Ce samedi là j'étais parti très tôt pour
me rendre au marché provençal de Saint Cézaire sans me douter une seconde de ce qui allait me tomber sur la tête !
Saint Cézaire est un gros bourg des Alpes maritimes qui a conservé une partie de ses
fortifications. Juché à 400m d'altitude, distant de Cannes de 30 kms les
flemmards y accèdent en voiture par une route sinueuse qui traverse Mougins et
Grasse.
Moi, du stade de Montauroux j'y monte pedibus jambus en une heure et demie en passant par le pont des Tuves.
Moi, du stade de Montauroux j'y monte pedibus jambus en une heure et demie en passant par le pont des Tuves.
Point de convergence de plusieurs sentiers de
randonnée qui rejoignent la rivière en contrebas, le joli village domine toute l'étroite
vallée creusée par la rivière "la Siagne".
A perte de vue on ne voit que la
forêt touffue peuplée de chênes, pins, arbousiers, oliviers, lauriers et genêts
sauvages odorants. Dans ce sud de la France tout est gourmandise: lumières,
parfums, sons.
Sur les collines au loin on devine certains villages perchés de l'est
varois : Mons, Callian, Montauroux, à l’horizon une mince bande bleue, la
Méditerranée...
Après avoir fait mes emplettes mon sac à dos est un peu plus lourd des menus cadeaux achetés : miel de lavande, coquetiers en bois d'olivier, tee-shirts pour Ioda mon petit chien à peau nu et un jean à trous pour ma femme.
J'entre dans l'enceinte funéraire pour me recueillir sur la butte d'un camarade m'ayant précédé avec allégresse sur le chemin des célestes félicités, pas fâché d'échapper enfin à une compagne épouvantable qui, après lui avoir concocté hypocritement une rubrique nécrologique officielle élogieuse, nous fit en aparté ce méchant commentaire :
Pour redescendre le chemin passe devant le beau cimetière ensoleillé où j'aimerais être enterré en quittant ce monde mais rien ne presse.
J'entre dans l'enceinte funéraire pour me recueillir sur la butte d'un camarade m'ayant précédé avec allégresse sur le chemin des célestes félicités, pas fâché d'échapper enfin à une compagne épouvantable qui, après lui avoir concocté hypocritement une rubrique nécrologique officielle élogieuse, nous fit en aparté ce méchant commentaire :
"Ce sera bien la
seule fois où il pourra se vanter d'avoir été raide "
Sur une autre tombe récente, coincé
sous un livre en marbre estampillé d'une épitaphe édifiante un panneau en
carton porte cette inscription :
"ici repose une femme qui aima beaucoup le sexe, mais pas trop le mien."
"ici repose une femme qui aima beaucoup le sexe, mais pas trop le mien."
Je sors en catastrophe, secoué par un
fou-rire incompatible avec la solennité du lieu. Les gens n'ont même plus de
respect pour leurs morts.
Dans la chapelle adjacente un
sarcophage romain mis au jour lors de travaux d'adduction d'eau potable fait
l'orgueil du village.
Plus loin, près du sentier rocailleux
et glissant, une ancienne bergerie se dore au soleil parmi les restanques,
petits murets de soutien en pierres sèches.
La piste pénètre dans la forêt, tourne à droite, à gauche. A un embranchement, sur un rocher taillé grossièrement en forme de cube des lettres peintes sont censées donner des indications, presque totalement effacées par la pluie et le vent elles sont illisibles, peu m'importe je connais la bonne direction.
La piste pénètre dans la forêt, tourne à droite, à gauche. A un embranchement, sur un rocher taillé grossièrement en forme de cube des lettres peintes sont censées donner des indications, presque totalement effacées par la pluie et le vent elles sont illisibles, peu m'importe je connais la bonne direction.
Manifestement tout le monde n'est pas dans ce cas, au moment de dépasser un groupe de marcheurs, une femme glisse sur un gros caillou rond dans une courbe et s'étale de tout son long sur le sol devant moi, je la prends par la main et la relève.
- Rien de cassé ?
