mardi 20 octobre 2015

Tu brûleras en enfer !

Vous étiez tombés tous les deux de la fenière, une chute de six mètres, la tête de Loïc fracassée sur une pierre, il est mort sur le coup.
La voix du père d'Eden se brise, sa parole devient inaudible, il semble revivre la scène effroyable et vivre le martyr.
Des secondes s'écoulent, interminables, le temps s'est ralenti, Eden cherche à se rappeler, elle a forcément des souvenirs de cet évènement dans son inconscient mais seules quelques images floues sans signification défilent devant ses yeux.
Le père poursuit:
- Tu as eu plus de chance, tu es tombée sur la terre près de lui, après quelques jours de coma tu n'avais aucune séquelle, on a cru te perdre, mais c'est juste ta mémoire qu'on a perdue. J'avais condamné récemment la porte d'accès à la fenière et j'interdisais formellement d'y monter mais tu n'as jamais compris le sens du mot obéissance et ton frère l'a payé de sa vie. Tu l'as sans doute entraîné en tombant et il s'est peut-être sacrifié pour amortir ta chute, il t'aimait tellement, il t'aimait trop . Il est mort et toi tu t'en es bien tirée.
- Comment ça je m'en suis bien tirée, non mais je rêve, depuis des années je suis obligée de consulter un psy chaque semaine comme si j'étais dingue, je n'ai plus aucune mémoire, j'ai été séparée de ma maman et de ma petite soeur, je vis dans une angoisse perpétuelle , je fais des cauchemars épouvantables , je suis constamment agressive . A part ça tu as raison je n'ai aucune séquelle !
- Tais toi vipère, comment peux tu te lamenter sur ta petite personne alors que ton frère est mort par ta faute et que tu as détruit ma vie. Mon fils est couché sous  la terre, tu l'as tué, tu brûleras en enfer, meurtrière.
Eden est en état de choc, cette fois le temps s'accélère, des flashs crépitent, des images lui parviennent elle revit en partie la scène.
Elle se jette contre un homme qui gesticule près de l'ouverture donnant sur le vide, elle tombe, le sol se rapproche, une douleur intense dans sa tête, des cris, des pleurs, des odeurs mélangées de foin , de sang, de parfum, une sensation d'être sale, une envie de vomir pendant que retentissent les premiers accents de la cinquième de Beethoven.
Ahurie elle regarde incrédule le père de ce Loïc qui "l'aimait trop".


Aucun commentaire: