jeudi 4 juillet 2019

Monstres ordinaires : Histoire n°4







histoire féminine et jubilatoire :


Une bonne affaire ?



 L’histoire suivante m’a été rapportée par un bon ami habitant une ville moyenne de la région Rhône-Alpes dont je tairai le nom, de peur d’être assimilé à un goret et dénoncé sur des réseaux prétendument sociaux par quelque habitante vindicative croyant se reconnaître. Le porc est facilement balancé de nos jours ce qui cause parfois des vertiges à la pauvre bête…

Sans s’être concertées, dans un quartier de ce gros bourg une quinzaine de femmes seules de quarante à soixante ans ont acheté dans le même lotissement une petite maison de ville avec jardinet, formant ainsi spontanément une confrérie exclusivement féminine comportant toutefois quelques enfants.
 Se constitua ainsi une communauté semblable à une société d’éléphantes, une tribu d’Amazones (bien qu’aucune n’ait poussé le mimétisme jusqu'à se couper un sein conformément à la légende, action par trop nuisible à une symétrie qui pouvait encore séduire) ou une troupe d’oies sauvages migratrices.

Beaucoup d’entre elles, sentant courir sous leurs plumes
De ces grands souffles fous qu’on a dans le sommeil
Voulaient voir la nuit comment le ciel s’allume
Puis flamboie le matin aux rayons du soleil.

Dit plus simplement : leur désir d’absolu et de liberté les avait poussées à congédier un époux trop décevant.
D’autres, humiliées car abandonnées pour avoir atteint la limite d’âge selon les critères subjectifs d’un homme mordu par le démon de mi-vie et affamé de chair fraîche, ruminaient sans fin à son égard une haine farouche !

Bourreaux ou victimes et quelle qu’en soit la raison profonde nos Guerrières nourrissaient de ce fait un profond ressentiment envers la gent masculine.

Considérés comme un mal nécessaire dans ce contexte les mâles de passage rasaient les murs, tous justes tolérés un court instant ils étaient rapidement éjectés après avoir effectué certains travaux indispensables ou comblé quelques besoins primaires.

 Chaque Amazone menait donc apparemment une vie heureuse, indépendante et autonome tout en rêvant secrètement au jour béni où elle pourrait à nouveau gémir sous le joug d’un amant, (en langage rappeur : être kiffée par un mec) !

Je vais vous narrer avec gourmandise et à ma manière, sans occulter une certaine mauvaise foi féminine sous-jacente, ce que l’une d’elles provisoirement traître à la tribu expliqua à mon ami une nuit de pleine lune propice aux confidences, entre deux hurlements de loup garou entendus après avoir absorbé moults whiskys et autres substances revigorantes !



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Mon prénom est Valérie. Mes amies m’appellent Val, démontrant ainsi une grande originalité dans le choix des surnoms.

Je viens tout juste d’avoir cinquante ans, passant ainsi du triste statut de vieille parmi les jeunes à celui, préférable et réjouissant, de jeune au pays des vieux.
 Albert, mon frère aîné, croyant m’apprendre quelque chose me dit à cette occasion ce que toute femme sait ou sent à l’approche de la ménopause :
- Dépêche-toi de profiter de la vie, souviens-toi que la plupart des femmes regrettent pendant la seconde moitié de leur vie ce qu’elles n’ont pas fait pendant la première !
Réflexion de vieux macho et Fake news ! C’est de moins en moins vrai. Le « retour d’âge » sonne pour nous le temps de la liberté du corps et de l’esprit. Exit la pilule et ses effets secondaires puis tertiaires, disparues les menstrues, envolées les angoisses de maternité non désirée.
 Le sexe uniquement pour le plaisir et une capacité intacte de séduction malgré le temps qui passe, voilà la vraie égalité homme / femme. 

Les hommes eux ne craignent pas cette arrivée en fanfare sur le deuxième et mauvais versant du siècle, bien au contraire.
Accédant enfin à l’âge adulte, les casaniers n’ayant pas quitté leur épouse pour faire un deuxième tour de manège en passant par la case départ et s’exhiber avec leur récente conquête appétissante trentenaire (qui les abandonnera au premier signe de déficience prostatique ou érectile) ont d’autres sujets de préoccupation :
 L’argent, le pouvoir, leur taux de cholestérol, le maintien des avantages acquis (maison, voiture, points de retraite et leur femme qui devient de plus en plus pour eux une mère.)
Concernant les jeux de pouvoir et d’argent ils disent : il vaut mieux être grand parmi les petits que petit parmi les grands.
Autre formulation mais même concept de positionnement par rapport aux autres, tout le monde a fini par comprendre que pour être heureux il suffit de jouer dans la bonne cour.

Vous trouverez sans doute mon comportement cynique et digne d’un mâle prédateur, aussi vais-je vous raconter l’histoire qui m’a convaincue de raisonner comme un mec sur un point précis.

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J’ai viré mon mari l’an dernier.
Nous ne dormions plus ensemble depuis dix mois. J’avais toujours froid et lui beaucoup trop chaud ce qui occasionnait régulièrement des guerres de couverture, conflits de fenêtres ouvertes et guérilla de courants d’air. J’ai sauté sur l’occasion pour lui interdire la porte de ma chambre.

Vous vous doutez de la vraie raison. Lorsque nous nous sommes rencontrés ses senteurs d’homme, son corps musclé et ses caresses me rendaient folle, le regarder dormir m’attendrissait terriblement mais peu à peu ses gestes devenus agressifs et mécaniques, ses odeurs, ses ronflements, se sont ligués pour m’écœurer. C’est la dose qui fait le poison !
Le prince charmant épousé s’était transformé insensiblement, passant en vingt ans du statut de bonobo affriolant à celui d’objet de dégoût.
 Le bruit du moteur de sa voiture lors de son retour du soir, puis celui de ses pas sur l’allée gravillonnée me donnaient des angoisses et envie de vomir.

Car depuis tant d’années
Ce n’était pas une sinécure
De lui voir tout le temps le nez
 Au milieu de la figure.

Heureusement il ne me touchait plus, tant mieux. Avec le temps les conditions du devoir conjugal étaient devenues insupportables :

Dans un premier temps "mossieur" avait décidé par décret spécial et unilatéral de baiser uniquement le dimanche soir, prétextant que son misérable orgasme dominical lui permettait d’oublier le stress de la fin du weekend et de mieux s’endormir pour affronter la semaine de boulot se profilant à l’horizon. J’étais donc devenu son somnifère.
Je crains que l’expression « baiser » ne choque certaines de mes sœurs en humanité, elles préféreraient la belle tournure illusoire « faire l’amour » mais je crois qu’elles chipotent.
 Dans notre inconscient collectif féminin « Baiser » qui n’évoque qu’un acte bref et bestial est à mille lieux de « Faire l’amour », expression suggérant un artisanat voire un acte artistique besogneux et patient.
 En réalité c’est toujours le même scénario, tout le monde connait déjà le début, le milieu et l’aboutissement ultime du documentaire animalier.
Moi, dès le mot « fin » inscrit en générique sur le sexe en débandade de mon bonhomme je le virais de mon lit.

 L’envie ne se programmant pas et le dimanche soir devenant un moment de saillie obligatoire vous imaginez mon angoisse à l’heure du rut marital.
 Heureusement après avoir disjoint nos couches nous avons rapidement divergé sur la libido. Je n’avais plus appétit à lui ni lui à moi. Il trouvait que j’avais pris de grosses fesses (cul délaissé ne me servant plus qu’à m’assoir) ce qui l’indisposait, quant à moi son ventre maintenant proéminent et son menton épaissi me laissaient de marbre.
 Ce qui ne m’empêchait pas d’avoir des désirs obsessionnels envers le reste de l’espèce virile harmonieusement musclée !

