dur à entendre, moi j'envisageais plutôt le côté soft, par exemple une belle inconnue " s'occupant" de moi et d'Angélique en même temps.
Je bredouillai des excuses bidon, prétextant quelque plaisanterie, mauvaise j'en convins.

Trois mois plus tard, notre situation sexuelle continuait à se dégrader. Nous avions encore des rapports intimes (horrible expression), mais ils étaient de plus en plus espacés et le peu qui subsistait n'était guère satisfaisant. Pour tout dire, je m'emmerdais et voyais bien qu'Angélique, nouvelle marquise des anges artificiels venus d'un faux septième ciel, simulait le plaisir avec application et difficulté lorsqu'elle ne trouvait pas d'excuses pour se défiler au moment du sacrifice hebdomadaire, ce qui me contrariait beaucoup et m'humiliait.
Nous étions les acteurs d'un mauvais film, toujours le même, dont nous connaissions à l'avance le début, le milieu et la fin…décevante et amère.

Je tentai alors une nouvelle manœuvre d'approche, argumentant qu'on pourrait au moins jeter un coup d'œil sur les activités des gentils échangistes. Quelquefois regarder les autres faire des cochonneries excite autant que les faire soi-même, le plus gros organe sexuel de l'homme restant tout de même le cerveau.
Après m'avoir fait promettre que personne ne nous toucherait elle accepta à regret d'aller voir ce dont il s'agissait.
Je réactualisai mes informations auprès de mon ami qui me donna quelques conseils, une mise en garde que j'entendis à peine et le mot de passe indispensable à l’ouverture des portes de ce lieu de perdition fantasmatique.
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Ce samedi soir était doux et parfumé. Arrivés à la discothèque la X… dans l'arrière-pays j'annonçai discrètement au Cerbère gardien de l'entrée, outre le nom de notre parrain, le sésame qui devait nous permettre d'accéder à ce nouvel Eden sulfureux. Il me répondit :
- Ici c'est donnant gagnant, qu'avez-vous à échanger ?
 Je lui montrai subrepticement Angélique restée en retrait, il la jaugea d'un regard de marchand de bestiaux, à ce moment sans ma peur de passer pour un dégonflé nous serions repartis. Après avoir encaisser le montant exorbitant du ticket d'entrée il consentit enfin à nous introduire dans l'endroit magique.

  C'était une grande salle en sous-sol à laquelle on accédait par un escalier connu uniquement des habitués souhaitant exercer d'autres activités plus physiques et intimes que la danse.
 De gros rideaux rouges épais couvraient les murs, il faisait très chaud. Une odeur de parfums lourds, de transpiration et de sperme flottait dans l'air, une musique entêtante et exotique couvrait à peine les gémissements et les cris surgissant par moments de la quasi obscurité. Des préservatifs offerts par la maison étaient disséminés sur des présentoirs.
Au fond de la pièce sur une petite estrade bien éclairée une femme se déshabillait, à ma grande surprise deux hommes nus vinrent la rejoindre et entreprirent de la prendre en sandwich. Tétanisé je n'en croyais pas mes yeux et bientôt mes oreilles lorsqu'elle se mit à hurler son plaisir, Angélique restait collée à moi, sans doute inquiète.
Un jeune couple vint échanger quelques mots, difficilement vu le bruit ambiant. Comme nous ils étaient novices en matière de troc humain.

Lorsque nous sommes partis, soulagés de constater que personne ne nous avait agressés, j'étais très excité. Ma surprise et mon bonheur furent complets quand ma marquise me demanda de garer la voiture dans un petit chemin et dégrafa ma braguette pour me faire, maladroitement, ce qu'elle pensa être la fellation du siècle.  La nuit fut presque coquine, moins ennuyeuse que d'habitude.

Vous l'avez compris, nous pensions avoir trouvé là notre équilibre et sommes rapidement passés du statut de timides débutants à celui de vieux briscards de l'échangisme, jusqu'au jour où…

J'avais déjà remarqué qu'Angélique ne respectait pas la règle que nous nous étions fixés sur les conseils de certains anciens : changer chaque fois de partenaire pour ne pas s'attacher dangereusement.
Moi j'aimais surtout regarder, mais un colosse blond aux yeux bleus surnommé pour cela " le Norvégien" par les hommes et " le Concombre " par les femmes, sans doute en hommage à son organe surdimensionné, semblait très intéressé par ma monnaie d'échange. Il guettait manifestement notre ou plutôt sa venue et s'empressait chaque fois de la prendre par la main dès notre arrivée avec des allures de propriétaire pour l'entraîner dans la pénombre.
 Je pris discrètement quelques renseignements sur lui, il ne travaillait pas, vaguement gigolo il aimait, semble-t-il, vivre aux crochets des dames aisées roulant en belles voitures et appréciant les beaux légumes. Pour accéder au paradis des échangistes il s'exhibait chaque fois avec une nouvelle conquête vulgaire, peu farouche et prompte à la permutation. 

 Le jour où je vis avec stupeur mon Angélique installée à quatre pattes sur l'estrade très éclairée se faire sodomiser par le Norvégien en hurlant sa jouissance au vu et à l'ouïe de tout le monde je fus à la fois très excité, à la fois mordu aux tripes par une terrible jalousie. Elle m'avait toujours refusé ce qu'elle appelait une perversité dégoûtante, elle avait vraisemblablement changé d'avis sur le sujet et n'avait plus trop de peine à composer avec la morale.
Nous fûmes cités en exemple par certains nouveaux et félicités pour notre ouverture d'esprit, bien que pour moi ce qui était désormais bien ouvert ne releva pas de l'esprit.

