jeudi 19 novembre 2015

14 novembre. Les sanglots longs des violons de l'automne ...



Ce matin de novembre je me suis levé tôt. Dans I' air déjà doux  flottaient une odeur d'herbe coupée et de terre mouillée, mes poumons n'en pouvaient plus de bonheur et comble de plaisir, de la cuisine toute proche s'échappait un parfum divin de café fumant.
La journée promettait d'être belle, à midi je devais déjeuner en bord de mer avec un copain que j'apprécie pour parler un peu affaires, à 67 ans j'ai créé une petite société immobilière. J'aime bien manger avec lui, on parle de tout et de rien, on dit du mal des gens que l'on connait, on regarde les passants en se moquant un peu de certains et en s'extasiant sur certaines qui défilent en riant, les cheveux au vent.
Une tourterelle s'envola pesamment comme à regret. Je me suis secoué il fallait que je finisse de ramasser mes olives pour les emmener au moulin.
Ma femme m'a regardé tendrement rentrer, je crois qu'elle m'aime encore après 46 ans de mariage, pour moi elle est toujours aussi belle que le jour de 1965 où je l'ai rencontrée.
J'ai improvisé un petit poème dans ma tête, je fais ça très souvent :

l'odeur d'herbe coupée, du bon café qui fume
La voix de l'être aimé et ses mains sur ma peau
César pour être heureux aurait voulu la lune
mes plaisirs sont plus simples mon quotidien plus beau.

J'ai allumé la télé pour écouter les infos en buvant mon café, comme tous les matins et le ciel m'est tombé sur la tête.
129 personnes venaient d'être privées de leurs petits bonheurs minuscules, des enragés  avaient pris leurs vies gratuitement, pour rien, enfin je ne sais pas pourquoi, comme si ces vies leur appartenaient.                                                                                                                  
  Je me suis souvenu des vers de Brassens :

Je me demande pourquoi mon dieu, 
ça vous dérange que je vive un peu.                                                                                                          
Des forcenés voudraient m'enlever mes odeurs de terre mouillée et d'herbe coupée, de café fumant, d'huile d'olive, me priver du regard malicieux de mes petits-enfants Cerise, Ambre, Timothé, Mahé, Martin,  au nom d'Allah, Dieu, Jéhovah, Vichnou, ou autre nom d'un créateur hypothétique qui n'en demande pas tant . Comme si après avoir conçu mes enfants je demandai à l'un d'entre eux de tuer les autres !
La forme la plus aboutie de leur idéologie semble être la création d'un immense camp de concentration planétaire à ciel ouvert duquel tout plaisir serait banni.
C'est bizarre mais je me suis demandé comment on pouvait nommer ces fanatiques, il est important de donner un nom à ce qui nous échappe. 
                                                                            
 Leur donner des noms d'animaux serait une insulte pour ces derniers, les affubler de noms de démons serait leur faire beaucoup d'honneur, le diable a d'abord été un ange avant de déchoir et ce ne sont pas des fous furieux, les fous sont des humains malades.
 Je crois que comme les Nazis ils veulent nous déshumaniser, nous ravaler au rang de chose, alors peut-être faut-il les appeler  LE MAL.                                                                                    
Comme tout le monde j'ai été horrifié par cette manifestation du MAL, Chaque génération produit son lot de négateurs de l'humanité, je ne sais pas si cela est inhérent à notre génétique.                                                                                                                                                                Il ne sert à rien de parler AU MAL, il n'écoute pas, il ne peut pas entendre il n'est pas de la même espèce que nous. On ne peut pas le capturer, l'enfermer, il se reproduit par génération spontanée, sa seule raison de vivre c'est mourir en nous entraînant dans son néant.
. Il y aura des complotistes qui expliqueront qu'il s'agit d'un complot, il y aura des négationnistes qui nieront la réalité des assassinats, il y aura des idéologues qui justifieront le "combat" des meurtriers, jusqu'au jour où tout ce beau monde se retrouvera du mauvais côté du canon de la kalachnikov.  

Alors ce beau matin du 14 novembre 2015 j'ai pris conscience que notre monde avait changé, finies l'insouciance et la douceur de vivre.
Les sanglots longs des violons de l'automne
bercent mon cœur d'une langueur monotone.



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