mercredi 4 novembre 2015

Deux nouvelles pour vous, la mauvaise ...




- Tu souhaites la mort de ton père maintenant, je sais bien que vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde mais quand même…
- Ce n'est plus mon père. Contraint et forcé il m'a lâché une partie du secret de mon enfance, mais je suis certaine qu'il ne m'a pas tout dit. Loïc, notre chute, sa mort et mon traumatisme. Je compte sur toi pour apprendre la vraie vérité sur ce frère mystérieux. Tu dois tout m'expliquer, j'ai confiance en toi.
   Christiane est terrifiée, cette fois elle ne pourra pas éviter le drame, sans grande conviction elle essaye de détourner un peu le sujet.
 - Ah....Il s'est enfin décidé à te parler. C'est une véritable tragédie, tes parents en ont souffert.
- Je ne lui ai pas laissé le choix, c'est moi qui ai découvert l'existence et la mort de ce frère aîné dans le livret de famille.
- Que t'a t'il raconté exactement ?
- En résumé, d'après lui nous sommes tombés accidentellement du haut de la fenière de la maison de Lachaux, son fils adoré  se serait sacrifié pour amortir ma chute. Loïc est mort par ma faute et moi à peine blessée je me la suis coulée douce à ses frais sur la côte d'azur. Pour lui je suis le diable en personne, comme je voulais faire du mal également à Noémie il m'a confiée à toi. Toujours selon lui, je n'ai aucune séquelle, à part çà tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, il a sa conscience pour lui, circulez il n'y a rien à voir. J'avais hâte de rentrer pour apprendre de ta bouche ce qui s'est réellement passé. Depuis mon opération des amygdales je fais presque chaque nuit des cauchemars épouvantables, je vois un homme habillé en noir agresser sexuellement une petite fille, il me semble avoir reconnu Loïc sur la photo montrée par papa.
- Bon ne t'énerves pas, assieds toi et écoute, voilà la stricte vérité, bien qu'une vérité soit rarement stricte. J'espère qu'elle va te libérer bien que les médecins à l'époque craignaient qu'elle ne te détruise.
   La tante et la nièce sont face à face, restent silencieuses, inquiètes des conséquences futures de ce qui va suivre, le temps suspend son vol, elles sont dans le calme trompeur de l'œil du cyclone. Tantine se lance enfin.
- J'allais très peu chez mon frère avec qui je n'ai jamais eu beaucoup d'atomes crochus, un ou deux jours de temps en temps pour un noël ou un anniversaire. Nous avons fêté ensemble tes six ans, tu étais une enfant vive et intelligente avec un caractère bien trempé, tu ne craignais déjà pas de t'opposer à ton père. En cas de conflit avec lui  tu te réfugiais dans les bras de ton grand frère Loïc que tu adorais, toujours très câlin avec toi. Il faut dire qu'il était fort pour son âge mais bizarre.                                                                                                                        
  Il avait des yeux fixes qui me déshabillaient et un regard que je trouvais malsain quand il se posait sur toi. Ton père l'aimait plus que tout et son entourage ne tarissait pas de compliments sur ce fils parfait. Quand je suis revenue un an après, tu étais triste et prostrée, j'ai d'abord cru que ton père te battait pour te corriger, j'étais loin de me douter de la réalité. Un peu plus tard je me suis disputée avec ton père lorsqu'il s'est converti au mouvement évangélique.
- Toi, te disputer pour la religion ? Je te croyais athée !
- Je suis athée bien sûr, tu le sais bien. Je me suis disputée avec ton père pour la raison suivante: lorsqu'il s'est converti, il a entrainé ta mère avec lui dans ce mouvement évangélique qui est pour moi à la limite de la secte. Après t'avoir mise au monde, ta mère ne voulant plus d'enfant a tout d'abord opté pour une contraception pilulaire. Comme elle la supportait mal, elle a choisi une  ligature des trompes en principe réversible grâce à la pose de mini clips. Avant d'accepter leur conversion, le révérend les a prévenu que toute contraception était interdite dans leur congrégation. Comme ton père ne fait rien à moitié, il a fait réopérer ta mère pour obéir au pasteur. Entre femmes, nous parlions bien sûr de ce genre de choses et j'ai eu le malheur de dire à mon frère qu'il était un grand malade d'avoir fait çà. Je te laisse imaginer sa colère. Aujourd'hui, je regrette, j'aurais mieux fait de me taire.
- Si Noémie doit la vie à ce pasteur, qu'il en soit remercié à jamais.
- Amen. Bref, je suis restée quelque temps interdite de séjour chez vous. Lorsque je t'ai revue après notre réconciliation, ta mère venait d'accoucher de Noémie. Tu avais 8 ans, tu avais beaucoup grandi, une vraie petite femme, mais quelque chose ne tournait pas rond. Tu ne parlais presque pas, complètement renfermée, tu ne supportais plus mes câlins et mes bisous. J'ai essayé d'en parler à tes parents, Ils m'ont répondu que tu allais très bien, mettant ton attitude changeante sur le compte de ta préadolescence, puis m'ont demandé de me mêler de mes affaires et comme je n'avais pas envie de déclencher une nouvelle guerre... J'ai fait profil bas.
- P’pa m'a dit que j'étais déjà à moitié folle et ce depuis mon plus jeune âge.
- Non ma belle, tu n'as jamais eu de folie en toi, tu vas comprendre écoute bien. La tragédie s'est produite le 2 juillet 1989, Loïc était mort, tu étais inconsciente. Ton père m'a prévenu immédiatement, j'ai foncé à l'hôpital de Clermont. Lorsque je suis arrivée à l'hôpital, ton père n'était pas là, tu étais entre la vie et la mort dans un service spécialisé, visites interdites sauf pour les parents. Je me suis présentée et ayant le même nom que ton père ils m’ont prise pour ta mère. Celle-ci n’était pas encore venue, je l’ai su plus tard, suite au drame elle était alitée complètement shootée sous calmants. Profitant de l'ambiguïté j'ai pu te voir après avoir revêtu la tenue stérile obligatoire.                                                                                                        
  Tu étais toute pâle avec des perfusions dans les bras, perdue au milieu de ce lit froid.
Un interne très gentil m'a prise à part et m’a expliqué : « Asseyez vous, vous serez mieux pour entendre ce que je vais vous dire. J'ai deux nouvelles pour vous, une bonne et une mauvaise». J'avais une peur bleue qu'il me dise que tu resterais paralysée. « D'abord la bonne nouvelle, votre fille va sortir progressivement du coma, nous avons réussi à décompresser l'hématome qui comprimait son cerveau, elle recommence à prononcer quelques phrases dans une semi-conscience.
 La mauvaise...  
                                                                                                        

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