Arrivés à la maison je fis une suggestion : ayant retrouvé un bel équilibre sensuel nous pourrions maintenant nous passer de ces extravagances échangistes qui devaient rester, à mon avis, très passagères et commençaient à me dégoûter. Angélique ne répondit rien.
Le samedi suivant elle se pomponna, se parfuma, revêtit sa panoplie de femme fatale et piaffant d'impatience demanda :
- Tu viens ?
- Où ?
- Ben, comme d'habitude à la X…
Son image, nue à quatre pattes sur la scène, ne quittait pas mon esprit et la jalousie déchirait mon ventre.
- Non, ce soir je n'ai pas envie. En fait je n'ai, je n'aurai jamais plus envie je crois.
- Bon, moi j'y vais
- Non, reste avec moi on va s'éclater tous les deux.
Le regard qu'elle me lança me terrifia, il disait clairement :
- Pauvre type, si tu crois que tu peux encore me faire jouir détrompe toi, j'ai trouvé beaucoup mieux.
Elle est partie sans un mot de plus.
 Je ruminais, il fallait s'en douter, mon ami m'avait prévenu : au début les femmes ne veulent jamais faire de l'échangisme, on les persuade toujours avec difficulté et… on réveille un monstre en elles qui les pousse à ne plus arrêter.
Une heure plus tard ma jalousie, mauvaise conseillère, me poussa à aller crever les quatre pneus de la Lotus garée sur le parking de La X…
Dans la soirée je regrettai mon mouvement d'humeur. Au petit matin elle n'était pas rentrée, mortellement inquiet je l'appelai vingt fois, son portable ne répondait pas.  Le dimanche soir elle est arrivée, glaciale et m'a lancé :
- Le salopard qui a crevé mes pneus va le payer cher !
Elle a pris une douche et s'est enfermée dans une des chambres d'amis.

 Son comportement m'a énervé et terriblement déçu. Moi il ne faut pas me décevoir !

Le lendemain quand je suis revenu du boulot vers treize heures, ne pouvant ouvrir ma porte avec ma clé malgré tous mes efforts, j'ai sonné. Un colosse blond aux yeux bleus, le Norvégien, est sorti de ma maison avec deux valises à la main.
Il les a posées devant moi et m'a dit :
- Tu as une minute pour récupérer tes valises et déguerpir, à partir d'aujourd'hui, j'habite ici chez Angélique, toi tu n'as plus rien.
Il me dominait d'au moins dix centimètres en hauteur et cinquante centimètres en largeur ce qui réduisait considérablement mes velléités de contestation.
Angélique est sortie à son tour, le blond l'a prise dans ses bras, protecteur. Je n'avais jamais vu des yeux féminins exprimer autant de haine et de mépris, son vrai visage se révéla ce jour- là :
- La maison est à moi, les sociétés sont à moi, tout est à moi, toi tu n'es rien. Dès demain tu seras licencié et tu me rendras la Porsche, maintenant dégage de ma vue, petite bite, connard !

Petite bite, connard ? Je n'ai pas trop aimé ces qualificatifs qui ne me décrivent pas fidèlement.

Mon comptable avait tort, statistiquement on a plus de risques d'être dépouillé par sa compagne que par le fisc, celui-ci tombant rarement en pâmoison devant un concombre de passage.

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La nouvelle amoureuse a crié victoire trop tôt.
 Moi il ne faut pas me prendre pour un lapin de trois semaines, Angélique avait oublié ou n'avait pas réalisé que je lui avais fait signer des cessions de parts en blanc ainsi qu'une reconnaissance de dette dûment authentifiée correspondant au montant de la valeur des actions. Une heure plus tard   le service des impôts enregistrait les documents par lesquels je redevenais actionnaire majoritaire de la SAS l'immobilière du Soleil et de la SCI propriétaire, entre autres, de la maison cossue dont j'étais le seul locataire. Le tout sans débourser un centime.
 Vous avez suivi ?

 Adepte de l'échangisme, elle a échangé… une vie confortable avec moi contre une existence très précaire avec le Norvégien.

Celui-ci ne va pas être content, Angélique est maintenant vraiment à poil mais pas au sens qu'il souhaitait.
Elle n'a plus rien mais m'a menacé de tout révéler au fisc. Je cite ses paroles : " tes petites magouilles ainsi que les nombreux dessous de table perçus ces derniers temps vont beaucoup intéresser ton Contrôleur des Impôts ".
 Dessous de table ? Elle se croit encore dans les années 80, aujourd'hui on dit " chocolat " mais basta, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.

  Le lendemain matin j'ai passé un coup de fil pour organiser un rendez-vous impromptu qui va vous surprendre afin de museler l'Indiscrète.

 Le jour où les deux amants dépités ont rendu la Lotus et vidé les lieux qu'ils occupaient sans droit ni titre, le bail étant à mon seul nom, je lui ai transmis ce message (inspiré d'un certain Jean Richepin).


Regardez les vieux coqs jeune oie édifiante
Jamais vous ne pourrez monter aussi haut qu'eux
Et le peu qui viendra d'eux à vous c'est leur fiente
Les bourgeois sont contents de voir partir les gueux.


Elle m'a répondu, tirés également de Richepin et de Tristan Bernard (je lui ai tout appris) :

Regarde- moi passer, libre, fière, sauvage
Franchissant les rivières les vallées et les monts
Où mes désirs m'entraînent loin de tes esclavages
Où l'air que je respire détruirait tes poumons.

Tu vivras au château j'ai choisi la bicoque
 Sans doute serai-je gueuse, cependant
J'ai trente-six ans pauvre vieux coq
 Et je t'emmerde en attendant !

- Pfff, ces gens démunis et vulgaires n'ont vraiment aucune classe !

Deux jours plus tard le Norvégien m'a rejoint dans un bar pour recevoir son enveloppe contenant cinq mille euros en liquide.
 Je n'ai pas menti en disant que vous seriez surpris.
En comptant discrètement mais avidement les billets il s'est excusé de la grossièreté avec laquelle il m'avait mis à la porte de ma maison mais je l'ai rassuré, comment lui en vouloir, il avait bien honoré notre contrat en la persuadant de rester muette. Comme convenu lors de notre rendez-vous secret il la quitta le lendemain contre promesse d’une nouvelle enveloppe confortable, elle se retrouva ainsi à la rue. La pauvre, hé hé.
D'un inconvénient il faut savoir faire un avantage, il m'a bien débarrassé d'Angélique l'emmerdeuse.

