Eden se réveille,
ouvre ses volets, il fait grand jour, la lumière de la côte d'azur magnifie
tout son environnement, elle redécouvre combien cette région est belle.
Des coups sont frappés à sa porte. « La police déjà ! Pourtant je n'ai rien fait ? » Se dit elle encore complètement embrumée par le sommeil. C'est tantine Christiane qui hausse la voix.
Des coups sont frappés à sa porte. « La police déjà ! Pourtant je n'ai rien fait ? » Se dit elle encore complètement embrumée par le sommeil. C'est tantine Christiane qui hausse la voix.
- J'ai vu que tu étais rentrée, ta voiture est au parking.
Ouvre s'il te plait !
Rassurée elle
ouvre, encore à moitié endormie, tout flotte autour d’elle. Sur le pas de sa
porte sa tante, euphorique de voir son Eden pleine de vie et souriante ne
résiste pas au plaisir d'étaler sa connaissance du beau langage, vieux rituel
entre elles depuis leur lecture de "Fortune de France".
- Si nous avions vécues au 16è siècle je t'aurais dit : Je
quiers de vous que vous ayez l'usance de me bailler l'entrant.
- Entrez vite, votre altesse, votre présence me fait
honneur.
Eden serre
Christiane dans ses bras et puise en elle comme d'habitude la force tranquille
qui recharge ses batteries.
- Doucement ma belle, tu vas me broyer les os. Comment va
mon frère ? Je me suis fait du souci pour lui et un sang d'encre pour toi
quand j'ai appris tous ces meurtres là où tu étais. J'étais malade de te savoir
seule là-bas.
- Quelle heure est-il ?
13 h ! houlà ! Doucement tantine, je vais te répondre, mais j'ai la
tête dans le seau, je me réveille juste, j'ai roulé toute la nuit. Assieds toi,
je nous fais un café bien fort comme tu les aimes. Moi aussi j'ai des questions
à te poser, mais laisse moi d’abord retrouver mes esprits.
L'eau s'écoule, une
bonne odeur se répand. Christiane redoute les questions de sa nièce, elle a
jusque là toujours pu éviter un certain sujet qu'elle porte en elle comme une
malédiction. La stratégie et les envoutements d'Eden sont immuables : elle crée
une ambiance propice aux confidences, noie ses interlocuteurs sous un flot de
gentillesse et quand on s'y attend le moins la question importante arrive.
Sans doute son interrogation concerne t elle son bel amoureux, peut être
veut elle lui annoncer qu'elle veut se marier avec lui. Tantine imagine déjà sa
nièce radieuse en robe de mariée, cette idée l’emporte loin dans ses pensées.
Voyant un sourire béat sur le visage de sa tante, Eden demande :
- A quoi peux-tu bien penser qui te réjouit autant ?
- Je t’imaginais le jour de ton mariage, je suis si heureuse
de te retrouver.
Eden prend sa tante
dans ses bras une deuxième fois, besoin encore de son énergie.
- Merci de t'être occupée de moi pendant toutes ces années.
Eden n'entend plus
le serpent, à sa place la vieille chanson d'Hugues Auffray lui trotte dans la
tête :
« Dis moi Céline, qu' est il donc devenu
ce gentil fiancé qu'on n'a jamais revu
est ce pour ne pas me laisser tomber
que
tu l'as laissé s'en aller »
- Christiane, en parlant de mariage, pourquoi ne t'es tu
jamais remariée ? C'est sûrement de ma faute, comme tu devais t'occuper de moi
je t'ai empêchée de trouver ton bonheur ! Tu es très séduisante et je me
souviens encore de ce gentil garçon qui déposait des fleurs et des poèmes sur
ton pare brise.
- Mon premier mari m'a trop déçu et comme je ne l'aimais pas
vraiment je suis partie au bout de trois ans de vie commune, ça m'a suffit, pas
eu envie de retenter l'aventure.
- Si j'avais été là, j'aurais cassé la tête de ton salopard
de mari.
- Tu étais bien trop petite, tu sais il n'était pas méchant,
seulement incolore et inodore, mais aujourd'hui c'est sûr qu'il ne ferait pas
le poids face à toi. Mais ne disons pas de mal des absents.
Eden s’amuse.
- Si on ne dit pas du mal des gens qu'on connait on va dire
du mal de qui ?
- Tu es très mignonne avec tes cheveux courts blonds comme
la paille, mais pourquoi les avoir coupés, ça sent la dispute avec ton
amoureux. Tu ne m'as jamais parlé de lui, il est toujours aussi séduisant ?
- On dit blond comme les blés - taquine gentiment Eden en
souriant, comme lorsqu'elle était petite fille.
- Moi je dis comme je veux ! Répond Christiane à sa nièce adorée en souriant à son
tour.
- Tu savais pour mon amoureux ?
- Je ne suis pas aveugle, il y a longtemps que j'avais tout
compris, tu aurais pu m'en parler ?
- Tu connais mon côté pudique.
- C’est ça, tu avais surtout peur que je te le pique,
plaisante Christiane. Il est marié et une seule maîtresse suffit, tu ne penses
pas ? C'est déjà assez compliqué les ménages à trois, alors à quatre... Je sais
bien que les chaînes du mariage sont tellement lourdes qu'il faut être au moins
trois pour les porter, mais il ne faut pas exagérer!
- A la renaissance je t'aurais répondue : il y a certaines licences sur lesquelles le
siècle cligne doucement des yeux, mais plus sérieusement, comment sais tu qu'il
est marié ?
- Je sais tout de lui qu'est ce que tu crois, j'habite la
région depuis si longtemps. Tu veux me dire qu'il va divorcer pour se marier
avec toi ?
Sans transition, le
sourire d'Eden disparait brutalement, son regard s'assombrit, elle s'éloigne,
devient grave, la phase d'envoutement est terminée.
- Mes questions n’ont rien à voir avec mon amoureux. Papa va
mieux, on lui a débouché deux artères et implanté deux stents, il est hors de
danger et c'est bien dommage.
Christiane la
regarde incrédule.
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