samedi 31 octobre 2015

La France a peur.

Eden s'organise dans sa tête: repas avec sa mère et sa soeur, chargement des bagages, plein d'essence , retour à Cannes, discussion avec sa tante et faire un enfant avec M.A.
Cette idée l'amuse beaucoup, elle s'imagine avec un gros ventre, elle voit M.A gaga devant un berceau faire blblblbl avec un doigt sur ses lèvres.

Le serpent lui insinue de retourner voir son père et lui faire cracher la vérité totale:
-Tu es au centre d'un complot, ils te mentent tous, tu veux que je t'explique comment les faire parler?
Elle lutte bec et ongles pour ne pas se laisser dominer par son démon :
Tais-toi salopard tu vas encore me dire de tuer tout le monde, c'est toi que je vais faire disparaître même si pour cela je dois me détruire moi-même .

Le déjeuner  devant la télé est presque gai, ponctué des mille choses sans importance qu'on se raconte sans trop écouter, heureuses d'être ensemble entre femmes, pour une fois sans la présence écrasante du père.

Aux infos de 13 h, Jean Pierre Pernault de son ton inimitable parodie Roger Gicquel, ancien présentateur tv à tête de cocker qui s'était illustré un soir de 1976 avec une formule restée fameuse:

" LA FRANCE A PEUR.
Je reviens sur une information tombée cette nuit. Dans une petite ville du Gers, Eauze, un crime d'une sauvagerie absolue a été perpétré chez un couple d'origine écossaise.
Mr et Mme Mac FAYDEN ont été retrouvés poignardés, une vraie boucherie. Selon les premières constatations les victimes étaient fortement alcoolisées et sous l'emprise du cannabis. La maison était fermée de l'intérieur, le mari tenait dans sa main un couteau.
Alors, drame conjugal ou faut-il lier ce drame aux autres meurtres qui ont épouvanté la région? On m'apprend également que le corps d'une femme a été retrouvé sous des branchages dans une forêt près de Moissac. Selon les enquêteurs elle aurait été poignardée. Cerains commencent à parler d'un tueur en série malgré les dénégations de la police qui refuse tout amalgame. Six meurtres au total ont endeuillé le chemin de Saint Jacques de Compostelle en quelques jours. Que se passe-t-il, que nous cache-t-on? Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des prolongements de ce dossier.
Sans transition, parlons maintenant de monsieur Montrond, petit artisan de la Loire... "

Noémie baisse le ton du téléviseur.
- Tu étais bien là-bas toute seule, tu te rends compte ?
- Tu n'es pas raisonnable, partir seule, s'il t'était arrivé malheur avec tous ces fous dans la nature, j'espère que tu ne vas pas y retourner !

Eden répond en souriant
- Si vous saviez .. C'est peut-être moi qui ai commis toutes ces atrocités, papa dit assez que je suis folle et dangereuse.
Noémie reste songeuse quelques secondes puis éclate de rire .
- Je veux bien admettre que tu as fait un exploit en parcourant tout ce chemin à pied, mais tuer tous ces gens, à l'arme blanche qui plus est, tu n'es pas assez forte pour ça, le coupable est forcément un homme, peut-être même plusieurs.
Leur mère se fâche.
- Arrêtez de parler aussi légèrement, il n'y a pas lieu de rire il s'agit de vies humaines. Je prierai pour eux et pour vous aussi. Vous êtes si différentes l'une de l'autre , je souhaite que vous vous retrouviez ensemble sur le seul vrai chemin, celui du seigneur.
Les deux soeurs se regardent amusés, un clin d'oeil soude leur complicité face à cette mère qui essaie vainement à la moindre occasion de les convertir à sa religion.Elles évoquent la possibilité pour Noémie de venir habiter à Cannes, on en reparlera plus tard...
Après une très longue sieste Eden quitte Chamalières en fin d'après-midi, le coeur léger de savoir sa mère et sa soeur en sécurité, veillant l'une sur l'autre.


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