histoire féminine et jubilatoire :
Une bonne affaire ?
Sans s’être concertées, dans un quartier de ce gros
bourg une quinzaine de femmes seules de quarante à soixante ans ont acheté dans
le même lotissement une petite maison de ville avec jardinet, formant ainsi
spontanément une confrérie exclusivement féminine comportant toutefois quelques
enfants.
Se constitua
ainsi une communauté semblable à une société d’éléphantes, une tribu d’Amazones
(bien qu’aucune n’ait poussé le mimétisme jusqu'à se couper un sein
conformément à la légende, action par trop nuisible à une symétrie qui pouvait
encore séduire) ou une troupe d’oies sauvages migratrices.
Beaucoup d’entre
elles, sentant courir sous leurs plumes
De ces grands
souffles fous qu’on a dans le sommeil
Voulaient voir la
nuit comment le ciel s’allume
Puis flamboie le
matin aux rayons du soleil.
Dit plus simplement : leur désir d’absolu et de
liberté les avait poussées à congédier un époux trop décevant.
D’autres, humiliées car abandonnées pour avoir atteint
la limite d’âge selon les critères subjectifs d’un homme mordu par le démon de mi-vie et affamé de chair fraîche,
ruminaient sans fin à son égard une haine farouche !
Bourreaux ou victimes et quelle qu’en soit la raison
profonde nos Guerrières nourrissaient de ce fait un profond ressentiment envers
la gent masculine.
Considérés comme un mal nécessaire dans ce contexte
les mâles de passage rasaient les murs, tous justes tolérés un court instant
ils étaient rapidement éjectés après avoir effectué certains travaux
indispensables ou comblé quelques besoins primaires.
Chaque Amazone
menait donc apparemment une vie heureuse, indépendante et autonome tout en
rêvant secrètement au jour béni où elle pourrait à nouveau gémir sous le joug d’un amant, (en langage rappeur : être
kiffée par un mec) !
Je vais vous narrer avec gourmandise et à ma manière,
sans occulter une certaine mauvaise foi féminine sous-jacente, ce que l’une
d’elles provisoirement traître à la tribu expliqua à mon ami une nuit de
pleine lune propice aux confidences, entre deux hurlements de loup garou
entendus après avoir absorbé moults whiskys et autres substances
revigorantes !
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Mon prénom est Valérie. Mes amies m’appellent Val,
démontrant ainsi une grande originalité dans le choix des surnoms.
Je viens tout juste d’avoir cinquante ans, passant
ainsi du triste statut de vieille parmi
les jeunes à celui, préférable et réjouissant, de jeune au pays des vieux.
Albert, mon
frère aîné, croyant m’apprendre quelque chose me dit à cette occasion ce
que toute femme sait ou sent à l’approche de la ménopause :
- Dépêche-toi de profiter de la vie, souviens-toi que
la plupart des femmes regrettent pendant la seconde moitié de leur vie ce
qu’elles n’ont pas fait pendant la première !
Réflexion de vieux macho et Fake news ! C’est de
moins en moins vrai. Le « retour d’âge » sonne pour nous le temps de
la liberté du corps et de l’esprit. Exit la pilule et ses effets secondaires
puis tertiaires, disparues les menstrues, envolées les angoisses de maternité
non désirée.
Le sexe uniquement
pour le plaisir et une capacité intacte de séduction malgré le temps qui passe,
voilà la vraie égalité homme / femme.
Les hommes eux ne craignent pas cette arrivée en
fanfare sur le deuxième et mauvais versant du siècle, bien au contraire.
Accédant enfin à l’âge adulte, les casaniers n’ayant
pas quitté leur épouse pour faire un deuxième tour de manège en passant par la
case départ et s’exhiber avec leur récente conquête appétissante trentenaire
(qui les abandonnera au premier signe de déficience prostatique ou érectile)
ont d’autres sujets de préoccupation :
L’argent, le
pouvoir, leur taux de cholestérol, le maintien des avantages acquis (maison,
voiture, points de retraite et leur femme qui devient de plus en plus pour eux
une mère.)