Désespérée face à mon refus de la reprendre, je n’avais plus confiance, elle s'ouvrit les veines dans une petite chambre d'hôtel après avoir avalé un tube de Rohypnol.

 C'est la version officielle. Entre vous et moi, je l'ai un peu (beaucoup) aidée à se suicider, précaution et petite vengeance personnelle pour avoir menacé de me dénoncer au fisc, traité de " petite bite, connard " et avoir tenté de m'escroquer et me dépouiller.
 Son comportement m'avait vraiment déçu et moi il ne faut pas me décevoir !

 J'ai fait courir un bruit en ville prétendant que le Norvégien ne serait pas étranger à sa mort. Les gigolos sont toujours soupçonnés dans ces cas-là, calomnions, calomniez il en restera toujours quelque chose.
 Mon ami le commissaire m'a susurré à l'oreille qu'il allait s'occuper de lui, son arrestation ne saurait tarder.

 La police est intervenue trop tard, sans doute rongé par le remords a-t-on supposé il a sauté d'une fenêtre de son appartement du quatrième étage.
Des amis costauds qui, eux, n'avaient rien de personnel contre lui m'ont aidé à le pousser, moi j'avais besoin de le faire taire et le coup de la sodomie de ma copine devant tout le monde ainsi que le ton par lequel il m'avait mis dehors de ma maison m'étaient restés en travers de la gorge contrairement à ce que j'avais dit. Mentir à un ennemi n’est pas pécher.
La plus grosse part des cinq mille euros de notre " contrat " a été retrouvée et récupérée, il n'avait pas eu le temps de tout dépenser. Ce n'est pas très sport convenons-en mais les affaires sont les affaires.

Un mois plus tard Marie Charlotte, jeune et jolie rousse aux yeux verts rencontrée au club échangiste s'est installée chez moi.
 Il aurait été difficile de ne pas la remarquer. Authentique nymphomane elle était constamment entourée de plusieurs mâles nus et assidus, j'aimais regarder tous ces gars la prendre de tous les côtés et l'entendre crier.
 Sur le plan sexuel elle est beaucoup plus talentueuse qu'Angélique, avec elle il n'y a aucun risque d'ennui.
 Je vais bien m'éclater maintenant d'autant que n'ayant aucun sentiment pour elle ce sera comme m'offrir un joli pot de fleurs. Heureusement sur le marché de l'échangisme contrairement à celui des antiquités une potiche a une valeur intrinsèque pour sa beauté et non pour son ancienneté.
 Le fric permet de s’offrir une belle maison, une belle voiture, pourquoi ne se paierait-on pas une femme magnifique ?
Elle n'aura jamais le prix Nobel de littérature, mais comme disait Bécaud " pour l'amour on ne demande pas aux filles d'avoir inventé la poudre."

Dans quelque temps, lorsqu'elle aura mérité ma confiance, je lui vendrai les parts de mes sociétés en contrepartie d'une reconnaissance de dette correspondant à la valeur des actions.  Elle me signera également des cessions de parts en blanc.
 En cas de revers de fortune on ne pourra rien me prendre puisque je n'aurai rien à mon nom.
Vous avez suivi ?
J'espère pour elle qu'elle ne me décevra pas comme toutes celles qui l'ont précédée. Moi il ne faut pas me décevoir !

 Que dites-vous, je suis un beau salaud ? Je suis insensible à la flatterie !

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Il n'a aucun besoin de baisers sur ses lèvres
Et loin des songes vains, loin des soucis cuisants
 Possède pour tout cœur des finances sans fièvre
 Placements réguliers taux garanti dix ans.


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Cette histoire est extraite du livre vendu sur Amazon, Fnac, Cultura etc...


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site web     http://serge.boudoux.fr 




Une autre histoire la semaine prochaine ? Rendez-vous ici même !

vendredi 15 novembre 2019

08 99 34 27 18 : c'est cadeau vous dis-je !







 Geneviève.

 Je n'avais jamais eu de chances dans ma vie.
 Il y a quelques années mon mari bien-aimé disparaissait subitement sans laisser d'adresse me laissant seule pour élever notre enfant.

Comme on pouvait s'en douter la justice ne voulut pas "diligenter" de recherches, n'étant ni dépressif ni menacé sa disparition ne fut pas jugé préoccupante au sens légal du terme.
- Une personne majeure est libre d’aller et venir comme bon lui semble sans en informer nécessairement ses proches. Si cela peut être discuté moralement, juridiquement la liberté d’aller et de venir est fondamentale, m'a expliqué sentencieusement le policier.

 Depuis, notre vie est dure. Heureusement, habitant une vieille maison léguée par mes parents dans un hameau d'une petite ville de l'Isère, en lisière d'un bois, je n'ai pas de loyer à payer. Des petits boulots et des ménages nous permettent de survivre en comptant chaque euro. 

Un matin la chance m'a enfin souri.
La femme qui était au bout du fil semblait très sympathique. Avec un petit accent africain ou asiatique elle m'apprit que mon numéro de téléphone avait été tiré au hasard pour fêter l'ouverture d'un nouveau grand magasin, rue Lafayette à Paris.
  Comme trois autres familles j'avais gagné 3 000 € de cadeaux qui me seraient apportés à domicile par un livreur juste avant les fêtes de fin d'année.

 J'étais très réticente, prête à couper la communication mais elle m'a assuré qu'il n'y aurait rien à payer, nul besoin de souscrire un abonnement ni laisser de numéro de carte de crédit," tout est gratuit" a-t-elle martelé, presque fâchée ! J'entendais d'ailleurs en arrière-plan d'autres téléphonistes énoncer leurs gains aux autres veinards. 

Elle me pria d'écrire sur un papier la référence de mon dossier ainsi que le numéro de téléphone du service expédition à rappeler et me fit répéter ces informations pour être certaine que je ne me sois pas trompée en les notant.

 Pour moi qui comptais centime après centime pour joindre les deux bouts, trois mille euros étaient une vraie fortune et j'avais tellement envie d'y croire. Des larmes de joie brouillaient mes yeux, mon garçon vivrait enfin un vrai Noël de riches cette année !
Adolescent maintenant, il ne se plaignait jamais malgré notre vie difficile, le pauvre. Il rêvait de baskets Nike ou Adidas, tous ses copains en avaient, mais comment aurais-je pu les lui payer ?  

J'ai tout de suite appelé le service expédition, une autre gentille femme me demanda la référence de mon dossier et me dicta une liste impressionnante d'articles non alimentaires à choisir. Comme j'hésitais quelques secondes elle me proposa de réfléchir tranquillement et me mit en attente.
Cinq minutes après elle revint et me demanda le résultat de mes cogitations.
Très organisée et directive elle annonça :          
  - Parlons d'abord d'électro-ménager ne quittez pas je regarde si le robot que vous souhaitez est encore disponible.
Quelques minutes s'écoulèrent, elle revint, essoufflée.
- C'est bon, il vaut 229 €, il vous reste 2 771 €.  Parlons maintenant des baskets Nike pour votre fils, quelle taille et quelle couleur voudriez-vous ? Ne quittez pas je vérifie s'il en reste.

Cinq bonnes minutes se passèrent elle revint, toujours essoufflée
- Excusez-moi mais j'ai dû aller dans les rayons, vous avez de la chance c'était la dernière paire de cette taille et de la bonne couleur. Les baskets valent 159 € il vous reste 2 612 €.

Cent-cinquante-neuf euros une paire de baskets ! C'est dément mais il n'est pas très sage de vivre sans folie, alors soyons fous ! J'étais folle de joie à l'idée d’annoncer la bonne nouvelle à mon gamin.

Nous sommes restées ainsi plus d'une heure à choisir mes cadeaux, ce fut long mais pour 3 000 € ça valait quand même le coup.
Outre le robot ménager et les baskets Nike de mon gars le magasin allait m’expédier un blouson Kaporal, une veste à capuche Lacoste, un jean Levis, un sèche-cheveux, une tablette Apple, un téléviseur écran plat Samsung, un smartphone et même du champagne choisi parmi plusieurs grandes marques dont les noms m'étaient inconnus : Dom Pérignon plénitude à 315 € la bouteille, Cristal Roederer, Ruinart millésimé blanc de blanc à 140 € les 75 cl !

Chaque fois mon adorable correspondante allait vérifier la disponibilité de l'article, en plaisantant je lui dis :
- Vous allez bien dormir cette nuit, avec tous les déplacements que je vous oblige à faire vous devez être bien fatiguée.

Après l'avoir chaleureusement remerciée et raccroché j'étais aux anges, pour une fois mon fils et moi allions avoir un vrai Noël.

Une heure plus tard, mon opérateur téléphonique me transmettait un message :
Nous constatons un dépassement important de votre forfait.
Un dépassement important de mon forfait ? Mon cœur s'arrêta ! Emportée par la joie d'avoir gagné des cadeaux je n'avais pas réalisé, le numéro rappelé pour recontacter la gentille femme était le 08 99 34 27 18.
En fait de cadeaux l'arnaque à la communication surtaxée me coûta près de 130 € !
Moi qui comptais centime après centime pour joindre les deux bouts, j'en étais malade.

Pour Noël nous avons eu pour tout repas de fête un peu de pain trempé dans du lait chaud et en dessert mes larmes de rage, d'humiliation et de détresse.
La gentille femme avec un accent adorable a sans doute passé de bonnes fêtes de fin d’année avec mon fric, la Salope !
J'ai raconté ma mésaventure à mon garçon, il m'a prise dans ses bras, m'a consolée et a dit :
- maman je t'aime, quand je serai grand et riche tu pourras acheter tout ce que tu voudras.

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Maintenant il est grand. Devenu riche il ne vient plus me voir, il ne m'appelle même pas pour Noël, il a honte de sa pauvre vieille mère qui fait des ménages, je crois…

A moins qu'il n'ait découvert l'endroit où était enterré le corps de son père que j'avais empoisonné parce qu’il me trompait !

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Cette histoire est extraite du livre vendu sur Amazon, Fnac, Cultura etc...


 





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jeudi 31 octobre 2019

La soubrette du SOFITEL de New-York.














 Introduction. 

Le projet Icare

Une petite fable amusante bien connue issue de la mythologie grecque se révèle être très actuelle pour qui sait lire entre les lignes :
 Icare, prisonnier du labyrinthe construit par son père l'architecte Dédale, colla des plumes sur son corps pour s'évader par les airs.
 Grisé par le vol il s'approcha trop près du soleil, la cire servant de colle fondit et il tomba dans la mer qui porte désormais son nom, la mer Icarienne. Il s'y noya.
 Outre le fait que les lois les plus élémentaires de la physique interdisent un tel vol, il est à remarquer que plus on prend de l'altitude plus il fait froid, la légende est donc doublement fausse néanmoins la métaphore est juste : en se rapprochant du pouvoir sans précaution les imprudents se brûlent les ailes, leur chute est alors brutale et destructrice.

En voici une illustration.

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Première partie : La Sublimissime


 Installé à une table ronde du restaurant le « Carmine's Midtown » à New-York un petit homme enrobé plutôt laid mais charismatique, entouré d'une cour de cinq collaborateurs fustige son voisin de droite :
  -  Si vous comprenez ce que je viens de dire c'est que je me suis mal exprimé...

Il se fige soudain, bouche ouverte. Passe à un mètre de lui son fantasme absolu.

L'apparition arbore une robe identique à celle portée par Mireille DARC dans le film Le grand blond avec une chaussure noire, robe qui avait fait rêver une génération entière au début des années 70.
Se terminant en col montant le vêtement est très sage côté face mais très provocateur côté pile, découvrant ou plutôt dénudant un joli dos parfaitement musclé.
Une chaîne en or souligne la taille mince et la croupe somptueuse de l'inconnue.                                              
 Son entrée est princière. Les conversations deviennent murmures lorsqu'elle se présente côté face et s'éteignent totalement quand les hommes découvrent ce côté pile.
 Elle est sublime, belle à mourir avec sa natte, son cou gracieux, son visage d'ange, ses yeux bleus discrètement maquillés, la robe ne cache rien de son corps fabuleux, de sa silhouette parfaite. Ses seins pointent fièrement sous l'étoffe.
 Les autres femmes la détestent instantanément, Henri III le mal aimé aurait dit :
- Là où elle est, les autres ne sont rien.