La marcheuse d'une cinquantaine d'années verse
un peu d'eau sur les écorchures de ses mains :
- Rien de cassé mais je crois bien
que nous sommes perdues.
- Où voulez vous aller?
- On voudrait rejoindre la rivière.
- Vous n'en êtes pas très loin.
Une jolie blonde plus jeune sort du
groupe et interpelle son ainée:
- C'est ta nouvelle technique de
drague ?
Nous échangeons quelques mots, elle
est très mignonne avec ses cheveux blonds, son petit nez retroussé et ses
taches de rousseur.
Elle me propose :
- Laissez moi votre numéro de
portable, si nous nous perdons encore vous pourrez nous faire un
radioguidage...
Poussé par un démon de passage
j'accepte, réflexe inconscient de vieux séducteur impénitent.
Elle crée un contact sur son I phone.
- Je peux vous demander votre
prénom ?
- Michel Ange.
- Michel Ange c'est très beau
j'adore, moi c'est Eve.
- Eve, c'est original. Bon ok, eh
bien… mesdames, bon retour.
Je les perds de vue après quelques enjambées. Pourquoi ai-je dis que je
m'appelais Michel Ange? c'est mon second prénom, je le trouve plus romantique
que Serge, de plus Eve n'est certainement pas le vrai prénom de la jolie
blonde.
Je rentre chez moi après mes 3 heures
de randonnée dominicale. Les autres jours de la semaine, en plus de mes marches
sportives, une heure d'abdos et de musculation maintient mon corps en capacité
de séduction. Pour moi c’est un capital santé important et une politesse à
rendre à celle avec qui je vis.
Je note précieusement quelques
alexandrins qui me viennent à l'esprit, l'inspiration ne nous visite pas tous
les jours.
L'odeur d'herbe coupée du bon café qui fume
la voix de l'être aimé et ses mains sur ma peau
César pour être heureux aurait voulu la lune
mes plaisirs sont plus simples mon quotidien plus beau
/
je me vois près d'elle, caressant
ses cheveux, me grisant de ses parfums, goûtant le sucré de sa peau, l'imagine
serrée contre moi, réanimant des sens que je croyais défunts. L' assoupissement me gagne peu à peu
avec cette vision sans espoir, les vers de Victor Hugo dans la tête:
Le roi disait en la voyant si belle
à son neveu
pour un regard pour un sourire d'elle
pour un cheveu
infant Don Ruy je donnerai l'Espagne
et le Pérou
le vent qui vient à travers la montagne
me rendra fou.
Après quelques instants les vibrations de mon portable me réveillent, un
message accompagné d'une photo d'Eve posant près du pont romain :
Merci de votre aide
sommes bien arrivés
au petit pont romain
la preuve en image
à bientôt peut-être
Je réponds
A votre disposition pour vous guider
lors de vos prochaines ballades
il faut absolument que vous découvriez
la chapelle Saint Saturnin
immédiatement sur l'écran s'affiche la
répartie :
Je vous prends au mot, quand ?
Dimanche prochain ?
Ok, on se retrouve où?
9 h stade du défens à Montauroux ?
Parfait pour dimanche
on
confirme samedi au cas où…
Je relis régulièrement mes textos
pour m’assurer que je n’ai pas rêvé.
Lundi , nouveau sms :
Bonjour c'est Eve
j’ai regardé la météo il va faire
très beau dimanche
Bonjour c'est Michel
Ange
vivement dimanche
Toute la semaine nous avons gardé le contact par sms, lien fragile et
rassurant, échangeant des banalités.
----------
Je suis venu avec un quart d'heure d'avance juste pour le plaisir de la voir arriver. Une angoisse me tord le ventre, « si elle ne venait pas ? » J'ai mis un jean serré, une chemise noire effrangée sans manche avec un scorpion blanc imprimé sur le cœur qui, je crois, met en valeur mes épaules et mes bras musclés mais sans excès.
Cette chemise noire va avoir un effet que
j'étais loin d'imaginer.
Les minutes se trainent :
8h 50, 8h 55, 9h « Viendra-t-elle ? »
les minutes s'étirent interminablement.