Concernant les jeux de pouvoir et d’argent ils disent
: il vaut mieux être grand parmi les
petits que petit parmi les grands.
Autre formulation mais même concept de positionnement
par rapport aux autres, tout le monde a fini par comprendre que pour être heureux
il suffit de jouer dans la bonne cour.
Vous trouverez sans doute mon comportement cynique et
digne d’un mâle prédateur, aussi vais-je vous raconter l’histoire qui m’a
convaincue de raisonner comme un mec sur un point précis.
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J’ai viré mon mari l’an dernier.
Nous ne dormions plus ensemble depuis dix mois.
J’avais toujours froid et lui beaucoup trop chaud ce qui occasionnait
régulièrement des guerres de couverture, conflits de fenêtres ouvertes et
guérilla de courants d’air. J’ai sauté sur l’occasion pour lui interdire la
porte de ma chambre.
Vous vous doutez de la vraie raison. Lorsque nous nous
sommes rencontrés ses senteurs d’homme, son corps musclé et ses caresses me
rendaient folle, le regarder dormir m’attendrissait terriblement mais peu à peu
ses gestes devenus agressifs et mécaniques, ses odeurs, ses ronflements, se
sont ligués pour m’écœurer. C’est la dose qui fait le poison !
Le prince charmant épousé s’était transformé
insensiblement, passant en vingt ans du statut de bonobo affriolant à celui
d’objet de dégoût.
Le bruit du
moteur de sa voiture lors de son retour du soir, puis celui de ses pas sur
l’allée gravillonnée me donnaient des angoisses et envie de vomir.
Car depuis tant
d’années
Ce n’était pas une
sinécure
De lui voir tout
le temps le nez
Au milieu de la figure.
Heureusement il ne me touchait plus, tant mieux. Avec
le temps les conditions du devoir
conjugal étaient devenues insupportables :
Dans un premier temps "mossieur" avait décidé par décret spécial et unilatéral de baiser uniquement le dimanche soir,
prétextant que son misérable orgasme dominical lui permettait d’oublier le
stress de la fin du weekend et de mieux s’endormir pour affronter la semaine de
boulot se profilant à l’horizon. J’étais donc devenu son somnifère.
Je crains que l’expression « baiser » ne
choque certaines de mes sœurs en humanité, elles préféreraient la belle
tournure illusoire « faire l’amour » mais je crois qu’elles
chipotent.
Dans notre
inconscient collectif féminin « Baiser » qui n’évoque qu’un acte bref
et bestial est à mille lieux de « Faire l’amour », expression
suggérant un artisanat voire un acte artistique besogneux et patient.
En réalité
c’est toujours le même scénario, tout le monde connait déjà le début, le milieu
et l’aboutissement ultime du documentaire animalier.
Moi, dès le mot « fin » inscrit en générique
sur le sexe en débandade de mon bonhomme je le virais de mon lit.
L’envie ne se
programmant pas et le dimanche soir devenant un moment de saillie obligatoire vous imaginez mon angoisse à l’heure du rut
marital.
Heureusement
après avoir disjoint nos couches nous avons rapidement divergé sur la libido.
Je n’avais plus appétit à lui ni lui à moi. Il trouvait que j’avais pris de
grosses fesses (cul délaissé ne me servant plus qu’à m’assoir) ce qui
l’indisposait, quant à moi son ventre maintenant proéminent et son menton
épaissi me laissaient de marbre.
Ce qui ne
m’empêchait pas d’avoir des désirs obsessionnels envers le reste de l’espèce
virile harmonieusement musclée !