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Le petit homme ne paie pas de mine mais il est très important.
 Il se nomme Karl Dachary - Sarrère tout le monde le surnomme KSD.
Il est provisoirement n° 2 d'une multinationale Française ayant des filiales sur tous les continents.
 Le PDG actuel atteint bientôt par la limite d'âge l'a chaudement recommandé au conseil d'administration pour sa succession.
KSD s'est ainsi retrouvé en position de dauphin et futur n°1.

Les mathématiques interviennent pour beaucoup dans les problèmes d'accession à un poste élevé :
Si N° 2 qui doit devenir N° 1 disparaissait, N° 3 deviendrait automatiquement N° 1 à son tour, c'est toutefois ce qu'il peut espérer.
 Tout le monde suit ?

Numéro 3 est donc en embuscade. Il a conçu un plan d'élimination de son rival baptisé un peu puérilement : Projet Icare !

Pour démolir un homme il suffit de s'adresser à ce qu'il a de pire en lui, ensuite le fruit pourrit tout seul.
 Il se trouve que le pire chez KSD est petite faiblesse commune à beaucoup d'Homo Sapiens, proches parents d'Homo Erectus, ne l'oublions pas :  Les Femmes.

    Le cerveau humain, merveille de la création ou de l'évolution, plus gros organe sexuel chez l'homme, fonctionne en interconnectant trois systèmes très différents :

 - Le cortical, siège de l'intelligence humaine fort de ses milliards de neurones câblés en arborescences se reconfigurant sans cesse.
 
 - Le limbique émotionnel.
                                                                                                                                            
 - Le reptilien gérant les besoins primaires. Ce dernier se comporte en tyran, prioritaire il prend le contrôle de l'ensemble des systèmes en cas d'urgence et contrairement au cortical agit en binaire : ouvert fermé, oui non, 0 1.

 Chez les femmes il semble que ce soit l'émotionnel qui l'emporte, chez les mâles c'est sans contexte le reptilien sinon comment expliquer certains comportements masculins incompréhensibles ?                                                                                                                                  

 Les Français se moquent comme de leur première dent des frasques amoureuses de leurs hommes de pouvoir ou d'affaires, mille ans d'histoire monarchique les ont habitués à être gouvernés par des souverains étalant leurs maîtresses au grand jour, ils considèrent cela avec bonhomie et même sympathie.
 Les anglo-saxons ne l'entendent pas de la même oreille : un homme marié ne doit pas sortir des sentiers battus ou doit éviter de se faire prendre en flagrant délire sensuel.
                                             
  Le mensonge matrimonial est un sport national en France et le mal absolu en apparence aux States. Tout le genre humain se souvient de Bill Clinton, homme le plus puissant de la planète, se faisant gronder comme un galopin devant les téléspectateurs du monde entier médusés au terme d'une enquête à 30 millions de dollars, à deux doigts d'être démis de sa fonction, traité tel un criminel pour une petite gâterie consentie par Monica qui aurait sans doute valu au "couillu" une ovation de la part des habitants de notre beau pays.

KSD avait bien compris le danger.  Partageant son temps entre USA où résidait son épouse et Europe, il se tenait strictement à carreau au pays de l'oncle Sam mais participait régulièrement à des parties fines organisées en son honneur en Belgique ou à Madrid, Paris, Lille.

 Les « réunions » avec les belles prostituées, rebaptisées "femmes du monde libertines" par son entourage, étaient organisées par certains cadres de la multinationale faisant ainsi une cour anticipée au futur PDG, ces "séminaires de travail" étant bien sûr remboursés sur notes de frais falsifiées, ce qui constitue un abus de bien social et un cas de proxénétisme hôtelier, ce dont tout le monde se fout en France.
 N°3 décida donc de monter son piège à New-York pour que le scandale ne passe pas inaperçu et soit éliminatoire, tout en sachant que KSD se méfiait de lui !
Le traquenard fut particulièrement vicieux et digne d'un championnat de billard.

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Le petit homme, nous l'appellerons désormais KSD ou Icare, se fige soudain bouche ouverte.  " Passe à un mètre de lui son fantasme absolu " - disions-nous.

 Son cerveau bascule en une seconde du mode cortical le plus sophistiqué au mode reptilien le plus basique.
 
 La fantasmatique apparition, entourée de tout le personnel de salle masculin disponible s'assoit à une table portant un carton" reserved ", sourit à l'entour comme une reine, son regard croise celui de KSD qui sent son esprit vaciller, empli immédiatement d'images inavouables.
   Le maître d'hôtel s'empresse auprès d'elle, la comble de compliments, lui demande si elle sera seule et tend la carte. Dans un anglais impeccable teinté d'un accent chantant, elle commande un veau parmiglia et un verre de Bordeaux Saint Emilion 2005.
-  Excellent choix, commente le garçon.
Elle décidera du dessert plus tard.

KSD hèle discrètement le maître d'hôtel, glisse cinquante dollars dans sa main.

Pour la commodité du lecteur, je traduis en simultané les propos échangés en Américain.
- John, pour l'amour du ciel qui est cette beauté ?
- Je ne sais pas Monsieur je vais me renseigner.
Il revient très digne et glisse à son oreille :
 - la réservation de la table de la dame en question a été confirmée il y a plusieurs jours par un mail provenant d'une société implantée en Suisse. Je ne suis pas autorisé à divulguer les noms.
- L'adresse mail de cette société se termine-t-elle par : point c h ou romandie.com ?
- Je vais vérifier Monsieur. Il revient toujours impassible 
- Romandie.com, Monsieur.