9h10 « Enfin ! » un cabriolet
BMW noir déboule dans un nuage de poussière. Derrière les vitres teintées je la
devine et me précipite pour lui ouvrir la portière.
- Mille excuses pour mon retard, je
ne trouvais pas le stade.
Mon souvenir ne m'a pas trompé, elle est
ravissante.
Ses jambes nues émergent de la voiture. Vêtue d'un short court en jean, d'un débardeur moulant ses courbes sensuelles, ses cheveux sont tressés, une seule tresse qui sublime un cou gracieux appelant le baiser.
Un discret maquillage souligne ses yeux que je vois verts, mais étant daltonien je me méfie de mes perceptions visuelles, peut-être sont-ils marron .
J'ai l'impression d'être le chevalier servant d'une princesse, une Belle au bois dormant qui serait toutefois bien réveillée vous allez le constater.
Ses jambes nues émergent de la voiture. Vêtue d'un short court en jean, d'un débardeur moulant ses courbes sensuelles, ses cheveux sont tressés, une seule tresse qui sublime un cou gracieux appelant le baiser.
Un discret maquillage souligne ses yeux que je vois verts, mais étant daltonien je me méfie de mes perceptions visuelles, peut-être sont-ils marron .
J'ai l'impression d'être le chevalier servant d'une princesse, une Belle au bois dormant qui serait toutefois bien réveillée vous allez le constater.
- Bienvenue dans mon paradis Eve,
êtes vous en forme?
- Bonjour Michel Ange, je suis
toujours en forme, c'est ma nature. Où m’emmenez-vous ?
- Laissez vous guider.
- Ok
Elle se laisse prendre en charge, confiante comme si elle me connaissait
depuis toujours, comportement rarissime
chez un membre du sexe prétendument faible.
Nous partons. Après quelques minutes
elle me demande:
- Etes vous marié ?
A cette époque je posais de grosses
dalles dans ma cour et par précaution avais retiré mon alliance, me privant
bêtement d'une arme supplémentaire de séduction. Ce symbole éclatant
d'appartenance à une épouse déclenche souvent chez les filles célibataires ou
non une irrésistible tentation de piquer
le mec des copines. Le mari des amies ou d'une inconnue est si charmant, beau comme le mâle d'une autre.
- Oui, depuis 35 ans avec la même femme, elle
mérite une médaille non? ( J'ai triché un peu par coquetterie, notre union dure
depuis 40 ans)
- Mais vous vous êtes marié à quel
âge?
- A 21 ans.
- La vie est injuste, vous les hommes avez de la chance, vous vous
bonifiez en vieillissant et nous pauvres femmes nous contenterons de survivre
en regrettant notre jeunesse.
Pour illustrer sa pensée et jouer au
gars cultivé, je lui sors quelques vers de Corneille, le dramaturge pas le
chanteur. A 63 ans il pensait séduire une jeunette ainsi, moi je trouve cela un
peu maladroit, jugez-en par vous-même:
Certains mauvais
esprits souhaitèrent qu'il ait pris un méchant râteau et imaginèrent cette réponse cruelle :
Peut-être que je serai vieille
répond Marquise cependant
j'ai 26 ans mon vieux Corneille
et je t'emmerde en attendant.
Nous sommes maintenant au bas
d'une pente raide qu'il s'agit de
gravir. Eve glisse, je lui tends la main, la relève. Je garde sa
main serrée plus qu'il n'est nécessaire, la relâche à regret. Je n'ose pas
aller plus loin elle pourrait se fâcher, restons lucide, mon
âge est proche de celui de son père.
Essoufflée elle quête mon secours
-
Aidez - moi, s’il vous plaît.
- Avec plaisir.
Je passe derrière elle, la pousse doucement à la taille en rigolant
comme un gosse en se gardant bien de lui effleurer les fesses. Riant également
elle me lance :
- N’en profitez pas pour vous rincer
l'œil,
Le petit derrière malicieux qui se tortille devant moi fait ressurgir de
ma mémoire quelques vers de Georges Brassens tirés de son fameux poème La Fessée :
" Quand je levai la main pour la troisième fois
le cœur n'y était plus , j'avais perdu la foi
surtout qu'elle s'était enquise la bougresse
avez-vous remarquez que j'avais un beau cul
et ma main vengeresse est retombée vaincue
et mon troisième coup ne fut qu'une caresse "
A mon tour je demande si elle est
mariée.
