samedi 21 novembre 2015

La secte des haschischins.

Bonsoir, c'est le vieil Henri.
Je ne vous avais pas oublié mais les circonstances ont fait que je n'étais pas libre ces derniers jours .
Un membre lointain de ma famille a été assassiné à la terrasse du restaurant " La fine équipe" à Paris,
c'était une jeune femme qui ne demandait qu'à vivre tranquillement.                                                    Souvenez vous dans un de mes articles j'expliquai pourquoi, s'il existe, Dieu ne pouvait pas intervenir dans les affaires des hommes. Il n'est pas intervenu.

Vous savez peut-être qu'au 11e siècle il existait une secte dirigée par un homme appelé " le vieux de la montagne " retranchée dans la forteresse d'Alamut, dans l'Iran actuel. Cette secte s'était rendue célèbre par la terreur qu'elle inspirait en envoyant partout des illuminés drogués au haschisch ( d'où viendrait le nom "assassin" semble-t-il ) exécuter des rois où des personnages importants. Dix siècles plus tard les mêmes causes, utiliser la crédulité découlant du fanatisme religieux, produisent les mêmes effets, tenter de prendre le pouvoir par la violence, les meurtres et la peur.

Après quelques jours de désarroi me revoici. La grandeur de notre espèce humaine dont ne font pas partie les monstres "haschaschins" , c'est cette capacité de se relever toujours et de dire non ! Moi le vieil Henri, je ne me coucherai pas, je vivrai, j'aimerai la vie jusqu'à mon dernier souffle, je regarderai passer avec la joie au coeur les jeunes femmes libres et  belles, si possible non voilées, alors je vais reprendre la narration des aventures d' Eden, humble contribution à notre rébellion salutaire.

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Eden vient d'être traumatisée par les révélations de sa tante sur son enfance, elle recouvre peu à peu la mémoire, Michel Ange la retrouve enfin.




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   Quand Michel Ange arrive le choc est rude. La Lara Croft espérée, repentante et douce comme une chatte s'est transformée en un magnifique fauve blond aux abois, froid et distant. Il n'ose pas la serrer dans ses bras malgré son envie gargantuesque, impressionné comme au premier jour, il ressent le même choc à chaque rencontre, elle est trop belle. Désarçonné il interroge.
- Tes beaux cheveux ?
- Coupés et teints à cause de toi.
- Tu me confortes dans mon idée que la seule chose que je comprenne chez les femmes c'est que je n'y comprends rien.
- Michel Ange, j'étais tellement déçue et écœurée par ton comportement. Une femme trahie est capable de tout, je voulais tout oublier: toi, Cannes, je voulais être une autre, ailleurs et autrement. Tous ces jours passés loin de toi m'ont changée, au lieu de me retrouver, je me suis définitivement perdue. Je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus comment faire pour devenir enfin moi même, pour trouver un semblant de paix et d'équilibre.
- Je suis là, maintenant je vais m'occuper de toi, je ne te décevrai plus jamais, fais moi confiance.
- Je ne sais pas si je peux, ce qui m'arrive dépasse tout ce que tu peux imaginer. Je crois que je suis malade, j'ai besoin de toi, je ne veux toutefois pas m'imposer dans ta vie, tu peux encore t'en aller.
- Que s'est il passé d'innommable que tu ne puisses pas m'expliquer par téléphone ?
   Il ne peut pas imaginer la réalité de ce qu'elle va dire, reste silencieux, s'attend à tout mais sûrement pas à ce qui suit.
 Elle lui raconte tout :
 Les cauchemars de la petite fille et de l'homme en noir, le serpent qui siffle dans sa tête, la scène de la chapelle où elle pensait l'avoir poignardé, ses fantasmes d'équipée sanglante dans le détail, son dédoublement de personnalité, les sorties de son corps, ses doutes sur la réalité de tout çà, l'aveu de son père, la mort de son frère, ses viols répétés, la discussion avec sa tante. Il ne peux pas la croire, c'est trop, il n'est pas outillé psychologiquement. Elle insiste.
- Je n'ai confiance et d'espoir qu'en toi. Je suis malade dans ma tête, les meurtres qui t'ont tellement inquiété... Je crois que c'était moi, je crois que j'ai tué ces gens, six personnes en tout.
- Ah bon, tu m'as fait peur, j'ai cru que tu ne m'aimais plus.
   Il est presque soulagé, comment pourrait il prendre la mesure exacte du problème.
- Je ne plaisante pas, assieds toi, commande t elle.
   M A s'affale sur le canapé avec une moue dubitative, écoutant sa belle.
- Je n'ai confiance qu'en toi, je n'ai d'espoir qu'en toi.
   La scène avec les Ecossais lui a procuré un gros pincement au cœur. « Elle me raconte çà pour me rendre jaloux. » Quand on montre la lune à un imbécile il ne regarde que le doigt, là M A est particulièrement stupide, la jalousie lui mord le ventre et muselle son cerveau. Il n'a retenu qu'une chose importante : Elle a fait l'amour avec UN autre, ce qui lui est insupportable, même si c'est lui qu'elle imaginait en elle et avec UNE autre ce qui l'excite beaucoup et lui ouvre des horizons. Les hommes quelquefois ne voient pas plus loin que le bout de leur sexe.
- Maintenant tu me crois ? Demande t - elle.
   Il corrige le pari de Pascal à son avantage, "si c'est faux çà m'arrange, si c'est vrai çà me dérange : conclusion : c'est faux". Sceptique il tergiverse.
- Tu dis toi même que tu n'en es pas sûre. Tu es épuisée, une bonne nuit de sommeil et demain tu ne penseras plus à tout çà, je te connais bien, tu es incapable de faire du mal à une mouche.