Un jour ce détail tout bête précipita ma décision de le quitter :
Nue sous ma douche je tendais la main pour attraper mon Cadum crème douche surgras à l’huile d’amandes douces bio et huile de coco sans paraben quand la petite voix insolente de mes fantasmes souffla à mon oreille : « pourquoi s’acharner à rendre douce une peau que personne ne caresse ? »
J’ai immédiatement inversé la réflexion : pourquoi s’obstiner à vivre avec quelqu’un qui ne caresse plus une peau que je m’acharne à rendre douce, même et surtout si ses câlineries ne me manquent pas ? J’imagine qu’un homme aurait de la peine à comprendre ce paradoxe.

Dès le lendemain une stratégie fut élaborée avec l’aide de quelques copines m’ayant précédée sur le chemin caillouteux et chaotique du divorce.
Je vous passerai les détails : Constitution d’un trésor de guerre en détournant régulièrement des fonds du ménage à destination d’un compte secret domicilié chez une amie fidèle (ce fut facile « Il » ne s’occupait jamais de rien), choix de l’avocat, recherche du futur logement etc…Une routine pour les femmes d’aujourd’hui.

Le plus étonnant fut que mon époux ne vit rien venir, il faut dire qu’il ne voyait plus grand-chose venant de moi.

Curieusement le divorce, ressenti comme un coup de tonnerre dans un ciel sans nuage, le mit dans tous ses états.
 Il ne mangeait plus, buvait beaucoup, traînait sa tristesse, sa rancœur et ses grands yeux larmoyants chez tous nos amis, fidèle en cela à l’adage de Prévert (qui ne manquait pas, comme Paulo Coelho, une occasion de dire des évidences et des banalités devant lesquelles certaines se croient obligées de se pâmer) :
 On reconnait le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va.
 Pensez-donc « mossieur » avait perdu « maman » qu’il ne regardait pourtant plus précédemment et cela faisait un grand vacarme dans ses petites oreilles.
Entre nous, Prévert et consorts n’ont rien compris, le bonheur est avant tout un grand silence, une période merveilleuse de calme, de quiétude où les bruits et odeurs organiques émis par un compagnon peu délicat ont enfin disparu.

Si quelques hommes lisent mon récit je leur fais ce cadeau : Rien n’est plus facile pour un époux intelligent que de récupérer sa femme en désir de divorce…
 Il lui suffit d’avoir la classe, montrer de la gentillesse, éviter les reproches, les injures qui ne font que conforter une décision précaire toujours difficile à vivre, en un mot entamer une reconquête… et pomponnette reviendra se frotter contre le pôvre pompon.

Bien entendu, comme tous les maris le mien fit tout le contraire de ce qu’il eut fallu (je n’ai jamais dit que cela serait facile ? ah si je l’ai dit !) … et divorce il y eut.
 La part me revenant sur la vente de notre propriété me permit, outre l’achat d’une petite maison, de disposer d’un capital de départ pour vivre ma vie.  
Le juge m’accorda une prestation compensatoire dont je ne vis jamais le moindre centime.
Ayant compris que l’on ne pouvait pas tondre un œuf, mon ex décréta qu’il n’était pas question que je mène grand-train avec son argent. Il préféra se retrouver au chômage, dilapider sa part et se déclarer insolvable plutôt que financer sa « salope de femme ».  Pauvre type !
 Heureusement mon frère m’embaucha en qualité de secrétaire dans sa société de construction.
Nos deux grands enfants quittèrent la maison pour voler de leurs propres ailes à peu près au même moment. Ils plaignirent leur père et me firent la gueule ce qui ne me fit ni chaud ni froid, j’avais trop besoin de liberté.
Adieu la Mère, la Femme est de retour !