Un jour ce détail tout bête précipita ma décision de
le quitter :
Nue sous ma douche je tendais la main pour attraper
mon Cadum crème douche surgras à l’huile
d’amandes douces bio et huile de coco sans paraben quand la petite voix
insolente de mes fantasmes souffla à mon oreille : « pourquoi
s’acharner à rendre douce une peau que personne ne caresse ? »
J’ai immédiatement inversé la réflexion :
pourquoi s’obstiner à vivre avec quelqu’un qui ne caresse plus une peau que je
m’acharne à rendre douce, même et surtout si ses câlineries ne me manquent
pas ? J’imagine qu’un homme aurait de la peine à comprendre ce paradoxe.
Dès le lendemain une stratégie fut élaborée avec
l’aide de quelques copines m’ayant précédée sur le chemin caillouteux et
chaotique du divorce.
Je vous passerai les détails : Constitution d’un
trésor de guerre en détournant régulièrement des fonds du ménage à destination
d’un compte secret domicilié chez une amie fidèle (ce fut facile
« Il » ne s’occupait jamais de rien), choix de l’avocat, recherche du
futur logement etc…Une routine pour les femmes d’aujourd’hui.
Le plus étonnant fut que mon époux ne vit rien venir,
il faut dire qu’il ne voyait plus grand-chose venant de moi.
Curieusement le divorce, ressenti comme un coup de tonnerre
dans un ciel sans nuage, le mit dans tous ses états.
Il ne mangeait
plus, buvait beaucoup, traînait sa tristesse, sa rancœur et ses grands yeux
larmoyants chez tous nos amis, fidèle en cela à l’adage de Prévert (qui ne
manquait pas, comme Paulo Coelho, une occasion de dire des évidences et des
banalités devant lesquelles certaines se croient obligées de se pâmer) :
On reconnait le bonheur au bruit qu’il fait
quand il s’en va.
Pensez-donc
« mossieur » avait perdu « maman » qu’il ne regardait pourtant
plus précédemment et cela faisait un grand vacarme dans ses petites oreilles.
Entre nous, Prévert et consorts n’ont rien compris, le
bonheur est avant tout un grand silence, une période merveilleuse de calme, de
quiétude où les bruits et odeurs organiques émis par un compagnon peu délicat
ont enfin disparu.
Si quelques hommes lisent mon récit je leur fais ce
cadeau : Rien n’est plus facile pour un époux intelligent que de récupérer
sa femme en désir de divorce…
Il lui suffit
d’avoir la classe, montrer de la gentillesse, éviter les reproches, les injures
qui ne font que conforter une décision précaire toujours difficile à vivre, en
un mot entamer une reconquête… et
pomponnette reviendra se frotter contre le pôvre pompon.
Bien entendu, comme tous les maris le mien fit tout le
contraire de ce qu’il eut fallu (je n’ai jamais dit que cela serait
facile ? ah si je l’ai dit !) … et divorce il y eut.
La part me
revenant sur la vente de notre propriété me permit, outre l’achat d’une petite
maison, de disposer d’un capital de départ pour vivre ma vie.
Le juge m’accorda une prestation compensatoire dont je
ne vis jamais le moindre centime.
Ayant compris que l’on ne pouvait pas tondre un œuf,
mon ex décréta qu’il n’était pas question que je mène grand-train avec son
argent. Il préféra se retrouver au chômage, dilapider sa part et se déclarer
insolvable plutôt que financer sa « salope de femme ». Pauvre type !
Heureusement
mon frère m’embaucha en qualité de secrétaire dans sa société de construction.
Nos deux grands enfants quittèrent la maison pour
voler de leurs propres ailes à peu près au même moment. Ils plaignirent leur
père et me firent la gueule ce qui ne me fit ni chaud ni froid, j’avais trop
besoin de liberté.
Adieu la Mère, la Femme est de retour !
Entreprenant
tout d’abord de retrouver une apparence susceptible de réjouir la glace de ma
salle de bains à qui je ne demandais pas depuis bien longtemps :
« Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui
est la plus belle » (Il ne faut jamais poser une question dont on n’a
pas envie d’entendre la réponse) de grands travaux de rénovation personnelle furent
programmés : Nouvelle coupe, nouvelle couleur de cheveux, nouveau
logement, nouvelle poitrine, nouvelle voiture et inscription à une salle de
gym.
