jeudi 24 septembre 2015

Le chemin meurtrier (8) raconté par le vieil Henri depuis l'Espagne

 Hélas il en est de nous comme de toute chose mortelle,  Albert est fatigué par ce long voyage, Robert et Maurice lorgnent sur les fesses des dernières vacancières attardées en Espagne et moi je pense encore et toujours à la , j'allais dire "ma", sublime Eden. Le fait de raconter son histoire me rapproche un peu d'elle . Dans le carnet de Michel Ange il y avait un poème qui disait :

Une lumière au loin c'est Eden qui veille
Je sais qu'elle pense à moi et cela m'émerveille
je l'aimerai toujours car elle est née pour moi
Même loin je suis près, je suis sûr qu'elle me voit .

Je suis sûr qu'elle m'entend lui parler de soleil
d'amour de magie de plaisirs sans pareils
je suis sûr qu'elle voudrait s'endormir près de moi
Se réveiller très tard au seul son de ma voix.

Ce Michel Ange est incroyable, il est toujours là alors que je connais un paquet de mecs qui auraient déjà fait leur valise. Je ne sais pas ce que vous en pensez mais j'aime bien ce qu'il écrit, non pas pour les mots qu'il prononce mais pour la constance avec laquelle , malgré les écueils de la vie , il se trouve disponible en toute circonstance pour veiller de près ou de loin sur son ange. En parlant d'ange, ne manquez surtout pas mes prochains messages, vous allez constater que la frontière entre le paradis et l'enfer est très fragile. Bon,on s'est assez attendris je reviens à mon récit.

 Brigitte, la marcheuse canadienne veut se joindre à Eden pour quelques jours.
- A deux , dit-elle, nous serons plus en sécurité. Avec tous ces meurtres...
Eden réfléchit - un peu de compagnie éloignera mes obsessions et mes cauchemars, et surtout me prouvera que la réalité n'a rien à voir avec mes rêves meurtriers. Elle partage ses victuailles avec Brigitte, celle-ci lui tend une pomme .
Elles arrivent ensemble à 17h à Moissac, Tarn et Garonne. Une fête religieuse a raréfié les capacités d'accueil, elles ne trouvent qu'une chambre avec un seul lit de 160 à l'hôtel du Luxembourg près de l'abbatiale. Ce n'est pas un problème pour des filles de dormir dans un même lit , la canadienne semble ravie de partager sa chambre et surtout de minimiser les frais, elle n'arrête pas de parler.
- Tu as un beau couteau , remarque-t-elle, quand Eden défait son sac.
Elles mangent une pizza sur la place, Brigitte inscrit  son numéro de téléphone et son adresse mail sur un coin de la nappe en papier qu'elle remet à Eden. " on pourra rester en contact après notre pèlerinage" propose -t-elle
Elles se couchent tôt, demain elles ont prévu une étape de plus de 30 kms.
Brigitte s'amuse de tout, sa bonne humeur attendrit Eden, elles se prennent en photos joue contre joue dans le lit avec son smartphone neuf en chantant à tue-tête " souvenirs souvenirs, je vous retrouve en mon cœur, et vous faites refleurir tous mes rêves de bonheur" .
Les occupants de la chambre voisine tapent dans la cloison pour les faire taire, Eden rit aux larmes ce qui ne lui était pas arrivé depuis longtemps.
23 H extinction des feux, Eden s'endort, certaine d'échapper à ses cauchemars, elle se sent en sécurité comme lorsqu'elle était petite la nuit près de sa tante.
Dans ses songes elle voit M A sorti de nulle part s'approcher de son lit, il se glisse sous ses draps, caresse son visage, son cou avec ses beaux doigts, embrasse ses épaules, ses lèvres effleurent sa peau jusqu'à la pointe de ses seins. Eden frémit, gémit doucement, son corps s'enflamme, la puissance des sensations la réveille, une main inconnue la caresse timidement, elle ouvre les yeux...

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