- Mon Dieu non, on dit que le mariage
transforme une fée en sorcière, je préfère rester Mélusine que devenir
Carabosse. Je ne supporterais pas un homme chez moi, je suis bien trop
indépendante et fière de l’être. Cependant j’aimerais bien avoir un homme dans
ma vie et l’aimer éperdument, du moment qu’il accepterait de partager ma vie
mais pas mon appartement. Je ne veux pas du quotidien, je ne veux pas
appartenir à qui que ce soit je rêve d’éternelles fiançailles.
Mignonne comme elle est j'imagine
qu'elle ne doit pas manquer de fiancés. Après réflexion je me dis que la
manière dont elle m'a harponné l'autre jour est très surprenante, j'ai beaucoup
de chance d'avoir été remarqué par une si belle créature.
.- Qui est la charmante dame qui
vous accompagnait l'autre jour ?
- Ma tante Christiane, elle habite à
Cannes près du square Mistral deux étages au-dessous de moi, c'est elle qui m'a
élevée, nous adorons randonner ensemble.
- Vous êtes orpheline ?
- Non
Elle se tait un instant puis me dit :
-
Pardonnez moi mais je n'ai pas envie d'en parler aujourd'hui.
- Excusez ma curiosité et mon
indiscrétion.
Elle change de sujet :
- Vous aimez Beethoven ? Sa musique
est mon refuge, mon jardin secret.
J'aurais dû me méfier, une femme
jeune qui connait et aime Beethoven, c'est plutôt louche, non ?
- J'adore, connaissez vous les
adaptations enregistrées dans les années 70 par le groupe hollandais "les
Exceptions" ?
- Oui bien sûr, c’est intéressant
mais je préfère de loin l'original.
- François Cavanna disait "
Beethoven était tellement sourd que toute sa vie il a cru faire de la peinture
"
Nous éclatons de rire, heureux d'être ensemble.
------------
Nous arrivons enfin et entrons dans
la chapelle déserte.
Immédiatement elle referme la lourde porte, se colle à moi sans respect pour le regard éteint du plâtre de la statue de Notre Dame et déboucle fiévreusement ma ceinture.
D'habitude je ne montre mes organes procréateurs à personne excepté mes femmes et mes docteurs mais là je ne maîtrise plus rien.
Ce qui se passe ensuite est du domaine de ma vie privée, ne comptez pas sur moi pour vous confier des détails croustillants, n'insistez pas. Sachez seulement qu'après avoir défait la chevillette de mon pantalon ma bobinette ne choit pas, le traître membre qui me sert de sexe monte à l'assaut de sa propre initiative comme un vaillant petit soldat part en guerre sans réflexion ni protection, je suis bien obligé de le suivre.
Il est à espérer qu'après avoir fermé les yeux la statue se soit également bouchée les oreilles, la belle est exubérante.
Immédiatement elle referme la lourde porte, se colle à moi sans respect pour le regard éteint du plâtre de la statue de Notre Dame et déboucle fiévreusement ma ceinture.
D'habitude je ne montre mes organes procréateurs à personne excepté mes femmes et mes docteurs mais là je ne maîtrise plus rien.
Ce qui se passe ensuite est du domaine de ma vie privée, ne comptez pas sur moi pour vous confier des détails croustillants, n'insistez pas. Sachez seulement qu'après avoir défait la chevillette de mon pantalon ma bobinette ne choit pas, le traître membre qui me sert de sexe monte à l'assaut de sa propre initiative comme un vaillant petit soldat part en guerre sans réflexion ni protection, je suis bien obligé de le suivre.
Il est à espérer qu'après avoir fermé les yeux la statue se soit également bouchée les oreilles, la belle est exubérante.