 Entreprenant tout d’abord de retrouver une apparence susceptible de réjouir la glace de ma salle de bains à qui je ne demandais pas depuis bien longtemps : « Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle » (Il ne faut jamais poser une question dont on n’a pas envie d’entendre la réponse) de grands travaux de rénovation personnelle furent programmés : Nouvelle coupe, nouvelle couleur de cheveux, nouveau logement, nouvelle poitrine, nouvelle voiture et inscription à une salle de gym.
Nouvelle Val, nouvelle existence quoi !
Onze mois de sport intensif et autant de visites régulières chez mon esthéticienne m’ayant permis de retrouver silhouette et figure humaines, je pouvais désormais tourner le dos à ces années de « jachère » affective et songer à rentabiliser mes investissements :
 Dotée maintenant d’un front lisse (grâce au botox), un visage gracieux, un corps rendu désirable par le fitness et de seins tout neufs jappant à la lune, ce qui nécessita un budget représentant à peu près le PIB des îles Marshall, j’étais bien décidée à conquérir le monde et à m’éclater.

Me trouvant sexy un homme prénommé Eddy récemment inscrit à la gym s’intéressa à moi.
Ce sexagénaire distingué fraîchement retraité avait tout pour plaire : harmonieusement musclé, ventre plat, cheveux gris et fournis, faux air de Georges Clooney, veuf, gentil, généreux et surtout me considérant comme une petite jeunette il semblait que son seul défaut était de ne pas en avoir.

Il m’invita un Samedi midi au restaurant du coin.
Mes copines se relayèrent pour m’asséner un flux de recommandations préalables, prétendument indispensables pour une oie blanche comme moi, dont la plus récurrente était :
 « Val écoute moi, il ne faut jamais coucher le premier soir, ça fait mauvais genre ».
Je suivis religieusement leur conseil, je couchai dès le premier après-midi, j’avais trop envie.

Ce fut grandiose, la senteur de sa peau, son parfum et ses caresses me rendirent folle. Après nos trois étreintes délirantes au cours desquelles je renonçai à compter mes orgasmes, il s’endormit.
 Je couvais d’un regard attendri mon nouveau Robin des doigts qui savait si bien s’en servir.           (Oui quelquefois moi aussi je pratique l’humour digital)

Après cet essai concluant nous nous sommes revus plusieurs fois chez lui.
 J’avais beau chercher il n’avait aucun défaut.

Un samedi vers 16 h (il était de l’après-midi pour les choses du sexe), à mon arrivée il m’offrit un cadeau. Du carton plat fermé par un Bolduc rouge je sortis un body noir échancré très transparent qu’il me demanda de revêtir.
- « Pour sublimer ta nudité, Val. » En plus de toutes ses qualités il avait aussi le sens de la formule. 

Il recula d’un pas pour juger de l’effet et…me sauta dessus pour ma plus grande satisfaction. C’est toujours une grande joie et très rassurant d’être si désirée après avoir été tant négligée.
Le body, de taille M vue ma poitrine généreuse détail important, lui permettait manifestement d’assouvir un de ses fantasmes préférés appelé parait-il « cravate de notaire », par contre une étiquette d’informations sur la composition et le lavage de l’objet, sans doute mal cousue, irritait le bas de mon cou.

Quand il fut profondément endormi, après mon attendrissement coutumier devant le guerrier au repos, je me rendis dans sa salle de bains pour découdre l’étiquette agressive.
 Au moment de la jeter dans la petite poubelle à demi remplie de mouchoirs en papier froissés et des débris usuels qu’on s’attend à trouver dans ce genre de récipient mon regard fut attiré par une étiquette similaire gisant là.
 Cette exacte jumelle de celle que je venais de découdre, mais de taille S généra en moi un horrible doute qui fit battre mon cœur plus vite !
Je me glissai dans la chambre où Eddy dormait du sommeil du juste en respirant fort, un petit filet de bave coulait plus ou moins gracieusement de la commissure de ses lèvres.
Peu suspicieuse jusque-là ou indifférente, je n’avais jamais espionné les textos de mon ex-mari, ce fut une première, juré craché. L’analyse des SMS du dormeur (du Val, c’est cadeau) confirmèrent mes soupçons :
 Le traître qui sommeillait là avait une seconde maîtresse prénommée Sylvie ! 
Je le réveillai sans plus attendre, prétextant un rendez-vous pour partir immédiatement et, vexée, ne répondit pas à ses appels de tout le weekend.