Icare a conscience que chacune de ses frasques peut le démolir lorsqu'il est aux States, il se méfie de toute personne venant de France.
Là il est soulagé, n'importe qui peut avoir une adresse se terminant par point ch., seule une personne habitant la suisse romande pouvant avoir une adresse : romandie.com, la Sublimissime est vraisemblablement de nationalité Suisse donc à priori sans danger.
D'autre part nul être au monde, sauf ses plus proches collaborateurs en qui il a toute confiance, ne pouvait savoir où il dînerait ce soir.
 Il ne le sait pas encore mais l'un d'eux, irrité et blessé par une cour éhontée faite à sa femme par KSD l’a trahi. 
                                            
   Il croit donc pouvoir développer une offensive sans craindre une embuscade. Les dieux aveuglent ceux qu'ils veulent perdre.

- John mon ami voulez - vous me faire plaisir ?
- Certainement Monsieur.
- Avez - vous du champagne français à température ?
- Evidemment Monsieur, Cristal Roederer, Moët ou Dom Pérignon ?
- Pouvez-vous servir une coupe de Cristal Roederer à la belle Suisse de ma part ?
- Certainement Monsieur le Président. Coupe ou flûte ?

La Sublimissime s'étonne de cette flûte de champagne qui atterrit sur sa table, John lui apprend le nom et la qualité de son généreux donateur.
Les beaux yeux bleus flamboient, vrillés dans le regard de KSD.  Pour un peu il lui sauterait dessus. 

 Elle lui porte discrètement un mini-toast poli en remerciement, boit une gorgée du breuvage magique et divinement bon.
 Le champagne est comme une femme, on découvre quelquefois avec agacement une certaine acidité inattendue qui fait grincer des dents, mais souvent le bonheur est sans limite.

 Une deuxième coupure à l'effigie de S. Grant et un papier plié en quatre atterrissent dans la main de John qui s'appelle en réalité Nathan. Dans les établissements où il a ses habitudes KSD surnomme tous les employés : John.
 Ils ne s'en offusquent pas, pour 50 dollars de pourboire la plupart des salariés veulent bien se prénommer Lucifer si cela lui fait plaisir.                                                                                                                                     
- John mon ami, voulez - vous porter ce petit billet à cette dame.
- Certainement Monsieur.
La reine de la soirée déplie le papier. Une main nerveuse a écrit un numéro de téléphone suivi d'une invitation élégante rédigée en Français :

 - Quand on vous voit on vous aime, quand on vous aime où vous voit-on ?

Belle entrée en matière, non ? Notez-la, elle peut vous servir.

Elle sourit, sort son portable et fait signe qu'elle va répondre.
Un SMS parvient à Icare, première station de son futur chemin de croix :

 Il est dangereux de m'aimer, je suis capricieuse laissez tomber.
Comment savez-vous que je parle Français ?

 Elle avait envie d'écrire :
" il ne faut pas aimer au-dessus de vos moyens affectifs ", mais elle ne veut pas le vexer, ce n'est pas son objectif, il faut résister tout en l'encourageant, elle sait très bien faire.

Sa réponse fait l'effet d'une banderille on ne contrarie pas le futur PDG, un homme qui manipule des milliards chaque jour, tutoie de nombreux présidents dans le monde, décide du sort de populations entières de salariés.
  Le ballet des textos se poursuit, interrompu épisodiquement par le service.

Il répond :
- Je sais presque tout sauf
 votre nom puis je me   
   permettre de
 vous le demander.

- Mon nom ne vous
Apprendrait rien,
 Appelez-moi Naupacté,
Je suis d'origine grecque.

Ce nom lui dit vaguement quelque chose, sans doute une nymphe ou une muse mythologique.

- Vous êtes seule ?
- A New York oui.

- Voulez- vous vous joindre à nous.

- Non merci.

Certains hommes ne doutent de rien. Icare est lucide sur son aspect physique banal mais il peut constater une réalité : il plait aux femmes, croit-il.                                                                                     A force de fréquenter les belles prostituées européennes baptisées " bourgeoises libertines " par son entourage il a fini par se croire irrésistible. Après tout Gainsbourg n'avait pas la belle gueule de Delon, il a tout de même eu dans son lit certaines des plus belles femmes du monde.

L'inconnue l'a tout de suite remarqué en rentrant dans le restaurant, il ressemble à la photo du dossier qui lui a été transmis, en un peu plus gros qu'elle ne se l'imaginait et un peu plus moche. Il a un visage fatigué mais dégage un charisme incontestable.
 L'affaire parait bien engagée, plus elle se refuse plus il s'obstine.

- Prenez au moins un verre
 avec nous après le repas.

- Non merci.

- Seriez - vous comme la poupée de
 Polnareff qui dit toujours non ?

- Quand la bouche dit non,
le regard dit peut-être...
- Que faut - il faire pour
entendre un oui franc et massif
 sortir de votre jolie bouche ?

- Ce soir quoi que vous fassiez
 ou demandiez ce sera non.

Une femme seule dans un restaurant exacerbe la libido et l'instinct de chasseur des mâles en présence, un second garçon dépose un papier devant elle, un autre admirateur s'est mis sur les rangs.
- You are wonderfull.

KSD a perçu la concurrence, il devient hystérique :

- Demain ?

- Peut-être
- Demain soir ?

- Je serai repartie pour Genève.
- Demain matin ?

- Pourquoi pas.
          - Puis je me permettre
 une invitation
 en tout bien tout honneur.

- Dites toujours.

- Je suis à l’hôtel SOFITEL ..., 44e rue,
Suite 2xxx., j'y ai un bureau,
un petit salon et une bouteille de
Cristal Roederer qui s'ennuie de vous.
Puis-je vous y espérer
 vers dix ou onze heures

Le terme bureau est tout de même moins agressif et plus convenable que le mot chambre.

- Vous ne pensez pas sérieusement
 que je vais accepter.

- Je ne pense qu'à ça,
 je suis un gentleman,
Je vous promets d'être
 très raisonnable et
 très respectueux.