Après ce doux moment de folie je m'assieds sur un
banc, essoufflé. J'ai gardé ma chemise noire, ma camarade de jeux m'a juste
laissé le temps d'ôter mon jean.
Encore ébloui, émerveillé par ce qui
vient de se passer je murmure, en conservant le vouvoiement que je trouve
délicieusement érotique dans le contexte et propice à une récidive de
l'évènement :
- Vous êtes diabolique ! Je ne sais pas si le
paradis existe, mais s'il existe et que
vous n'y soyez pas je préfère aller avec vous en enfer.
Tout allait si bien j'aurais pu me
taire mais non, toujours mon besoin maladif de faire des phrases, malheur
qu'avais-je dit là !
Sous le regard réprobateur de Jean Paul Premier, à moitié nue elle fouille fébrilement dans son sac, en sort un poignard de 20 cms de long et se jette sur moi avec des yeux de démente. Heureusement mon propre sac à dos est à mes pieds, je le brandis devant moi en guise de bouclier, il me sauve la vie. Ayant pratiqué le Taekwondo pendant plusieurs années j'arrive à la désarmer, non sans quelques éraflures. Elle éclate en sanglots puis se blottit contre moi.
Sous le regard réprobateur de Jean Paul Premier, à moitié nue elle fouille fébrilement dans son sac, en sort un poignard de 20 cms de long et se jette sur moi avec des yeux de démente. Heureusement mon propre sac à dos est à mes pieds, je le brandis devant moi en guise de bouclier, il me sauve la vie. Ayant pratiqué le Taekwondo pendant plusieurs années j'arrive à la désarmer, non sans quelques éraflures. Elle éclate en sanglots puis se blottit contre moi.
- Pardonnez-moi je ne sais pas ce qui
m'est arrivé.
En fait elle le savait très bien,
écoutez bien ce qu'elle m'a raconté.
- Lorsque j'avais une douzaine
d'années j'ai subi de la part d'un religieux des agressions sexuelles pendant
plusieurs mois, personne ne voulait me croire, mes parents même, trop bigots,
n'ont rien fait pour me protéger, je ne leur ai jamais pardonné.
Cet enfoiré commençait toujours ses saloperies en me disant "si tu ne te laisses pas faire tu iras en enfer " il y avait bien longtemps que j'avais compris que l'enfer était sur terre. Ne pouvant compter sur personne pour me défendre un jour j'ai emmené un couteau avec moi et je l'ai poignardé. J'ai à moitié raté mon coup il n'est pas mort mais a écopé d'une semaine d'hôpital, pour tous ses paroissiens il avait été agressé par un voyou qui voulait lui voler son portefeuille.
Cet enfoiré commençait toujours ses saloperies en me disant "si tu ne te laisses pas faire tu iras en enfer " il y avait bien longtemps que j'avais compris que l'enfer était sur terre. Ne pouvant compter sur personne pour me défendre un jour j'ai emmené un couteau avec moi et je l'ai poignardé. J'ai à moitié raté mon coup il n'est pas mort mais a écopé d'une semaine d'hôpital, pour tous ses paroissiens il avait été agressé par un voyou qui voulait lui voler son portefeuille.
Par la suite ayant pris mes parents
en horreur je suis allée vivre chez ma tante. Depuis je vis une situation
impossible presque schizophrène, je suis paradoxalement attirée par les hommes
plus âgés que moi, ceux de mon âge ne m'intéressent pas mais dès que j'ai terminé je me dégoûte.
Aujourd'hui
tous les éléments rappelant mon histoire étaient réunis: la pénombre, la
statue, la fraîcheur du lieu, les odeurs de la chapelle, vous avec votre chemise noire. Lorsque vous
avez prononcé le mot enfer j'ai eu un
déclic, une voix dans ma tête s'est déchainée et m'a ordonné :
- C’est lui, c’est lui, c’est
l’homme en noir, souviens-toi de ce qu'il t'a fait quand tu étais petite fille,
tue le ! " Alors j'ai sorti mon couteau…
----------
Elle avoue ingénument entendre des
voix et dit " alors j'ai sorti mon couteau" comme si c'était une
conséquence normale de notre délire érotique, inespéré pour moi, dont elle
assura pourtant la maîtrise d'œuvre. Je n'avais encore jamais rencontré un tel
problème. Je savais les femmes compliquées et perverses mais celle-ci dépassait
tout ce que je pouvais imaginer.
