mercredi 16 septembre 2015

le chemin meurtrier ( 2)

Une mécanique infernale se met en action, la lumière des vitraux, la fraîcheur du lieu, les odeurs de l'église, l'homme en noir qui parle de l'enfer tout se confond. Une lumière rouge s'allume dans son cerveau le serpent se déchaîne en elle , tue-le , TUE-LE !
Le prêtre poursuit son monologue en disposant les fleurs, il évoque l'enfant qu'il doit baptiser, une petite fille si mignonne , on en mangerait.
Le serpent a raison, il veut faire du mal à la petite fille, il ose même l'exprimer.
Eden n'en peut plus, ne se maîtrise plus. Elle sort le couteau de son sac, fait jaillir la lame, il ressemble maintenant à un phallus triomphant. Elle saisit avec sa main gauche les cheveux de l'homme en noir qui lui tourne le dos, le tire en arrière pour créer un léger déséquilibre, bloque le bas de ses fesses avec son genou, elle a réalisé cent fois cette prise au taekwondo. De sa main droite elle poignarde deux fois le curé en plein cœur, un coup pour la petite fille, un coup pour elle comme lorsqu'on dit aux enfants une cuillère pour papa une cuillère pour maman.
Le couteau rentre facilement , l'homme s'effondre, elle ressent une puissance invincible, un état d'extase hors du temps, euphorie sublime bien plus forte que celle procurée par la cocaïne. Elle est absente de son corps et de son esprit. Adrénaline envoûtante elle se sent guérie, c'est la délivrance absolue, c'est la libération, c'est ce que doivent ressentir les hommes en éjaculant, ils se prennent pour des dieux ces chiens.
A cet instant, maîtresse de la vie comme de la mort, elle est Dieu, son éjaculation coule sur le sol, le sang du sacrifice est le sperme de l'assassin.
Placée derrière sa victime elle n'a pas été éclaboussée par le sang. Une flaque rouge part du corps étendu en travers des deux marches qui montent à l'autel et se répand doucement sur le sol.
Elle se précipite pour fermer la porte à clé, elle voit une grande femme blonde éviter précautionneusement de marcher dans la mare poisseuse, fouiller les poches du mort, extraire un porte-monnaie et le mettre dans son sac. Comme sous l'emprise d'une drogue puissante elle se regarde agir.
Le serpent hurle dans sa tête, elle traîne le cadavre derrière l'autel pour ne plus le voir.
Tout s'enchaîne à une vitesse vertigineuse, elle endosse son sac, enfile son poncho par dessus, met sa capuche , elle ressemble à un lutin bossu géant.
A l'extérieur la pluie s'est transformée en crachin et brouillard.
Elle ferme la lourde porte à double tour, se dirige vers la gare, en chemin elle jette la grosse clé en fer et le porte-monnaie du curé dans une bouche d'évacuation d'eaux pluviales. Elle prend un billet pour Espalion, gros bourg distant de 60kms . Dans un train hors d'âge , cinquième symphonie de Beethoven dans les écouteurs elle s'extrait du monde qui l'entoure et s'endort profondément, épuisée.
En fin d'après -midi le maire d ' Aumont D'Aubrac, alerté par des voisins voyant l'église allumée et verrouillée, ouvre la porte avec son double et découvre le cadavre.
Eden est déjà descendue à Espalion, elle rejoint Estaing à pied, 11 petits kms et s'installe pour la nuit à l'auberge "Aux armes d'Estaing" comme un pèlerin sans reproche, elle a déjà tout oublié.

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