lundi 5 mars 2018

L’interview décoiffante de Serge Boudoux


J'ai lu des livres de Serge Boudoux. C' est un auteur  "bouillonnant", à la fois décapant, sans tabou,  cynique mais toujours drôle. Ces trois dernières années il a co-écrit un thriller en trois tomes et écrit un recueil de nouvelles. On a pu se demander comment lui venait l'inspiration ou pour quelles raisons le pays de Fayence lui tenait tant à coeur.
L'interview décoiffante par Vanessa Lunardelli : c'est maintenant !

Bonjour, qui se cache derrière serge Boudoux ?

Tout d'abord permettez-moi de préciser un point, le cynique est celui qui fait, non celui qui dénonce. Quelquefois je choque parce que je ne cache rien et dis ce que je vois...
Je ne dissimule aucun mystère, j'ai simplement vécu plusieurs vies,  frôlé deux fois la mort, connu une expérience de vie après la vie qui m'a conféré une mémoire monstrueuse. Toutes ces  années hyperactives m'ont permis de découvrir toute la complexité de l'âme humaine, réservoir inépuisable du meilleur et du pire, de la grandeur et de la bassesse.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire sur le tard ? Vous n’aviez jamais écrit auparavant ?

Sur le tard ? J'ai commencé à écrire à 65 ans, donc à peine sorti de l'adolescence hé hé . A l'école je rendais déjà mes devoirs de français en vers. Une multitude d'histoires bouillonnait dans la chambre magmatique de mon cerveau et un jour de 2013 il y eut l'éruption.

Avez-vous des rituels d’écriture ?

Oui. Je marche dix kms dans la forêt puis installé devant mon ordinateur, écouteurs vissés dans les oreilles j'écoute Cesaria Evora, Omar Bashir, Jehro, du jazz manouche, un frisson monte dans mon dos et je passe dans un autre monde où chaque mot m'entraîne loin.

Vos histoires se déroulent toutes dans le pays de Fayence, qu’a-t-il de si fascinant ?

Lyonnais d'origine, j'ai découvert tout à fait par hasard le pays de Fayence et j'en suis tombé amoureux. Ici tout est magique : la lumière, le lac de Saint  Cassien dans lequel se reflètent les forêts de chênes, de mimosas, les gorges de la Siagne, rivière extraordinaire entrecoupée de petits ponts sublimes, même  le goût de l'air est  ici  différent. Toutefois il ne vous a pas échappé que les aventures d'Eden se déroulent également en Auvergne, en Isère, à Cannes, New York, dans le Gers, sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle que j'ai parcouru trois fois (à pieds).

Certains ont pu vous reprocher des scènes trop crues dans Éden. Qu’avez-vous envie de leur répondre ?

La pornographie est à l'érotisme ce que le fastfood est à la gastronomie, ne me dites pas qu'un bon hamburger ne vous fait pas saliver de temps en temps.
Maintenant je vais vous surprendre, dans ces livres  tout est vrai, les agressions sexuelles subies par une petite fille, les meurtres téléguidées par la voix dans la tête, Michel Ange, le vieil Henri, tout est vrai. J'ai rencontré ces personnages et contrairement à ce que pensent certains esprits chagrins les scènes décrites dans les livres ne sont pas gratuites, elles sont toutes authentiques à la base : la réalité est souvent difficile à admettre car elle est pornographe, l'amour ne l'est pas, quelle que soit sa forme. La laideur comme la beauté est dans l'œil de celui qui regarde ! 

Violence, sexe et religion reviennent beaucoup dans vos ouvrages. Pourquoi ?

Celui qui n'a jamais eu envie de se moquer des obscurantismes religieux ou de tuer son prochain ou son lointain me jettera la première pierre.
Nos sociétés ont été façonnées par des religions qui ont utilisé le meurtre et la violence pour construire leur pouvoir.
Je suis profondément pacifique, montrer la violence ordinaire ne contredit pas cette aspiration. Paradoxalement,  pour moi  les religions ont inventé le meurtre ( voyez Caïn, le Christ sur sa croix, les crimes religieux ) et sont responsables  d'une brutalité inouïe, (l'actualité ne me démentira pas).
De tous temps les  représentants terrestres autoproclamés du Grand Manitou n'ont cessé d’asseoir leur totalitarisme sur le peuple en édictant  des obligations ou des interdits alimentaires, vestimentaires ou sexuels qui leur ont donné du pouvoir ( tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser) et pourri l'existence du plus grand nombre.
Pour moi religion égale violence, sexe librement vécu égal bonheur. Les religions sont indissociables du sexe dont elles ont peur  puisque c'est la seule plage de liberté individuelle qu'elle ne peuvent contrôler et l'une des grands moteurs de chaque être vivant.
La particularité de l'être humain est d'être corps et esprit comme la lumière est onde et corpuscule, ôter un de ses composants c'est ôter son humanité . Les religions ont trahi leur mission, elles devaient relier l'homme à Dieu, elles n'ont su que détruire et mutiler  la créature sous prétexte de  plaire au créateur, atroce philosophie. La France est actuellement un ilot de tolérance et de liberté de conscience, pourvu que cela dure !

Quel est le secret de votre forme/de votre créativité ?

Il n'y a pas de secret, seulement une formidable envie de vivre comme tous ceux qui sont revenus de l'autre côté du miroir,  une grande auto dérision et une immense tendresse envers mes contemporains que je respecte trop pour ne pas me moquer d'eux . Des histoires fabuleuses se vivent à tous moments tout près de nous, il suffit de les voir et les entendre.
Einstein disait: " deux choses sont infinies, l'Univers et la bêtise humaine, pour l'univers je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue."
Il se trompait, les humains ne sont pas bêtes, ils tentent de survivre et recherchent le bonheur à tout prix ce qui n'est pas illégitime. Je suis en train d'écrire un recueil d'histoires courtes montrant nos petites monstruosités ordinaires employées dans cette recherche.

Serge, puis-je vous demander : slip ou caleçon ?

Slip jusqu'à 55 ans puis caleçon. Il faut bien s'adapter à l'intelligence artificielle hé hé.

Merci !

Retrouvez les ouvrages de Serge Boudoux sur son site : www.serge.boudoux.fr

La trilogie d'Eden


Les tribulations d'un Lyonnais en Provence 








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