vendredi 7 juin 2019

Le BIG BANG

S'ils n'existent pas, il est inutile de les inventer…
(Petit échauffement pseudo intello-religio-scientifico facultatif)

Il était une fois dans un lieu inconnu un point que l'on présume minuscule et très chaud.

Il y a treize milliards huit cents millions d'années, à un ou deux jours près, cette singularité atteignit une telle température qu'elle fit " bang " et devint énorme, c'est pourquoi on l’appela le Big Bang.
Si ce n'est pas tout à fait vrai, il n'y eut pas explosion comme ce nom le suggère mais expansion et inflation soudaines, c’est bien trouvé.

Cette pure énergie devint antimatière et matière qui se détruisaient mutuellement en une grande explosion à chaque rencontre. Heureusement la matière gagna la bataille, d'abord particules simples elle s'organisa en atomes, molécules, gaz, étoiles, trous noirs qui forgèrent les éléments lourds constitutifs de toutes choses, galaxies, amas, supers amas. Notre univers était né.

Ne zappez pas, la suite va vous divertir !

Bien plus tard dans un coin reculé de cet univers, aux confins de la banlieue tranquille d'une petite galaxie une étoile s'alluma, les gaz et la poussière non utilisés par l'étoile s'agrégèrent sous l'effet de la gravité et formèrent des planètes.

Sur une des planètes un phénomène étrange qui se nomma lui-même la vie émergea de l’Inanimé, il y eut des êtres unicellulaires, des organismes pluricellulaires, végétaux, animaux et soudain, sans doute issue d'une aberration génétique, surgit une espèce surprenante douée d'intelligence et de conscience.

Les membres de cette race avaient une vie très brève, 100 ans pour les plus chanceux, un battement de cils au regard du temps cosmologique.
On pourrait penser qu'ils profitaient raisonnablement et intensément de chaque moment de cette courte existence, c'était mal les connaître, la mort les terrifiait ils voulurent la nier.

Les plus futés, prétendument en ligne directe avec les cieux et détenteurs d'une révélation ésotérique, imaginèrent donc qu'ils avaient été créés par un être suprême particulièrement sadique qui les frustrait en leur proposant de succomber à l'attrait de petits plaisirs appelés " péchés ", ce qu'il s'empressait ensuite de leur reprocher.

D'après eux cette entité mystérieuse passait son temps à les observer, comptabilisait et jugeait leurs actions pour distribuer des récompenses après leur mort : la vie éternelle dans un lieu idyllique " le paradis ", ou infliger des punitions : la vie éternelle en enfer lieu de tourments.
L’existence de cette divinité répondant élégamment aux multiples interrogations sur leur origine, leur devenir et comblant le vide abyssal de leur ignorance ils ne doutèrent plus de sa réalité.

 Certains développèrent même d'excellents arguments pour s'en persuader :
"L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer
 Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger.
(Voltaire)

Comme ils ne parlaient pas la même langue puisque issus de contrées éloignées ils donnèrent à l'être supérieur des noms différents exprimant pourtant le même concept : Dieu, Zeus, Jupiter, Allah, Jéhovah, Yahvé, Vishnou, Osiris, Amon-Râ, Aton, Quetzalcóatl, Viracocha, Manitou ou autres, conçurent des rituels bizarres pour le vénérer ou l'apprivoiser, inventèrent des obligations ou des interdits sexuels, vestimentaires, alimentaires qui donnèrent du pouvoir à quelques-uns et pourrirent l'existence du plus grand nombre.

Certains se laissèrent pousser la barbe, d'autres se rasèrent la tête, portèrent un chapeau, une calotte, un turban, une mitre, des plumes dans les cheveux, se tatouèrent l'épiderme, se firent appeler : mon Père, Frère, Soeur, Lama, votre Sainteté, Monseigneur, Eminence, Révérend, Mollah, Ayatollah, Imam, Rabbin, Moine, Divin Gourou, grand Sachem et autres titres ronflants, se percèrent la peau, s'habillèrent en noir, en blanc, en orange ou restèrent presque nus.

Chacun d'eux considérant que sa façon de rendre grâce à l'être suprême était excellente et celle des autres exécrable ils commencèrent donc à s’entre-tuer en son nom, bien qu'il fût décrit par leurs livres sacrés comme bon et miséricordieux et leur ait donné comme premier commandement : Tu ne tueras point ! Curieusement il les laissa faire.

Ils découvrirent rapidement qu'il était moralement plus confortable d'égorger son voisin, son prochain ou son lointain en l'ayant au préalable affublé des doux noms de : mécréant, Kâfir, infidèle, hérétique, païen, athée, impie, incroyant, sacrilège, blasphémateur ou autres aimables qualificatifs.
Ne pouvant toutefois assumer décemment la responsabilité de leur méchanceté sans limites ils conceptualisèrent l’idée abracadabrantesque d'une créature maléfique, un ange déchu censé être la cause de leur comportement meurtrier et là pour une fois ils furent tous en accord sur son
nom :
Satan pour les Français, les Anglais, les Allemands, Satanás en Espagnol, en hébreu שָׂטָׂן
śāṭān, en Grec ancien Σατανᾶς Satanas, les Araméens le nommaient ܐܢܛܣ sāṭānā’, les Arabes شيطان šayṭān, ce fut şeytan pour les Turcs et même 撒但Sā dàn pour les Chinois, शैतान shaitaan en hindi, Сатана satan en cyrillique, surprenant non ? (Il est tout de même pratique pour un écrivain d'être poly et même multiglotte, isn' it ?)

Ils décrétèrent que toutes leurs saloperies étaient téléguidées par ce bouc émissaire bien commode.
Quelques suspicieux objectant que personne ne l'avait jamais vu, ils affirmèrent que la plus grande ruse de ce Satan universel était de faire croire qu'il n'existait pas.
Quant à l'existence de Dieu le seul fait d'en douter vous condamnait à une mort prématurée et douloureuse par le fer ou le feu !
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Plus tard ils inventèrent d’autres divinités :« la Croissance économique à tout prix », « la Cupidité » « les Pesticides, Hydrocarbures, Gaz à effet de serre » et entreprirent, en hommage à ces nouvelles idoles, de scier la branche sur laquelle ils étaient assis en détruisant la seule planète habitable de leur système solaire.
Pure fiction, personne ne peut être aussi bête ni aussi méchant dites-vous ?
Malheureusement si !
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Si Dieu existe, ils ne peuvent lui ressembler quoiqu'ils en disent.
Si Satan existe, il ne peut rivaliser avec leur perversité quoiqu'ils en pensent.
Si dieu et diable n'existent pas, il est inutile de les inventer, c'est déjà fait, ce sont les deux faces de notre monstruosité.
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Vous en aurez  la preuve : une histoire chaque semaine dès la semaine prochaine.



Texte figurant en introduction du livre :





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