- Dommage, mais bon
 tant pis ! Il parait que
l'on ne respecte que ce
 que l'on ne désire pas.

Il ne comprend plus rien, maintenant c'est elle qui le provoque.

Elle termine son repas par un fondant au chocolat avec beaucoup de chantilly, se lève, passe près de lui, souffle à son oreille :

 - Bonsoir monsieur, dormez bien et qui sait ? Peut-être viendrai-je demain vers onze heures,  SOFITEL, 44e rue suite 2xxx…. mais dans ce cas, pour vous la journée risque d'être difficile.

KSD interpréta cette phrase comme une promesse de délices érotiques épuisants. 
                                                                                                                                                                 La journée suivante sera effectivement très difficile pour lui, pas pour les raisons espérées.
                                                                                                         
L'entrée de l'inconnue était princière, sa sortie fut impériale, le souvenir de son joli petit cul musclé et malicieux subsista longtemps dans les yeux des hommes sidérés.

Après un concerto de Mozart on prétend que le silence qui suit est également de Mozart, la salle du restaurant qui avait abrité quelques instants la fée merveilleuse resta quelques secondes emplie de sa magie puis redevint une salle ordinaire toute bête.

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Deuxième partie : Le cadeau empoisonné.

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KSD passa une nuit enchanteresse, tout lui souriait, il avait déjà l'argent, une situation sociale de tout premier plan au niveau mondial, une femme richissime et maintenant la promesse d'une aventure avec une créature incroyable.

Par moment il a un peu le vertige, mérite-t-il une telle réussite, ne va -t-il pas le payer ? la vie présente toujours la note un jour ou l'autre.
Réveillé à 8 h 30 il déjeune, se douche, se rase, se parfume sans oublier l'intérieur du caleçon, se pomponne, se pare de son plus beau costume, fait monter une bouteille de champagne dans un seau à glace, pose ses nombreux portables sur un meuble, consulte ses mails, répond aux plus urgents. 
                                                                                                                                      
Un bruit de pas et une voix dans le couloir, il se lève le cœur battant, les pas s'éloignent. 
                                                                                                              
10 H 20, aucune princesse suisse ou grecque  à l'horizon, un téléphone sonne, un collaborateur fait les dernières mises au point pour la réunion du conseil d'administration du lendemain à Paris.

11 h 15, on frappe à la porte, c'est sûrement elle.
 Une envie gargantuesque et incontrôlable l'envahit, il va vivre un moment inoubliable c'est certain.
Excité et intimidé à la fois il ouvre la porte, une femme habillée en soubrette se glisse dans la chambre, avant qu'il ait pu lui demander de revenir plus tard elle lui tend un papier contenant quelques phrases en français :
  - je suis désolée, j'ai dû repartir ce matin pour Genève suite à un problème de dernière minute, mais ce n'est que partie remise, vous avez mon numéro de portable appelez-moi ce soir.  Je vous verrai avec plaisir à Paris ou à Genève, j'espère que ce jour- là vous ne serez pas trop raisonnable ni trop respectueux.
En attendant, pour me faire pardonner je me suis permise de vous faire un petit cadeau en toute amitié.
Quand on me voit on m'aime disiez-vous, je sais faire plaisir à qui m'aime !
 Naupacté.

"Le cadeau" est déjà à genoux devant lui et dégrafe sa ceinture. La soubrette le regarde timidement, elle est loin d'être aussi belle que la Suissesse mais l'érotisme de la situation excite terriblement Icare.

 En stimulation maximum son cerveau passe en mode binaire, oubliant les dangers et les pièges potentiels : une femme sublimissime le retrouvera bientôt en Europe, une autre soumise à ses désirs baisse son pantalon, après tout faute de grives on se laisse manger par des merles.

Il ferme les yeux, une bouche douce engloutit son sexe dressé, il imagine son gland entre les lèvres sensuelles de l'inconnue. Après quelques minutes, il veut passer à d'autres plaisirs, la femme le bloque, mains plaquées contre ses fesses. Elle accélère sa fellation, il pousse un grand cri et éjacule dans la bouche accueillante qui régurgite le trop plein sur son tablier blanc finement rayé de bleu.

 La scène est irréelle, elle n'a pas dit un mot. La jouissance qu'il vient de ressentir est dévastatrice, essoufflé il se dirige vers la salle de bains. Dès qu'il en a franchi la porte, la femme de ménage récupère le message écrit par « Naupacté » tombé à terre, cache rapidement un des nombreux portables dans un tiroir et sort de la chambre...

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Il y a trois semaines cette femme de ménage a été abordée par un inconnu porteur d’une liasse de billets verts :
 - Il y a là 5 000 $, ils sont à vous si on se met d'accord et il y aura beaucoup plus dans quelques mois.

    Financièrement elle était aux abois, l'inconnu lui parut être un ange tombé du ciel.
Quand il lui expliqua la contrepartie elle fut soulagée, il n'était pas question de trafic de drogue comme elle le craignait mais simplement de faire une fellation à un client de l'hôtel dans lequel elle travaillait et porter plainte ensuite pour agression sexuelle.

 Elle avait subi d'autres avanies autrement plus dégradantes là d'où elle venait et sans gagner un cent. Elle protesta un peu pour la forme mais quand au deuxième rendez-vous l’homme fit mine de rentrer les billets pour proposer l'affaire à une autre, l’accord fut conclu, elle reçut 1 000 $ d'acompte, pour elle une fortune !

 Hier soir l'inconnu se manifesta, c'était pour le lendemain.
Il lui remit 1 500 $ et donna toutes les instructions nécessaires, y compris un papier plié en quatre, sésame nécessaire à l’approche de la cible, à récupérer absolument après l’accomplissement de la mission. Les 2 500 $ restant dus lui seraient remis dès certitude que la cible de la manip aurait été arrêtée, une assistance juridique discrète lui serait assurée, sa fortune était faite, cela valait bien quelques gouttes de sperme.
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 Elle joua son rôle à la perfection. Prostrée, cachée dans un couloir de l'hôtel, traumatisée, crachant par terre, essayant de se faire vomir elle est retrouvée à 12 h 30 par une collègue. Elle dit avoir été agressée par l'occupant de la suite 2xxx. Le chef de la sécurité de l’hôtel appelle la police.