Elle a rajouté comme si rien ne
s'était passé :
- Maintenant j'aimerais sortir d'ici
j'ai un peu froid.
Nous nous sommes rhabillés, j'ai
couvert ses épaules avec le coupe-vent qui ne quitte jamais mon sac à dos, elle
m'a remercié d'un sourire, moyen de paiement que j'apprécie d'habitude mais là
échaudé je craignais une arnaque.
Cinq minutes plus tard nous sommes
repartis en longeant un moment le canal. Le cœur n'y était plus, je surveillais ses mains. Un peu plus loin elle s'est faite câline
comme une petite fille, les femmes savent d'instinct dès la naissance que leur
force provient principalement de cette impression de fragilité apparente savamment étudiée derrière laquelle elles se
dissimulent adroitement.
- J'aimerais vous demander quelque
chose mais promettez moi d'abord que vous ne vous moquerez pas de moi.
- Promis.
- Sûr ?
- Promis juré, demandez moi ce que
vous voulez.
- Racontez-moi une histoire.
- Pardon ?
- J'ai envie d'entendre une histoire
de princesse, aucun homme ne m'a jamais raconté d'histoire. S'il vous plaît,
vous avez promis.
Elle veut me tuer, maintenant elle exige que
je lui raconte une histoire de princesse, et quoi encore ! Par contre si je
peux éviter de la contrarier, gagner du temps et la distraire de ses pulsions
meurtrières le temps que nous retournions aux voitures… Tous les moyens sont
bons aux médecins de l'âme.
En la guettant du coin de l'œil je
dis : d'accord.
Jadis au lieu du jardin que voici
c'était la zone et tout ce qui s'ensuit
des masures, des taudis insolites
des ruines pas romaines pour un sou
quant à la faune habitant là-dessous
c'était la fine fleur, c'était l'élite.
La fine fleur l'élite du pavé
des besogneux des gueux des réprouvés
des mendiants rivalisant de tare
des chevaux de retour des propres à rien
ainsi qu'un croque-notes un musicien
une épave accrochée à sa guitare.
Adoptée par ce beau monde attendri
une petite fée avait fleuri
au milieu de toute cette bassesse
comme on l'avait trouvée près d'un ruisseau
abandonnée en un somptueux berceau
à toute hasard on l'appelait princesse
or un soir dieux du ciel protégez nous
princesse monte sur les genoux
du croque-notes et doucement soupire
en rougissant quand même un petit peu
"c'est toi que j'aime et si tu veux tu peux
m'embrasser sur la bouche et même pire "
Dis donc princesse arrête un peu ton tir
je n'ai pas encore l'étoffe du satyre
tu as treize ans j'en ai trente qui sonnent
grosse différence et je ne suis pas chaud
pour tâter de la paille humide du cachot
" mais croque-notes je ne dirai rien à personne "
Je m'interromps, sollicitant silencieusement un encouragement, je redoute toujours de lasser mes interlocuteurs avec ma culture d'un autre âge et ma mémoire encyclopédique.
- Qu'arrive t il après ?
N'insiste pas fit - il d'un ton railleur
d'abord tu n'es pas mon genre et d'ailleurs
mon cœur est déjà pris par une grande
alors princesse est partie en courant
alors princesse est partie en pleurant
chagrine qu'on ait boudé son offrande.
Elle m'interrompt
Cette histoire est certainement écrite par un homme ? Une femme amoureuse se fout totalement de la différence d'âge, elle aime, un point c'est tout. Rien d'autre n'a d'importance.
Je me tais un instant, réjoui par sa remarque. Elle demande.
- L'histoire est déjà finie?
- Non.
