lundi 17 août 2015

Troisième message


Je lui ai demandé - tu es croyante?

Elle a haussé les épaules et répondu - comme tout le monde ni plus ni moins. Elle avait une voix un peu rauque , très sensuelle. A ce moment, j'ai pensé aux vers de Victor Hugo:

- Le roi disait en la voyant si belle à son neveu
pour un regard pour un sourire d'elle pour un cheveu
infant Don Ruy je donnerais l'Espagne et le Pérou
le vent qui vient à travers la montagne me rendra fou .


- Je ne sais pas si j'aimais cette dame mais je sais bien
que pour un mot un regard de son âme moi pauvre chien
j'aurais passé gaiement dix ans au bagne sous les verrous
le vent qui vient à travers la montagne m'a rendu fou.
Je lui ai alors parlé un peu de mon secret, un peu, j'avais à la fois peur de la mettre en danger, à la fois besoin de me faire valoir, d'exister à ses yeux, envie qu'elle me voit différent de ce que je suis : un vieillard .

Elle a eu l'air d'être intéressée lorsque j'ai évoqué le moment où le soldat romain donne à boire à Jésus sur sa croix . Elle connaissait presque le nom de ce soldat - Longibus ou Logibus - m'a-t-elle dit - présente au supplicié une éponge imbibée de vin, instantanément celui-ci remit l'esprit, on ne lui brise pas les jambes et on met son corps dans un tombeau, Ponce Pilate doute de sa mort.

Je suis resté sidéré de sa connaissance de ces évènements.
J'ai rectifié - le soldat s'appelait Longinus et le tombeau, en fait un trou creusé dans le rocher appartenait à Joseph d'Arimathie, membre du Sanhédrin l'assemblée des prêtres qui venait de condamner Jésus. C’est un peu comme si Giscard après avoir rejeté la demande de grâce de Ranucci l'avait fait inhumer dans son caveau de famille.
Elle me regardait tendrement comme si j'étais beau, mon vieux cœur battait vite et fort  j'étais fou d'elle, j'aurais voulu que ce moment dure toujours…
à plus tard

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