Nouvelle Val, nouvelle existence quoi !
Onze mois de sport intensif et autant de visites
régulières chez mon esthéticienne m’ayant permis de retrouver silhouette et
figure humaines, je pouvais désormais tourner le dos à ces années de
« jachère » affective et songer à rentabiliser mes
investissements :
Dotée
maintenant d’un front lisse (grâce au botox), un visage gracieux, un corps
rendu désirable par le fitness et de seins tout neufs jappant à la lune, ce qui
nécessita un budget représentant à peu près le PIB des îles Marshall, j’étais
bien décidée à conquérir le monde et à m’éclater.
Me trouvant sexy un homme prénommé Eddy récemment
inscrit à la gym s’intéressa à moi.
Ce sexagénaire distingué fraîchement retraité avait
tout pour plaire : harmonieusement musclé, ventre plat, cheveux gris et
fournis, faux air de Georges Clooney, veuf, gentil, généreux et surtout me
considérant comme une petite jeunette il semblait que son seul défaut était de
ne pas en avoir.
Il m’invita un Samedi midi au restaurant du coin.
Mes copines se relayèrent pour m’asséner un flux de
recommandations préalables, prétendument indispensables pour une oie blanche
comme moi, dont la plus récurrente était :
« Val écoute
moi, il ne faut jamais coucher le premier soir, ça fait mauvais genre ».
Je suivis religieusement leur conseil, je couchai dès
le premier après-midi, j’avais trop envie.
Ce fut grandiose, la senteur de sa peau, son parfum et
ses caresses me rendirent folle. Après nos trois étreintes délirantes au cours
desquelles je renonçai à compter mes orgasmes, il s’endormit.
Je couvais d’un
regard attendri mon nouveau Robin des doigts qui savait si bien s’en
servir. (Oui quelquefois moi
aussi je pratique l’humour digital)
Après cet essai concluant nous nous sommes revus
plusieurs fois chez lui.
J’avais beau
chercher il n’avait aucun défaut.
Un samedi vers 16 h (il était de l’après-midi pour les
choses du sexe), à mon arrivée il m’offrit un cadeau. Du carton plat fermé par
un Bolduc rouge je sortis un body noir échancré très transparent qu’il me
demanda de revêtir.
- « Pour sublimer ta nudité, Val. » En plus
de toutes ses qualités il avait aussi le sens de la formule.
Il recula d’un pas pour juger de l’effet et…me sauta
dessus pour ma plus grande satisfaction. C’est toujours une grande joie et très
rassurant d’être si désirée après avoir été tant négligée.
Le body, de taille M vue ma poitrine généreuse détail
important, lui permettait manifestement d’assouvir un de ses fantasmes préférés
appelé parait-il « cravate de notaire », par contre une étiquette
d’informations sur la composition et le lavage de l’objet, sans doute mal
cousue, irritait le bas de mon cou.
Quand il fut profondément endormi, après mon
attendrissement coutumier devant le guerrier au repos, je me rendis dans sa
salle de bains pour découdre l’étiquette agressive.
Au moment de la
jeter dans la petite poubelle à demi remplie de mouchoirs en papier froissés et
des débris usuels qu’on s’attend à trouver dans ce genre de récipient mon
regard fut attiré par une étiquette similaire gisant là.
Cette exacte
jumelle de celle que je venais de découdre, mais de taille S généra en moi un horrible doute qui fit battre mon cœur
plus vite !
Je me glissai dans la chambre où Eddy dormait du
sommeil du juste en respirant fort, un petit filet de bave coulait plus ou
moins gracieusement de la commissure de ses lèvres.
Peu suspicieuse jusque-là ou indifférente, je n’avais
jamais espionné les textos de mon ex-mari, ce fut une première, juré craché.
