Le projet Icare
Une petite fable amusante bien connue issue de la
mythologie grecque se révèle être très actuelle pour qui sait lire entre les
lignes :
Icare, prisonnier du labyrinthe construit par son père l'architecte
Dédale, colla des plumes sur son corps pour s'évader par les airs.
Grisé par le vol il s'approcha trop près du
soleil, la cire servant de colle fondit et il tomba dans la mer qui porte
désormais son nom, la mer Icarienne. Il s'y noya.
Outre le fait que les lois les plus
élémentaires de la physique interdisent un tel vol, il est à remarquer que plus
on prend de l'altitude plus il fait froid, la légende est donc doublement
fausse néanmoins la métaphore est juste : en se rapprochant du pouvoir sans
précaution les imprudents se brûlent les ailes, leur chute est alors brutale et
destructrice.
En voici une illustration.
En voici une illustration.
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Première partie : La Sublimissime
Installé à une
table ronde du restaurant le « Carmine's Midtown » à New-York un petit
homme enrobé plutôt laid mais charismatique, entouré d'une cour de cinq
collaborateurs fustige son voisin de droite :
- Si vous comprenez ce que je viens de dire
c'est que je me suis mal exprimé...
Il se fige soudain, bouche ouverte. Passe à un mètre
de lui son fantasme absolu.
L'apparition arbore une robe identique à celle portée
par Mireille DARC dans le film Le grand
blond avec une chaussure noire, robe qui avait fait rêver une génération
entière au début des années 70.
Se terminant en col montant le vêtement est très sage
côté face mais très provocateur côté pile, découvrant ou plutôt dénudant un
joli dos parfaitement musclé.
Une chaîne en or souligne la taille mince et la
croupe somptueuse de l'inconnue.
Son entrée est princière. Les conversations deviennent
murmures lorsqu'elle se présente côté face et s'éteignent totalement quand les
hommes découvrent ce côté pile.
Elle est sublime, belle à mourir avec sa natte, son cou gracieux, son visage d'ange, ses yeux bleus discrètement maquillés, la robe ne cache rien de son corps fabuleux, de sa silhouette parfaite. Ses seins pointent fièrement sous l'étoffe.
Elle est sublime, belle à mourir avec sa natte, son cou gracieux, son visage d'ange, ses yeux bleus discrètement maquillés, la robe ne cache rien de son corps fabuleux, de sa silhouette parfaite. Ses seins pointent fièrement sous l'étoffe.
Les autres
femmes la détestent instantanément, Henri III le mal aimé aurait dit :
- Là où elle est, les autres ne sont rien.
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Le petit homme ne paie pas de mine mais il est très
important.
Il se nomme
Karl Dachary - Sarrère tout le monde le surnomme KSD.
Il est provisoirement n° 2 d'une multinationale
Française ayant des filiales sur tous les continents.
Le PDG actuel
atteint bientôt par la limite d'âge l'a chaudement recommandé au conseil
d'administration pour sa succession.
KSD s'est ainsi retrouvé en position de dauphin et
futur n°1.
Les mathématiques interviennent pour beaucoup dans les
problèmes d'accession à un poste élevé :
Si N° 2 qui doit devenir N° 1 disparaissait, N° 3
deviendrait automatiquement N° 1 à son tour, c'est toutefois ce qu'il peut
espérer.
Tout le monde
suit ?
Numéro 3 est donc en embuscade. Il a conçu un plan
d'élimination de son rival baptisé un peu puérilement : Projet Icare !
Pour démolir un homme il suffit de s'adresser à ce
qu'il a de pire en lui, ensuite le fruit pourrit tout seul.
Il se trouve
que le pire chez KSD est petite faiblesse commune à beaucoup d'Homo Sapiens,
proches parents d'Homo Erectus, ne l'oublions pas : Les Femmes.
Le cerveau
humain, merveille de la création ou de l'évolution, plus gros organe sexuel
chez l'homme, fonctionne en interconnectant trois systèmes très différents :
- Le cortical,
siège de l'intelligence humaine fort de ses milliards de neurones câblés en
arborescences se reconfigurant sans cesse.
- Le limbique émotionnel.
- Le reptilien gérant les besoins primaires.
Ce dernier se comporte en tyran, prioritaire il prend le contrôle de l'ensemble
des systèmes en cas d'urgence et contrairement au cortical agit en binaire :
ouvert fermé, oui non, 0 1.
Chez les femmes
il semble que ce soit l'émotionnel qui l'emporte, chez les mâles c'est sans
contexte le reptilien sinon comment expliquer certains comportements masculins incompréhensibles ?
Les Français se
moquent comme de leur première dent des frasques amoureuses de leurs hommes de
pouvoir ou d'affaires, mille ans d'histoire monarchique les ont habitués à être
gouvernés par des souverains étalant leurs maîtresses au grand jour, ils
considèrent cela avec bonhomie et même sympathie.
Les
anglo-saxons ne l'entendent pas de la même oreille : un homme marié ne doit pas
sortir des sentiers battus ou doit éviter de se faire prendre en flagrant
délire sensuel.
Le mensonge
matrimonial est un sport national en France et le mal absolu en apparence aux
States. Tout le genre humain se souvient de Bill Clinton, homme le plus
puissant de la planète, se faisant gronder comme un galopin devant les
téléspectateurs du monde entier médusés au terme d'une enquête à 30 millions de
dollars, à deux doigts d'être démis de sa fonction, traité tel un criminel pour
une petite gâterie consentie par Monica qui aurait sans doute valu au
"couillu" une ovation de la part des habitants de notre beau pays.
KSD avait bien compris le danger. Partageant son temps entre USA où résidait
son épouse et Europe, il se tenait strictement à carreau au pays de l'oncle Sam
mais participait régulièrement à des parties fines organisées en son honneur en
Belgique ou à Madrid, Paris, Lille.
Les
« réunions » avec les belles prostituées, rebaptisées "femmes du monde
libertines" par son entourage, étaient organisées par certains cadres de la
multinationale faisant ainsi une cour anticipée au futur PDG, ces
"séminaires de travail" étant bien sûr remboursés sur notes de frais
falsifiées, ce qui constitue un abus de bien social et un cas de proxénétisme
hôtelier, ce dont tout le monde se fout en France.
N°3 décida donc
de monter son piège à New-York pour que le scandale ne passe pas inaperçu et
soit éliminatoire, tout en sachant que KSD se méfiait de lui !
Le traquenard fut particulièrement vicieux et digne
d'un championnat de billard.
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Le petit homme, nous l'appellerons désormais KSD ou
Icare, se fige soudain bouche ouverte.
" Passe à un mètre de lui son fantasme absolu " -
disions-nous.
Son cerveau
bascule en une seconde du mode cortical le plus sophistiqué au mode reptilien
le plus basique.
La
fantasmatique apparition, entourée de tout le personnel de salle masculin
disponible s'assoit à une table portant un carton" reserved ", sourit
à l'entour comme une reine, son regard croise celui de KSD qui sent son esprit
vaciller, empli immédiatement d'images inavouables.
Le
maître d'hôtel s'empresse auprès d'elle, la comble de compliments, lui demande
si elle sera seule et tend la carte. Dans un anglais impeccable teinté d'un
accent chantant, elle commande un veau parmiglia et un verre de Bordeaux Saint
Emilion 2005.
- Excellent
choix, commente le garçon.
Elle décidera du dessert plus tard.
KSD hèle discrètement le maître d'hôtel, glisse
cinquante dollars dans sa main.
Pour la commodité du lecteur, je traduis en simultané
les propos échangés en Américain.
- John, pour l'amour du ciel qui est cette beauté ?
- Je ne sais pas Monsieur je vais me renseigner.
Il revient très digne et glisse à son oreille :
- la
réservation de la table de la dame en question a été confirmée il y a plusieurs
jours par un mail provenant d'une société implantée en Suisse. Je ne suis pas
autorisé à divulguer les noms.
- L'adresse mail de cette société se termine-t-elle
par : point c h ou romandie.com ?
- Je vais vérifier Monsieur. Il revient toujours
impassible
- Romandie.com, Monsieur.
Icare a conscience que chacune de ses frasques peut le
démolir lorsqu'il est aux States, il se méfie de toute personne venant de
France.
Là il est soulagé, n'importe qui peut avoir une
adresse se terminant par point ch.,
seule une personne habitant la suisse romande pouvant avoir une adresse : romandie.com, la Sublimissime est
vraisemblablement de nationalité Suisse donc à priori sans danger.
D'autre part nul être au monde, sauf ses plus proches
collaborateurs en qui il a toute confiance, ne pouvait savoir où il dînerait ce
soir.
Il ne le sait
pas encore mais l'un d'eux, irrité et blessé par une cour éhontée faite à sa
femme par KSD l’a trahi.
Il croit donc
pouvoir développer une offensive sans craindre une embuscade. Les dieux
aveuglent ceux qu'ils veulent perdre.
- John mon ami voulez - vous me faire plaisir ?
- Certainement Monsieur.
- Avez - vous du champagne français à température ?
- Evidemment Monsieur, Cristal Roederer, Moët ou Dom
Pérignon ?
- Pouvez-vous servir une coupe de Cristal Roederer à
la belle Suisse de ma part ?
- Certainement Monsieur le Président. Coupe ou flûte ?
La Sublimissime s'étonne de cette flûte de champagne
qui atterrit sur sa table, John lui apprend le nom et la qualité de son
généreux donateur.
Les beaux yeux bleus flamboient, vrillés dans le
regard de KSD. Pour un peu il lui
sauterait dessus.
Elle lui porte
discrètement un mini-toast poli en remerciement, boit une gorgée du breuvage
magique et divinement bon.
Le champagne
est comme une femme, on découvre quelquefois avec agacement une certaine
acidité inattendue qui fait grincer des dents, mais souvent le bonheur est sans
limite.
Une deuxième coupure
à l'effigie de S. Grant et un papier plié en quatre atterrissent dans la main
de John qui s'appelle en réalité Nathan. Dans les établissements où il a ses
habitudes KSD surnomme tous les employés : John.
Ils ne s'en offusquent pas,
pour 50 dollars de pourboire la plupart des salariés veulent bien se prénommer
Lucifer si cela lui fait plaisir.
- John mon ami, voulez - vous porter ce petit billet à
cette dame.
- Certainement Monsieur.
La reine de la soirée déplie le papier. Une main
nerveuse a écrit un numéro de téléphone suivi d'une invitation élégante rédigée
en Français :
- Quand on vous voit on vous aime, quand on
vous aime où vous voit-on ?
Belle entrée en matière, non ? Notez-la, elle peut vous servir.
Elle sourit, sort son portable et fait signe qu'elle
va répondre.
Un SMS parvient à Icare, première station de son futur
chemin de croix :
" il ne faut pas aimer au-dessus de vos moyens
affectifs ", mais elle ne veut pas le vexer, ce n'est pas son objectif, il
faut résister tout en l'encourageant, elle sait très bien faire.
Sa réponse fait l'effet d'une banderille on ne
contrarie pas le futur PDG, un homme qui manipule des milliards chaque jour,
tutoie de nombreux présidents dans le monde, décide du sort de populations
entières de salariés.
Le ballet des
textos se poursuit, interrompu épisodiquement par le service.
Il
répond :
- Je sais presque
tout sauf
votre nom puis je me
permettre de
vous le demander.
- Mon nom ne vous
Apprendrait rien,
Appelez-moi Naupacté,
Je suis d'origine grecque.
Ce
nom lui dit vaguement quelque chose, sans doute une nymphe ou une muse
mythologique.
- Vous êtes seule
?
- A New York oui.
- Voulez- vous
vous joindre à nous.
- Non merci.
Certains
hommes ne doutent de rien. Icare est lucide sur son aspect physique banal mais
il peut constater une réalité : il plait aux femmes, croit-il. A force de fréquenter les belles prostituées européennes baptisées
" bourgeoises libertines " par son entourage il a fini par se croire
irrésistible. Après tout Gainsbourg n'avait pas la belle gueule de Delon, il a
tout de même eu dans son lit certaines des plus belles femmes du monde.
L'inconnue l'a tout de suite remarqué en rentrant dans
le restaurant, il ressemble à la photo du dossier qui lui a été transmis, en un
peu plus gros qu'elle ne se l'imaginait et un peu plus moche. Il a un visage
fatigué mais dégage un charisme incontestable.
L'affaire
parait bien engagée, plus elle se refuse plus il s'obstine.
- Prenez au moins
un verre
avec nous après le repas.
- Non merci.
- Seriez - vous
comme la poupée de
Polnareff qui dit toujours non ?
- Quand la bouche dit non,
le regard dit peut-être...
- Que faut - il
faire pour
entendre un oui
franc et massif
sortir de votre jolie bouche ?
- Ce soir quoi que
vous fassiez
ou demandiez ce sera non.
Une
femme seule dans un restaurant exacerbe la libido et l'instinct de chasseur des
mâles en présence, un second garçon dépose un papier devant elle, un autre
admirateur s'est mis sur les rangs.
-
You are wonderfull.
KSD
a perçu la concurrence, il devient hystérique :
- Demain ?
- Peut-être
- Demain soir ?
- Je serai repartie pour Genève.
- Demain matin ?
- Pourquoi pas.
- Puis je me permettre
une invitation
en tout bien tout honneur.
- Dites toujours.
- Je suis à
l’hôtel SOFITEL ..., 44e rue,
Suite 2xxx., j'y
ai un bureau,
un petit salon et
une bouteille de
Cristal Roederer
qui s'ennuie de vous.
Puis-je vous y
espérer
vers dix ou onze heures
Le terme bureau est tout de même moins agressif et
plus convenable que le mot chambre.
- Vous ne pensez pas sérieusement
que je vais
accepter.
- Je ne pense qu'à
ça,
je suis un gentleman,
Je vous promets
d'être
très raisonnable et
très respectueux.
- Dommage, mais bon
tant pis ! Il
parait que
l'on ne respecte que ce
que l'on ne
désire pas.
Il
ne comprend plus rien, maintenant c'est elle qui le provoque.
Elle
termine son repas par un fondant au chocolat avec beaucoup de chantilly, se
lève, passe près de lui, souffle à son oreille :
- Bonsoir monsieur, dormez bien et qui sait ?
Peut-être viendrai-je demain vers onze heures, SOFITEL, 44e rue suite 2xxx…. mais dans ce
cas, pour vous la journée risque d'être difficile.
KSD interpréta cette phrase comme une promesse de
délices érotiques épuisants.
La
journée suivante sera effectivement très difficile pour lui, pas pour les
raisons espérées.
L'entrée de l'inconnue était princière, sa sortie fut
impériale, le souvenir de son joli petit cul musclé et malicieux subsista
longtemps dans les yeux des hommes sidérés.
Après un concerto de Mozart on prétend que le silence
qui suit est également de Mozart, la salle du restaurant qui avait abrité
quelques instants la fée merveilleuse resta quelques secondes emplie de sa
magie puis redevint une salle ordinaire toute bête.
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Deuxième partie : Le cadeau empoisonné.
.
KSD passa une nuit enchanteresse, tout lui souriait,
il avait déjà l'argent, une situation sociale de tout premier plan au niveau
mondial, une femme richissime et maintenant la promesse d'une aventure avec une
créature incroyable.
Par
moment il a un peu le vertige, mérite-t-il une telle réussite, ne va -t-il pas
le payer ? la vie présente toujours la note un jour ou l'autre.
Réveillé à 8 h 30 il déjeune, se douche, se rase, se
parfume sans oublier l'intérieur du caleçon, se pomponne, se pare de son plus
beau costume, fait monter une bouteille de champagne dans un seau à glace, pose
ses nombreux portables sur un meuble, consulte ses mails, répond aux plus
urgents.
Un
bruit de pas et une voix dans le couloir, il se lève le cœur battant, les pas
s'éloignent.
10 H 20, aucune princesse suisse ou grecque à l'horizon, un téléphone
sonne, un collaborateur fait les dernières mises au point pour la réunion du
conseil d'administration du lendemain à Paris.
11 h 15, on frappe à la porte, c'est sûrement elle.
Une envie
gargantuesque et incontrôlable l'envahit, il va vivre un moment inoubliable
c'est certain.
Excité et intimidé à la fois il ouvre la porte, une
femme habillée en soubrette se glisse dans la chambre, avant qu'il ait pu lui
demander de revenir plus tard elle lui tend un papier contenant quelques
phrases en français :
- je suis désolée, j'ai dû repartir ce matin
pour Genève suite à un problème de dernière minute, mais ce n'est que partie
remise, vous avez mon numéro de portable appelez-moi ce soir. Je vous verrai avec plaisir à Paris ou à
Genève, j'espère que ce jour- là vous ne serez pas trop raisonnable ni trop
respectueux.
En attendant, pour
me faire pardonner je me suis permise de vous faire un petit cadeau en toute amitié.
Quand on me voit
on m'aime disiez-vous, je sais faire plaisir à qui m'aime !
Naupacté.
"Le cadeau" est déjà à genoux devant lui et dégrafe sa
ceinture. La soubrette le regarde timidement, elle est loin d'être aussi belle que la
Suissesse mais l'érotisme de la situation excite terriblement Icare.
En stimulation
maximum son cerveau passe en mode binaire, oubliant les dangers et les pièges
potentiels : une femme sublimissime le retrouvera bientôt en Europe, une autre
soumise à ses désirs baisse son pantalon, après tout faute de grives on se
laisse manger par des merles.
Il ferme les yeux, une bouche douce engloutit son sexe
dressé, il imagine son gland entre les lèvres sensuelles de l'inconnue. Après
quelques minutes, il veut passer à d'autres plaisirs, la femme le bloque, mains
plaquées contre ses fesses. Elle accélère sa fellation, il pousse un grand cri
et éjacule dans la bouche accueillante qui régurgite le trop plein sur son
tablier blanc finement rayé de bleu.
La scène est
irréelle, elle n'a pas dit un mot. La jouissance qu'il vient de ressentir est
dévastatrice, essoufflé il se dirige vers la salle de bains. Dès qu'il en a
franchi la porte, la femme de ménage récupère le message écrit par « Naupacté »
tombé à terre, cache rapidement un des nombreux portables dans un tiroir et
sort de la chambre...
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Il y a trois semaines cette femme de ménage a été abordée par un
inconnu porteur d’une liasse de billets verts :
- Il y a là 5
000 $, ils sont à vous si on se met d'accord et il y aura beaucoup plus dans
quelques mois.
Financièrement elle était aux abois, l'inconnu lui parut être un ange
tombé du ciel.
Quand il lui expliqua la contrepartie elle fut
soulagée, il n'était pas question de trafic de drogue comme elle le craignait
mais simplement de faire une fellation à un client de l'hôtel dans lequel elle
travaillait et porter plainte ensuite pour agression sexuelle.
Elle avait subi
d'autres avanies autrement plus dégradantes là d'où elle venait et sans gagner
un cent. Elle protesta un peu pour la forme mais quand au deuxième rendez-vous
l’homme fit mine de rentrer les billets pour proposer l'affaire à une autre,
l’accord fut conclu, elle reçut 1 000 $ d'acompte, pour elle une fortune !
Hier soir
l'inconnu se manifesta, c'était pour le lendemain.
Il lui remit 1 500 $ et donna toutes les instructions
nécessaires, y compris un papier plié en quatre, sésame nécessaire à l’approche
de la cible, à récupérer absolument après l’accomplissement de la mission. Les
2 500 $ restant dus lui seraient remis dès certitude que la cible de la manip
aurait été arrêtée, une assistance juridique discrète lui serait assurée, sa
fortune était faite, cela valait bien quelques gouttes de sperme.
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Elle joua son
rôle à la perfection. Prostrée, cachée dans un couloir de l'hôtel, traumatisée,
crachant par terre, essayant de se faire vomir elle est retrouvée à 12 h 30 par
une collègue. Elle dit avoir été agressée par l'occupant de la suite 2xxx. Le
chef de la sécurité de l’hôtel appelle la police.
Gai comme un italien qui a eu de l'amour et du vin dit
la chanson, KSD a quitté l'hôtel vers midi et déjeune dans un restaurant proche
du S…. Avant de se rendre en taxi à l'aéroport international John Fitzgerald
Kennedy.
A 15 h 29 il
appelle l'hôtel pour signaler l'oubli d'un de ses téléphones, grâce à cet appel
la police le localise et l'arrêtera juste avant le décollage du vol AF 023
d'Air France qui devait l'acheminer à Paris.
Cinq minutes
avant son interpellation il a un pressentiment, des sirènes de police se
rapprochent, le surnom de la somptueuse Suisse, Naupacté, lui revient à l'esprit.
Les hommes très actifs ont un fonctionnement cérébral
qui sort de l'ordinaire, ils emmagasinent à toute vitesse un nombre hallucinant
d'informations, les stockent et les font ressortir de leur tiroir mnémonique
quand ils ont un moment de liberté.
KSD interroge
Google, la réponse le glace : dans la mythologie grecque Naupacté est une
esclave crétoise épouse de Dédale constructeur du labyrinthe, ils ont un enfant
nommé Icare.
Le mythe lui
revient instantanément à l'esprit : Icare s'est brûlé les ailes en voulant se
rapprocher trop près du soleil, la métaphore est limpide, il est baisé. La
Salope...Elle ne l'emportera pas en paradis !
Une angoisse broie son estomac, les sirènes maintenant toutes proches
hurlent, des voitures de police arrivent, freinent brutalement.
Sa vie bascule
!
Le fonctionnement de la police et de la justice
américaines est très différent de celui de leurs homologues françaises.
On se retrouve
ici face à un système de type accusatoire dont la plupart des acteurs sont
élus, donc préoccupés au premier chef de leur réélection.
La
police arrête un suspect, le procureur accuse, le suspect se défend, le juge demande
s'il plaide coupable ou non. Dans le premier cas il n'y a pas de procès mais
une négociation entre le procureur et l'accusé sur la peine infligée, le juge
valide la négociation et… au suivant .
La justice gagne en efficacité et rapidité ce qu'elle
perd en moralité.
Si l'accusé plaide non coupable un procès a lieu, le
procureur doit convaincre un jury populaire du bien-fondé de l'accusation, si
son dossier est reconnu insuffisamment convaincant il est renvoyé dans les
cordes et passe pour un nul aux yeux de ses électeurs.
Coupable ou non coupable, le spectacle était assuré
chacun voulut y tenir un rôle, toute la perversité de la manœuvre préconisée
par N° 3 était basée sur ce fait.
Dès que les autorités connurent l'identité de
l'"agresseur", dirigeant d'une grande société française, les chaînes
de télé furent immédiatement informées, le malheur d'un Français est toujours
un grand bonheur pour un Américain …Nous sommes alliés mais pas copains !
KSD interpellé
sans ménagement, menotté, fut exhibé aux yeux des téléspectateurs du monde
entier éberlués, aux States on appelle cela "la marche du suspect" et
incarcéré à Rickers Island.
Les
commentaires les plus fous circulèrent, il encourait disait-on 50 puis 60 puis
70 ans de prison pour les sept chefs d'accusation retenu par le procureur Cyrus
Vance junior parmi lesquels : tentative de viol, abus sexuel, acte sexuel
criminel, séquestration, on l'aurait sans doute accusé d'avoir assassiné Henri
IV si les américains avaient connu l'histoire de France, bref l'hystérie devint
collective.
Certains journalistes français écrivirent qu'on
faisait beaucoup de bruit pour pas grand-chose, il s’agissait pour des esprits
latins d’une histoire banale de rapport « ancillaire », une petite pipe,
un "légitime droit de cuissage" habituel envers le petit personnel.
N°3 assista à la curée et à la mort sociale de son
concurrent avec délectation. Le conseil d'administration de la multinationale
fit paraître un communiqué par lequel il désavouait et se désolidarisait de
KSD. Le scandale était trop gros pour passer en pertes et profits.
Le cadeau empoisonné coûta à notre Icare
néo-américain, outre le déshonneur et l'envol de tout espoir de succéder au PDG
la modique somme de dix millions de dollars environ en frais d'avocats choisis
parmi les plus efficaces donc les plus chers, perte de revenus, frais de
procédure, indemnisation de la partie civile, frais de garde du corps, location
de maison sécurisée, etc. …
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Hallali et Curée sont deux termes de chasse à courre (appelée
également vénerie) désignant la sonnerie émise par le cor pour annoncer la
prise imminente de la bête poursuivie puis la cérémonie suivant la mise à mort
de l'animal. L' humain se réjouit souvent de la souffrance des autres et adore la mettre
en scène.
La sublime
inconnue, méconnaissable dans un vieux jean et coiffée d’un bonnet en laine,
attendait dans un bar proche mais extérieur à l'aéroport. Elle entendit les
sirènes des voitures de police sonner l'hallali, toutes les télés prévenues
dieu sait par qui interrompirent leur programme et montrèrent la curée en
direct au monde entier.
Les empereurs Romains avaient vu juste, pour contenter
le peuple il suffit de deux choses, Panem
et circenses, pain et jeux du cirque.
Quelques minutes plus tard un SMS lui parvint de
France :
Bravo !
Une demi-heure plus tard elle vérifia sur son smartphone que les honoraires dus
au titre de cette mission avaient bien été virés sur son compte ouvert à
Singapour.
Le premier avion disponible ramena la fausse Suisse à
Nice.
Trois mois plus tard N° 3 devint N° 1.
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C'est curieux, cette histoire ne nous en
rappellerait-elle pas une autre ? Si oui devinez qui pourrait avoir eu
intérêt à promouvoir N°3.
Moi je sais mais je ne le vous dirai pas.
Lisez EDEN
livre second, l'ange de la mort est assis sur mon banc vous serez surpris.
Cette histoire est extraite du livre vendu sur Amazon, Fnac, Cultura etc...
:
-----------
:
site web http://serge.boudoux.fr
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