J’entrai en bouderie avec délectation, hésitant entre ourdir un complot en compagnie de la Sylvie concurrente pour démolir notre amant commun ou, autre option également intéressante, détester « la pute », rugueux synonyme de « Sylvie concurrente », dire du mal avec mes copines de cette rivale que j’imaginais ou espérais laide, bête comme une dinde et, vue sa taille « S », maigre comme un clou.
Je salivais déjà à l’idée de lui envoyer des insultes du genre :

Cache donc ton sein maigre, pauvre objet délaissé,
 On est très loin du cœur quand la poitrine est plate
Et je vois comme un merle en sa cage enfermé
L’amour entre tes os rêvant sur une patte.

A choisir, le complot offrait un avantage certain : il nécessitait des conversations secrètes interminables préalablement au passage à l’acte, promettant ainsi de belles soirées. Un temps l’idée saugrenue de contracter quelque MST pernicieuse ou le SIDA pour le refiler au bel Eddy me traversa l’esprit, projet non retenu, trop dangereux pour moi et où aurais-je pu attraper le VIH ?

Le lundi matin mon frère (et patron) se rendit compte de ma mauvaise humeur.
Il écouta attentivement mes récriminations, longues comme un jour sans wifi d’après lui, et me coupa la parole, arguant que les femmes n’exposent pas un problème pour le solutionner mais juste pour le plaisir de parler et se plaindre.
Il prit la direction des débats et me posa ces questions :
- Tu penses que ton amant a une seconde maîtresse ?
- J’en suis sûre
- Il est disponible, gentil, généreux avec toi ?
- Oui
- Tu n’es pas mariée avec lui
- Non
- Tu n’envisages pas de l’épouser ?
- Euh, non merci, libre je suis, libre je resterai. Je n’ai pas coupé une corde pour me retrouver prisonnière d’une chaîne
- Il te fait jouir ?
- Oui
- C’est donc une bonne affaire ?
- On peut l’appeler ainsi
- Une très bonne affaire me semble-t-il ?
- Oui
- Tu veux un conseil ?
- Pourquoi pas
- Tu suivras ce conseil ?
- Peut-être, dis toujours !
Et là il m’énonça ce que vingt siècles de civilisation avaient produit de mieux dans un cerveau masculin :
Il est préférable d'être deux sur une bonne affaire que seule sur une mauvaise ! 50 % de quelque chose sont plus importants que 100 % de rien !
Je restai sans voix, événement assez rare pour être souligné m’a-t-il dit !
Albert n’a jamais eu peur d’enfoncer des portes ouvertes. Connaissant toutes les idées reçues sur les femmes, il m’a même répété :
- Je t’ai demandé tout à l’heure si tu voulais l’épouser car la majorité des femmes n’ont pas fini de couper la corde qui les attachait qu’elles tournent déjà la clé fermant la serrure de leur future chaîne. Ta réponse négative m’a rassuré. Toutefois être libre se mérite et nécessite quelques adaptations au monde qui t’entoure !
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Après avoir passé en revue les lieux communs inhérents à la situation et les raisons de s’insurger propres à la gent féminine :
- moi je ne partage pas,
- je ne veux pas de rivale,
- il ne faut pas me prendre pour une conne,
- pour qui se prend-il,
- pour qui me prend-il,
- il ne peut pas y avoir deux vipères dans le même trou, 
- tous les hommes sont des salauds etc…
Je reconnus qu’il avait raison.
En fait il avait vraiment raison : le sexagénaire vigoureux, libre, généreux, sécurisant, sans problème de prostate, rasé de frais et propre sur lui, article très prisé sur le marché, ne court pas les rues.
 Il me fallait donc m’adapter !