L’analyse des SMS du dormeur (du Val, c’est cadeau) confirmèrent mes
soupçons :
Le traître qui
sommeillait là avait une seconde maîtresse prénommée Sylvie !
Je le réveillai sans plus attendre, prétextant un
rendez-vous pour partir immédiatement et, vexée, ne répondit pas à ses appels
de tout le weekend.
J’entrai en bouderie avec délectation, hésitant entre
ourdir un complot en compagnie de la Sylvie concurrente pour démolir notre
amant commun ou, autre option également intéressante, détester « la
pute », rugueux synonyme de « Sylvie concurrente », dire du mal
avec mes copines de cette rivale que j’imaginais ou espérais laide, bête comme
une dinde et, vue sa taille « S », maigre comme un clou.
Je salivais déjà à l’idée de lui envoyer des insultes
du genre :
Cache donc ton
sein maigre, pauvre objet délaissé,
On est très loin du cœur quand la poitrine est
plate
Et je vois comme
un merle en sa cage enfermé
L’amour entre tes
os rêvant sur une patte.
A choisir, le complot offrait un avantage
certain : il nécessitait des conversations secrètes interminables
préalablement au passage à l’acte, promettant ainsi de belles soirées. Un temps
l’idée saugrenue de contracter quelque MST pernicieuse ou le SIDA pour le
refiler au bel Eddy me traversa l’esprit, projet non retenu, trop dangereux
pour moi et où aurais-je pu attraper le VIH ?
Le lundi matin mon frère (et patron) se rendit compte
de ma mauvaise humeur.
Il écouta attentivement mes récriminations, longues
comme un jour sans wifi d’après lui, et me coupa la parole, arguant que les
femmes n’exposent pas un problème pour le solutionner mais juste pour le
plaisir de parler et se plaindre.
Il prit la direction des débats et me posa ces
questions :
- Tu penses que ton amant a une seconde
maîtresse ?
- J’en suis sûre
- Il est disponible, gentil, généreux avec toi ?
- Oui
- Tu n’es pas mariée avec lui
- Non
- Tu n’envisages pas de l’épouser ?
- Euh, non merci, libre je suis, libre je resterai. Je
n’ai pas coupé une corde pour me retrouver prisonnière d’une chaîne
- Il te fait jouir ?
- Oui
- C’est donc une bonne affaire ?
- On peut l’appeler ainsi
- Une très bonne affaire me semble-t-il ?
- Oui
- Tu veux un conseil ?
- Pourquoi pas
- Tu suivras ce conseil ?
- Peut-être, dis toujours !
Et là il m’énonça ce que vingt siècles de civilisation
avaient produit de mieux dans un cerveau masculin :
Il est préférable d'être deux sur une bonne affaire que
seule sur une mauvaise ! 50 % de quelque chose sont plus importants que
100 % de rien !
Je restai sans voix, événement assez rare pour être
souligné m’a-t-il dit !
Albert n’a jamais eu peur d’enfoncer des portes
ouvertes. Connaissant toutes les idées reçues sur les femmes, il m’a même
répété :
- Je t’ai demandé tout à l’heure si tu voulais
l’épouser car la majorité des femmes n’ont pas fini de couper la corde qui les
attachait qu’elles tournent déjà la clé fermant la serrure de leur future
chaîne. Ta réponse négative m’a rassuré. Toutefois
être libre se mérite et nécessite
quelques adaptations au monde qui t’entoure !
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Après avoir passé en revue les lieux communs inhérents
à la situation et les raisons de s’insurger propres à la gent féminine :
- moi je ne partage pas,
- je ne veux pas de rivale,
- il ne faut pas me prendre pour une conne,
- pour qui se prend-il,
- pour qui me prend-il,
- il ne peut pas y avoir deux vipères dans le même
trou,
- tous les hommes sont des salauds etc…
Je reconnus qu’il avait raison.
En fait il avait vraiment
raison : le sexagénaire vigoureux, libre, généreux, sécurisant, sans
problème de prostate, rasé de frais et propre sur lui, article très prisé sur
le marché, ne court pas les rues.
