La vérité sur le masque de fer ?
Ce jour-là je longeais la rivière La Siagne en direction du
pont des Reys nommé aussi pont des Moulins situé en amont.
Un quart d'heure après avoir dépassé la passerelle, à travers les buissons apparut ce qui semblait être une bifurcation oubliée, un sentier perdu que je n'avais jamais remarqué jusqu'alors. Son entrée était défendue par des ronces
Je m'égratigne les bras et les jambes pour en forcer l'accès, le descends sur une trentaine de mètres et me fige, émerveillé.
Un quart d'heure après avoir dépassé la passerelle, à travers les buissons apparut ce qui semblait être une bifurcation oubliée, un sentier perdu que je n'avais jamais remarqué jusqu'alors. Son entrée était défendue par des ronces
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Je m'égratigne les bras et les jambes pour en forcer l'accès, le descends sur une trentaine de mètres et me fige, émerveillé.
Il se termine par quelques marches
d'escaliers maçonnés menant à une tour ronde invisible du chemin, construite en
pierres en partie sur de gros rochers parsemant la rivière et partie sur la
berge.
La porte d'entrée de cette merveille est protégée par une grille fermée par un cadenas, un petit volet au rez de chaussée et un à l'étage condamnent deux fenêtres. Remarquablement préservée cette bâtisse est vraisemblablement occupée épisodiquement.
La porte d'entrée de cette merveille est protégée par une grille fermée par un cadenas, un petit volet au rez de chaussée et un à l'étage condamnent deux fenêtres. Remarquablement préservée cette bâtisse est vraisemblablement occupée épisodiquement.
En ce doux matin d'automne la rivière
coule doucement en clapotant. Un homme
assis sur un des rochers observe les remous autour de lui, il ne m'a pas
vu ni entendu, je m'approche prudemment l'environnement est glissant. Il
m'aperçoit enfin et me sourit, je m'assieds à côté de lui après avoir posé mon
sac à dos sur la berge. Il me salue:
- Bonjour comment vas-tu ?
Manifestement très à l'aise il n'éprouve aucune difficulté à tutoyer les inconnus, contrairement à moi.
Manifestement très à l'aise il n'éprouve aucune difficulté à tutoyer les inconnus, contrairement à moi.
- Très bien merci et vous?
Brun, beau garçon, une barbe
noire de trois jours mange ses joues, l'homme entame la conversation en jetant
une brindille dans le courant.
- Aujourd'hui je ne travaille pas, je
regarde passer l'eau et je pense.
Silencieusement le même fil de l'eau
emporte avec lui quelques secondes précieuses de mon existence, puis je
demande:
- Vous pensez à quoi?
- A la vie, à la mort, au masque de fer.
Celle-ci on ne me l'avait jamais
faite, pourquoi et comment l'énigme historique du masque de fer peut-elle le
préoccuper ?
Il poursuit :
- Hier je suis allé en bateau avec ma
famille jusqu'aux iles de Lérins, nous avons mangé en bord de mer à
Saint-Honorat puis nous sommes allés voir la prison du masque de fer. Depuis je
n'arrive pas à sortir cette histoire de ma tête, qui pouvait bien être ce
pauvre type? Ce mystère me hante, toute la nuit j'ai lu ce que j'ai pu trouver
sur le sujet, et je ne suis pas plus avancé.
Je comprends mieux qu'il puisse être
obsédé par cette histoire hallucinante, ayant connu les mêmes interrogations
jusqu'à ce que ma mère me révèle sa
vérité sur ce sujet ardu .
Après avoir suggéré au tourmenté :
- Je peux peut-être vous aider
incrédule il me dévisage, avec plus
de considération me semble-t-il.
- Tu connais son nom ?
Le
tutoiement me pose toujours autant de difficultés :
- Vous posez mal, tout le monde pose mal le
problème, voila pourquoi personne ne trouve la solution.
- Toi tu le poses mieux ?
- Oui, il me semble . C'est une des plus
grandes manipulations de l'histoire.
Voltaire entendit parler d'un prisonnier
dont le visage était quelquefois revêtu d'un " loup " en velours. Ce malheureux resta trente-quatre ans enfermé et mourut en prison, toujours gardé et exhibé masqué par Monsieur de Saint-Mars gouverneur de la forteresse de Pignerol puis gouverneur des Iles au large de Cannes. Plus tard pour dénoncer les excès de l'absolutisme royal, Voltaire, constamment prêt à se battre contre les injustices, le transforma dans ses écrits en détenu portant en permanence un masque de fer plus propre à frapper les consciences qu'un masque de velours intermittent.
- Alors?
- Aucun personnage important dont la disparition aurait été suivie de
l'apparition d'un homme masqué n'étant absent de la scène publique de l'époque,
il me semble que la solution de l'énigme est à chercher, non du côté du
prisonnier dont le nom ne dira rien à personne, mais du côté du geôlier.
Monsieur de Saint Mars jouissait
d'une grande notoriété, il fut le gardien de Nicolas Fouquet surintendant des
finances de Louis XIV et du premier Duc de Lauzun, celui dont le mariage
inspira à Madame de Sévigné la fameuse lettre : c'est la chose la plus
étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse etc. et qui poussa
l'insolence dit-on jusqu'à se cacher sous le lit du roi quand celui-ci honorait
un jour Madame de Montespan, juste pour savoir ce qui se disait de lui en
haut-lieu.La grande noblesse de ces captifs "people" avant l'heure donna à l'époque à Monsieur de Saint Mars une gloire considérable. Sa célébrité commença à se ternir lorsque Fouquet mourut peu après une visite de Colbert et que de Lauzun fut libéré.
Ma conclusion est donc la suivante: Pour rester au top de la "Jet Set" du 17e siècle et se faire mousser, il inventa un captif mystérieux propre à enflammer les imaginations d'une cour qui n'avait en tête que fantaisies, divertissements, intrigues. Le roi soleil, expert en manipulation lui aussi a bien dû s'amuser. En tout cas Saint Mars a moyennement réussi son coup au regard de l'Histoire, le souvenir de son prisonnier est resté, pas le sien.
Les yeux de mon interlocuteur brillaient :
- Oui, exactement. Il n'est qu'une
création de Saint Mars, son identité n'a aucun intérêt. Qui connait le nom de
la créature de Frankenstein ?
Il me regarde longuement, admiratif,
et me dit :
- Tu es génial.
En jetant une brindille dans l'eau,
je réponds en baissant modestement la tête.
- Je sais....
Bon d'accord, je suis un peu prétentieux, mais vous êtes bien obligés de reconnaître que je suis fabuleusement intelligent. Hé hé !
Ma femme me surnomme Narcisse, je n'ai jamais trop compris pourquoi.
Pour un exemplaire dédicacé, un contact ou accéder aux liens marchands :
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Bon d'accord, je suis un peu prétentieux, mais vous êtes bien obligés de reconnaître que je suis fabuleusement intelligent. Hé hé !
Ma femme me surnomme Narcisse, je n'ai jamais trop compris pourquoi.
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Cette histoire est extraite du livre :
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site web - http://serge.boudoux.fr
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