Je rappelai Eddy en m’excusant de mon silence, prétextant une subite et obscure panne de téléphone. Nous nous retrouvâmes avec joie et passion, je me surpassai au lit pour éclipser Sylvie, la petite pute que je n’étais pas censée connaître !
Il se déclara ébloui avant de s’endormir.

Trois semaines plus tard je rencontrai Benjamin, beau jeune homme de trente-huit ans.
 Le fait d’être moins affamée me permit de conserver une retenue bon chic bon genre de bel aloi (vieille expression française signifiant : d’excellente qualité). Je me fis désirer, prétextant que j’avais déjà un homme dans ma vie.
Ravi de cocufier un inconnu, (les hommes adorent voler les jouets des autres) il répondit :
- Je m’en fous, je ne suis pas jaloux.
  Mon abandon à sa concupiscence impatiente n’eut lieu que le second soir, la femme la plus désirable étant celle sachant se laisser désirer longtemps !
(Longtemps deux jours ? il ne faut pas exagérer - Note de l’auteur qui ne fut pas frustré personnellement par l’attente !)
 Il me démontra allègrement son attirance pour les couguars ou MILF (Mother I like fuck).

Un samedi matin, Eddy me croisa dans une rue, marchant main dans la main avec Benjamin.
L’après-midi, chez lui, pressée de questions tout en débouclant sa ceinture je lui ai dit :
- Oui c’est mon autre amant mais ne te plains pas, Il vaut mieux être deux sur une bonne affaire que seul sur une mauvaise !
Perfide j’ai rajouté :
- Ce n’est pas ta Sylvie qui me contredira.
 En descendant son pantalon je l’ai poussé sur le lit et conclu :
 - Viens, nous ne sommes pas là pour faire des discours.
Beau joueur il a ri et murmuré :
- Je t’adore …
Décidément il n’avait vraiment aucun défaut !

Finalement les hommes ont raison de ne pas compliquer les choses, ils ont d’excellents fondamentaux :
- il vaut mieux avoir 50 % de quelque chose que 100 % de rien.
Ce raisonnement n’est pas très féminin j’en conviens mais utiliser les armes de l’adversaire pour s’en servir contre lui l’est ! C’est le principe du judo et de la sélection naturelle.
Perverse je fais croire à chacun d’eux qu’il est le meilleur amant, ça les motive.

Sœurs en humanité, imitez-moi au lieu de coucouanner comme des bécasses en découvrant l’instinct de polygamie des hommes.

Ils ne seront jamais dans leurs jours les plus rares
Que banals instruments sous nos archets vainqueurs
Et comme un air qui sonne au bois creux des guitares
Nos rêves chanteront au vide de leur cœur !



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Réflexion de Valérie :

  Serge Boudoux, romancier du 21e siècle qui n’écrivait pas que des banalités puisqu’il a gentiment écrit ma propre histoire a dit un jour :
- La société future sera matriarcale ou ne sera pas.
Matriarcale signifiant dirigée par les mères j’aime assez cette prédiction.
Si j’attrape ce gars-là il ne va pas être déçu, les écrivains m’ont toujours excitée, ils ont souvent une belle plume !

Récemment il m’a adressé ce petit compliment qui m’incite à penser que ces messieurs pourraient bientôt être trois sur une bonne affaire :

Moi j’ai vu se faner bien des saisons de fleurs
Coquelicots, bleuets, jonquilles, toutes meurent.
Le bouquet de désirs qui brille dans vos yeux
Refleurit chaque jour comme un cadeau des cieux

Qui pourrait résister à ça ?
Pas moi !


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Cette histoire est extraite du livre :





site web     http://serge.boudoux.fr 

Une autre histoire la semaine prochaine ? Rendez-vous ici même !









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