Gai comme un italien qui a eu de l'amour et du vin dit la chanson, KSD a quitté l'hôtel vers midi et déjeune dans un restaurant proche du S…. Avant de se rendre en taxi à l'aéroport international John Fitzgerald Kennedy.
 A 15 h 29 il appelle l'hôtel pour signaler l'oubli d'un de ses téléphones, grâce à cet appel la police le localise et l'arrêtera juste avant le décollage du vol AF 023 d'Air France qui devait l'acheminer à Paris.
 Cinq minutes avant son interpellation il a un pressentiment, des sirènes de police se rapprochent, le surnom de la somptueuse Suisse, Naupacté, lui revient à l'esprit.

Les hommes très actifs ont un fonctionnement cérébral qui sort de l'ordinaire, ils emmagasinent à toute vitesse un nombre hallucinant d'informations, les stockent et les font ressortir de leur tiroir mnémonique quand ils ont un moment de liberté. 
KSD interroge Google, la réponse le glace : dans la mythologie grecque Naupacté est une esclave crétoise épouse de Dédale constructeur du labyrinthe, ils ont un enfant nommé Icare. 
                                                                                                                  
 Le mythe lui revient instantanément à l'esprit : Icare s'est brûlé les ailes en voulant se rapprocher trop près du soleil, la métaphore est limpide, il est baisé. La Salope...Elle ne l'emportera pas en paradis !  Une angoisse broie son estomac, les sirènes maintenant toutes proches hurlent, des voitures de police arrivent, freinent brutalement.
 Sa vie bascule !

Le fonctionnement de la police et de la justice américaines est très différent de celui de leurs homologues françaises.
 On se retrouve ici face à un système de type accusatoire dont la plupart des acteurs sont élus, donc préoccupés au premier chef de leur réélection.
  La police arrête un suspect, le procureur accuse, le suspect se défend, le juge demande s'il plaide coupable ou non. Dans le premier cas il n'y a pas de procès mais une négociation entre le procureur et l'accusé sur la peine infligée, le juge valide la négociation et… au suivant .
La justice gagne en efficacité et rapidité ce qu'elle perd en moralité.

Si l'accusé plaide non coupable un procès a lieu, le procureur doit convaincre un jury populaire du bien-fondé de l'accusation, si son dossier est reconnu insuffisamment convaincant il est renvoyé dans les cordes et passe pour un nul aux yeux de ses électeurs.
Coupable ou non coupable, le spectacle était assuré chacun voulut y tenir un rôle, toute la perversité de la manœuvre préconisée par N° 3 était basée sur ce fait. 

Dès que les autorités connurent l'identité de l'"agresseur", dirigeant d'une grande société française, les chaînes de télé furent immédiatement informées, le malheur d'un Français est toujours un grand bonheur pour un Américain …Nous sommes alliés mais pas copains !
 KSD interpellé sans ménagement, menotté, fut exhibé aux yeux des téléspectateurs du monde entier éberlués, aux States on appelle cela "la marche du suspect" et incarcéré à Rickers Island.

 Les commentaires les plus fous circulèrent, il encourait disait-on 50 puis 60 puis 70 ans de prison pour les sept chefs d'accusation retenu par le procureur Cyrus Vance junior parmi lesquels : tentative de viol, abus sexuel, acte sexuel criminel, séquestration, on l'aurait sans doute accusé d'avoir assassiné Henri IV si les américains avaient connu l'histoire de France, bref l'hystérie devint collective.

Certains journalistes français écrivirent qu'on faisait beaucoup de bruit pour pas grand-chose, il s’agissait pour des esprits latins d’une histoire banale de rapport « ancillaire », une petite pipe, un "légitime droit de cuissage" habituel envers le petit personnel.
N°3 assista à la curée et à la mort sociale de son concurrent avec délectation. Le conseil d'administration de la multinationale fit paraître un communiqué par lequel il désavouait et se désolidarisait de KSD. Le scandale était trop gros pour passer en pertes et profits.

Le cadeau empoisonné coûta à notre Icare néo-américain, outre le déshonneur et l'envol de tout espoir de succéder au PDG la modique somme de dix millions de dollars environ en frais d'avocats choisis parmi les plus efficaces donc les plus chers, perte de revenus, frais de procédure, indemnisation de la partie civile, frais de garde du corps, location de maison sécurisée, etc. …


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 Troisième partie : Hallali et Curée



Hallali et Curée sont deux termes de chasse à courre (appelée également vénerie) désignant la sonnerie émise par le cor pour annoncer la prise imminente de la bête poursuivie puis la cérémonie suivant la mise à mort de l'animal. L' humain se réjouit souvent de la souffrance des autres et adore la  mettre en scène.

 La sublime inconnue, méconnaissable dans un vieux jean et coiffée d’un bonnet en laine, attendait dans un bar proche mais extérieur à l'aéroport. Elle entendit les sirènes des voitures de police sonner l'hallali, toutes les télés prévenues dieu sait par qui interrompirent leur programme et montrèrent la curée en direct au monde entier.
Les empereurs Romains avaient vu juste, pour contenter le peuple il suffit de deux choses, Panem et circenses, pain et jeux du cirque.

Quelques minutes plus tard un SMS lui parvint de France :
Bravo ! 
Une demi-heure plus tard elle vérifia sur son smartphone que les honoraires dus au titre de cette mission avaient bien été virés sur son compte ouvert à Singapour.                                                                                                         
 Le premier avion disponible ramena la fausse Suisse à Nice.

Trois mois plus tard N° 3 devint N° 1.

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C'est curieux, cette histoire ne nous en rappellerait-elle pas une autre ? Si oui devinez qui pourrait avoir eu intérêt à promouvoir N°3.

Moi je sais mais je ne le vous dirai pas. 

Lisez EDEN livre second, l'ange de la mort est assis sur mon banc vous serez surpris. 



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