Il me fallait donc m’adapter !
Je rappelai Eddy en m’excusant de mon silence,
prétextant une subite et obscure panne de téléphone. Nous nous retrouvâmes avec
joie et passion, je me surpassai au lit pour éclipser Sylvie, la petite pute
que je n’étais pas censée connaître !
Il se déclara ébloui avant de s’endormir.
Trois semaines plus tard je rencontrai Benjamin, beau
jeune homme de trente-huit ans.
Le fait d’être
moins affamée me permit de conserver une retenue bon chic bon genre de bel aloi
(vieille expression française signifiant : d’excellente qualité). Je me
fis désirer, prétextant que j’avais déjà un homme dans ma vie.
Ravi de cocufier un inconnu, (les hommes adorent voler
les jouets des autres) il répondit :
- Je m’en fous, je ne suis pas jaloux.
Mon abandon à
sa concupiscence impatiente n’eut lieu que le second soir, la femme la plus
désirable étant celle sachant se laisser désirer longtemps !
(Longtemps deux
jours ? il ne faut pas exagérer - Note de l’auteur qui ne fut pas frustré
personnellement par l’attente !)
Il me démontra
allègrement son attirance pour les couguars ou MILF (Mother I like fuck).
Un samedi matin, Eddy me croisa dans une rue, marchant
main dans la main avec Benjamin.
L’après-midi, chez lui, pressée de questions tout en
débouclant sa ceinture je lui ai dit :
- Oui c’est mon autre amant mais ne te plains pas, Il
vaut mieux être deux sur une bonne affaire que seul sur une mauvaise !
Perfide j’ai rajouté :
- Ce n’est pas ta
Sylvie qui me contredira.
En descendant
son pantalon je l’ai poussé sur le lit et conclu :
- Viens, nous
ne sommes pas là pour faire des discours.
Beau joueur il a ri et murmuré :
- Je t’adore …
Décidément il n’avait vraiment aucun défaut !
Finalement les hommes ont raison de ne pas compliquer
les choses, ils ont d’excellents fondamentaux :
- il vaut mieux
avoir 50 % de quelque chose que 100 % de rien.
Ce raisonnement n’est pas très féminin j’en conviens
mais utiliser les armes de l’adversaire pour s’en servir contre lui
l’est ! C’est le principe du judo et de la sélection naturelle.
Perverse je fais croire à chacun d’eux qu’il est le
meilleur amant, ça les motive.
Sœurs en humanité,
imitez-moi au lieu de coucouanner comme des bécasses en découvrant
l’instinct de polygamie des hommes.
Ils ne seront
jamais dans leurs jours les plus rares
Que banals
instruments sous nos archets vainqueurs
Et comme un air
qui sonne au bois creux des guitares
Nos rêves chanteront
au vide de leur cœur !
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Réflexion de Valérie :
Serge Boudoux, romancier du 21e
siècle qui n’écrivait pas que des banalités puisqu’il a gentiment écrit ma
propre histoire a dit un jour :
- La société
future sera matriarcale ou ne sera pas.
Matriarcale signifiant dirigée par les mères j’aime
assez cette prédiction.
Si j’attrape ce gars-là il ne va pas être déçu, les
écrivains m’ont toujours excitée, ils ont souvent une belle plume !
Récemment il m’a adressé ce petit compliment qui
m’incite à penser que ces messieurs pourraient bientôt être trois sur une bonne
affaire :
Moi j’ai vu se
faner bien des saisons de fleurs
Coquelicots,
bleuets, jonquilles, toutes meurent.
Le bouquet de
désirs qui brille dans vos yeux
Refleurit chaque
jour comme un cadeau des cieux
Qui pourrait résister à ça ?
Pas moi !
Cette histoire est extraite du livre :
----------
site web http://serge.boudoux.fr
Une autre histoire la semaine prochaine ? Rendez-vous ici même !
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