                                
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- Qu'auriez vous pensé à sa place ? Sa maîtresse disparait après une dispute et réapparait en lui annonçant 6 meurtres !!
- A sa place je serais partie en courant, je ne comprends pas qu'il soit encore là, mais il est plus à plaindre qu'à blâmer.
- Attendez la suite pour dire cela.

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 Eden voit rouge.
- Lève toi, je ne ferai peut être pas de mal à une mouche, mais je vais te montrer ce que je peux faire à un gros bourdon !
   Elle fouille dans son sac, sort le couteau à cran d'arrêt, l'ouvre, saisit  M A par les cheveux, le tire en arrière, bloque le bas de ses fesses avec son genou, lève le bras et mime le coup de couteau. Elle est forte comme un homme, si elle avait mené le geste à son terme, il serait mort.
- Bon, lâche moi maintenant, merci pour l'accueil chaleureux. Bougonne t il vexé.
   Ils sont maintenant face à face, une panthère contre un lion. M A rompt le silence le premier, il se frotte le front et les yeux, toujours pas convaincu.
- Je ne sais pas quoi penser. Tu te rends compte de ce que tu m'assènes sur la tête depuis mon arrivée. 

Si je résume, tu as été violée dans ton enfance par un frère inconnu jusqu'à ce jour, tu l'as poussé d'une hauteur de 6 mètres, il en est mort, ta famille proche ne t'a pas protégée.
 En réaction tu as voulu me poignarder dans une chapelle, tu as tué 6 personnes au hasard, eu des relations  sexuelles avec une femme, puis avec un homme et son épouse. Un serpent discute couramment avec toi et ce serpent n’est autre que le diable en personne puisqu’il est ton violeur de frère. A qui penses tu faire croire cette histoire, on nage en plein délire ? Moi qui voulais une retraite paisible je suis servi.

- Je suis encore une fois déçue de tes réactions, je me suis trompée sur toi, rentre dans tes foyers et profite de ta retraite. Tu n'as rien à voir là-dedans, je regrette de t'avoir dit tout çà, c'était du flan, un délire, une histoire pour écrire un livre, oublie tout ce que je viens de te dire.