Il n'y a pas eu détournement de mineure
le croque-notes au matin de bonne heure
à l'anglaise a filé dans la charrette
des chiffonniers en grattant sa guitare
passant par là quelques vingt ans plus tard
il a le sentiment qu'il le regrette
Le silence qui suivit me parut
chargé de menaces, j'avais toujours peur de dire ce qu'il ne fallait pas
et de déclencher un drame. Heureusement elle fut enthousiaste:
- Merci d'avoir cédé à mon caprice,
vous êtes adorable. Ce poème est extraordinaire, de qui est ce ?
- C'est un secret mais vous seriez
surprise de connaître le nom de l'auteur, c'est sans doute un des plus
talentueux du 20 e siècle.
- C'est vous !
- Non malheureusement, j'en écris
aussi beaucoup, mais celui là non.
Avec Internet on ne peut plus tricher
et s'attribuer la paternité de l'œuvre d'un autre, c'est bien regrettable.
Nous avons rejoint les voitures je l'ai embrassée sur les deux joues,
des lueurs que j'interprétai, peut-être à tort, comme menaçantes flottaient
dans ses yeux.
Redoutant une nouvelle crise poliment
je dis :
- Bon et bien au revoir ce fut un
vrai bonheur.
-
Je ne veux pas que vous partiez, encore cinq minutes monsieur le
bourreau.
Elle était cultivée, capable de citer
les ultimes mots de la du Barry,
dernière maîtresse de Louis XV, sur l'échafaud révolutionnaire. N'ayant nulle
intention de lui couper le cou je réponds simplement:
- Il faut que j'y aille, on m'attend à la maison.
- On se rappelle ?
- Bien sûr.
Je suis rentré chez moi en faisant lâchement mais
prudemment des détours de peur qu'elle
ne me suive.
----------
Quinze jours plus tard je fis un test
de dépistage du SIDA, tout était positif, ouf, non je plaisante rien à
signaler. Pas même le moindre petit gonocoque susceptible de me conférer une chaude pelisse ou me mettre sur une
chaude piste et me faire regretter ce tendre péché pour lequel je réclame
votre indulgence, ayant succombé sous la contrainte ( oui, bon si on ne peut
même plus être de mauvaise foi !)
Eve me transmit donc uniquement de nombreux
textos réclamant d'autres randonnées polissonnes et de nouvelles histoires de
princesse.
Avant de répondre je recherchai sur Google : meurtres non élucidés d'hommes âgés dans une église, j'en répertoriai deux sur les trois dernières années, ce qui me donna à réfléchir.
Avant de répondre je recherchai sur Google : meurtres non élucidés d'hommes âgés dans une église, j'en répertoriai deux sur les trois dernières années, ce qui me donna à réfléchir.
J'avais perdu ma vertu,
épisodiquement la tête mais ayant
maintenant retrouvé toute ma raison, pas fou je consultai la seule autorité
florale reconnue compétente en matière de prédiction et décision amoureuses :
J'effeuillai vingt fois la marguerite
elle tomba vingt fois sur " pas du tout"
notre petite idylle a fait faillite
il est des jours où Cupidon s'en fout.
Alors
j'ai fait courageusement le mort.
----------
Vous ne saurez bien sûr jamais si cette histoire est authentique, issue de mon imagination ou des profondeurs d'un rêve.
Sachez seulement que je
me suis inspiré du personnage de la belle foldingue pour créer en partie l'héroïne de la
trilogie d'Eden ( que je vous conseille de lire ).
Si vous allez aux bois conter fleurette, beaux galants méfiez-vous des jolies femmes rencontrées, vous n'êtes pas à l'abri d'un coup de couteau, surtout si vous portez une chemise noire.
A tout hasard préparez aussi une histoire de princesse ...
Pour un exemplaire dédicacé, un contact ou accéder aux liens marchands :
Si vous allez aux bois conter fleurette, beaux galants méfiez-vous des jolies femmes rencontrées, vous n'êtes pas à l'abri d'un coup de couteau, surtout si vous portez une chemise noire.
A tout hasard préparez aussi une histoire de princesse ...
---------
Cette histoire est extraite du livre :
Cette page a été lue par 1 189 personnes.
Pour un exemplaire dédicacé, un contact ou accéder aux liens marchands :
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