- Femme de peu de foi, je ne vais sûrement pas te laisser tomber maintenant que tu as besoin de moi. Tu me connais suffisamment pour te douter que la retraite paisible ce n'est pas pour moi. Passer ma vie à jouer à la pétanque ou aux cartes avec des blaireaux ramollis, merci bien. De là à passer sans transition au statut d'ennemi public n°1, tu m'accorderas quand même cinq minutes pour m'adapter. Pour commencer arrête de me culpabiliser à tout moment avec tes déceptions de midinette, c'est indigne de toi et de nous. Je t'ai annoncé d'entrée de jeu que j'étais marié et si tu as eu des illusions et des frustrations ce n'est pas de ma faute. D'ailleurs je vais solutionner rapidement ce problème.
   « Il n'a toujours rien compris, il ne comprendra jamais » pense Eden. « Il croit encore que m'avoir annoncé sa situation d'homme marié l'autorise à ne pas me considérer comme la priorité de sa vie. »

vais solutionner rapidement ce problème.
 


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     MA toujours pragmatique enchaine.
- Soyons efficaces, revenons à nos fondamentaux.
   Il prend la direction des opérations mais au fond de lui il a la trouille. Sa décision était déjà pratiquement prise depuis plusieurs jours. 
Il sait qu'il va être obligé cette fois de faire un choix définitif :
 Soit il rentre chez lui au pays des retraités pour vieillir tranquillement où il pourra contempler jour après jour, impuissant, son déclin inéluctable et paisible, 
soit il reste avec cette femme sublime mais complètement dérangée qui va lui apporter une nouvelle jeunesse. Toutefois, lucide il pressent les problèmes innombrables que l'état mental actuel d' Eden va occasionner.
   Il est pris entre Charybde et Scylla, les deux monstres marins de la mythologie grecque qui obligeaient les navires à faire un choix entre deux catastrophes inévitables. En homme d'affaires, il évalue les incidences et les probabilités de résoudre cette crise en fonction de la véracité ou non du récit de sa belle panthère. Vrai ou faux, puisqu' Eden en est persuadée, il faudra faire avec. D'autre part, il faut bien avouer que les détails qu'elle donne sur tous ces meurtres sont troublants : soit elle a retenu toutes les précisions données par les médias, ce qui serait étonnant vu les capacités de sa mémoire, soit elle est bien responsable de tout.
   Dans sa tête, pour se rassurer il fait un prévisionnel des chances de sortir ensemble intacts de cette histoire dans la pire des configurations, c'est à dire dans l'hypothèse où tout serait vrai. Pour lui c'est jouable et il a tellement envie d'elle. Il a toujours été très raisonnable et calculateur mais cette fois il a trop souffert de l'absence de sa princesse, comprenant qu'il ne pouvait pas vivre sans elle, prêt à l'aimer envers et contre tous, à la défendre jusqu'au sang, à s'occuper d'elle en toutes circonstances, à la vie, à la mort.
   Victor Hugo avait anticipé son dilemme :
"Je ne sais pas si j'aimais cette dame
  mais je sais bien
 que pour un mot un regard de son âme
 moi pauvre chien
 j'aurais passé gaiement dix ans au bagne
 sous les verrous 
le vent qui vient à travers la montagne
 m'a rendu fou.                                                                                                                                                                                
   Le miroir du salon lui renvoie l'image d'un homme un peu âgé, pas trop ridé, encore en forme, mais combien de temps lui faudra t'il pour devenir un vieux con ? Ses cheveux sont maintenant plus blancs que gris, sa peau lui parait terne, son regard est éteint. Il ne peut que constater les dégâts causés par trois semaines d'absence de son adorée. C'est elle qui lui apportait le regain de jeunesse, elle qui le voyait  séduisant et le rendait si charismatique. Grâce à elle, il était un très bel homme, sans cette fontaine de jouvence, il n'est plus qu'un vieux beau. 

Et question vieux beau, moi le vieil Henri dit Henri le Charmeur j'en connais un rayon hé hé .





 

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